LES FOLIES DE CARDENIO |
COMPOSITEUR |
Michel-Richard DELALANDE |
LIBRETTISTE |
Charles-Antoine Coypel |
ORCHESTRE | Ensemble Baroque de Limoges |
CHOEUR | |
DIRECTION | Christophe Coin |
Marie-Bénédicte Souquet | dessus |
DATE D’ENREGISTREMENT | octobre 2004 |
LIEU D’ENREGISTREMENT | Eglise Notre-Dame du Bon Secours |
ENREGISTREMENT EN CONCERT | non |
EDITEUR | Laborie |
DISTRIBUTION | Harmonia Mundi |
DATE DE PRODUCTION | 4 avril 2006 |
NOMBRE DE DISQUES | 1 |
CATEGORIE | DDD |
Enregistrement édité et distribué en 2005 directement par l’Ensemble Baroque de Limoges à l’occasion de ses vingt ans. Ne comporte que trois airs chantés.
Critique de cet enregistrement dans :
Le Monde de la Musique – juillet/août 2006 – appréciation 3 / 5
« Le 30 décembre 1720 fut créée dans la grande salle du palais des Tuileries une « comédie en trois actes avec des intermèdes ». Charles-Antoine Coypel, fils du célèbre peintre, signe le livret, Michel-Richard Delalande apporte la musique et Claude Ballon invente la chorégraphie. Parmi les cent soixante-dix participants à ce spectacle « des plus beaux et des plus magnifiques » que mentionne Le Mercure de France, un jeune Louis XV de dix ans mêle ses pas à ceux d’aristocrates.
La musique ponctue les trois actes de ce ballet héroïco-comique inspiré par le Don Quichotte de Cervantès, où se croisent Espagnols, Maures, Indiens et Chinois. S’il ne subsiste que trois pages vocales, quarante-quatre pièces instrumentales contrastées révèlent le caractère divertissant de la partition.
Entendue lors des journées Lalande organisée par le Centre de musique baroque de Versailles en octobre 2001 par l’Ensemble baroque de Limoges, celle-ci fait l’objet de cet enregistrement. Le concert employait une quinzaine de musiciens, alors que le disque en mobilise quarante, grâce au renfort d’étudiants des Conservatoires supérieurs de Lyon et Paris et de la Musikakademie de Bâle. L’homogénéité de l’ensemble ne trahit nullement cette réunion de circonstance et dévoile de beaux pupitres de cordes. Si la percussion se plaît à marquer la pulsation (air pour les Indiens), l’orchestre pourrait davantage diversifier ses couleurs et lever plus haut la jambe dans les épisodes animés. Les danses lentes (« Sarabande pour les Espagnols », par exemple) offrent en revanche de tendres instants. »
Classica – juin 2006 – appréciation 6 / 10
« Après avoir installé depuis maintenant dix ans l’Ensemble baroque de Limoges dans le manoir de Laborie en Haute-Vienne, Christophe Coin crée le label afférent à cette résidence. Première publication des disques Laborie : cette partition peu connue de Michel-Richard de Lalande, ballet créé devant le jeune Louis XV et qui s’inspire d’un épisode issu du Don Quichotte de Cervantes, renommé ici Folies de Cardenio. Témoignage intéressant sur l’état du ballet de cour au sortir de la Régence, ces pièces, organisées selon un schema très classique (Prologue, Bal, Bergerie, Petites contredanses, Mariage de l’hymen et de l’amour) révèlent une autre facette de de Lalande, peut-être moins connu sous ce jour théâtral. Sur le plan de l’oeuvre, cette belle redécouverte ne recèle toutefois pas de surprise décisive en raison d’une esthétique plus proche d’un genre que le XVIIe siècle porta à son sommet, que des évolutions cruciales des décennies suivantes…
Sous la direction de Christophe Coin, et servi par une prise de son de qualité, l’Ensemble baroque de Limoges grave un enregistrement plaisant et attachant, mais sans la rigueur d’exécution qui contribua notamment au succès d’un Jordi Savall et de l’Orchestre des Nations dans des répertoires similaires. Si la pâte orchestrale s’avère de bout en bout colorée, fruitée, claire, l’approche plutôt volontaire et globalement dynamique (ainsi le très bel Air des trompettes, dans la pure tradition lulliste, L’Air pour les Chinois du Bal ou le noble Air sur «La Cassandre» des Petites Contredanses), nombreuses sont en revanche les faiblesses de facture dans ces pièces dont la brièveté et l’exactitude exigeraient davantage de soin. Ainsi dés l’Ouverture du Prologue, un certain manque d’homogénéité apparaît dans la conduite des ensembles. Ornements savonnés, articulations peu nettes, traits mal maîtrisés, comme lancés (Air martial du Pro logue), la formation, enthousiaste mais peu régulière, voire fréquemment brouillonne (tels, dans les Petites contredanses, l’Air sur la «Sissone» ou l’Air sur le « branle de Bourges » aux violons acides et désarticulés), semble avancer sans réelle vision d’ensemble, entre flamme et négli gence. Ce défaut est franchement gênant dans la Tempête du Mariage de l’hymen et de l’amour, due à Rebel et d’esthétique ramiste (avant l’heure !), qui s’avère ici malhabile, dotée de basses faibles et trop peu consistantes… A l’inverse, certaines pièces tels le Menuet du Prologue, la Bourrée pour les Maures du Bal ou la Marche des Bergers de la Bergerie révêlent d’indéniables qualités, notamment de phrasé, quiq les dotent d’une vitalité plus contrôlée. Pourquoi ne pas les avoir appliquées au reste du disque ? Retenons de ce de Lalande inédit le charme d’une écriture dans la meilleure tradition du Grand Siècle, dotée d’une profonde théâtralité qui renou velle aussi l’approche d’un compositeur finalement mal connu ‘ à ce titre, une initiative intéressante de Christophe Coin. »