COMPOSITEUR | Pier Francesco CAVALLI / Jean-Baptiste LULLY |
LIBRETTISTE | Francesco Buti |
ENREGISTREMENT | EDITION | DIRECTION | EDITEUR | NOMBRE | LANGUE | FICHE DETAILLEE |
1980 | 1996 | Michel Corboz | Erato | 3 | italien | |
2007 | 2007 | Hugo Reyne | Accord | 1 | italien |
DVD
ENREGISTREMENT | ÉDITION | DIRECTION | ÉDITEUR | FICHE DÉTAILLÉE |
2009 | 2010 | Ivor Bolton | Opus Arte |
L’Ercole amante fut commandé pour les noces de Louis XIV et Marie Thérèse, infante d’Espagne, qui couronnaient – par le traité des Pyrénées du 7 novembre 1659 – les efforts de Richelieu, puis de Mazarin, pour arracher aux Habsbourg la couronne d’Espagne. Mazarin commanda le livret à l’abbé Francesco Buti (1604 – 1682), et une nouvelle salle des machines au modénois GaspareVigarani, venu à Paris accompagné de deux de ses fils, Lodovico et Carlo.
Cavalli arriva à Paris alors que le roi et la cour se trouvaient à Saint-Jean de Luz pour la cérémonie des noces. La troupe de chanteurs commença à arriver peu après : les castrats Rivani, Melone, Zanetto, Filippo Melani, Chiarini, les basses Bordigoni, Assalone, Piccini, le ténor Tagliavacca.
Commencée au milieu de 1659, cette salle, gigantesque vaisseau de bois destiné à contenir six à sept mille personnes, fut construite dans le prolongement du château des Tuileries, entre la cour et le jardin, d’où les expressions « côté cour » et « côté jardin ».
Castil-Blaze, dans L’Opéra de 1586 à 1856, en donne les dimensions exactes : La salle du théâtre des Machines, depuis le rideau jusqu’au mur de refend du pavillon de Marsan, avait 41 mètres 83 centimètres de profondeur ; l’ouverture de la scène était de 10 mètres 39 centimètres, et la hauteur de 11 mètres 4 centimètres ; la partie destinée aux spectateurs avait, dans œuvre, 16 mètres sur 30 mètres 20 centimètres; la hauteur du parterre au cintre était de 16 mètres ; l’ordre d’architecture de cette salle était composite : huit mille personnes pouvaient s’y placer convenablement, les spectateurs étant debout au parterre. Après la salle de Parme, elle était la plus vaste de l’Europe.
A cause des retards dans la construction du théâtre, puis de la mort de Mazarin (le 9 mars 1661), l’opéra en un prologue et cinq actes, n’y fut créé que le 7 février 1662, par la troupe des chanteurs italiens du cardinal Mazarin, sous la direction de Cavalli, mêlé de ballets de Jean-Baptiste Lully (LWV 17), sur des textes de Bensérade, qui avaient pour sujet l’origine et la grandeur de la Maison de France. Tous les ambassadeurs et ministres étrangers furent conviés à assister à ce spectacle conçu à la gloire de la monarchie française.
Le déroulement fut le suivant :
Prologue
Entrée 1 – la Maison de France (le Roi), la Valeur (le comte de Saint-Aignan),
Entrée 2 – la Maison de France (le Roi), la Maison d’Autriche (la Reine), l’Hymen (Monsieur), l’Amour (M. le Duc), la Famille Impériale (Mademoiselle, Mlle d’Alençon, Mlle de Valois, la comtesse de Soissons, la comtesse d’Armagnac, Mlle de Nemours, Mlle d’Aumale, la duchesse de Sully, la duchesse de Créquy, la comtesse de Guiche, Mlle de Rohan, Mlle de Mortemar, Mlle Des-Autels
Acte I
Entrée 3 (fin de l’acte) – des Foudres (Beauchamp, d’Heureux, Raynal, des Borsses) et des Tempêtes (Des Airs, de Lorge, le Chantre, de Gan)
Acte II
Entrée 4 (fin de l’acte) – des Songes (Chevalier de Fourbin, d’Heureux, Don, Beauchamp, des Bosses, Villedieu, le Chantre, de Lorge, du Pron, de Gan, Mercier, la Pierre)
Acte III
Entrée 5 (fin de l’acte) – des Statues (Marquis de Rassan, Coquet, Bruneau, Langlois, Tartas, Lambert, Lami, Des-Airs, Jolly, le Noble, Noblet, Prouaire, Des-Rideaux, Des-Airs le petit, le Grais)
Acte IV
Entrée 6 (fin de la scène 5) – des Zéphyrs (Comte de Marsan, baron de Gentilly, Hesselin fils, d’Aligre fils, Létan)
Junon commande aux Zéphyrs de fêter, par une danse, la victoire obtenue sur Vénus par Neptune qui a sauvé Hyllus.
Entrée 7 (fin de l’acte) – des Fantômes et Demoiselles (Dumoustier, Lamare, Mahieu, Grinerin, Chicaneau, Desonets, Dufeu, Manseau, Bureau, Des-Airs le petit, Cordelle, Arnal)
Acte V
Entrée 8 (fin de la scène 1) – Pluton et Proserpine, avec douze Furies
Pluton (le Roi), sur le point de se voir vengé d’Hercule, témoigne sa joie par une danse avec Proserpine (Raynal)
Planètes et Influences ou Ballet des 7 Planètes (fin de l’opéra)
Entrée 9 – le dieu Mars (le Roi), suivi d’Alexandre (M. le Prince), Jules César (le comte de Saint-Aignan), Marc Antoine (le marquis de Rassan), Pompée et d’autres Capitaines de l’antiquité (Bontemps, Verpré, Langlois, Bruneau, Des-Airs, Raynal, le Noble)
Entrée 10 – Influences de la Lune (Mlle Girault) et Pèlerins (Coquet, Villedieu, Don, Lambert, Baltazard, le Conte, Noblet, Bonard, Merecier, la Pierre)
Entrée 11 – Influences de Mercure (Dolivet) et Charlatans (Parque, Chamois, Bousier, Chevillard, Mahieu, Dumoustier, Lerambert, le Chantre, Guignat, Picot, de Lalun, Desoners, du Breuil, Vagnac, Paysan, Cordesse)
Entrée 12 – Influences de Jupiter (le duc de Guise), accompagné de quatre Monarques, Auguste (le chevalier de Forbin), Annibal (Beauchamp), Philippe (d’Heureux) et Cyrus (Raynal), et de quatre Nations : Grecs (de l’Héry, Des-Airs, de Lorge, des Brosses), Romains (du Jour, Villedieu, de Gan, le Noble), Persans (de la Marre, Don, Dupron, Noblet) et Africains (Souville, Dusot, le Chantré, Chicanneau)
Entrée 13 – Vénus et les Plaisirs (M. le Duc, prince de Lorraine, comte d’Armagnac,comte de Guiche, comte de Séry, marquis de Genlis, marquis de Mirepoix, marquis de Villeroy, marquis de Rassan, Coquet) – Récit de Vénus (texte d’Isaac de Bensérade, chanté par Mlle Hilaire).
Entrée 14 – Influences de Saturne, qui produit plusieurs enchantements
Influence du Soleil, accompagné des 24 Heures, de l’Aurore et des Etoiles
Entrée 15 – les douze Heures de la Nuit (le comte d’Armagnac)
Entrée 16 – l’Aurore (Mlle de Vertpré)
Entrée 17 – le Soleil (le Roi) et les douze Heures du Jour (M. le Duc, comte de Saint-Aignan, comte de Guiche, marquis de Genlis, marquis de Rassan, Bontemps, Fré, Vertpré, Bruneau, Lanaglois, Noblet, Raynal, la Pierre)
Entrée 18 – les Étoiles (*) (Mlle de Toussy, Mlle de Bancas, Mlle de Bailleul, Mlle de Barnouville, Mlle de Lestrade, Mlle de Vaune, Mlle de Plabisson, Mlle d’Argentier, Mlle de Certe, Mlle du Mousseaux, Mlle d’Arnouville, Mlle de Saugé, Mlle Mignon, Mlle Longuet, Mlle Kilera)
C’est à propos de cette dernière entrée qu’on écrivit les vers suivants :
Celle des étoiles plut fort,
Et chacun demeura d’accord
Que ces agréables fillettes,
Avec tambours et castagnettes,
Toutes quinze ne pouvaient pas
Réussir avec plus d’appas.
(*) le vocable « étoile » désignant aujourd’hui les danseurs confirmés et vedettes pourrait trouver là son origine
La distribution de l’opéra était franco-italienne : Giuseppe Melone, dit l’abbé Melone, castrat soprano (Cinthia/Diane ou la Lune), Vincenzo Piccinni, basse (Ercole/Hercule), Mademoiselle Hilaire (*), soprano (Venere/Vénus), Antonio Rivani, castrat soprano (Giunone/Junon), Giovanni Agostino Poncelli (Hyllo/Hyllus), Signora Anna Bergerotti, soprano (Jole/Iole), Leonora Ballerini, soprano (Dejanira/Déjanire), Chiarini, castrat alto (Licco/Lychas), Signora Bordoni, soprano (Pasithea/Pasithée), Tagliavacca (?), ténor (Mercurio/Mercure), Bordigone, basse (Nettuno/Neptune, Ombra del re Eutyro/Ombre du roi Eurytus, père d’Iole), Zannetto, castrat alto (Ombra di Busiride/Ombre de Busiris), Vulpio, ténor (Ombra di Laomedonte/Ombre de Laomédon, roi de Troie), Anne de La Barre (la Bellezza/la Beauté, Ombra di Clerica/Ombre de Clérique, reine), Mlle Ribera, MM. Melone et Zannetto (Coro delle tre Grazie/Choeur des Trois Grâces).
(*) Hilaire Le Puis, dite Mademoiselle Hilaire – « Fille de Le Puis, tenant un cabaret de Bel-Air, rue de Vaugirard, près du Luxembourg. Quoiqu’elle représentât Vénus, dans Orfeo, et chantât le récit de la Beauté dans le Mariage forcé, ballet de Molière, Hilaire Le Puis n’était pas jolie ; elle n’avait de beau que la voix et les dents. Élève de du Niel et de Lambert (Michel), belle-sœur de ce dernier, elle devint la tante de Lulli, lorsque ce musicien épousa Madeleine, fille unique de Lambert, le 24 juillet 1662. Le jeu de paume de Bel-Air, que Lulli fit convertir en salle d’opéra, dix ans après, touchait au cabaret où Mlle Hilaire, première de nos premières cantatrices dramatiques, avait fait ses études musicales. Cette virtuose comptait de quarante-cinq à cinquante printemps lors de l’établissement de l’opéra français, elle dut céder le pas à Mlles de Cartilly, Brigogne, ses jeunes rivales. Hilaire Le Puis conserva pourtant sa voix jusqu’à l’âge de soixante ans. Elle avait eu beaucoup de succès à Londres, où les chanteurs français, tels que Mlle de La Barre, les ténors Boutelou, Duménil, firent, à son exemple, des tournées brillantes et fructueuses. » (Castil-Blaze – L’Opéra de 1548 à 1856)
La plupart des chanteurs et instrumentistes de la troupe arrivés avec Cavalli étant retournés en Italie ou en Allemagne, d’autres furent engagés pour les remplacer : Eléonore Ballerini, de Florence, le joueur de harpe Giovanni Carlo Rossi, frère de Luigi Rossi, et le théorbiste et guitariste Angelo Michele Bartolotti.
Le roi, la reine, ainsi que de nombreux « seigneurs et dames », dont le Grand Condé et son fils, les filles de Gaston d’Orléans, le marquis de Villeroy (*), participèrent au ballet, auprès des chanteurs et danseurs professionnels, Lambert, Dun, Desbrosses, Beauchamps, Verpré, Villedieu, Mlles Hilaire, de la Barre, Girault. Louis XIV représenta lui-même la Maison de France dans la première entrée, Pluton dans la huitième, Mars dans la neuvième, puis apparut, dans la dix-septième, en Soleil, la tête coiffée d’une perruque dorée (préparée par madame Touzé), et y obtint un grand succès.
(*) à propos du marquis de Villeroy, G. Touchard-Lafosse écrit dans ses Chroniques secrètes et galantes de l’Opéra : je doute que le jeune marquis de Villeroy, qui avait fait partie d’un quadrille de plaisirs, dans l’Hercule amoureux, fut aussi satisfait de ceci :
La troupe des plaisirs était presque passée
Alors qu’un jeune objet aimable, tendre et doux,
Comme j’avais sur vous (Villeroy) les yeux et la pensée,
Me vint dire à l’oreille, en me parlant de vous:
Il est assurément le plus joli de tous,
Et c’est en sa faveur que mon âme décide ;
Mais fiez-vous à moi, me dit-elle , entre nous,
Ce n’est pas un plaisir extrêmement solide.
Pour la circonstance, on distribua un livret bilingue avec une traduction en vers, écrit par Bensérade, précédé d’un prologue généalogique de Camille Lilius destiné à établir que la Maison de France tirait ses origines des premiers rois de Rome.
Le spectacle ne recueillit pas le succès escompté : défauts d’acoustique, mauvais fonctionnement de certaines machines de Vigarani.
Le 14 février, le ballet fut dansé une seconde fois, en présence de la Reine-mère et de Madame, puis à nouveau quatre fois en avril (18, 22, 25, 29), avec l’ajout d’un combat de monstres dans les airs qui recueillit les applaudissements de toute la Cour, et une dernière fois en mai, le 6.
Il y eut au total seize représentations, et Louis XIV gratifia Gaspare Vigarani de 18 000 livres de récompense. Cavalli partit de Paris en mai.
Le livret bilingue fut édité par Robert Ballard la même année, avec le titre Ercole amante / Hercule amoureux, représentée pour les Nopces de leurs Majestez Très-Chrestiennes.
On en connaît deux éditions, une en 161 pages, une seconde en 117 pages.
Le manuscrit fait partie de la collection Marco Contarini, conservée à la Biblioteca Marciana de Venise.
Personnages : Cinthia / Diane ou la Lune (soprano) ; Venere / Vénus (soprano) ; Ercole / Hercule (basse) ; Giunone / Junon (contralto ou soprano) ; Hyllo / Yllus, fils d’Hercule (ténor) ; Dejanira / Déjanire, épouse d’Hercule (mezzo-soprano) ; Iole / Yole, fille du roi Eutyro (soprano) ; Licco / Licas, serviteur de Déjanire (ténor) ; Mercurio / Mercure (ténor) ; Nettuno / Neptune (basse) ; Eutyro / Eutyre, père d’Iole (basse) ; Tevere / Tibre (basse) ; Pasithea / Pasithée, épouse du Sommeil (soprano), Sonno / le Sommeil (personnage muet) ; la Bellezza / la Beauté (soprano) ; Ombra del Re Eutyro / Ombre du roi Eutyre, père d’Yole ; Ombra di Clerica / Ombre de Clérique, reine ; Ombra di Laomedonte / Ombre de Laomedonte, roi de Troie (ténor) ; Ombra di Bussiride / Ombre de Bussiride (contralto), un Page (soprano), choeur de Musique de Fleuves ; choeur de Musique des Trois Grâces ; Choeur de Musique de Zéphyrs et Ruisseaux ; choeur de Musique de Sacrificateurs au tombeau d’Eutyre ; chopeur de Musique d’Ombres infernales ; choeur de Musique de Sacrificateurs de Junon Pronube ; Chœur Armonique de Tritons et Sirènes ; choeur muet des Demoiselles d’Yole
Certains personnages sont allégoriques des grands de la Cour : Hercule : Louis XIV, Junon : Anne d’Autriche, Vénus : la princesse Palatine ou madame de Longueville, Iole : Marie Mancini, Hyllus : le duc de Nemours…
L’Opéra d’ORPHEE,qui avoit été joué en 1647, & la PASTORALE de l’Abbé Perrin, donnerent la pensée de renouveller ce Spectacle dans le tems des noces de Louis XIV. & on fit représenter cet ERCOLE AMANTE qui est une Com. Italienne ; car on étoit encore dans la prévention que notre langue n’étoit absolument pas propre pour la musiq. dramatique ; mais pour la commodité de ceux qui n’entendoient pas l’Italien, Camille la traduisit en vers François, ainsi qu’on l’observe de nos jours au sujet des Inter. italiens que l’Académie Royale de Musique fait représenter. Les entr’Actes étoient des Ball. tirés de la piece, & dont les vers étoient de Benserade. Le Roi & la Reine y danserent avec les principaux Seigneurs de la Cour. Le Cardinal Mazarin fit venir d’Italie tous les Acteurs nécessaires pour exécuter cet Opéra, & le célebre Abbé Melani y chanta un rôle : il n’y eut d’Actrices Françoises que les Dlles Hilaire & de Labarre. Les paroles étoient de l’Abbé Perrin, & la musique fut composée par Cambert. Cet Opéra étoit précédé d’un Prol. usage qui a été suivi dans presque tous ceux qui ont été faits depuis. Les Machines en étoient si grandes & si surprenantes, qu’il y en avoit qui enlevoient jusqu’à cent personnes. Cette piece fut représentée le 7 Janv. 1661, dans la grande salle des Machines du Château des Thuilleries, qui fut bâtie pour le mariage de Louis le Grand, sur les desseins de Vigarini, Gentilhomme Modénois. (de Léris – Dictionnaire des Théâtres)
« Un prologue allégorique fut ajouté pour la circonstance par Camille Lilius. Il rendait hommage aux quinze familles régnantes les plus importantes d’Occident, avec une place toute particulière accordée à la dynastie française. Les familles étaient présentées par Diane, placée dans le ciel sur une machine, et incarnées par quelques dames de la Cour, le roi et la reine. Diane ordonne à Hercule de poursuivre ses travaux, et lui promet la Beauté en mariage. Cavalli était venu à Paris à l’invitation du cardinal Mazarin, qui avait dû lui offrir une rétribution substantielle afin de le décider. Mazarn lui avait commandé un opéra pour les fêtes données à l’occasion du mariage de Louis XIV et de l’infante Marie-Thérèse. L’oeuvre aurait dû servir également pour l’inauguration du Théâtre des Machines. aux Tuileries : un théâtre conçu spécialement pour les opéras italiens par l’architecte Gaspare Vigarani. Mais un retard dans la construction du théâtre, et la maladie du cardinal Mazarin, firent différer la création de l’opéra. On donna pour les noces une représentation de Xerxes, que le compositeur avait déja mis en scène à Florence en 1647. Ercole amante ne fut joué que deux années plus tard, alors que Mazarin était mort depuis un an. La partition n’eut pas le succès espéré, pas plus que le livret qui n’etait pas traduit en français et fut mal compris du public. Celui-ci apprécia en revanche beaucoup les ballets, ajoutes par Lully, et la mise en scène, confiée à Vigarani. En mai de la même année, Cavalli, déçu, rentra à Venise et ne réussit plus jamais à faire jouer cet Ercole amante bien compliqué. « (Dictionnaire chronologique des opéras – Le Livre de Poche)
« Cavalli composa Ercole amante à la demande de Mazarin, pour être créé durant l’été 1660, à l’occasion des noces de Louis XIV et Marie-Thérèse d’Espagne. Mais la salle des Tuileries, qui devait on accueillir la création, n’étant pas encore achevée, cet opéra ne fut donné en première audition qu’en février 1662, environ une année après la mort du cardinal. En fait, cet Ercole amante fut presque la dernière de ces oeuvres transalpines, opératiques ou non, profanes ou sacrées, que Mazarin avait entrepris de faire entendre à la cour de France, depuis 1643. Il n’est pas ici le lieu de relever combien le prologue et le personnage d’Hercule – tous deux à la gloire de Louis XIV -, ni combien une certaine écriture vocale, fortement déclamatoire, et un rôle important dévolu à l’orchestre, ne furent pas sans influencer Lully lorsque ce dernier façonna la tragédie lyrique. Sur un livret assez statique et fort bavard, Cavalli destina aux Français une partition moins bigarrée et moins effervescente que ses ouvrages purement vénitiens, mais édifia un ouvrage d’une noblesse et d’une puissance dramatique exceptionnelles. » (Opéra International – mai 1996)
« Une oeuvre extraordinaire composée à Paris pour les noces de Louis XIV et de Marie Thérèse d’Autriche et représentée avec un faste mémorable. L’unique copie manuscrite de la partition, conservée à la Biblioteca Marciana de Venise est d’une exceptionnelle précision : on y relève une inhabituelle abondance de parties intrumentales, d’étonnantes indications dynamiques en français (« Toudoucement », « Bien fort Messieurs ») et même d’orchestration. » (Diapason – avril 1995)
« Cette partition extraordinaire, composée à Paris pour les noces de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche et représentée avec des fastes mémorables, compte parmi les plus importantes de tout le XVIIIe siècle. Sa copie manuscrite, conservée à la Biblioteca Marciana de Venise, est d’une exceptionnelle précision ses nombreux ritornelli et accompagnements instrumentaux originaux, ses étonnantes indications dynamiques (« Toudoucement », « Bien fort messieurs… ») ou d’orchestration, contrastent singulièrement avec les autres témoignages, souvent lacunaires, de l’école vénitienne d’opéra ou de Cavalli lui-même. De plus, il s’agit d’une oeuvre sublime, d’une rare profondeur tragique, riche en éblouissantes pages vocales (airs, ensembles complexes, choeurs simples, doubles ou triples ; agencés en « scènes organisées » proprement visionnaires) dont l’influence fut déterminante sur la formation de la tragédie lyrique française (Lully participa d’ailleurs à l’entreprise en rival, puisqu’il composa les ballets). » (Guide de la musique ancienne et baroque – 1993)
Synopsis détaillé
Prologue
La scène des deux côtés représente des montagnes et des rochers sur lesquels son couchés quatorze fleuves qui ont été sous la domination des Français. Dans le fond du théâtre se voir la Mer, et dans l’air, la Lune qui descend dans une machine qui représente son ciel
Le prologue est chanté par un choeur de fleuves, parmi lesquels se distingue le Tibre (hommage discret à Mazarin). Ils échangent avec la belle Cinthia des propos résumant les gloires du règne naissant de Louis XIV et exaltent la façon dont un heureux mariage permet à la paix de succéder à la guerre.
Les Dames descendent sur le théâtre pour danser une entrée de ballet, et puis rentrent dans la machine qui les reporte dans le ciel
Entrée 1
Le Roy, représentant la Maison de France. La Valeur, inséparable de la Maison de France, representée par le Comte de S. Aignan, qui suit sa Majesté & lui dit :
Des Royales Vertus Grande et noble demeure… La Valeur n’attend pas le nombre des années.
Entrée 2
Le Roy, la Maison de France. La Reine, la Maison d’Autriche. Monsieur, L’Hymen. Monsieur le Duc, l’Amour. Mademoiselle. Mesdemoìselles d’Alençon et de Valois. Les Comtesses de Soissons, & d’Armagnac. Mesdemoiselles de Nemours, & d’Aumale. Les Duchesses de Luynes, de Sully, & de Crequy. La Comtesse de Guiche. Mesdemoiselles de Rohan , de Mortemart. Des-Autels, toutes représentant des Familles Impériales
Pour Leurs Majestés représentant les Maisons de France & d’Autriche
Deux puissantes Maisons pour qui tout se partage / Les armes à la main s’entre-poussaient à bout, / Mais l’Amour & l’Hymen ont pacifié tout, / Et de ces deux Maisons ne font plus qu’un Ménage.
Leur Eloge se mêle, & l’on prise à tel point / L’Auguste Majesté du noeud qui les assemble, / Qu’on ne saurait faillir de les louer ensemble / Pour ne pas séparer ce que le Ciel a joint./
Maisons, que l’Univers a toujours adorées / En suite d’un lien si charmant & si doux / Que Heureuses Grandeurs vont sortir dechez vous, / Et répondre aux Grandeurs qui chez vous sont entrées,
Déja ce beau Dauphin nous est en arrivant / Le présage assuré d’une longue bonace, / Déja quoique de loin, sa Naissance menace / D’un furieux débris les côtes du Levant.
Il faut que l’Art s’élève au dessus de ses Règles / Pour dire de vous deux les charmes acomplis, / Une a plus de blancheur que n’en ont tous vos Lys, L’autre a plus de fierté que n’en ont tous vos Aigles.
Pour Monsieur, représentant l’Hymen
Sans faire icy contester / La Fable avec que l’Histoire / Dire qu Hymen est blond cela ne se peut croire, / Il est fait comme un Ange, on n’en saurait douter, / Mais c’est comme un bel Ange à chevelure noire : / Ce doux Charmeur par qui tout le monde est lié, / Lui-même a son profit ne s’est pas oublié, / Les Dieux sont ce que nous sommes / Intéressés, amoureux, / Et de même que les Hommes / Gardent le meilleur pour eux.
Pour Monsieur le Duc, représentant l’Amour
Sorti du plus pur sang des Dieux, / Vous faites paraître en tous lieux / L’autorité que vous y donne / Votre rang & votre Personne : / Qui vous refuseroit ses voeux ? / Vous avez des dards et des feux ; / Mais pour gagner une Maîtresse, / Et dans son coeur vous faire jour / Vous avez la grande jeunesse, / C’est un des beaux traits de l’Amour.
Pour Mademoiselle, Famille Impériale
Un seul de ses divins regards / A plus de Majesté que les douze Césars, / Elle a beaucoup de l’air d’une fière Amazone / Qui marche droit au premier trône.
C’est l’objet des plus nobles vœux, / Si l’Hymen et l’Amour en étaient crûs tous deux, / On n’attendrait pas moins de cette Auguste Fille / Qu’une Impériale Famille.
Mademoiselle d’Alençon, Famille Imperiale
Quelle gloire pour une Fille, / Pour la Fortune quels efforts / Si j’entre dans une Famille, / Égale à celle dont je sors !
Pour Mademoiselle de Valois, Famille Impériale
Vous égalez les plus belles Personnes, / Vous êtes née entre mille Couronnes / Dont l’éclat veut que vous le portiez haut / Et seulement qu’il plaise à la Fortune / Que vous puissiez en avoir encore, une, / Vous en aurez autant qu’il vous en faut.
Pour la Comtesse de Soissons, Famille Impériale
Ces aimables vainqueurs, vos yeux, ces fiers Romains, / Semblent n’en vouloir pas aux vulgaires Humains, / Mais des plus élevés permettre la souffrance, / Et ces grands cheveux noirs, alors qu’ils sont épars ; / Ont un air de triomphe, et toute l’apparence / De savoir comment il faut enchaîner les Césars.
Pour la Comtesse d’Armagnac, Famille Impériale
Si l’Amour qui peut tout sans qu’on y trouve à mordre, / De Femmes d’empereurs voulait fonder un Ordre, / Qu’il fallut de beaux yeux , un tain vermeil & blanc, / Une bouche adorable entre les plus parfaites, / Qui vous empêcherait de prétendre à ce rang ? / N’avez vous pas déja toutes vos preuves faites ?
L’on vous regarde ici jouer un Personnage, / Où vous eûssiez naguère excellé davantage, / Et vous êtes moins propre à de pareils emplois / Ayant sitôt repris votre embonpoint de fille, / Vous êtiez d’une taille au bout de vos neuf mois / A bien représenter le corps d’une Famille.
Pour Mademoiselle de Nemours, Famille Impériale
Ce grand air cette haute mine / Prouve quelle est votre origine : / Mais cette douceur quont vos yeux / Est toute charmante, et respire / Je ne sais quoi qui vaut bien mieux / Que la Majesté de l’Empire.
Pour Mademoiselle d’Aumale sa soeur, Famille Impériale
Vos yeux à qui déjà tant de coeurs appartiennent / N’ont rien des Empereurs ces Tyrans anciens / Sinon qu’à leur exemple on connaît qu’ils deviennent / Grands Persécuteurs de Chrétiens.
Pour la Duchesse de Luynes, Famille Impériale
Les Miracles sont possibles / A cette rare Beauté, / Dans ses yeux doux et terribles / On voit en société / Deux choses peu compatibles / L’Amour & la Majesté.
Pour la Duchesse de Sully, Famille Impériale
Les riches ornements, les superbes Couronnes / Ajoutent peu de chose à certaines Personnes, / Et ne pourriez-vous pas fort bien régner sans eux ? / Vous avez une Taille & vous avez des Yeux.
Pour la Duchesse de Crequy, Famille Impériale
Vous abandonnez donc la Seine pour le Tibre?
Rome va s’enrichir aux despens de Paris ì
Elle y perdra pourtant ce quelle auoit de libre,
3$t sè prendra fans doute où le reste s9est pris:
On ne peut s^échapper de cét aymable piège,
Et vous attels remettre auec voftre Beauté
VEmpire dans son premier Siège,.
Mais bien plus florissant qu’il rìa jamais esté.
Pour la Comtesse de Guiche, Famille Impériale,
QVoyquevotre intereft ne soit pas mon affaire»
LaisseT^moyvous en dire icy mon sentiment,
Vous estes belle & jeune, aymable infiniment,
Mais vous ne faites pas ce que vous deuez> faire*
Représenter ainsi la Famille d*vn autre
Qu’à cette fonction d’agréable pour vous?
Et ne vous en déplaise ainfiqtia voftre 8sj?oux,
Seroit-cepas mieux fait de commencer la voftre ?
Pour Mademoiselle de Rohan, Famille Impériale*
CStte Belle k qui rièrtnese’peut comparer
6n fa jeune personne a des*grâces diuines,
Qui peut y paruenir n a rien à:é désirer,
Quelquefois sur lè T’hrosne on est sur des épines%
Qui fera dans, son, coeur fera plus doucement,
Et ne laissera pat d’eslre aufii noblement.
Acte I
La scène se change en bocage des deux côtés, qui laissent voir dans le fond du théâtre un grand paysage à perte de vue (les environs de la capitale de l’Eochalie)
(1) Hercule, bien que marié à Déjanire, se désole de l’accueil que réserve à ses propos la jeune Yole qu’il a enlevée par amour, en tuant à l’occasion son père Eurytos, et invoque Cupidon.
Vénus et les Graces descendent du ciel dans une machine.
(2) Émue de la tristesse d’Hercule, Vénus lui promet son aide dans ses entreprises amoureuses.
La machine de Vénus remonte au ciel, et, dans les nuages qui la suivent, Junon cachée se découvre peu à peu et paraît, assise sur un paon
(3) Junon, qui a toujours eu à se plaindre d’Hercule (n’est-il pas le résultat d’une des nombreuses aventures galantes de Jupiter ?) et à qui incombe la protection des foyers, chante sa colère et décide de contrarier les amours du héros.
Junon retourne au ciel, et des nuages qui l’environnent, elle fait tomber des tempêtes et des foudres, qui font la troisème entrée du ballet.
Entrée 3
Acte II
La cour d’honneur dans le palais royal
(1) Yole et Illus, fils d’Hercule, se déclarent un amour réciproque.
(2) Un page vient de la part d’Hercule demander à Iole de le retrouver dans le jardin des Fleurs. Illus est jaloux, mais Yole ne peut refuser et le rassure.
(3) Le page se pose la question de savoir ce que c’est que l’amour, ce sentiment dont tout le monde parle.
(4) Il rencontre Lycas, serviteur de Déjanire, et laisse échapper maladroitement le secret du rendez-vous.
(5) Lychas va aussitôt en informer sa maîtresse qui se désole malgré les conseils de solide bon sens que lui donne son valet.
La Grotte du Sommeil
(6) Pasithée veille sur le Sommeil avec le choeur des Zéphyrs et des Ruisseaux.
Junon descend du ciel
(7) Junon se prépare à faire échouer les projets d’Hercule ; elle va emprunter le Sommeil aux déesses qui en ont la garde.
Junon emmène dans son char le Sommeil et les Songes qui étaient couchés dans la grotte se lèvent et font la quatrième entrée
Entrée 4
Acte III
La scène se change en un jardin en Eochalie, et Vénus descend du ciel dans un nuage qui disparaît incontinent
(1) Vénus assure une fois encore Hercule de sa protection. Elle fait apparaître un siège enchanté fait d’herbe et de fleurs, et conseille à Hercule de prendre ce qu’il désire « par fraude ou par consentement ».
(2) Resté seul, le héros avoue qu’il perd tout son courage devant les mystères de l’Amour ; il est tout tremblant à l’idée de voir arriver Yole. Survient le page qui lui annonce la prochaine arrivée de la jeune fille mais lui apprend involontairement qu’elle est amoureuse d’Illus. Hercule est très surpris à la pensée d’avoir son fils pour rival.
(3) Yole entre, accompagnée de Illus. Elle commence par répondre en termes très hostiles au discours amoureux d’Hercule, puis, de façon inexplicable, (c’est un effet de l’intervention de Vénus) elle semble lui faire une déclaration d’amour, ce qui provoque chez Illus une telle surprise qu’il révèle ses sentiments devant son père. Celui-ci le chasse.
(4) Yole, toujours sous le charme de Vénus, tient à Hercule des propos enflammés qui le remplissent de joie.
Junon revient dans son char avec le Sommeil et demeure en l’air
(5) Junon paraît, le Sommeil est avec elle, dans son char. Le Sommeil endort Hercule et Yole revient à la raison en quittant le siège enchanté. Junon lui remet une épée pour qu’elle puisse, profitant du sommeil du héros, venger la mort de son père.
(6) Illus rentrant en scène, empêche le meurtre et désarme Iole.
Mercure vient en volant éveiller Hercule et s’en retourne aussitôt
(7) Hercule est réveillé par Mercure ; il voit l’épée aux mains d’Illus et croit que son fils veut le tuer. Yole s’accuse.
(8) Déjanire arrive sur ces entrefaites accompagnée de Lycas. Hercule veut condamner son fils à mort malgré toutes les supplications. Seule Yole parvient à changer sa décision en lui laissant entendre qu’il pourra lui inspirer des sentiments plus tendres s’il épargne son fils. Déjanire doit s’exiler, et Illus être emprisonné.
(9) Déjanire et Illus se lamentent sur la cruauté d’Hercule.
(10) Propos désabusés de Lycas et du page sur les folies que peut inspirer l’Amour.
Le siège enchanté disparaît et les Démons qui y étaient enfermés entrent dans les Statues du jardin, et font la cinquième entrée du ballet
Entrée 5
Acte IV
La scène se change en une Mer avec plusieurs tours des deux côtés, dans l’une desquelles se voit Illus prisonnier
(1) Illus emprisonné est tourmenté par la jalousie.
(2) Le Page paraît sur la mer, dans une petite barque, et apprend à Illus que Yole a été contrainte d’épouser Hercule dans l’espoir de sauver la vie de celui qu’elle aime.
Le Page s’éloigne de la tour et périt
(3) Une tempête se lève, et Illus, désespéré se jette à la mer.
Junon paraît en l’air dans un grand trône entouré de nuages
(4) Junon demande à Neptune de sauver Illus. Neptune surgit de la mer dans une grande conque tirée par des chevaux marins, et recueille Illus.
Illus entre dans la machine de Junon et Neptune replonge dans la mer
(5) Junon se réjouit d’avoir contrarié Vénus.
Illus decend de la machine de Junon sur le théâtre et Junon remonte au ciel : les Zéphyrs appelés par elle font la sixième entrée du ballet
Entrée 6
Un jardin de cyprès, plein de magnifiques sépulchres
(6) Déjanire songe au suicide et veut confier ses trésors à Lycas qui refuse.
(7) Yole vient se recueillir sur le tombeau de son père, avec le choeur des sacrificateurs. Le tombeau s’écroule et l’Ombre d’Eurytus apparaît qui crie sa colère de la décision d’Iole d’épouser Hercule pour sauver Hyllus. Déjanire intervient pour dire qu’elle a vu Hyllus se jeter à la mer. Lychas conseille à Déjanire de remettre à Hercule la tunique du centaure Nessus, ce fera de lui un mari fidèle. Il laisse aussi espérer à Iole que Hyllus a pu se sauver.
Les Dames de la Cour d’Yole, qui s’étaient arrêtées à pleurer autour du sépulchre d’Eutyre, voyant paraître de nouvelels Ombres, prennent l’épouvante, et forment la septième entrée
Entrée 7
Acte V
La scène se change et représente un enfer
(1) Les rois que fit périr Hercule complotent pour tirer de lui une vengeance longtemps attendue : Eutyre, Clérique, reine de Cos, Laomédon, roi de Troie, Busiris, roi d’Egypte.
Entrée 8
La scène se change en un portique d’un temple d’hymen, consacré à Junon Pronube
(2) Hercule, ignorant de tout, se prépare à épouser Iole. Lycas donne à Yole une tunique pour remplacer celle qu’Yole doit donner à Hercule. Hercule revêt la tunique, et meurt dans des souffrances atroces, à la grande satisfaction de Lycas.
(3) Déjanire comprend enfin l’ironie cruelle du centaure lui offrant la tunique fatale, et ne souhaite plus vivre. Arrive Illus qui tombe dans les bras de Iole et de Déjanire, et raconte comment il a été sauvé.
Junon descend dans une machine, accompagnée de l’Harmonie du Ciel, dans lequel Hercule paraît marié avec la Beauté
(4) Junon contemple son oeuvre d’un regard satisfait. Elle annonce que Hercule rit dans le ciel, car il a été uni par Jupiter à la Beauté. Yole, Déjanire et Illus se réjouissent et remercient Junon.
(5) Hercule apparaît dans le ciel, marié avec la Beauté pour des noces éternelles. Choeur des Planètes qui chantent la récompense offerte à la vertu. Hercule et la Beauté annoncent qu’un Hercule français (Louis XIV) épousera bientôt une beauté ibérique (Marie-Thérèse d’Espagne).
Les diverses influences des sept planètes descendent les unes après les autres, et font autant d’entrées de ballet, qui finit par un ballet d’étoiles
Entrées 9 à 18
(d’après le livret Erato)
Livret original
1662 (livret bilingue + vers du ballet royal) : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k51374m/f2.image.r=francesco%20cavalli.langFR (Bibliothèque nationale française) http://books.google.fr/books?id=Y3q8e4Iy_cQC&printsec=frontcover&dq=ercole+amante&source=bl&ots=45T7sZjQee&sig=885Mga2_ND-1Wnwv2KBKvhwe-xc&hl=fr&sa=X&ei=fQljUL-oHqil0QXY6oHABw&ved=0CC4Q6AEwAA#v=onepage&q=ercole%20amante&f=false
Livret (en français) disponible sur livretsbaroques.fr
Livret (en italien)
Le manuscrit est conservé à la Biblioteca Marciana de Venise dans la Collection Contarini, noble vénitien qui avait réuni dans sa villa palladienne de Piazzola une collection des opéras représentés à Venise. En 1681, parut dans le Mercure galant, le récit d’un Français , l’écuyer Jacques Chassebras de Cramailles qui avait visité la villa de Marco Contarini.
Au troisème étage, une galerie, où se voyent toutes les sortes d’instrumens de musique que l’on peut s’imaginere, avec tous les opéra qui ont esté vues jusqu’à présent soit à ,Venise ou ailleurs. L’Hercule fait par le Sioeur Cavalli, et représenté à Paris pour le diuvertissement de Sa Majesté, y tient sa place parmy les autres.
Ercole amante – Hercule amoureux – Marianne Massin – Cahiers d’Ambronay n° 1 – septembre 2006 – Editions Ambronay – 170 pages
« Ercole amante » aux Tuileries – Mémoires imaginaires de Francesco Cavalli (1659 – 1662) – Claude-Jean Nébrac – BoD – mars 2011 – 188 pages – 18 €
Ercole amante : representata per le nozze delle Maestà christianissime (Éd.1662) – Hachette/BNF – 1er mai 2012 – fac simile de l’argument en français et italien
Représentations :
Amsterdam – De Nederlandse Opera – 11, 15, 18, 20, 22, 24, 26, 28, 30 janvier 2009 – Concerto Köln – Choeur du De Nederlandse Opera – dir. Ivor Bolton – mise en scène David Alden – décor Paul Steinberg – costumes Constance Hoffman – lumières Adam Silverman – chorégraphie Jonathan Lunn – avec Luca Pisaroni (Ercole), Veronica Cangemi (Iole), Anna Bonitatibus (Giunone), Jeremy Ovenden (Hyllus), Anna Maria Panzarella (Dejanira), Marlin Miller (Licco), Umberto Chiummo (Nettuno / Tevere / Ombra di Eutiro), Wilke te Brummelstroete (La Bellezza / Venere), Gaële Le Roi (Cinzia / Pasitea / Ombra di Clerica), Mark Tucker (Mercurio / Ombra di Laomedonte), Tim Mead (Paggio / Ombra di Bussiride)
Diapason – mars 2009 – Beau travail, Hercule
» Ercole amante fut victime de sa monstrueuse machinerie » dit James Anthony dans son livre classique. Il pensait à Amsterdam, pour la quatrième production moderne de l’ouvrage depuis la résurrection lyonnaise de 1979. La scène, avec une ouvereture en cinémascope, est le contraire exact de la salle des Machines que la tragédie de Cavalli inaugurait en 1662. Aux Tuileries, tout partait dans les cintres. Ici, les quarante musiciens du Concerto Köln peinent à remplir l’espace de leur sonorité dorée et fine, pendant que les solistes charment les oreilles et les sens, sans toujours établir le contact intime souhaité.
Pourtant, avec trois Italiens (excellent Luca Pisaroni en Hercule, plus baryton que basse cependant; Anna Bonitatibus éblouissante en Junon ; Umberto Chiummo, très bien dans ses trois rôles) ; avec Veronica Cangemi (Iole à vous arracher des larmes) et Anna Maria Panzarella (Déjanire, idem) ; avec un Martin Millere (Lychas) qui se surpasse dans la drôlerie (et le suraigu…), une distribution sans faiblesse, un choeur excellent, et un Ivor Bolton inspiré dans la fosse, musicalement on frôlait l’idéal. Très belle chorégraphie de Jonathan Lunn (on nous sert une bonne tranche de Lully), alliant avec malice les moulinets baroques aux déhanchements des rues. Et quel bonheur de retrouver au théâtre des décors (Paul Steinberg) et surtout des costumes (ConstanceHoffman) de théâtre ! L’imagination triomphe, on adore jusqu’à ses excès. On aimerait en dire autant de la régie de DavidAlden qui choisit de nous faire rire aux dépens de l’ouvrage, et surtout du héros, plutôt que de le jouer. Pourtant, les scènes funèbres et infernales, un peu Pirates des Caraïbes, sont spectaculaires, et l’artiste sensible qu’il est s’autorise à… tolérer quelques pépites tragiques. Mais la « revue baroque » dévore le reste : un Louis XIV qui, au sortir de sa couche nuptiale, s’enrobe de latex pour ressembler à Schwarzenegger ; un immense bébé-Hercule étranglant des serpents, une goélette et autres friandises, le tout formant un spectacle qui « trop embrasse et mal étreint », laissant filer la substance du drame. Certes, elle n’est pas bien épaisse : raison de plus pour en prendre soin. »
Opéra Magazine – avril 2009
« Ercole amante de Francesco Cavalli est un ouvrage passionnant. Composé en 1660 à l’occasion du mariage de Louis XIV et de l’infante Marie-Thérèse, il ne fut représenté que deux ans plus tard, au Théâtre des Tuileries à Paris, moyennant l’insertion de ballets et de divertissements de Lulli, le musicien favori du monarque, dansés entre autres par ce dernier. Le Nederlandse Opera a décidé de s’en passer et de revenir à l’original cavallien, pour un spectacle qui a tenu de bout en bout le public en haleine.
Ercole amante n’est pas une oeuvre dont le succès repose sur les prouesses vocales. Privilégiant le récitatif, dans une esthétique encore tributaire du madrigal, la partition place le théâtre au premier plan, en cherchant à illustrer au plus près les nombreux effets spectaculaires du livret de Francesco Buti. David Alden et ses partenaires l’ont parfaitement compris, par exemple dans la scène où Hyllo et le messager qu’il a envoyé à Iole, pris dans une tempête, risquent la noyade. En écho à une musique évoquant la pluie et le tonnerre, on voit un bateau errant sans gouvernail sur le plateau, entouré d’éclairs de lumière renforçant encore l’illusion de l’orage. Nous en avons presque eu le mal de mer!
A peine remis de ses émotions, le spectateur est entraîné dans une nouvelle aventure : Nettuno, à l’appel de Giunone, apparaît pour sauver les naufragés, assis dans un char doré tiré par des chevaux de bronze plus grands que nature. Et comment décrire le choc occasionné par le tableau des Enfers ? Dans un espace claustrophobique créé par l’abaissement de la partie supérieure du décor, des tombeaux baroques surgissent soudain des dessous, suivis du roi d’outre-monde, enveloppé de bandages plus ou moins effilochés, comme dans les différentes versions cinématographiques de La Momie.
Les chorégraphies de Jonathan Lunn sont toutes remarquables, s’insérant à la perfection entre les numéros chantés. Nous nous souviendrons notamment de la manière dont Ercole, moulé dans un costume le faisant ressembler à Hutk, danse autour des choristes en les reniflant comme s’il s’agissait de fleurs à cueillir. L’effet comique est garanti et le public s’esclaffe, dans le droit fil de l’esthétique demi-caractère dont relève Ercole amante, mêlant éléments empruntés à la comédie et au style sérieux.
Restait à savoir comment David Alden et ses partenaires — s’agissant d’un travail d’équipe aussi exemplaire, nous ne saurons nous contenter de citer le meneur en scène — allaient se tirer de l’apothéose allégorique finale, célébrant le bonheur céleste du héros, bien évidemment assimilé à celui du roi de France avec sa jeune épouse… Leur solution est éminemment spectaculaire, puisque le décor reconstitue l’intérieur de la galerie des Glaces du château de Versailles, dont les travaux d’agrandissement commencent précisément au moment de la création d’Ercole amante (la construction de la galerie elle-même ne sera entreprise qu’en l678).
Dominant une distribution sans reproche, Luca Pisaroni est un Ercole d’exception, puissamment investi sur le plan dramatique et à la diction parfaite. Ivor Bolton dirige un impeccable Concerto Köln, avec autant de fermeté que de sens des nuances et de l’équilibre des timbres, concourant à l’exemplaire réussite de cette production. »
Théâtre de Bourg en Bresse – 28, 28 septembre 2006 – Opéra de Vichy – 30 septembre 2006 – Opéra de Toulon – 3 octobre 2006 – Grand Théâtre de Reims – 6 octobre 2006 – Salle Gaveau – 9 octobre 2006 – Solistes de l’Académie baroque européenne d’Ambronay – dir. Gabriel Garrido – mise en scène (ou en espace, à Toulon) Pierre Kuentz – chorégraphie Ana Yepes – costumes David Messinger – lumières Adèle Grepinet – avec (distribution du 3 octobre à Toulon) Ismaël Gonzales, basse (Hercule), Iulia Elena Surdu, soprano (Iole), Emmanuelle De Negri, soprano (Aura 1, Clerica), David Hernandez Anfrus, ténor (Hyllus), Jarta Levicova, mezzo-soprano (Déjanire), Ricardo Ceitlil, contre-ténor (Le page), Adrian George Popescu, contre-ténor (Lychas), Ingeborg Oatheim, soprano (Cinthia, Belleza, Vénus française), Théophile Alexandre, contre-ténor (Aura 2), Lior Leibovici, ténor (Ruscello), Lauren Arrnishaw, soprano (Vénus), Anne-Emmanuelle Oavy, soprano (Première Grâce), Virginie Thomas, soprano (Deuxième Grâce), Stépharnie Leclercq, mezzo-soprano (Troisième Grâce), Maria Hinojosa, soprano (Junon), Juliette Perret, soprano (Pasitea), Raphaël Pichon, contre-ténor (Bussiride), Vincent Vantyghem, basse (Eutyros),Victor Duclos (danseur)
enregistrement disponible (Salle Gaveau – 9 octobre 2006) – CD – La Maison du Lirique
Diapason – décembre 2006 – Hercule d’attente – 9 octobre 2006
« La principale vertu de ce concert de l’Académie baroque européenne d’Ambronay est de nous rappeler quel génie protéiforme fut Cavalli. Pour parodier ce qu’on a dit de Rameau, on pourrait affirmer, par exemple, que le bref premier acte (un quart d’heure) de son Ercole amante (Hercule amoureux, 1662) contient autant de musique que bien des opéras du temps. A presque soixante ans, le disciple de Monteverdi, entraîné par Mazarin dans une tentative de séduction désespérée de la France, fait appel à tous les sortilèges de l’art vénitien et, plus encore, romain — car, contrairement à ce qu’on a prétendu, rien de «français» dans cette polychoralité majestueuse du Prologue, cette floraison madrigalesque d’ensembles (duos, trios, quatuors), cette morbide ductilité du recitar cantando. Cavalli ne s’est pas francisé, au fil des quatre heures de musique qu’il réserve au mariage de Louis XIV, c’est Lully qui, par la suite, se « cavallierisera ». En attendant, le futur Surintendant du Roy truffe d’interminables ballets la partition du Vénitien : autre atout de la production d’Ambronay, ceux-ci nous sont partiellement restitués. Force est de constater qu’en dépit d’une orchestration bigarrée, la mélodie et l’harmonie de Lully font pâle figure aux côtés de la riche moire de l’opéra. Trop riche, trop subtile pour de jeunes chanteurs, sans doute — même si cette fresque mettant en scène vingt-cinq rôles pouvait sembler adaptée au projet de l’académie (les deux distributions qui alternaient à Ambronay sont ici mêlées). Ce qui manque avant tout, c est un véritable travail sur le texte : y a-t-il seulement eu un répétiteur d’italien sur cette production ne faisant appel à presque aucun italophone ? Peu probable, tant certains paraissent débiter leur partie sans souci des scansions du poème. Plus grave : on entend fort peu de voix saines et travaillées, trop de chuchotement mal soutenus et projetés. Quelques exceptions — le rôle-titre, la « première » Iole, la « seconde » Junon — n’empêchent pas le niveau d’être bien inférieur à celui des précédentes sessions de l’académie (fondée en 1993). Hormis le continuo, parfois trop profus (irritantes guitares), l’orchestre n’est pas non plus des meilleurs, et la battue de Gabriel Garrido (notre photo), vivante mais peu rhétorique, élégante mais peu contrastée, ne convainc qu’à moitié. La coupure du moment le plus fort de l’ouvrage (le « suicide» d’Hyllus, à l’acte IV) ajoute à notre déception : vivement la prochaine académie. »
Anaclase – 28 septembre 2006
« Au printemps 1643, le destin appelle un Bourbon de cinq ans à régner sur la France ; en vérité, c’est Mazarin qui gouvernera dix-huit années durant, sous la régence d’Anne d’Autriche, de sorte que le jeune Louis, 14ème du nom, ne prendra les pleins pouvoirs qu’en 1661, à la mort du Cardinal. L’une des dernières missions menées par ce dernier fut la préparation d’une grande fête devant fastueusement célébrer le Traité des Pyrénées qui, à l’automne 1759, avait stabilisé la frontière entre les territoires espa-gnols et français, et les noces du roi avec la fille de Philippe IV, l’infante Marie-Thérèse – noces qui avaient scellé ce traité au printemps suivant. Pour l’occasion, l’architecte Gaspare Vigarani construisit un théâtre gigan-tesque – les écrits d’alors le présentent comme pouvant contenir sept mille personnes, une affirmation qui témoigne sans doute plus d’une enthou-siaste volonté de propagande que d’une réalité objective – aux Tuileries, théâtre où sera représenté l’Ercole amante, un ouvrage réunissant quatre talents : le librettiste Francesco Buti, le Vénitien Francesco Cavalli pour la musique, le dramaturge et poète Isaac de Bensérade, coqueluche de la cour depuis des décennies (et à ce titre bientôt remplacé par Molière) se chargeant des entrées de ballets qui seront composées par Jean-Baptiste Lully. Le 7 février 1662, Paris voit donc la création de cet opéra-ballet d’envergure où la danse est assurée par la famille royale elle-même qu’entou-rent les demoiselles de l’aristocratie.
On le devine : les enjeux du spectacle dictèrent leurs contraintes, de sorte qu’aujourd’hui, l’œuvre nous semble assez confuse. Certes, on ne saurait la représenter sans rendre compte de son contexte, soit de sa fonction première de glorifier le jeune roi, sa naissance, sa politique, sa grandeur, ses alliances, etc. Une saine sagesse a cependant inspiré la réalisation présente, n’hésitant pas à opérer de nombreuses coupures dans un matériau qui, ainsi allégé, put paraître fort copieux encore.
Aux étudiants de l’Académie Baroque Européenne d’Ambronay, l’édition 2006 permet d’explorer très précisément cet Ercole amante, abordant ainsi tant la dimension musicale que chorégraphique du spectacle au 17ème siècle. Outre la création d’une nouvelle production, cette semaine, à Bourg-en-Bresse, ils auront à assumer une tournée qui mènera l’histoire tourmentée des amours d’Hercule à Toulon, à Reims, à Besançon, etc. Parmi ces jeunes gens, nous remarquions particulièrement le timbre charmant de la Diane d’ Ingeborg Dalheim, la ferme Vénus de Lauren Armishaw et la plénitude de l’aigu de Maria Hinojosa en Junon. Si, en Hyllus, David Hernandez Anfrus semble parfois gêné par un impact naturel plus large que celui qu’impose le style, l’Iole d’ Iulia Elena Surdu s’avère fiable et élégante. Après des débuts un rien entravés, la basse Ismaël Gonzales trouvera peu à peu à libérer un Hercule de belle tenue. Enfin, Jana Levicova en Déjanire s’impose comme La voix de la soirée : outre que l’écriture du rôle nous le rend plus proche, les moyens sont riches, l’émission est facile, la projection évidente et l’artiste use de ces qualités avec une incontestable présence scénique.
Pierre Kuentz conçut une mise en scène dont la sobriété demeure le principal atout, utilisant ingénieusement le délicat maniement de gracieuses voiles pour inventer sans cesse de nouveaux espaces de jeu sur une scène aux proportions pourtant réduites. Avec la complicité de David Messinger qui signe le décor, il fait évoluer les personnages dans un monde d’une grande poésie qu’ornent çà et là quelques discrètes fleurs de lys, dans une lumière savamment dosée – Adèle Grepinet. Dans le même esprit, la chorégraphie d’Ana Yepes calcule sereinement ses effets, tandis qu’au pupitre, Gabriel Garrido apporte son savoir-faire et son énergie à l’ensemble. »
Le Blog du metteur en scène Pierre Kuentz
« Suivez au jour le jour le processus de création de Pierre Kuentz. En résidence à Ambronay, centre culturel baroque, il vous fait découvrir la mise en scène d’un opéra baroque, Ercole Amante. »
http://www.pierrekuentz.com/ambronay/index.php/
ResMusica – Reims – 6 octobre 2006
Pour ce spectacle destiné à tourner, metteur en scène et décorateur ont fait le choix de la sobriété visuelle, en proposant un décor léger, composé de grands voiles. Le résultat est un peu austère, mais très esthétique, et est magnifié par de très beaux costumes aux formes variées et aux couleurs spectaculaires. La direction d’acteurs est soignée, intelligente et fluide, de même que les chorégraphies, qui sont parfaitement bien menées et très agréables à regarder.
Il y a un an dans l’Europe galante, nous soulignions l’excellente prestation de l’orchestre formé par les jeunes stagiaires de l’Académie. Nous serons nettement moins élogieux cette année. Le niveau a considérablement baissé, et l’orchestre passe une soirée très médiocre : l’intonation est très précaire, les sonorités sont désagréablement acides, le jeu d’ensemble très flottant, et les nombreux solos instrumentaux sont la plupart du temps des chausse-trappes trop délicats pour nos jeunes instrumentistes. Très inspiré, Gabriel Garrido paie pourtant de sa personne pour assurer un soutien orchestral correct aux chanteurs, mais sa direction alerte et bien articulée ne parvient pas à transcender les faiblesses de ses musiciens.
Au contraire de l’orchestre, les chanteurs sont eux d’un très bon niveau, meilleur et plus homogène que celui de la précédente édition. Ils affrontent tous crânement les difficultés de leur partie, aucun ne démérite, et certains s’en sortent même plus que bien. Emergent du lot la Vénus de Lauren Armishaw, timbre fauve, chant sensuel, magnétisme scénique, le sobre et bien chantant Eutyros de Vincent Vantyghem, et la jolie Pasitea de Juliette Perret, qui apporte beaucoup de fraîcheur vocale à son rôle. Citons encore une Junon exaltée, aux aigus puissants et brillants, ainsi qu’un Hyllus très émouvant. En Hercule, l’imposant Ismaël Gonzales affronte un rôle dont il n’a pas encore les capacités. La voix est belle, l’émission est franche, et il fait de louables efforts d’allègement, mais les graves sont encore trop peu consistants, la voix se dérobe, et il détone souvent. On ne pourra cependant le blâmer de ses faiblesses, car c’est un rôle qui devrait être tenu par un chanteur en pleine maturité vocale, pas par un débutant.
Le bilan de la soirée est donc globalement positif, avec une œuvre très intéressante, une distribution homogène et prometteuse, et une production respectueuse et intelligente. Un meilleur orchestre et la soirée aurait été parfaite… »
Stadsschouwburg Utrecht – août 1999 – Utrecht Early Music Festival – The King’s Noyse & Boston Early Music Festival Violin Band – dir. Paul O’Dette et Stephen Stubbs – mise en scène Jack Edwards – décors Robin Linklater – chorégraphie Lucy Graham – avec Meredith Hall (Giunone), Ellen Hargis (Iole), Laurie Reviol (Cinthia, Ombra di Clerica Regina), Elizabeth Ronan (Bellezza, Venere), Ann Hallenberg (Deianira), Deborah Leath Rentz (Pasithea), Steve Dugardin (Ombra di Bussiride, Paggio), William Hite (Hyllo), Olof Lilja (Licco), Ryan Turner (Mercurio, Ombra di Laomedonte), Nathaniel Watson (Ercole), Donald Wilkinson (Nettuno), Paul Guttry (Il Tevere), Harry van der Kamp (Ombra d’Eutiro)
Boston – Emerson Majestic Theatre – 8, 9, 11, 12, 13 juin 1999 – Tanglewood Music Centre – juin 1999 – Boston Early Music Festival – dir. Paul O’Dette et Stephen Stubbs – mise en scène Jack Edwards – décors Robin Linklater – chorégraphie Lucy Graham – lumières L. Stacy Eddy – costumes Anna Watkins – avec Paul Guttry (Il Tevere), Claron McFadden (Cinthia), Nathaniel Watson (Ercole), Ellen Hargis (Venere), Laurie Reviol, Deborah Leath Rentz (Le Tre Grazie), Meredith Hall (Giunone), Lisa Saffer (Iole), William Hite (Hyllo), Steve Dugardin (Paggio), Olof Lilja (Licco), Ann Hallenberg (Deianira), Deborah Leath Rentz (Pasithea), Florian Eckhardt (Sonno), Donald Wilkinson (Nettuno), Harry van der Kamp (Ombra d’Eutiro)
Ravenne – Teatro Alighieri – 18, 20, 21 avril 1997 – Orchestra e Coro del Laboratorio del teatro Alighieri di Ravenna (maître de choeur Elena Satori) – dir. Roberto Solci – mise en scène Ezio Martinelli – costumes Alessandra Torella – lumières Franco Marri – avec Alessandro Guerzoni (Ercole), Daniela Citino (Dejanira), Daniela Bruera (Jole), Emanuela Barazia (Giunone), Donatella Lombardi (Venere / Bellezza), Terige Sirolli (Hyllo), Alessandro Carmignani (Licco), Emanuela Tesch (Paggio), Cinzia Rizzone (Cintia/Pasitea/Grazia 1), Barbara Lavarian (Ombra di Cleria/Aura 1/Grazia 2), Sonia Prina (Ombra di Bussiride/Aura II/Grazia III), Leonardo De Lisi (Ombra di Laomedonte/Mercurio/Ruscello), Antonio De Gobbi (Ombra di Eutyro), Davide Baroncheelli (Il TevereNettuno) – version révisée par Roberto Solci
Patis – T.M.P. Châtelet – 7 mai 1981 – dir. Michel Corboz
enregistrement audio – CD – House of Opera
Opéra de Lyon – 4 au 9 mai 1979 – dir. Michel Corboz – mise en scène Jean-Louis Martinoty – décors et costumes Martin Schlumpf – avec Rosario Andrade (Vénus, Cinthie), Pierre Thau (le Tibre), Margarita Zimmermann (Junon), Keith Lewis (Hyllus), Rosanne Creffield (Iole), Riccardo Cassinelli (Lychas), Patricia Miller (Déjanire), Eliane Tantcheff (Pasithée, la Beauté), Elisabeth Rogier (Elena), Anne-Marie Grain (Bussiris), Victor Braun (Hercule), Christos Grigoriou (Neptune), Georges Gautier (Laomedon), Georges Rayet (le Sommeil)
L’Année de la Musique
« Le rideau se lève sur une immense fresque représentant le mariage de Louis XIV. Devant une table et un fauteuil recouverts de fleurs de lys, le souverain apparaît pour accueillir trois belles dames. Un somptueux décor versaillais (Martin Schlumpf s’est inspiré de l’escalier des Ambassadeurs, que Louis XV fit détruire) fait briller l’or sur deux volées de marches. Une foule chamarrée conduite par Junon — Anne d’Autriche et le Tibre—Mazarin, contraint le roi à signer son contrat de mariage. Pourvu d’une massue dorée, un personnage herculéen casse en deux la table fleurdelysée. A la suite d’un très beau solo de Junon, des nuées descendent des cintres. L’épouse d’Hercule, Déjanire, se lamente sur la légèreté de son mari. Entre les nobles exultations éclate, comme un pétard, une scène de commedia dell’ arte…
Tandis que planent nuages et croissant de lune. un ravissant trio, qui ressemble à une berceuse, célèbre le sommeil qui descend de la lune le crâne rasé, il est noyé dans des flots de plumes d’autruche blanches et de tissu transparent. Se profilant sur une ravissante toile de fond de jardins et de portiques, la délicieuse Rosanne Creffield incarne Iole avec ses anglaises blondes et sa robe bleu pâle, elle excite une rivalité amoureuse entre Hercule et son fils Hyllus, rivalité qui rappelle « Mithridate » de Racine, ou encore « Phèdre »… Un émouvant duo entre Iole et Hyllus est interrompu par Hercule qui jette son fils à terre.
Un monstre marin et des flots d’étoffes venteuses entourent Hylus, juché sur un écueil. Surgit une caravelle miniature, tandis qu’on entend, venue des coulisses, la voix allègre d’un page invisible. Neptune apparaît sur la tête du monstre dans une lumière dorée. Déjanire, avec sa somptueuse robe violette, continue de se lamenter. A la lueur des chandelles, des femmes voilées et vêtues de noir font entendre un choeur d’une noble mélancolie Hyllus, croit-on, est mort… Iole et Déjanire se plaignent harmonieusement.
Dans les flammes et les arbres tordus, au milie des lianes des enfers et des diables en haillons, Hercule est prisonnier de la tunique de Nessus, et chante un solo désespéré. Mais Hyllus répapparaît et un superbe quatuor éclate. Se détachant sur le fond noir, un énorme soleil d’or abrite Hercule et so épouse, perchés sur des flots de velours bleus fleurs de lys. »
Venise – La Fenice – 17 février 1961 – 3 représentations – Stagione lirica invernale – version Riccardo Nielsen (sans prologue et en trois actes) – dir. Ettore Gracis – mise en scène Corrado Pavolini – décors Gianrico Becher – chorégraphie Mariella Turitto – clavecin Piero Ferraris – avec Raffaele Ariè (Ercole), Dora Carral (Venere), Adriana Lazzarini (Giunone), Christina Carroll (Dejanira), Luigi Ottolini (Hyllo), Lucia Ferraris Kelston (Iole), Margherita Benetti (Paggio), Florindo Andreolli (Licco), Jolanda Michieli (Pasitea), Alessandro Maddalena (Eutiro), Amedeo Zambon (Mercurio), Mirella Fiorentini, Anna Maria Balboni, Rosa Laghezza (Le tre Grazie)