COMPOSITEUR | Henry DESMAREST |
LIBRETTISTE | Joseph-François Duché de Vancy |
Opéra-ballet en trois actes et un prologue, dédié au Roi. Livret de Joseph-François Duché de Vancy (1668 – 1704), auteur dramatique et poète, fils d’un gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, lui-même valet de chambre du Roi, secrétaire du duc de Noailles.
L’œuvre fut créée à l’Académie royale de musique vers le 14 juin 1695, sans qu’il soit possible d’en établir la date de façon certaine.
Louis Ladvocat évoque l’ouvrage dans plusieurs lettres à l’abbé Dubos :
lettre du 1er juin 1695 : on continuera Théagène jusques à vendredi de la semiane prochaine, pour donner ensuite Acis et Galathée que l’on commença hier de répéter, pour ensuite donner le ballet de Momus du sieur Duché. Peut-être, quand vous le verrez représenter, vous oublierez la prévention et le peu d’estime qui vous avait fait condamner avec justice les ballets précédents. Aussi, ne les a-t-il pas imités. C’est un sujet en trois actes, assez suivi, et dont le noeud, sans porter ni remuer le coeur par la crainte et la compassion, l’excitera à une gaieté qui pour n’être pas comique ne laissera pas de divertir agréablement les spectateurs. Desmarets y a joint beaucoup d’airs très chantants pour les acteurs et pour ceux du parterre , à qui on espère qu’ils plairont, qui feront que l’été se passera avec plus de plaisir et plus d’utilité que les étés précédents. Je le souhaite. lettre du 11 juin (*) 1695 : Momus n’est pas encore fini. Cependant on en distribuera deux actes en musique demain. Je ne sais si vous avez oublié que je vous ai mandé qu’il avait un sujet et un dénouement qui réjouira en trompant les parties intéressées, qui ne méritent pas que Jupiter ait d’autres considérations pour leur professions, mais en augmentant les belles et bonnes idées, que vous avez pour les bonnes et louables capacités que vous connaissez dans Mr Duché, et en se conformant entièrement aux bons avis que vous lui en avez donnés, il m’est venu emprunter un Euripide très latin pour travailler incessamment et par bon conseil au projet d’Iphigénie Taurique.
(*) la date du 11 juin pour la création de l’ouvrage, qui figure sur le frontispice, ne peut donc être retenue
lettre du 21 juin : Vous avez oublié en vous en allant de me renvoyer Momus en musique, dont ma belle-soeur qui aime à chanter se passe avec peine.
Je vous dirai que Monseigneur y vint mardi (*) et que vendredi, on fit 1 200 livres avec les applaudissements ordinaires et fort peu usités, même dans les grands sujets, et je ne sais par quelle raison vous voulez que l’opéra ne soit pas susceptible des mêmes sujets que ceux qu’on joue sur le Théâtre français.
(*) cette venue n’est pas confirmée par le « Journal » de Dangeau, où on lit seulement, pour le mardi 14 juin : « Monseigneur alla dîner à Meudon, qu’il commence à faire meubler ».
L’œuvre était une première tentative d’opéra-ballet, qui ne reçut qu’un accueil mitigé et ne resta pas longtemps à l’affiche.
La partition fut éditée par Ballard en version réduite en 1695.
On dispose également d’une partition manuscrite, recopiée vers 1700-1705 par André Philidor, qui indique que l’ouvrage fut créé entre le 12 et le 14 juin 1695.
L’œuvre fut, avec Didon, la première d’un compositeur autre que Lully jouée à Lyon, en 1695, dans la salle de la Place Bellecour.
Personnages : Momus, Dieu de la Raillerie, amant de Mélitte ; Hébé, Déesse de la Jeunesse, aimée de Comus ; Comus, amoureux d’Hébé ; Mélitte, Nymphe de la Suite d’Hébé, aimée de Momus & de Palémon ; Palémon, Dieu des Eaux, amoureux de Mélitte ; Vénus ; Bacchus ; Choeur et Troupe de Nymphes de la Suite d’Hébé ; Choeur et Troupe de Jardiniers portant des fruits et des fleurs ; Choeur et Troupe de Grâces & de Plaisirs ; Choeur et Troupe de Divinités des Eaux ; Suite de Momus.
Argument
Prologue
Melpomène, muse de la tragédie, et Thalie, muse de la poésie, qui conduit une troupe de bergers, rivalisent jusqu’à ce que Melpomène consente à accorder une place à Thalie sur le théâtre lyrique.
Comus, dieu des festins, est amoureux d’Hébé, déesse de la jeunesse, Momus, dieu de la satire, et Palémon, dieu marin, le sont de Mélitte, nymphe d’Hébé, qui fuit l’amour
Acte I
Dans les jardins d’Hébé
Sc. 1 – Comus et Momus feignent de cacher qu’ils sont amoureux, en dépit de leurs efforts pour échapper au pouvoir de l’amour. Momus finit par avouer qu’il aime la nymphe Mélitte. Comus, qui aime Hébé, l’avertit que le dieu des eaux Palémon est un puissant rival.
Sc. 2 – Palémon se plaint auprès de Momus de l’indifférence de Mélitte. Momus l’engage à ne pas insister, puis accepte de l’aider.
Sc. 3 – Hébé et sa suite viennent danser, bien décidées à refuser l’esclavage de l’amour, et à profiter de leur jeunesse.
Sc. 4 – Mélitte explique à Hébé que Momus fait semblant de l’aimer et qu’elle fait semblant de le croire. Hébé avoue qu’elle aime Momus, et regrette que ce soit Comus qui ait décidé de donner une fête en son honneur.
Sc. 5 – Comus paraît, suivi d’une troupe de jardiniers portant des fruits et de fleurs. Il assure Hébé de sa constance à l’aimer sans espoir. Ballet de la suite de Comus.
Acte II
Dans le palais d’Hébé
Sc. 1 – Mélitte, seule, se félicite de mener une vie innocente.
Sc. 2 – Palémon reproche sa froideur à Mélitte. Celle-ci l’engage à espérer qu’il se lasse de son indifférence.
Sc. 2 – Palémon, seul, se déclare bien décidé à poursuivre Mélitte de son ardeur, quitte à en souffrir.
Sc. 3 – Vénus descend avec les Grâces et les Plaisirs. Elle met Momus en garde, et encourage Palémon qui donne une fête à Mélitte.
Sc. 4 – Palémon prend Momus à témoin de son malheur. Momus cherche à le dissuader. Palémon refuse et déclare en appeler à Jupiter. Ils sont interrompus par la descente de Vénus.
Sc. 4 – Venus descend dans une machine, accompagnée des Grâces & des Plaisirs, et assure Pamémon de son appui pour séduire Mélitte. Elle convie les Grâces et les Plaisirs à atténuer par leurs danses la douleur de Palémon. Momus soupçonne Vénus d’être descendue pour un bel Adonis. Vénus s’agace de ses insinuations, mais ne répond pas.
Sc. 5 – Palémon ne doute pas du succès avec l’aide de Vénus.
Sc. 6 – Mélitte surprend Momus, et lui renouvelle son indifférence à son égard. Momus lui apprend que Jupiter a décidé de son mariage avec Palémon, mais qu’elle peut y échapper grâce à lui. Mélitte accepte son aide.
Sc. 7 – Palémon offre à Mélitte un ballet donné par les divinité des Eaux.
Acte III
Un lieu qu’Hébé a fait orner pour servir aux noces de Mélitte et de Palémon
Sc. 1 – Hébé s’en veut de ressentir du trouble à la vue de Momus.
Sc. 2 – Momus clame qu’il ne veut pas céder à l’amour. Hébé lui rétorque qu’il ne peut feindre le trouble de son coeur à l’approche des noces de Palémon et Mélitte.
Sc. 3 – Hébé souffre de l’indifférence de Momus.
Sc. 4 – Hébé cachée, entend Momus déclarer à Mélitte que Palémon est prêt à la laisser choisir un époux. Mélitte laisse éclater sa joie et fait comprendre à Momus qu’elle l’a choisi. Momus lui annonce qu’il a préparé une fête en son honneur. Hébé sort de sa cachette et reproche à Mélitte son hypocrisie. Mélitte a des remords de l’avoir trompée.
Sc. 5 – Bacchus arrive pour prendre part à la fête donnée par la suite de Momus.
Sc. 6 – Palémon survient et demande à Mélitte qui elle a choisi pour époux. Mélitte répond qu’elle craint l’esclavage de l’amour et préfère ne pas y succomber. Hébé se réjouit. Palémon éclate de colère.
Sc. 7 – Comus interroge Hébé. Celle-ci lui demande de continuer à l’aimer sans espoir. Momus, de son côté, se résigne facilement. Tous finissent par célébrer l’indifférence. La suite de Momus forme le ballet.
Les Amours de Momus : Ballet – Nabu Press – 6 septembre 2011 – 284 pages – 28,75
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35me Opéra. C’est un Ballet de trois Actes, représenté le 25 Mai 1695, & imprimé en musique partition in-4°. Les vers en sont de Duché, & la musique de Desmarets. Le Prologue se passe entre Melpomene, Thalie, la Gloire, & leur suite. (de Léris – Dictionnaire des Théâtres)