Astrée

COMPOSITEUR Pascal COLASSE
LIBRETTISTE Jean de La Fontaine

Tragédie en musique en trois actes, sur des paroles de La Fontaine (1621 – 1695), d’après Honoré d’Urfé (*), représentée, sans succès, à l’Académie royale de musique, le 25 novembre 1691. Il n’y eut que six représentations, et aucune reprise.

 Honoré d'Urfé

(*) Honoré d’Urfé (1567 à Marseille – 1625 à Villefranche-sur-Mer), fils de Jacques 1er d’Urfé et de Renée de Savoie, passa une partie de son enfance au château de la Bâtie, en Forez ; homme de guerre et écrivain ; auteur de l’Astrée, roman pastoral publié en cinq parties de 1607 à 1627.

 

 

« On rapporte que le bon La Fontaine, à la première représentation d’Astrée, se trouvait dans une loge, derrière des dames qui ne le connaissaient point. A certains endroits du poème il s’écriait: « Cela est détestable ! comment peut-on écrire de la sorte? » Ennuyées de l’entendre toujours répéter les mêmes paroles : « Monsieur, lui dirent-elles, cela n’est pas si mauvais que vous le dites, l’auteur est un homme d’esprit :c’est M. de La Fontaine. – Eh ! mesdames, reprit-il sans s’émouvoir, la chose ne vaut pas le diable ; et ce M. de La Fontaine, dont vous parlez, est stupide : c’est lui-même qui vous le dit. » Il sortit de la salle après le premier acte joué, et s’en alla au café de Marion, où il s’endormit tout simplement dans un coin. Un de ses amis entra, et, surpris de l’apercevoir, s’écria : « Comment donc ? La Fontaine est ici ! ne devrait-il pas être à la première représentation de son opéra ? » La Fontaine se réveillait en ce moment ; il répondit en bâillant bien fort: « J’en viens, mon cher monsieur ; j’ai essuyé le premier acte, qui m’a si prodigieusement ennuyé que je n’ai pas voulu en entendre davantage. J’admire la patience du public ! » (Dictionnaire des opéras – Clément-Larousse)

 

« Pauvre Jean!!!!! Quelle idée d’avoir voulu écrire une tragédie « musicale »!! Quel triste jour que ce 28 novembre 1691 où, à 70 ans , tu fus la risée de tout Paris pour cette triste pièce. Quelle tristesse pour tes admirateurs qui t’avaient connu plus inspiré. Cette tragédie, dont le gendre de Lulli écrivit la musique fut effectivement une tragédie, mais pour toi !!! Après l’erreur de Daphné, celle de Galatée et celle d’Achille, tu as voulu persister… Pourquoi avoir tant insisté? Le théâtre n’était pas fait pour toi….. » (Site Jean de La Fontaine)

 

 

27me Opé. C’est une Tra. en 5 Ac. dont les paroles sont de La Fontaine, & la musiq. de Colasse. Elle fut représentée pour la premiere fois le 28 Nov. 1691, n’est pas imprimée en musiq. & n’a jamais été reprise. Ce Poëme lyrique a fait dire que La Fontaine faisoit mieux des Fables que des Opéra, & qu’on ne réussissoit jamais quand on forçoit son génie. Apollon, la Nymphe de la Seine, Zéphyre & Flore, sont les personnages du Prologue. La piece expose les amours d’Astrée & de Céladon, traversées par des rivalités : la scene est sur le bord du Lignon. (de Léris – Dictionnaire des Théâtres)

 

Synopsis détaillé

Prologue

Apollon, la Nymphe de la Seine, Zéphire et Flore, sont les personnages du Prologue. Le monde est livré à la guerre, mais sur les bords de la Seine règne la paix, grâce à la sagesse du roi. Apollon convie à l’amour.

Acte I

Le théâtre représente le pays du Forez, arrosé de la rivière du Lignon, sur les bords de laquelle sont plusieurs hameaux et bocages.

(1) Sémire, amant de la bergère Astrée, a tout essayé pour la détourner de son amour pour Céladon. (2) Astrée montre à sa confidente Philis une lettre qui accuse Céladon. Philis essaye de le défendre, mais Astrée l’a vu embrasser les genoux d’Aminte. Philis propose d’en avoir le coeur net par l’intermédiaire de Hylas, qui va feindre d’être épris d’Aminte, afin de connaître son secret. (3) Hylas survient. Provoqué par Philis, il proteste de son amour et de sa fidélité. Il confirme que Céladon est épris d’Aminte. (4) Céladon vient à son tour, s’étonnant qu’Astrée ne participe pas aux réjouissances. Astrée l’accuse d’infidélité. Céladon proteste. Astrée le chasse. (5) Restée seule, Astrée s’interroge et regrette son comportement.

Troupes de druides, de pâtres, sylvains, faunes, bergers et bergères. Un druide conduisant la cérémonie de la fête du gui de l’an neuf, à la place d’Adamas.

(6) Le druide et le choeur invoquent la paix sur les rives du Lignon. (7) Un berger interrompt les réjouissances en annonçant que Céladon s’est noyé. On part à sa recherche. (8) Astrée se reproche la mort de Céladon et pleure son amant disparu.

Le Saut de Céladon dans le Lignon

Acte II

Les jardins de Galatée, princesse du Forez, et, dans l’éloignement, le palais d’Isoure.

(1) Galatée est troublée par la présence d’un berger. (2) Elle évoque avec sa confidente Léonide la façon dont elle a repêché Céladon et s’est éprise de lui, et que son amour est conforme à la prévision d’un devin récemment consulté. Léonide tente de la ramener à la raison. (3) Céladon survient, triste d’avoir perdu Astrée. Galatée tente de le dérider. (4) Léonide évoque la fontaine de la Vérité de l’amour, dont l’accès est interdit par deux monstres, et essaye de l’intéresser à Galatée. Mais Céladon proteste de sa fidélité à son premier amour, et exprime le souhait de pouvoir sacrifier au souvenir de son aimée. (5) La fée Ismène vient exaucer son voeu et lui promet de lui faire voir le désespoir d’Astrée. Ismène invoque les ministres de sa puissance. Les esprits aériens descendent sur un tourbillon de nuages, et construisent un temple dédié à Astrée : le jardin se change entièrement en forêt. (6) Philis et Astrée s’étonnent de trouver un temple au nom d’Astrée et y lisent une inscription écrite par Céladon. Elles se cachent. Un Génie intercède auprès d’Astrée en faveur de Céladon, décrivant son désespoir. (7) Tircis et Hylas expriment leurs opinions contradictoires sur la constance en amour. (8) Astrée se rend compte que les bergers se détournent d’elle.

Acte III

La fontaine de la Vérité d’amour dans une forêt agréable

(1) Astrée revient à la fontaine de la Vérité d’amour ; elle affronte les monstres, décidée à rejoindre Céladon. (2) Celui-ci aperçoit Astrée menacée par les monstres. Désespérée, il ne peut rien faire pour lui venir en aide. (3) Hylas et Tirsis aperçoivent Astrée et Céladon qui ont vaincu les monstres. Hylas raconte à Tirsis que l’oracle selon lequel un couple beau et fidèle détruira l’enchantement, mourra et reviendra à la vie, est accompli. (4) Astrée et Céladon se réveillent et chantent leur bonheur de se retrouver. (5) Ismène propose d’unir les deux amants. (6) Divertissements. (7) Chansons en italien de Lizetta, de son amant Galioffo, et de son rival Gambarini.

 

Livret disponible sur livretsbaroques.fr

 

Représentations :

Orchestre, chœurs et solistes des Départements de musique ancienne des Conservatoires de Versailles, de Paris et de la Vallée de Chevreuse – dir. Patrick Bismuth – mise en scène Jean-Daniel Laval – costumes Anne Ruault – lumières Remy Bourgade – chef de choeur Christine Morel – avec Erwan Picquet Hylas (le Druide), Louis Nougayred (Semire, Gallioffo), Madeline Menager (Astrée), Ilona Schneider (Galatée), Jacques Chardon (un Berger), Bertrand Dazin (Tircis, un Génie), Sarah Richards (Ismène), Dorothée Leclair (Philis, Léonide), David Ghilardi (Céladon)

 

XIIIe Festival du Printemps des Arts de Nantes – 22 mai 1996 – Les Talens lyriques – dir. Christophe Rousset – avec Agnès Mellon, Paul Agnew