Ercole sul Termodonte (Hercule sur le Thermodon)

COMPOSITEUR Antonio VIVALDI
LIBRETTISTE Giacomo Francesco Bussani
ENREGISTREMENT ÉDITION DIRECTION ÉDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DÉTAILLÉE
2009 2009 Fabio Biondi Celestial Audio 2 italien
2009 2010 Fabio Biondi Virgin Classics 2 italien

DVD

ENREGISTREMENT ÉDITION DIRECTION ÉDITEUR FICHE DÉTAILLÉE
2006 2007 Alan Curtis Dynamic

 

RV 710. Livret de Giacomo Francesco Bussani.
Représenté au Teatro Capranica – du nom de son propriétaire et impresario, Federico Capranica – de Rome, le 23 janvier 1723, sous la direction du compositeur. C’est à cette époque que Pier Leone Ghezzi dessine la célèbre caricature de Vivaldi, découverte par le professeur A. Cametti et publiée par Marc Pincherle dans la Revue de Musicologie en novembre 1930.

Sept airs sont conservés en manuscrit à la Bibliothèque nationale de France (ou Bibliothèque du Conservatoire de Paris) sous le nom de La Creole ; vingt-deux airs et un duo sont conservés par ailleurs.

Livret (en italien) : http://www.radio.rai.it/radio3/radio3_suite/archivio_2006/eventi/2006_07_06_ercole/libretto.pdf

Représentations :

Opéra de Cracovie – janvier 2009 – Wiener Konzerthaus – Grosser Saal – 25 janvier 2009 – Théâtre des Champs Élysées – 27 janvier 2009 – version de concert – Europa Galante – Choeur d’adultes de la Maîtrise Notre-Dame de Paris (chef de choeur Lionel Sow) – dir. Fabio Biondi – avec Carlo Vincenzo-Allemano (Ercole), Vivica Genaux (Antiope), Maria Grazia Schiavo (Ippolita), Philippe Jaroussky (Alceste), Romina Basso (Teseo), Filippo Adami (Telamone), Emanuela Galli (Orizia), Stefanie Iranyi (Martesia)

 

ClassiqueInfo.com – Quand Vivaldi fait du trampoline : Hercule plombé par Biondi

« … La version de concert présentée au Théâtre des Champs Elysées est basée sur le travail de reconstitution mené par Alan Curtis et Alessandro Ciccolini, car, de la partition d’origine, subsistent une trentaine de morceaux dispersés dans plusieurs bibliothèques, corpus qui dut être rassemblé, complété, voire substitué, par des airs issus d’autres recueils. Quant aux récitatifs, il fallut les créer car ils avaient disparu. Le terme « reconstitution » semble donc bien adapté. Autant le dire, même si le sort que lui réserva Fabio Biondi y est sans doute pour beaucoup, cette partition « patchwork » n’est pas du grand Vivaldi. A quelques exceptions près, on est assez loin du niveau des œuvres déjà enregistrées dans l’édition en cours de parution chez Naïve.
Le meilleur de cette soirée fut à trouver dans la partie vocale, avec deux mentions très spéciales pour les reines de la soirée. Romina Basso composa un Thésée de grand niveau, avec un timbre chaud, mordoré, sensuel, et une technique parfaite, aussi au point dans le legato que dans l’exécution des ornements. Une chanteuse à suivre, notamment au prochain Festival d’opéra baroque de Beaune en juillet prochain où elle chantera le Rinaldo de Haendel. L’autre triomphe, mais cela devient une habitude, fut apporté par Roberta Invernizzi, superbe Hyppolite : charme, humour, piquant, tout y passe, sans jamais sur-jouer ou trop solliciter son rôle. Une forme de simplicité gagnante.
En allant decrescendo dans l’évaluation de la soirée, nous mettrons ensuite notre Philippe Jaroussky national, sorti des pitreries auxquelles il se livrait récemment avec madame Pluhar (dans le disque « Teatro d’amore » chez Virgin que nous commenterons bientôt), et retrouvant un répertoire qui lui convient beaucoup mieux. S’il faut bien admettre que son timbre unicolore ne provoque jamais l’émotion, la technique d’émission, notamment dans les passages legato, est assez impressionnante. Quel dommage qu’il ne sache apporter la petite dose d’humour que son Alceste devrait avoir dans son dialogue avec Martisia !
Vivica Génaux (Antiope) fit du Vivica Génaux : technique en apparence impressionnante (quoique ses premiers airs manquaient quelque peu de justesse) mais souvent très désordonnée et menant son petit bonhomme de chemin sans trop se préoccuper des indications du chef, timbre affreusement laid. Les quatre autres chanteurs furent, à un moment ou à un autre de la soirée, dépassés par ce que l’œuvre requiert sur le plan technique. Si Emanuela Galli débuta correctement en Orizia, ses airs du dernier acte furent assez pénibles avec un air de fureur « Cadero, ma sopra il vinto » douloureusement criard. Le livret de la soirée indique que Stefanie Iranyi (Martisia) est une mezzo soprano. En tout cas, une mezzo sans le moindre grave. Dans les airs du premier acte, la voix semblait, à chaque passage grave, chuter au fond d’un puits. Avouons que les deuxième et troisième actes furent plus corrects, car moins périlleux.
Passons sur le Télamon de Filippo Adami, à la technique de chant baroque plus que fruste, pour arriver au héros (même si les airs sont assez également répartis entre les huit rôles), l’Ercole de Carlo Vincenzo Allemano. Le timbre est assez déplaisant, en tout cas il paraît assez difficile de concevoir Hercule avec cette voix engorgée. Une technique à notre sens pas assez maîtrisée pour bien appréhender les airs les plus héroïques (premier et troisième actes), mais néanmoins de belles choses à retenir dans les parties apaisées, notamment l’air du deuxième acte « Io non trovai » accompagné aux pizzicati des cordes. Distribution vocale très hétérogène, donc.
Nous aurions aimé utiliser le même adjectif pour illustrer la prestation de Fabio Biondi et de son ensemble Europa galante. Mais le concept même de variété, inhérent à l’essence du baroque, semble complètement oublié par Biondi. Certes, la qualité technique des instrumentistes est sensiblement supérieure à ce que Il Complesso Barocco nous offrit dans Tolomeo ed Alessandro. Mais le même problème fondamental soulevé à cette occasion est encore à dénoncer ici : comment peut-on donner à entendre un Vivaldi aussi pauvre en couleurs instrumentales, aussi motorisé dans l’absence de variété rythmique ? Comment peut on utiliser une basse continue aussi lourde en effectif, aussi peu variée en effets sonores (ah ! ces accords staccato du clavecin doublant tous les passages rapides aux cordes, donnant l’impression d’un Vivaldi faisant du trampoline) ?
Même si cette partition n’est certainement pas du meilleur Vivaldi, n’y a t’il donc rien à en tirer de plus que cette version relookée sur instruments anciens de ce que I Musici ou I Solisti Veneti délivraient dans les années 60 et 70 ? Prenons un exemple : le deuxième acte débute par un des rares superbes airs de la partition. Hyppolite chante « Onde chiare que sussurrate », reprise d’un air rendu célèbre par le succès de l’album Vivaldi de Cecilia Bartoli, « Zeffiretti che sussurrate » (plage 5 du disque). Oublions les mérites comparés de mesdames Bartoli et Invernizzi et focalisons nous sur l’accompagnement orchestral. Dans un cas (Biondi), tout est sur le même plan, l’obsession motoriste fait que l’air est expédié sans la moindre poésie, sans le moindre effet d’écho. Avec Il Giardino Armonico, c’est, au contraire, une superbe scène champêtre qui nous est proposée ; les violons susurrent, les silences sont sensuels. Bref, les uns se servent de la partition, les autres la servent.
On pourrait sortir très inquiet de ces prestations de Curtis, de Biondi et de leurs ensembles respectifs quant à l’interprétation de ce style d’opéra. Espérons juste – et les sorties discographiques nous autorisent quelques espoirs, qu’il s’agisse des Concerti opus 6 de Haendel par Il Giardino Armonico ou du disque Haendel de Sandrine Piau et Sara Mingardo avec le superbe Concerto Italiano – que le répertoire de l’opéra italien du début du XVIIIème siècle ne demeure pas entre les mains de chercheurs-musicologues qu’il faut saluer pour les découvertes qu’ils partagent avec nous, mais qui sont en train d’instituer un style d’interprétation sulpicienne, très éloigné de la richesse d’invention du baroque.
Et, pour ne pas terminer sur une note encore plus négative, nous ne dirons presque rien de l’indigente contribution du chœur d’adultes de la Maîtrise de Notre-Dame de Paris, ni des accords de justesse et des excès de vibrato de Fabio Biondi, soliste. Hercule réussit tous ses travaux, même à récupérer la ceinture d’Antiope. Quant à réussir à échapper à Fabio Biondi, c’est une autre paire de manches ! »

Operabase – L’Atelier du chanteur – 27 janvier 2009

Vivaldi est un des compositeurs les plus prolifiques de son époque, mais aussi de la nôtre. Alors que ses opéras conservés se comptaient naguère sur les doigts d’une main, chaque année voit désormais la création d’un nouvel opus. Celui-ci a été d’abord recomposé par Alessandro Ciccolini sur la base d’un livret et d’airs retrouvés dans diverses bibliothèques. Cette version, « amputée de la moitié des airs » si l’on en croit Diapason de septembre 2007, a été dirigée par Alan Curtis à la tête de son Complesso Barocco en 2006 au Festival de Spoleto et est disponible en DVD. Fabio Biondi recrée à son tour l’ouvrage, en en retenant davantage d’airs.
Vivaldi lui-même réemployait allègrement ses airs les plus fameux, sans oublier l’habitude qu’avaient les castrats vedettes d’intercaler leurs airs favoris dans n’importe quel ouvrage. Fabio Biondi ajoute un troisième niveau de réemploi en remplaçant lui-même certains airs par d’autres. On ne sait donc pas trop, en retrouvant des airs d’Orlando finto pazzo ou de La verità in cimento, si le réemploi vient de Vivaldi ou de Biondi. Peut-être le livret du CD à paraître chez Virgin nous l’apprendra-t-il. Quant aux récitatifs manquants, Fabio Biondi les aurait écrits lui-même. On est donc en droit ce soir de juger non seulement un violoniste et un chef d’orchestre, mais un « arrangeur » et presque un compositeur, qui a d’ailleurs aussi choisi l’effectif instrumental le plus adapté à l’ouvrage !
Fabio Biondi a donné ce nouvel Ercole sur scène en octobre 2007 au Teatro Malibran de Venise. Cet opéra appelle certainement la mise en scène, en ce sens qu’il n’est pas suffisamment génial et varié pour captiver pendant trois heures en version de concert. On ne s’offusquerait même pas de ce qu’un metteur en scène, comme John Pascoe et son Hercule nu en 2006, prenne certaines libertés avec une partition qui n’est de toute façon qu’une recréation destinée à séduire son public. Pari gagné ce soir, avec une salle comble, enthousiaste au point d’applaudir chaque air, à l’exception d’un seul de Martesia !
En tant qu’orchestrateur (et violoniste), Fabio Biondi a privilégié les cordes, mais le continuo est aussi très efficace, et les « tambours et trompettes » (en fait deux cors) des scènes guerrières font très bon effet. Récits et airs se succèdent sans discontinuer : inévitables airs de comparaison évoquant des ondes et des brises, airs de fureur et airs tendres, airs aux phrases courtes et hachées (pour la jeune Martesia) et airs aux longues lignes de couleur « orientale » (byzantine?) caractéristiques de Vivaldi… Cette alternance d’airs reste cependant bien superficielle. Les récitatifs sont efficaces mais sans surprise. L’effectif orchestral restant aussi assez uniforme, des climats différents ne sont parfois créés que par la variété des timbres et des tempéraments de la distribution vocale.
Incarnant Antiope en 2007, Romina Basso chante ce soir Teseo. Déjà distribuée à Paris en Tamerlano de Bajazet (Vivaldi, dirigé par Fabio Biondi salle Pleyel en mars 2008) et Alessandro de Tolomeo (Haendel, dirigé par Alan Curtis ici-même en avril 2008), elle donne une intensité étonnante à son interprétation en assombrissant son timbre jusqu’aux limites du possible, sans le grossir cependant. Comme Philippe Jaroussky, à l’autre extrémité pourtant du spectre vocal avec son timbre angélique, elle séduit par un ancrage et une connexion parfaites, par sa présence et son engagement physiques. Son personnage prend dès lors un relief et une crédibilité que l’on aimerait voir partagés par tout le plateau. Dans son premier air, elle impose des phrasés longs et amplement respirés, à la différence de certains de ses collègues qui se laissent laminer prestissimo par Fabio Biondi et ne réussissent à transmettre au public que des fragments de voix et donc d’émotion. « Scorre il fiume mormorando » touche aussi la limite grave de sa voix, mais elle y montre une belle agilité. « Ti sento, si ti sento » est à l’inverse un bel air plaintif, où elle démontre toujours le même engagement physique et émotionnel.
Déjà Ippolita à Venise, Roberta Invernizzi donne également consistance à son personnage par sa ligne vocale bien conduite. Sa voix agile et incisive triomphe des grands intervalles de son air « Non saria pena la mia ». Les alternances de tête et poitrine de « Da due venti » lui réussissent moins et sa voix y semble un peu légère, mais la faute en revient surtout au tempo trop rapide, à la limite des possibilités vocales. Cet air n’est pas « Agitata da due venti » de Griselda, mais « Son due venti » d’Orlando finto pazzo. Roberta Invernizzi chante également le bucolique « Onde chiare che sussurrate », habituellement connu sous forme de zeffiretti. De La verità in cimento, elle chante aussi les longues phrases « orientales » d' »Amato ben », superbement accompagnée au violon par Fabio Biondi.
Également présentes en 2007, Emanuela Galli et Stefanie Irányi, plus inégales, convainquent moins. Surtout dans son premier air « Certo pensier ch’ho in petto », Stefanie Irányi a une émission en poitrine très brute, qui rend ses registres trop inégaux. Elle rend par contre très plaisamment « Ei nel volto ha un non so che », air plus léger au phrasé très court, comme ensuite « Se ben sente arder le piume ». Emanuela Galli a un timbre et une présence qui peuvent rendre crédible son personnage belliqueux, mais elle chante trop en pression. Son air « Caderò, ma sopra il vinto » pourrait être intéressant si elle en maîtrisait l’aigu initial et final. Le timbre ingrat et nasal de Vivica Genaux peut convenir à une reine des Amazones. Son « Scenderò, volerò, griderò », où elle ne semble pas utiliser son fameux « vibrato de mâchoire », est pris tellement rapidement qu’il en perd tout impact et tout mordant. (Remplacez « Scenderò » par « Anderò » pour retrouver l’air d’Orlando finto pazzo.)
Carlo Vincenzo Allemano déçoit par une émission empâtée. Son rôle semble cantonné dans le grave du registre de ténor. Est-ce pour cela, ou pour mieux incarner son personnage d’Hercule, qu’il le beugle sans finesse, en poussant ses rares aigus à la limite de la justesse? Il se sort bien de son air de fureur « Non fia della vittoria », mais fausse en poussant sa voix dans le tout aussi rageur « Coronatemi le chiome ». Filippo Adami émet d’une voix claire son rôle beaucoup plus aigu. Alors que l’orchestre semble retenu pour accompagner Hercule, il se déchaîne pour son seul air « Tender lacci », sinon assez réussi. Le rôle d’Alceste, créé par Carestini, est tenu par Philippe Jaroussky, dont le dernier enregistrement est consacré au répertoire de ce castrat. Il chante le joli air tendre « Quelle beltà sol degna è d’amor » et le bel air « oriental » « Io sembro appunto ».
Le choeur de Notre-Dame se sort très bien de ses interventions, et l’acoustique du Théâtre des Champs-Élysées est toujours excellente pour ce répertoire. »

Venise – Teatro Malibran – 5, 7, 12, 14 octobre 2007- produzione, scenografia e costume Facoltà di design e Arti dell’Università IUAV di Venezia – dir. Fabio Biondi – avec Romina Basso (Antiope), Roberta Invernizzi (Ippolita), Emanuela Galli (Orizia), Stefanie Irányi (Martesia), Carlo Allemano (Ercole), Jordi Domènech (Teseo), Laura Polverelli (Alceste), Mark Milhofer (Telamone)


Vivica Genaux en Irene

Diapason – décembre 2007

« Fabio Biondi était guetté par des vivaldiens méfiants, impatients de comparer sa reconstitution complète des récitatifs, hélas perdus, avec ceux d’Alessandro Ciccolini pour l’exhumation par Curtis à Spoleto en 2006. Le panneau blanc cache-misère derrière les chan­, pendant le 1, augure une mise en scène indigente, laissant tout loisir de détailler des costumes sortis de Livietta e Traccolo. Le II s’ouvre sur une salle de palais grec, décor immuable jusqu’à la fin d’Ercole. Le budget alloué àla régie de Carlo Major semble digne de ceux en usage au Teatro Sant’Angelo. Quelle musique pourtant !, portée par une Europa Galante affûtée.
Biondi est prêt pour l’enregistrement avec un plateau de rêve, dans lequel mériteraient d’entrer l’exquise Antiope de Romina Basso et l’Ippolita de Roberta Invemizzi, d’une intelligence dramatique infaillible. Stephanie Irânyi, la mignonne pintade Martesia, émerge du reste de la distribution, plombée par un Telamone trop grave pour Mark Milhofer. L’Ercole massif de Carlo Allemano, vocalité solide, mais timbre nasal sans grâce, joue de son indéniable présence scénique. »

Opéra Magazine – décembre 2007

« … On retrouve le même décor aux actes II et III d’Ercole sul’Termodonte, proposé en alternance avec Bajazet au Teatro Malibran, une grande vague venant s’ajouter au dispositif en occupant le tiers du plateau. Le I se déroule dans une espèce d’étroit corridor aménagé à l’avant-scène, avec des costumes ocre délavé, vert pastel et lilas fané sur lesquels tranchent les chaussettes et les chaussures rouges d’Ercole. Les péripéties les plus saillantes de l’intrigue sont évacuées, tel le sauvetage d’Ippolita parTeseo des griffes d’un ours pour les maîtres d’oeuvre du spectacle, mettre en scène revient à contourner la moindre difficulté, en se contentant de faire entrer et sortir les personnages.
Contrairement à Bajazet, déjà joué ailleurs, Ercole sul Termodonte est une première dans les temps modernes, du moins dans l’édition critique intégrale préparée par Fabio Biondi (la partition ayant été perdue, le chef-violoniste-musicologue a tout reconstruit à partir du livret de la création romaine de 1723 et des arie repérées dans les bibliothèques de Paris, Münster etTurin). Alan Curtis en a, en effet, dirigé une autre version au Festival dei Due Mondi de Spolète, en 2006, publiée ensuite en DVD par Dynamic.
Opéra de la maturité, représenté peu de temps avant que Métastase n’impose ses codes sur l’esthétique de l’opera seria, Ercole réutilise, comme souvent, plusieurs airs empruntés à des oeuvres antérieures (Arsilda, Tito Manlio, Orlando finto pazzo, Il Teuzzone…) et surprend par l’abondance des « musiques de scène ». Le titre fait allusion au neuvième des fameux travaux d’Hercule, son affrontement avec les Amazones sur les rives du fleuve Thermodon, et le livret oppose deux camps Ercole, Teseo,Telamone et Alceste d’un côté ; Antiope, reine des Amazones, ses soeurs Ippolita et Orizia, et sa fille Martesia de l’autre. Bien évidemment, à la création, tous ces rôles étaient tenus par des hommes, les femmes étant alors interdites sur la scène des théâtres de Rome.
Contrairement à celle de Bajazet, la distribution réunie par Fabio Biondi accuse quelques faiblesses. Stefanie Iranyi connaît des difficultés de prononciation en Martesia et poitrine trop dans l’air « Certo pensiero ch’ho in petto ». Dits par Carlo Allemano, les récitatifs d’Ercole basculent souvent dans le hurlement (fin du premier acte), ses arie se réfugiant dans un chant di forza hors propos (« Vedra l’empia »). Roberta Invernizzi est inégale, Jordi Domenech manque d’ardeur dans « Se ingrata » et les vocalises de Mark Milhofer sont trop anguleuses dans « Se libertà me rendi ». Excellentes, en revanche, Laura Polverelli dans le méditatif « Quella beità » et Romina Basso dans les récitatifs (les airs accusent quelques aspérités dans l’aigu). Europa Galante est comme toujours impeccable, dirigé par un Biondi absolument sublime au violon dans « Ben tu sei ». Mais cela ne suffit pas à racheter l’incroyable médiocrité visuelle de la production. »

Spolète – Teatro Caio Melisso – Festival dei Due Mondi – 6, 8, 9, 13, 14, 15 juillet 2006 – Il Complesso Barocco – dir. Alan Curtis – mise en scène, décors et costumes John Pascoe – avec Zachary Stains (Ercole), Marina Bartoli (Ippolita), Mary Ellen Nesi (Antiope), Laura Cherici (Martesia), Randall Scotting (Teseo), Luca Dordolo (Alceste), Filippo Miceccia (Telamone)


Mary Ellen Nesi en Antiope

Sienne – Palazzo Chigi Saracini – 17 septembre 1939 – dir. Roberto Lupi – concert comportant trois arias d’Ercole sul Termodonte