Ballet de la Nuit

COMPOSITEUR Jean de CAMBEFORT et autres
LIBRETTISTE Isaac de Bensérade

 

Le Ballet de la Nuit, ballet royal, composé de 45 entrées réparties en quatre parties, fut représenté dans la salle du Petit-Bourbon, le soir du 23 février 1653, en présence de la reine et du cardinal Mazarin, devant la Cour, puis repris les 25, 27 février, 2, 4, 6 et 16 mars.
La salle du Petit Bourbon en 1614

Louis XIV, âgé de quinze ans, avait son entrée solennelle dans Paris le 21 octobre 1652, et les fêtes se multipliaient depuis le début de l’année. Mazarin, enfin vainqueur de la Fronde, avait lui-même été accueilli triomphalement le 2 février. Le jeune roi avait commencé à répéter le ballet dès le 9 février.
L’ordonnateur du ballet fut le sieur Clément, intendant du duc de Nemours, qui conçut le sujet et le plan. Isaac de Bensérade composa le texte, et on utilisa les décors de Giacomo Torelli, conservés sous la forme de gravures de Cochin. La musique fut composée collectivement, notamment par Jean de Cambefort, Jean-Baptiste Boësset, ainsi que Michel Lambert et Louis de Mollier. On attribue les récits à Cambefort, et les danses à Mollier.
Selon A. Verchaly, le récit de la Lune (Moi dont les froideurs) et le récit de l’Aurore (Depuis que j’ouvre l’Orient) seraient de Jean-Baptiste Boësset, surintendant de la musique de la Chambre du Roi.

La première représentation fut marquée par un incendie qui se déclara, à une toile composant le tableau dans lequel la roi faisait sa première apparition. On raconte que par son sang-froid, le roi évita que la panique gagne les spectateurs. Le feu fut éteint et le spectacle put reprendre.
Ce fut à cette occasion que Lully, qui avait quitté le service chez la Grande Mademoiselle, fut présenté par M. de Nyert au comte de Saint-Aignan, chargé de l’organisation du ballet, et par ce dernier au Roi.
Lully pourrait avoir écrit la musique de la scène de la Cour des Miracles. Il intervint aussi comme danseur. Le roi, âgé de quinze ans, dansa les rôles d’une Heure, un Jeu, un Ardens, un Curieux, un Furieux, puis, dans la scène finale, celui du Soleil levant, entouré de l’Honneur, la Victoire, la Valeur, la Renommée. Participèrent également le duc de Joyeuse, le duc de Genlis, le marquis de Vivonne, le marquis de Genlis, le marquis d’Humières, le marquis de Villeroy, le marquis de Roquelaure, ainsi que des danseurs professionnels : Delorge, Dolivet, Mollier, Robichon.
Victor Fournel signale que : la Bibliothèque de l’Institut possède une copie manuscrite du Ballet de la Nuit, accompagnée de dessins coloriés représentant les divers personnages dans leurs costumes. Elle porte en tête la note suivante : « Ce recueil a été mis en ordre et dessiné par M. de la Ferté, intendant des Menus Plaisirs du Roi, qui en a fait don à la Bibliothèque des Menus, ce 13 avril 1777. »
On pense plutôt que les dessins furent l’oeuvre de l’atelier de Henry de Gissey. Certains représentent Louis XIV dans diverses poses.
Louis XIV à l'épéeLouis XIV exécutant un pas de danse
Louis XIV au bouclierLouis XIV jouant de la mandoline

Deux exemplaires du ballet sont conservés : à la Bibliothèque nationale (impression de R. Ballard en 1653) ; à la Bibliothèque du Conservatoire (manuscrit recueilli par Philidor l’Aîné en 1690).
Ballet de la Nuit - Philidor

Le spectacle, donné devant tout ce qu’il y avait alors à Paris de personnages de distinction, obtint un succès qui fit époque, et qui est attesté par tous les témoignages contemporains, ainsi Renaudot dans la Gazette :
« Ce jour-là, 23 (février), fut dansé dans le Petit-Bourbon, pour la première fois, en présence de la Reyne, de Son Éminence et de toute la Cour, le Grand Ballet royal de la Nuit…, composé de 43 entrées, toutes si riches, tant par la nouveauté de ce qui s’y représente que par la beauté des récits, la magnificence des machines, la pompe superbe des habits et la grâce de tous les danseurs, que les spectateurs auraient difficilement discerné la plus charmante si celles où nostre jeune monarque ne se faisoit pas moins connoistre sous ses vestemens que le soleil se fait voir au travers des nuages qui voilent quelquefois sa lumière, n’en eussent receu un caractère particulier d’éclatante majesté, qui en marquoit la différence… Mais comme, sans contredit, il y surpassoit en grâce tous ceux qui à l’envy y faisoient paroistre la leur, Monsieur, son frère unique, étoit aussi sans pareil en la sienne ; et cet astre naissant ostoit si aisément la peine de le découvrir, par les gentillesses et les charmes qui luy sont naturels, qu’on ne pouvoit douter de son rang… Je laisse donc à juger… le contentement que put avoir l’assemblée, nonobstant la disgrâce qui sembla le vouloir troubler par le feu qui prit à une toile, dès la première entrée, et a la première heure de cette belle Nuit qui étoit représentée par le Roy, mais ne servit néanmoins qu’à faire admirer la prudence et le courage de Sa Majesté, laquelle… ne rasseura pas moins l’assistance par sa fermeté qu’autrefois César fit le nautonnier qui le conduisoit… Tellement que ce feu s’étant heureusement éteint, laissa les esprits dans leur première tranquillité et fut mesme interprété favorablement. »
De son côté, Loret raconte qu’une première fois, quoique protégé et conduit par un exempt de la reine, il dut attendre plus de trois heures à la porte, et quand il fut parvenu à entrer, il se trouva si mal placé, si haut, si loin, si de costé, qu’il ne put rien voir pendant treize grandes heures : ce n’est donc que d’après l’imprime et par ouï-dire qu’il fait sa première description de cette foule d’enchantements
Et d’admirables changemens
Dont l’incomparable spectacle
Fit crier cinq cents fois miracle.
Mais le jeudi 6 mars, grâce à la protection de M. de Carnavalet, il fut plus heureux, et cette fois son admiration ne tarit pas. Après s’être d’abord étendu, comme il sied, sur la personne du roi et celle de son frère, il continue :
Je vis à l’aise et sans obstacle
La fameuse Cour des miracles,
Où grand nombre d’estropiez,
Tant des bras, des mains que des piez,
Avec leur appareil Grotesque,
Leur bal et musique burlesque,
Causoient un divertissement
Qui faisoit rire à tout moment.
O qu’elle valoit de pistolet
La danse des quatre Espagnoles ;
Que leurs attrairs encore naissans
Parurent doux et ravissans !…
Quand la Lune quitta son globe
(Mais non sa jupe ni sa robe)
Pour venir ses feux soulager
Entre les bras de son berger,
Le bruit, tintamarre ou folie,
Que les peuples de Thessalie
Firent avec des sons et cors
Qui formoient de plaisans accords,
(Comme l’on fait dans leur contrée)
Fut encore une rare entrée.
Mais uombrer je ne prétens pas
Les danses, les pas, les appas,
Les perspectives , les machines,
Les prestances , les bonnes mines,
Ny tout ce qu’on vit de galant
Dans ce lien royal et brillant :
La tâche eu seroît un peu forte ;
Aux beaux esprits je m’en rapporte.
Le Père Ménestrier considérait le Ballet de la Nuit comme ce qu’on pouvait représenter de plus accompli en matière de ballet : Les ballets qui sont composés avec art ont une admirable variété de tous ces mouvemens et de toutes ces passions. C’est en quoy celuy de la Nuit me paroist inimitable. On y voit les caractères de toutes sortes de personnes : des divinités, des héros, des chasseurs, des bergers et des bergères, des bandits, des marchands, des galands, des coquettes, des Égyptiens et des Égyptiennes, des gagne-petits, des allumeurs de lanternes, des bourgeoises, des gueux et des estropiés, des personnages poétiques, les Parques, la Tristesse [….]. On y voit bal, ballet, comédie, festin, sabbat, toute sorte de passions, des curieux, des mélancoliques [….]. Enfin je ne sçais si jamais nostre théâtre représentera rien d’aussi accompli en matière de ballet. M. Clément, qui étoit incomparable en tous ces ouvrages d’esprit, s’y surpassa lui-mesme, et il falloit posséder aussi bien que luy tonte la science des festes et des représentations, pour imaginer de si belles choses. Quelle différence ne voit-on pas entre les spectacles qu’il a conduits et ceux qui ont été réglés par des personnes qui ne sçavoient pas comme luy toutes les finesses de cet art ! Il avoit pris ce goust et ce génie dans la cour de MM. de Nemours, les princes les plus adroits et les plus magnifiques en festes, ballets et tournois que l’on ait veus.

Synopsis détaillé
Le ballet est divisé en quatre Parties ou quatre Veilles

Première partie : ce qui se passe d’ordinaire à la campagne et à la ville, depuis six heures du soir jusqu’à neuf heures (14 entrées).

Un paysage éloigné d’où paraît la mer, un rocher battu par les flots
Entrée 1 – Le Soleil se couche, la Nuit (1) s’avance peu à peu sur un char tiré par des hiboux, accompagnée des douze Heures (2) qui répondent au récit qu’elle fait. Quatre des douze Heures (le Roi, le marquis de Genlis (3), Cabou (4), Beauchamp (5)) se séparant des autres, représentent les quatre Parties ou quatre Veilles de la Nuit.
(1) en robe noirâtre, semée de croissants et d’étoiles, avec une chauve-souris sur sa coiffure. Son char est un nuage.

(2) en robe jaune, très courte, un hibou pour coiffure, au dos, des ailes de papillon.

(3) Florimond Bruslart, marquis de Genlis, gouverneur du fort Barant, capitaine-lieutenant des gendarmes du duc d’Anjou, un des courtisans qui reparaissent le plus souvent dans les ballets du roi, un de ceux contre lesquels Benserade a lancé le plus d’épigrammes, toujours les mêmes et toujours variées. Ces épigrammes ont invariablement rapport à la laideur extraordinaire du marquis , et il faut qu’il les ait supportées avec une patience bien bénigne, pour que le poète les ait si souvent reproduites et avec si peu de ménagement.

(4) Maître Cabou, avocat au Conseil, dont la présence est attestée dans seize ballets. Tallemant des Reaux disait de lui qu’il était une espèce de coquin (c’est-à-dire un homme de basse naissance), qui joue, qui danse et qui boit…

(5) Pierre Beauchamp (1631 – 1705), issu d’une famille de danseurs, débuta à la Cour en 1648 dans le Ballet des Dérèglements des Passions. Il collabora avec Jean-Baptiste Lully et Molière, et forma de nombreux danseurs.

Récit : Languissante clarté cachez-vous dessous l’onde, Faites place à la Nuit la plus belle du monde, […]
Entrée 2 – Prothée (Gaston de Roquelaure (6)), vêtu d’un costume grotesque – des crabes ornant ses bras et sa poitrine, des poissons pendant à sa ceinture –, voyant arriver la nuit, fait rentrer les troupeaux marins dans sa grotte à cause de la nuit qui tombe, et se change en différentes formes.
(6) Le marquis, puis duc à brevet, Gaston de Roquelaure, maitre de la garde-robe, réputé pour ses indiscrétions, ses bonnes fortunes, ses étourderies et ses gasconnades.

Entrée 3 – Cinq Néréïdes (7) (comte du Plessis (8), Du Fresnoy, Jacquier, Raynal, Des-Airs), coiffées de coquillages et d’algues, viennent recevoir les ordres de Prothée, (Roquelaure), après avoir enfermé les monstres marins à cause de la fin du jour.
(7) en robe bleue, couverte d’ornements légers qui ressemblent à des ailes en mouvement ; coiffure de coquillages et de plantes marines ; costume leste, élégant et léger.

(8) Alexandre de Choiseul-Praslin, comte du Plessis, gentilhomme de la chambre de Monsieur, tué devant Arnhem en 1672. Le comte du Plessis n’était guère moins laid que le marquis de Genlis.

Entrée 4 – Six Chasseurs (M. de Vivonne (9), Comte de Canaple (10), M. de Mirepoix (11), Coquet, Joyeux, La Chappelle), las et fatigués, et que la Nuit appelle au repos, arrivent sonnant de leurs cors ; et font paraître sur un cheval le Cerf qu’ils ont pris, conduit par un Valet de limier avec une laisse de Chiens rapportent sur un cheval un cerf qu’ils ont pris.
(9) Victor de Rochechouart, comte, puis duc de Mortemart et de Vivonne, frère de la future Madame de Montespan.

(10) Alphonse de Créqui, comte de Canaples, qui devint à la fin de 1703, duc de Lesdiguières, pair de France, par l’extinction des branches aînées de sa maison ; mort sans postérité en 1711, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. Saint-Simon le décrivait comme un homme fort borné et un courtisan imbécile.

(11) Jean-Baptiste de Lévis et de Lomagne, marquis de Mirepoix.

Entrée 5 – Deux Bergers (Baptiste (12), Feros, marquis de Villequier (13)) et deux Bergères (Queru, Mongé) reviennent des champs en jouant de leurs flûtes et de leurs musettes, et conduisant chacun lurs troupeaux au village à cause de la Nuit.
(12) Jean-Baptiste Lully, alors âgé de vingt-et-un ans, participait pour la première fois à un Ballet à la Cour.

(13) Louis-Marie-Victor d’Aumont, connu d’abord sous le nom de marquis de Chappes ; il avait pris le nom de marquis de Villequier depuis le 5 janvier 1651, lorsque son père, connu lui-même jusque-là sous ce titre, l’avait remplacé par celui de maréchal d’Aumont. Il s’appela duc d’Aumont à la mort de son père, le 11 janvier 1669.

Entrée 6 – Quatre Bandits (duc de Buckingham (14), marquis de Humières (15), Des-Airs, le Vacher) conduits un capitaine (marquis de Villequier) volent un Mercier (Varin) sur le chemin.
(14) George Villiers, duc de Buckingham, fils du fameux favori des rois d’Angleterre, Jacques Ier et Charles Ier (1627-1688). Retiré en France après la défaite de Worcester. Il rappelait à la cour, sur une moindre échelle , le spirituel et brillant libertinage de son père. Il écrivit plus tard des satires et des comédies.

(15) Louis de Crevant d’Humières, qui fut fait maréchal de France en 1668, et se signala à l’armée par son luxe de grand seigneur encore plus que par ses exploits. L’année même de la représentation de ce ballet, en 1651, il épousa Thérèse de la Châtre.

Entrée 7 – Deux boutiques de chaque côté de la scène, avec des Marchands et des Marchandes. Deux Galants (Monsieur, frère du roi (16), comte de Guiche (17)) et deux Coquettes (marquis de Villeroy (18), le petit Bonard) arrivent du Cours en carrosse pour acheter des rubans et des confitures. Cependant le Cocher, en houppelande zébrée de bariolures en zigs-zags (Picot) tourne, et après qu’ils ont dansé, les vient avertir qu’il est tard. Tandis qu’il remontent en carrosse, on voit danser sur les boutiques divers animaux. Un Valet-de-pied (Turpin), un Chien (Turpin frère).
(16) né en 1640, Monsieur n’avait alors que treize ans.

(17) Armand de Gramont, comte de Guiche (1638 – 1674), connu pour sa beauté, son grand air, son amabilité, sa passion pour Madame Henriette, passion qui le fit exiler de la cour, et pour le rôle qu’il joua lors du passage du Rhin.

(18) fils du gouverneur de Monsieur, et son compagnon d’études et de plaisirs, il n’avait alors que dix ans.

Entrée 8 – Quatre Egyptiens (duc de Joyeuse (19) et de Damville (20), Dazy, Saint-André) et deux Egyptiennes (21) (Verpré, Bruneau) prennent l’occasion de la Nuit pour faire leur métier ; et vont de boutique en boutique disant la bonne aventure et emportant de chacune quelque chose.
(19) Louis de Lorraine, duc de Joyeuse, pair et grand chambellan de France(1622 – 1654), mort des suites d’une blessure qu’il avait reçue en chargeant un parti d’ennemis près d’Arras.

(20) François Christophe de Lévis Ventadour, mort en 1661 à cinquante-huit ans, d’abord comte de Brion, puis créé duc de Damville (ou d’Amville, ou d’Anville), en 1631, à la mort de Henri II de Montmorency, son oncle maternel, gouverneur du Limousin, capitaine de Fontainebleau, vice-roi de l’Amérique en 1655. Il avait épousé une veuve (Anne I.e Camus de Jambeville, veuve de Claude Pinart, vicomte de Comblisi) ; elle était morte depuis le 10 février 1651. La laideur de celle femme égalait sa richesse, et le peu d’amour que son mari éprouvait pour elle était un sujet intarissable de plaisanteries et d’allusions.

(21) en costumes de fantaisie. L’Égyptien joue d’un tambour de basque. L’Egyptienne danse en robe rouge, sans taille, coiffée d’un mouchoir à deux queues pendantes, et tenant entre ses doigts des œufs qu’elle escamote.

Entrée 9 – Deux Gagne-petits (Laleu, Hans (22)) conduisant leurs brouettes et aiguisant de couteaux se retirent chez eux à cause de la Nuit.
(22) Sans doute Louis Van der Bruggen, surnommé Hans, et dont le nom se trouve écrit aussi Hanse, Anse et Ansse. C’était également un peintre de portraits dont les pastels et les miniatures avaient grande vogue à la cour. Il fit partie de l’Académie de peinture à sa fondation.

Entrée 10 – Les boutiques se ferment, les Marchands (Bontemps (23), Beauchamp, de Lorge, Lambert, Saint-Fré, Parque) et Marchandes (Geoffroy, Rodier) font leur retraite en dansant. Un Perroquet (Bonnart), un Chien (Aubry), un petit Enfant (Charlot l’aîné), une Corneille (petit Saint-Fré).
(23) Alexandre Bontemps (1626 – 1701), il devint Premier valet de chambre du roi de 1659 à 1701, à la mort de son père Jean-Baptiste Bontemps.

Entrée 11 – Trois Allumeurs de lanternes (24) (Verbec, du Pron, Regnault) viennent pour les abaisser et pour allumenr des chandelles, suivis de quatre Lanternes (Armenien, petit Charlot, petit du Manoir, Chaudron) qui s’ouvrent et se ferment.
(24) Le lanternier est coiffé d’une lanterne, et il a l’habit tout couvert de rangées de chandelles pendantes.

Entrées 12 et 13 – Deux Bourgeoises (marquis de Monglas (25), de Chambonnières) reviennent de la Ville en chaise et sont rencontrées par deux Filous (26) (du Poix, Ourdault) qui les attaquent, les Porteurs s’enfuient. Deux Soldats (Baptiste, La Mare) surviennent qui leurs font quitter prise. Les Filles s’échappent, et l’Entrée finit par un combat.
(25) Francois de Paule de Clermont, marquis de Montglas ou Montglat, chevalier des ordres du roi, grand maître de la garde-robe. Ou sait qu’il a laissé des Mémoire». C’était, comme le dit Benserade, un homme d’honneur, et aussi un homme d’esprit : il savait tant de choses qu’on l’avait surnommé Montglas la bibliothèque.

(26) Le filou est tout flambant d’élégance et de faux luxe dans son costume étriqué. Il a un chapeau à plumes, dans les cordons duquel sont passées quatre pipes en terre.

Entrée 14 – la Cour des Miracles où se rendent le soir toute sorte de Gueux (Cabou, Beauchamp, Jacquier, Verbec, le comte de Troye, Baptiste) et Estropiés (Geoffroy, du Moutier, Moliere (27), Laleu, de Lorge, Hans, Picot, Lambert), dont un Soldat estropié (Bruneau), qui en sortent sains et gaillards pour danser leur Entrée, après laquelle ils donnent une Sérénade ridicule au Maître (Hesselin (28)), accompagné de la Maîtresse des lieux (Lerambert) et d’un Valet (Beaubrun).
Costume de Gueux porté par Lully
(27) Louis de Mollier, et non Jean-Baptiste Poquelin, qui jouait alors dans le Sud de la France avec sa troupe de l’Illustre Théâtre.

(28) Louis Hesselin. Maître de la chambre aux deniers et surintendant des plaisirs du roi, fameux par ses richesses et sa magnificence. Le nom de la Cour des miracles est une allusion aux prodiges de sa maison. Le « splendide sieur » Hesselin mourut d’indigestion en août 1662.

 

Seconde partie : les divertissements qui règnent depuis neuf heures du soir jusqu’à minuit (6 entrées).

Entrée 1 – les Trois Parques (Fatouville, Moty, Rodier), la Tristesse (Mongé) et la Vieillesse (Raynal) viennent à dessein de marquer le désordre des Ténèbres et de la Nuit, et après avoir dansé elles entreprennent un récit.
Entrée 2 – Mais Vénus descend du ciel qui les interrompt et les chasse. Et après avoir chanté elle fait danser les Jeux (29) (le Roi), les Ris (30) (Moliere), l’Hymen (Fré) et le dieu Comus (de Lorge), qu’elle introduit en leur place.
(29) caractérisé par un damier, ouvert sur sa poitrine, des cornets en guise de noeuds de rubans aux épaules, des cartes étalées sur le devant de la coiffure et pendues à la ceinture, des dés au pourpoint pour boutons.

(30) en costume de fou de cour, avec toutes sortes de plumets et de fanfreluches.

Récit de Vénus : Fuyez bien loin, ennemis de la Joie, Tristes objets, faut-il que l’on vous voie Parmi tout ce qu’Amour a d’aimable et de doux ? […]
Entrée 3 – Deux Pages (Laleu fils, Bonnar) viennent préparer la salle de bal, et arranger les sièges. Roger (de La Chappelle) amène Bradamante (Courtois) accompagnée d’un Écuyer (Varin) et d’une Suivante (de Lorge le Jeune), et lui veut donner le passe-temps de la soirée. Il envoie chercher Médor (le Grand Maître de l’artillerie (31)), Angélique (duc de Damville), Marphise (Le Vacher), Richardet (marquis de Villequier) et Fleur d’Epine (Des-Airs). Nourrice (Lerambert), le fils de Roger (comte de Louvigny, dit le Gros Homme (32)).
(31) Charles de La Porte (1602 – 1664), marquis puis duc de la Meilleraye, Grand Maître de l’artillerie en 1632, spécialiste des sièges, réputé pour être un « preneur de villes ». Il était non-seulement laid et mal fait, mais camus, et c’est sur ce dernier point que roulent presque toutes les plaisanteries de Benserade.

(32) Antoine Charles de Gramont, comte de Louvigny jusqu’à la mort du comte de Guiche, son frère, qui le fit hériter du duché de Gramont.

Entrée 4 – Toute la compagnie étant arrivée, le bal se commence par plusieurs sortes de danses, courantes figurées et bransles à la vieille mode.
Entrée 5 – Après le bal, arrive un Ballet pour le divertissement de l’assemblée : les Noces de Thétis, Ballet en Ballet.

Première entrée : Thétis (Beaubrun) entre poursuivie de Pelée (33) (Lambert) ; mais pour éviter sa poursuite, elle se change en trois formes différentes, d’animal, de rocher, de flamme et de feu. Puis étant revenue en sa première forme, et se croyant échappée, elle s’endort à la porte de son antre : Pelée retourne sur ses pas et la trouvant endormie, la lie et la contraint à son réveil de céder à sa passion et de l’accepter pour mari. Pelée s’en retourne, et les trois Graces (La Mare, Grenerin, Baptiste) habillent Thétis et la coiffent en épousée. Mercure en Mercier (comte de Troye) apporte toute sorte de boites pleines de galands et de mouches. Pelée revient vêtu de ses habits nuptiaux, prend sa Maîtresse et les emmène tous.

(33) en pourpoint et haut de chausses de satin jaune, rayé de bandes verticales de velours noir, coiffé d’une espèce de bonnet de cacique à plumes et plumets.

Deuxième entrée : Vulcan (Chambonnieres) et quatre Cyclopes (34) (Monglas, Ourdault, du Poix, Varin) apportent le feu sans fumée pour apprêter le festin.

(34) Le cyclope porte un bonnet pointu à deux cornes retroussées et garnies de plumets, etsson costume indéfinissable, son tablier relevé en sac, son œil au milieu du front, ses longues moustaches et ses deux pointes de barbe lui donnent une physionomie tout à fait bizarre.

Troisième entrée : Themis apporte le couvert. Ganimède et Hébé viennent avec des corbeilles chargées de Nectar et d’Ambroisie, suivis de Bacchus (35) et de Cérès (36) (Saint-André, Laleu, Feros, le petit Le Comte, Raynal).

(35) en court pourpoint vermillon, enguirlandé de pampres, et coiffé d’une bouteille d’osier et de feuilles de vignes.

(36) en costume garni de pailles et d’épis aux épaules, aux poignets, au bas du bonnet, du corsage et de la jupe, avec des semis de coquelicots ou de petites fleurs des blés.

Quatrième entrée : Janus (37) (Dazy) y vient pour prendre garde à tout, accompagné de deux Satyres (38), et rencontre Apollon (39) et suivi des Muses musiciennes, Clio, Euterpe et Erato (40), qui vont à cette Noce (Fré, Mongé, Quéru, Regnault, du Pron, le Breuil).

(37) avec deux têtes, et aussi deux pieds allant en sens contraire au bout de chacune de ses jambes.

(38) nu jusqu’à la ceinture, et porte une courte culotte de peau de bête avec une ceinture de feuillage.

(39) avec le buste formé d’une basse de viole, qui est coiffé et dont les deux bras se composent d’un violon

(40) n’ayant qu’une trompette ou un cornet à bouquin pour attribut symbolique.

MuseMuse

Cinquième entrée : la Discorde vient à dessein de mettre tout en confusion (le comte de Troye).
La Discorde

Entrée 6 – Comédie muette d’Amphitrion

Premier acte : Amphitrion, avec la physionomie et l’habit d’un Sganarelle (Saintot), commence avec Sosie (Baptiste), son valet, en casaque de valet, il fait venir Alcmène (Geoffroy), sa femme, pour lui apprendre le sujet du voyage qu’il est obligé de faire, et en même temps il prend congé.
Amphitrion
Deuxième acte : Jupiter (Hesselin) entre avec Mercure (Bruneau), et lui déclare l’amour qu’il a pour Alcmène, ils consultent comment ils pourront la persuader, et résolvent de se métamorphoser, Jupiter en Amphitrion, et Mercure en Sosie, et aussitôt Mercure lui montre des habits propres pour exécuter ce dessein.
Troisième acte : Alcmène revient avec Bromia (Lerambert (41)), sa servante, à qui elle se plaint de l’absence de son mari, et cependant on voit venir Jupiter et Mercure métamorphosés, l’un en Amphitrion, l’autre en Sosie. Alcmène trompée par l’apparence les reçoit avec joie, Jupiter entre avec elle dans le logis, et Mercure demeure à la porte.

(41) Louis Lerambert (1620 – 1670), sculpteur, et aussi danseur. Sa présence est attestée dans quatorze ballets.

Quatrième et dernier acte : Le véritable Sosie revient de son voyage, et pensant entrer dans la maison d’Alcmène, en est empêché par son semblable qu’il rencontre à la porte, étonné de le voir il fait plusieurs actions pour l’éprouver : Amphitrion cependant retourne frappe à la porte, Jupiter déguisé en Amphitrion regarde à la fenêtre,k le véritable Amphitrion surpris de se voir se met en colère et impatient entre par cette fenêtre : Sosie qui le voit veut y entrer et le suivre, Mercure déguisé le retient, et enfin y entrent tous deux : Bromia servant d’Alcmène dans la peur met la tête à cette fenêtre pour reconnaître s’il ne vient plus personne, descend, sort par la porte regardant aux avenues. Et enfin les deux Amphitrions et les deux Sosies sortent. Blefaro (du Moutier) qui ne connaît pas ces dieux déguisés, les veut accorder avec les autres. Mais Jupiter et Mercure se découvrent et se font connaître. A l’instant les véritables Amphitrion et Sosie, Alcmène, Bromia et Blefaro leur font soumission qui finit la comédie. Les Violons cessent pour incontinent après sonner une Sarabande sur laquelle dansent quatre petites Espagnoles (la petite Molière (42), la petite Ribera, la petite Le Brun, la petite de Verlu) et un Espagnol (Ribera), pour achever le divertissement de l’assemblée du Bal.

(42) Marie-Blanche (1644 – 1733), fille de Louis de Mollier, chanteuse et danseuse, avait alors neuf ans.

 

Troisième partie : depuis minuit jusqu’à trois heures devant le jour (13 entrées).

Entrée 1 – La Lune, dans son char, fait le récit, et est accompagnée des Étoiles, qui se retirent, et la laissent se promenant et admirant les beautés d’Endimion (duc de Joyeuse).
Récit de la Lune : Moi dont les froideurs sont connues, Hélas ! j’aime à la fin et je tombe des Nues Pour voir ce beau Berger qui me donne la Loi […]
Entrée 2 – La Lune (duc de Damville), amoureuse d’Endimion, descend du ciel et approche de lui, une nuée les dérobe à la vue des spectateurs.
Entrée 3 – Ptolémée (comte de Saint-Aignan) et Zoroastre (le Vacher), deux grands Astrologues, observent les mouvements du ciel avec de longues lunettes, et croient que la Lune s’est retirée en terre par quelque enchantement.
Entrée 4 – La face de la Lune s’étant cachée, et l’air s’étant noirci, quatre Paysans (Hans, du Pron, le petit le Comte, de Lorge le jeune) viennent témoigner leur appréhension qu’ils ont de quelque révolution dans la Natur, et consultent les Astrologues.
Entrée 5 – Six Coribantes (43) (Cabou, Saint-Fré, Piquet, Raynal, Monglas, Verbec) avec leurs bassins d’airain, Timballes et Tambours de Biscaye, prétendent de rompte le sort, et par leur bruit appeler la Lune au Ciel, qui en effet y revient après avoir quitté le Berger Endimion.
(43) nom des prêtres de Cybele, qui en dansant frappaient comme des furieux à coups redoublés leurs bruyantes cymbales, en secouant violemment la tête.

Entrée 6 – Huit Ardens, en costume rouge, tout couvert de flammes, (le Roi, comte de Saint-Aignan, marquis de Villequier, comte de Guiche, marquis de Genlis, Moliere, Beauchamp, Rodier) qui paraissent dans la nuit.
Le Roi : Astres vous voyez bien Qu’il faut céder la place Un Ardent vous efface Et vous n’êtes plus rien […]
Entrée 7 – Un Grand Homme (44) monté sur un bouc commande à huit petits Démons (45) de sa suite d’avertir les Sorciers du Sabat (46) (le Vacher, les deux Charlots, le petit Laleu, Bonnart, le petit Saint-Fré, Paquelon, Aubry, du Manoir).
(44) à tête de hibou, ailes au dos ; habit indescriptible, surchargé de panaches et d’ornements bizarres.

(45) en habit fond noir, à bandes, ornements, pointes et ailes rouges ; ceinture de serpents. Deux serpents se dressent en sifflant sur la tête du démon, et enroulent leurs queues autour de ses cornes.

(46) dont l’un est monté sur un manche à balai, avec leur vêtement grotesque, tout hérissé de plumes et d’ailes de chauves-souris.

Entrée 8 – Quatre Monstres nains (Armenien, Boutelet, petit Des-Airs, Chaudron) sortent de quatre coquilles de limaçons et sont enlevés en l’air
Entrée 9 – Une Magicienne et quatre vieilles Sorcières ailées se graissent en dansant, et sont enlevées au Sabat (Beauchamp, Piquet, de Lorge, Feros, Des-Airs).
Entrée 10 – Six Loups-garoux vont au Sabat (Bontemps, Parque, Monglas, Grenerin, la Mare, du Moutier).
Le fond du théâtre s’ouvre et montre le Sabat.
Entrée 11 – Trois Curieux (le Roi, Molière et Beauchamp) arrivent pour le voir mais avant que d’aborder au lieu, tout disparaît.
Le Roi : Je voudrais tout savoir, je voudrais tout connaître, Rien n’échappe à mes yeux, […]
Entrée 12 – Une maison en feu, le Tocsin sonne, et l’on voit sortir des hommes demi-nus et femmes échevelées qui emportent leurs enfants, après avoir tout jeté par la fenêtre (Joyeux, Coquet, Courtois, Lerambert l’aîné, Cadet).
Entrée 13 – Deux Larrons (Bontemps, la Chesnaye) viennent avec seaux et crocs comme pour éteindre le feu, mais en effet pour voler, et sont surpris par les Archers du Guet (le Vacher, le petit le Comte, Jacquier, Mongé) qui les emmènent prisonniers.

Quatrième partie : depuis trois heures après minuit jusqu’à six que le Soleil se lève (10 entrées).

Le Sommeil et le Silence font le récit puis se couchent à l’entrée de la Grotte d’où sortent les Songes.
Dialogue du Sommeil : Que j’étais en repros et que je dormais bien, et du Silence : Et moi j’étais paisible et je ne disais rien. […]
Entrée 1 – Les quatre Démons du Feu (duc de Buckingham), de l’Air, de l’Eau et de la Terre (47) (du Fresnoy, Moty, du Pron), qui représentent les quatre humeurs ou tempéraments du corps humain : le Colérique, le Sanguin, le Flegmatique, le Mélancolique, d’où naissent les différents Songes.
(47) coiffé de branchages qui semblent sortir de sa tête, avec ses doigts qui s’allongent en rameaux, et son corps formé de terrain végétal, où l’on voit des pierres et des racines.

Entrée 2 – Le songe du Colérique représenté par des Furieux (le Roi, duc de Joyeuse, de Roquelaure, Cabou, Molière, Saint-Fré) qui lui apparaissent.
Le Roi : Si tu crois que toujours tes Palmes se maintiennent, Espagnole fierté, corrige ton erreur, […]
Entrée 3 : Le même songe exprimé par des Aventuriers Turcs (le Grand Maître de l’Artillerie, Capitaine des Turcs, Bontemps, Monglas, le Breuil, le Comte) et Chrétiens (marquis de Mirepoix, Capitaine des Chrétiens, Des-Airs, Verpré, Bruneau, le Vacher) qui combattent les uns contre les autres.
Entrée 4 – Le songe du Sanguin, figuré par la passion violente et ambitieuse d’Ixion (48) (marquis de Genlis) qui n’embrasse qu’une nuée en pensant embrasser Junon (Varin).
(48) Ixion tenta de séduire Junon. Jupiter façonna alors une nuée (Néphélé) à l’image de la déesse, que viola Ixion. Zeus le précipita dans le Tartare, où Hermès l’enchaîna à une roue enflammée tournant sans fin. De l’union d’Ixion et de Néphélé sont issus les Centaures.

Entrée 5 – Le songe du Flegmatique, d’où vient la stupidité et la peur, exprimé par un misérable (M. de Saintot (49)) épouvanté par deux Ombres (Laleu, Jacquier) qui le suivent partout et qu’il ne peut éviter.
(49) Nicolas de Saintot, maître des cérémonies et introducteur des ambassadeurs. Il était le fils de Mme de Saintot, sœur du poêle Vion d’Alibray, célèbre par son amour pour Voiture.

Entrée 6 – L’humeur mélancolique s’exprime en la personne d’un Poète (50) (la Chappelle) et un Philosophe (Parque), dont l’un fait voir sa Maîtresse telle que la représente le Berger extravagant (51), et dont l’autre s’imagnie la Métampsychose, figurée par une femme qui change de forme (Coquet, du Fresnoy).
(50) peint en fou mélancolique, coiffé d’un chapeau pointu à larges bords relevés, que surmonte un plumet, et rêvant les mains derrière le dos, avec un costume bariolé.

(51) référence au « Lysis ou le berger extravagant » de Charles Sorel, publié en 1627, et souvent réédité. La folie du Berger extravagant, calquée sur celle de Don Quichotte, consiste à prendre au sérieux et dans leur sens propre toutes les inventions, toutes les métaphores des pastorales.

Entrée 7 – Le même songe est encore exprimé par des Amoureux transis (S.A.R. le duc d’York (52), le duc de Buckingham, les comtes de Vivonne et de Froulé (53), le chevalier de Gramont (54)), qui vont consulter l’Oracle sur le succès de leur passion, et auxquels répond un écho qui se perd à mesure qu’ils s’éloignent de la Forêt Dodonne.
(52) futur Jacques II d’Angleterre. Il s’était distingué sous les ordres de Turenne.

(53) Charles de Froulai, capitaine au régiment des gardes, grand maréchal des logis de la maison du roi et chevalier de ses ordres, mort le 26 novembre 1671, à l’âge de soixante-dix ans.

(54) Philibert, chevalier, puis comte de Gramont (1621 – 1707), petit-fils d’une maîtresse de Henri IV, Diane d’Andoins. Exilé à Londres en 1662, il épousa Elizabeth Hamilton, dont un frère écrivit les « Mémoires de la vie du comte de Grammont contenant particulièrement l’histoire amoureuse de la cour d’Angleterre sous le règne de Charles II ».

Ici les Songes finissent.
Entrée 8 – Trois faux Monnayeurs (comte du Lude (55), Verbec, Beauchamp) sortent d’un Antre.
(55) Henri de Daillon, d’abord comte, puis duc du Lude et pair de France, réputé pour ses galanteries, et son adoration pour Mme de Sévigné. Capitaine et Gouverneur de Saint-Germain, Premier Gentilhomme de la Chambre, il fut en 1669 Grand Maître de l’Artillerie de France. Il mourut en 1675.

Entrée 9 – Six Forgerons (M. de la Chesnaye, Lambert, du Moutier, le Vacher, de Lorge, Des-Airs) viennent battre sur l’enclume, étant les Ouvriers qui travaillent les premiers et qui se lèvent devant le jour, aussi le voit-on qui commence à poindre à même temps qu’ils sortent.
L’Étoile du point du jour (Monsieur, frère unique du Roi) accompagnée d’une partie des Génies.

Entrée 10 – L’Aurore paraît dans son char, environné des douze Heures du Jour, et accompagnée du Crépuscule qui tient en sa main une Urne qui répand la rosée. Mais elle se retire après avoir chanté voyant arriver le Soleil qui d’abord dissipe les nuages et qui promet la plus belle et la plus grande journée du monde, suivi des Génies (56) qui lui rendent hommage, et c’est ce qui compose le Grand Ballet.
(56) S. A. R. M. le duc d’York, représentant le Génie de l’Honneur; M. de Joyeuse, de la Grâce; M. le duc Damville, de l’Amour; M. de Saint-Aignan, de la Valeur; M. de Créquy, de la Victoire; M. de Vivonne, de la Faveur; M. de Roquelaure, de la Renommée; M.de Monglas, de la Magnificence; M. le GrandMaistre, de la Constance; M. de Villequier, de la Prudence; M. de Guiche, de la Fidélité; M. de Bouquineau, de la. Paix; M. de Genlis, de la Justice ; M. de Villeroy, de la Tempérance; M. du Plessis, de la Science; M. de Gramont, de la Clémence; M. le comte du Lude, de l’Éloquence; M. de Canaple, du Secret; M. de Humières, de la Courtoisie; M. de Froulé, de la Vigilance; M. de Mirepoix, de la Gloire.

Récit de l’Aurore : […] Le Soleil qui me suit c’est le jeune LOUIS.
Louis XIV en Soleil Levant à la fin du Ballet de la Nuit
Le Roi représentant le Soleil levant : Sur la cime des monts commençant d’éclairer Je commence déjà de me faire admirer […]

 

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