Dafne

Apollo e Dafne par Le Bernin

COMPOSITEUR Giovanni Andrea BONTEMPI / Marco Giuseppe PERANDA
LIBRETTISTE Ottavio Rinuccini

 

Opéra représenté le 9 février 1672, à Dresde, composé sur un livret d’Ottavio Rinuccini, traduit en allemand par Martin Oppitz, avec la collaboration du contraltiste Peranda. La partition, retrouvée dans les archives de la Bibliothèque de l’Etat de Saxe, a été révisée par le luthiste et chef d’orchestre Wolfgang Katschner (Lautten Compagney).

 Wolfgang Katschner

 

« Dafne de Giovanni Andrea Bontempi et Mario Giuseppe Peranda est une nouveauté absolue, d’un intérêt d’autant plus évident qu’il s’agit du premier opéra allemand parvenu jusqu’à nous dans sa forme intégrale. Au cours du XVIIe siècle, le compositeur et sopraniste Bontempi contribua pour beaucoup à la diffusion du melodramma italien, hors des frontières de la Péninsule. A l’âge de 25 ans, il effectue un premier séjour à Dresde, au service de l’Electeur Johann Georg Ier, et jouissant de l’estime du maître de chapelle local, Heinrich Schütz. Durant son séjour dans la capitale de la Saxe (1671-1680), il compose Dafne, qui voit le jour en 1672. Pour l’occasion, il utilise le livret original de Rinuccini, traduit en allemand par Martin Oppitz, à l’intention de Schütz, et s’assure la collaboration du contraltiste Peranda. Oubliée pendant plusieurs siècles, la partition a été retrouvée dans les archives de la Bibliothèque d’Etat de Saxe, puis révisée par le luthiste et chef d’orchestre Wolfgang Katschner qui, d’emblée, a cherché à exalter la filiation baroque et italienne de l’ouvrage : attention minutieuse portée à la dynamique du texte poétique, qui tend à l’amplification du sujet à travers l’introduction et la mise en rapport de nombreux personnages (dieux, nymphes, bergers, sans oublier un chasseur, dont certains traits se retrouveront chez Papageno) et, surtout, respect absolu de la vocalità.

Dans Dafne, Bontempi tend à enfermer les récitatifs, airs, duos et ensembles dans des formes fermées, négligeant l’esprit arioso qui habitait, par exemple, son Paride in musica de 1662. On assiste ainsi à un singulier renforcement de la dimension dramatique des personnages de Dafne (étudiée de l’intérieur) ou Melindo (le père outragé). » (Opéra International – octobre 1998)

 

Représentations :

 Dresde – Tachenbergpalais – 31 mai 1998 – Festival de Halle – Hof der Moritzburg – dir. Wolfgang Katschner – mise en espace de Kornelia Repschläger – avec Suzie Le Blanc (Dafne), Martina Schänzle (Cupido, Cassandra, Gretha), Ulrike Staude (Venus, Calliope), Werner Buchin (Juno, Strefon), Annette Reinhold (Kätha), Markus Brutscher (Apollo), Wolf Matthias Friedrich (Jupiter, Jäger, Urban), Otto Katzmeier (Chremes, Melindo).

Dafne à Halle

Dafne à Dresde

« Les jeunes solistes réunis à Dresde se mon-rent à la hauteur de la tâche, à commencer par l’élégant Apollo de Markus Brutscher, ténor au timbre viril dans le médium et le grave, aux falsetti élégiaques et d’une aisance déconcertante dans les vocalises. Le contraltiste Werner Buchin le suit dans cette voie, avec en plus une présence scénique charismatique, surtout quand il incarne le personnage féminin de Juno. Les sopranos Ulrike Staude, Martina Schänzle et Suzie Le Blanc possèdent fraîcheur de timbre et raffinement dans l’émission, la contralto Annette Reinhold conférant une chaude sensualité à la figure populaire de Kätha. Une mention encore pour la basse autoritaire de Otto Katzameier et pour le baryton Wolf Matthias Friedrich, d’une rare versatilité dans ses emplois.

Dans la fosse, à la tête des instrumentistes de la Lautten Compagney de Berlin et du Bellum Musicum Weissenfels, Wolfgang Katschner fait tout pour mettre en valeur une orchestration qui, en elle-même, n’a rien d’exaltant, la primauté dans Dafne revenant au chant. Plutôt conventionnelle, la mise en espace de Kornelia Repschläger, dans les décors en bois de Rainer Sinell. » (Opéra International – octobre 1998)