Flavius Bertaridus, roi des Lombards

COMPOSITEUR Georg Philip TELEMANN
LIBRETTISTE d’après Christoph Gottlieb Wend
ENREGISTREMENT ÉDITION DIRECTION ÉDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DÉTAILLÉE
2011 2012 Alessandro De Marchi Deutsche Harmonia Mundi 3 allemand/italien

 

TWV 21 : 27 – opera seria, en trois actes, représenté au Théâtre du Marché aux Oies de Hambourg, le 23 novembre 1729.
La soprano Margaretha Susanna Kayser (1697 – 1750), dite Kayserin, diva de l’opéra de Hambourg de 1717 à 1732, tenait le rôle de Flavia.
Le livret est inspiré d’un livret de Stefano Ghisi, noble vénitien, dont le Flavio Bertarido, Ré de Longobardi fut mis en musique par Carlo Francesco Pollarolo au Teatro San Giovanni Grisostomo en 1706. Telemann et Christoph Gottlieb Wend (*) retravaillèrent les récitatifs et quelques airs, ajoutant des choeurs, et conservant des airs en italien.
(*) Christoph Gottlieb Wend (? – 1745), écrivain, librettiste et traducteur allemand, utilisa le pseudonyme dee Selimintes

Flavius Bertaridus est considéré comme le seul opéra seria de Telemann qui ait été conservé.
La partition a été éditée en 2005 par Bärenreiter-Verlag.

Argument :
Trahisons et intrigues à la cour lombarde.
Grimualdus, le duc de Turin, s’est assuré illégalement le trône longobarde, dans le nord de l’Italie. Il fait assassiner l’un des deux héritiers légitimes – Flavius Gundebertus – et exiler l’autre – Flavius Bertaridus. Pour établir sa domination, Grimualdus jette en prison Rodelinda, l’épouse deBertaridus, et son fils Cunibert, et épouse la soeur des deux frères, Flavia. Mais la situation se retourne : Bertaridus revient, Rodelinda et Cunibert s’échappent de la prison, et Flavia conteste elle aussi le roi…

Personnages : Flavius Bertaridus, roi détrôné des Lombards ; Rodelinda, sa femme ; Cunibert, leur fils ; Flavia, sa sœur, épouse de Grimoaldus ; Grimoaldus, tyran ; Orontes, général de Gimoaldus ; Onulfus, confident de Flavius ; Regimbert, fils de Grimoaldus et Flavia


Représentations :

Hambourg – Grosses Haus – 8, 11, 13 décembre 2012 – mise en scène Jens Daniel Herzog – décors, costumes Mathis Neidhardt – lumières Stefan Bolliger – avec Maite Beaumont (Flavius), Solen Mainguené (Cunibert), Tatiana Lisnic (Rodelinda), David DQ Lee (Onulfus), Antonio Abete (Grimoaldus), Ann-Beth Solvang (Flavia), Jürgen Sacher (Orontes), Melissa Petit (Regimbert, Schutzgeist)

 

Hambourg – Grosses Haus – 23, 26, 29 octobre, 3, 9, 12, 16 novembre 2011 – mise en scène Jens Daniel Herzog – décors, costumes Mathis Neidhardt – lumières Stefan Bolliger – avec Maite Beaumont (Flavius), Katerina Tretyakova (Cunibert), Nina Bernsteiner (Rodelinda), David DQ Lee (Onulfus), Antonio Abete (Grimoaldus), Ann-Beth Solvang (Flavia), Jürgen Sacher (Orontes), Melissa Petit (Regimbert, Schutzgeist)



extraits vidéo

http://www.youtube.com/watch?v=TKJ7Gjr0BJ8

Innsbruck, Tiroler Landestheater – 10, 12, 14 août 2011 – Academia Montis Regalis – dir. Alessandro de Marchi – mise en scène Jens Daniel Herzog – décors, costumes Mathis Neidhardt – lumières Stefan Bolliger – dramaturgie Hans-Peter Frings, Kerstin Schüssler-Bach – avec Maité Beaumont (Flavius), Nina Bernsteiner (Rodelinda), David DQ Lee (Onulfus), Ann-Beth Solvang (Flavia), Antonio Abete (Grimoaldus), Jürgen Sacher (Orontes), Katerina Tretyakova (Cunibert) – nouvelle production



Anaclase

« Grand spectacle, ce soir, pour inaugurer la nouvelle édition du Festival de musique ancienne d’Innsbruck, avec une rareté absolue : l’opéra en trois actes Flavius Bertaridus conçu en 1729 par Telemann à partir d’un livret de Christoph Gottlieb Wend empruntant lui-même à des prédécesseurs italiens. Après quelques vingt-cinq ouvrages lyriques, le compositeur se penche sur l’histoire lombarde du VIIe siècle, et plus particulièrement sur le retour au pouvoir de Bertaride, renversant l’usurpateur Grimoald qui régnait à la suite d’un traité à son égard avantageux signé avec Dagobert, de maladroite autant qu’illustre culotte. Trêve de plaisanteries, l’argument est des plus sérieux.
Grimoaldus s’est injustement imposé sur le trône lombard, exilant pour ce faire le véritable héritier, Flavius. Afin d’exercer une menace face au prétendant légitime de la couronne, tout en renforçant les liens pour garantir sa position, il emprisonne la princesse Rodelinda, femme de l’exilé, et leur jeune fils Cunibert, et contraint Flavia, sœur de Flavius, à l’épouser. Elle lui donne un fils, Regimbert, du coup promis au trône, ce qui devrait contrer plus tard d’éventuelles velléités bertaridiennes.
Le rideau se lève sur une double fête : l’on célèbre les dix ans de mariage du roi et l’on honore une victoire militaire lombarde remportée par le général Orontes. Après une Sinfonia d’ouverture d’une grande et grave tenue, à la fois élégante et sévère, dont surprend la luminosité de la partie de cuivres, Grimoaldus fait son entrée, uniforme d’opérette, casquette étagée et cuisse de poulet en main, bientôt accompagné de trois créatures qu’il palpe copieusement, dictateur égrillard tout occupé à se faire plaisir, qu’il s’agisse d’admirer son portrait dans un journal, de faire un carton en supprimant un rebelle en plein banquet ou de satisfaire aux pulsions les plus triviales. Jens-Daniel Herzog donne le ton qui dominera les quelques quatre heures et quarante-cinq minutes de la représentation qu’il met en scène : aussi caricaturaux qu’ils paraissent de prime abord, les personnages s’avèrent finalement construits avec soin, répondant à leur fonction emblématique dans le drame comme à la crédibilité psychologique. Le ton est enlevé, certes, comme les aléas d’une intrigue à rebondissement qui, pour traiter d’un sujet grave, n’en évolue pas moins à travers une légèreté d’expression délicieuse.
Ainsi de Grimoaldus, littéralement porcin, de Flavia, reine malheureuse s’oubliant en des extases psychotropiques, du général amoureux Orontes dont l’austère gabardine agrafe fébrilement les émois félons, de Rodelinda, prudente et prête à tous les subterfuges pour retrouver son prince, du bouillant Cunibert, bondissant d’espoir, d’Onulfus, l’émissaire étranger de Favius, sorte d’espion en guérilla ; ainsi, enfin, de l’enfant Regimbert, avorton pervers auquel Herzog confiera la partie vocale de l’Esprit Protecteur des Lombards qui vient tout pacifier après l’issue – heureuse quoique sanglante – du drame. Et Bertaride ? Il nous est montré le plus sobrement qui soit, fier, volontaire et juste.
D’une inventivité effervescente et toujours cohérente, cette première s’avère pleine d’humour, comme la partition qui, pour répondre à certaines conventions d’extravagance induisant une inévitable prise de distance, n’en manque certes pas. Costumes et décors, à fermement situer l’action au XXe siècle, mêlent les références aux dictatures ; la propagande affichée dans les lieux publics pourrait évoquer Mao comme Tito, les uniformes s’inspirent de l’Italie fasciste comme d’exemples sud-américains ; bref, seuls en sont exclus nazisme et stalinisme, deux systèmes aux organisations si gigantesques qu’elles auraient raconté autre chose.
Quelques lignes annonçaient plus haut le ravissement musical : c’est un fait, Alessandro De Marchi profite magnifiquement de la vivacité d’écriture de Telemann comme d’une relative opulence instrumentale. Son Academia Montis Regalis s’y avère plus développée instrumentalement qu’on s’y attendrait, avec de nombreux bois dont un contre-basson, une harpe et des cuivres probants. Le jeu des timbres s’avère d’un raffinement notable dont le chef italien use en parfaite adéquation avec la dramaturgie, comme à son habitude.
Lorsqu’on aura précisé que la distribution se révèle de même excellente farine, aisément le lecteur imaginera le niveau de la soirée. À l’hyper précision et à la superbe du chœur de l’Academia Montis Regalis répondent huit voix parfaitement employées. La Française Mélissa Petit, jeune soprano à l’émission littéralement angélique, mène sereinement la ligne dévolue à L’Esprit Protecteur des Lombards (Der Lombardische Schutzgeist). Plus musclé, le soprano russe Katerina Tretyakova donne un Cunibert adroitement phrasé. Au ténor solide de Jürgen Sacher est avantageusement confié le rôle d’Orontes qu’il sert vaillamment. De plus dramatique couleur que ses consœurs précitées, Nina Bernsteiner campe une Rodelinda dotée d’un bel éventail expressif (le lamento du dernier acte est une splendeur). On retrouve la basse Antonio Abete dont la rocaille fauve campe idéalement Grimoaldus en des récitatifs épicés. D’un grave riche, d’un aigu facile et généreux, d’une couleur vocale à l’autorité naturelle, Ann-Beth Solvang offre à la reine Flavia un mezzo-soprano brillant, adroit, émouvant. Enfin, la chaleur du timbre, la souplesse du chant, l’exemplaire conduite de la ligne et l’irrestistible charisme de Maïte Beaumont valent au rôle-titre une ovation bien méritée.
Pourtant, c’est avec une autre voix que conclura cet article : celle de David DQ Lee, chanteur canadien d’origine coréenne, qui incarne ici Onulfus, l’émissaire de Flavius. C’est là un contre-ténor d’une agilité étonnante, d’une fiabilité médusante (cette façon qu’il a d’entrer dans le chromatisme, par exemple), mais encore luxueusement coloré et, surtout, étonnamment projeté si on en compare l’impact avec celui de ses confrères du même registre. »

Forum Opéra

« … Cette œuvre foisonnante d’idées et particulièrement émouvante n’en est que plus précieuse. Elle ne compte pas moins d’une quarantaine de numéros : récits, airs, ariosi, duos et chœurs, pour près dequatre heures de musique qui passent comme l’éclair. Le chef dirige avec brio et raffinement, depuis le clavecin, son Academia Montis Regalis toujours en progrès. Il souligne avec bonheur les contrastes stylistiques (rythmes de danses à la françaises, arie à la napolitaine, contrepoints allemands) et l’extrême variété des couleurs instrumentales, faisant valoir les grands moments de lyrisme et les finesses du livret.
Ce nouvel opéra avait tout pour plaire au public de la création, très attaché aux valeurs démocratiques si bien défendues par le Régent, à Hambourg. Il raconte l’histoire de Flavius Bertaridus, roi médiéval détrôné par le tyran Grimoaldus, qui parvient non sans peine, avec l’aide de son fils Cunibert et sa femme Rodelinda, à triompher de l’usurpateur et à rétablir dans son royaume justice, liberté et égalité. On était en droit d’attendre que le metteur en scène s’efforce de mettre en valeur un ouvrage aussi important oublié dans les tiroirs durant 273 ans mais l’on comprend dès l’ouverture du rideau qu’il n’en sera rien.
Car Mathis Neidhardt a décidé de faire régner la laideur sur scène avec un lugubre décor unique, réalisé par l’Opéra de Hambourg (tout comme les costumes) : une pièce aux couleurs sales et privée de fenêtres, où le metteur en scène Jens-Daniel Herzog laisse libre cours à ses fantasmes. Citons, parmi les nombreuses métamorphoses aberrantes subies par le livret, la scène où, dans la salle des fêtes du palais royal, Grimoaldus, applaudi par l’assistance, se livre à l’un de ses plaisirs favoris, tuant d’un coup de pistolet un prisonnier qu’on vient de torturer. Ou encore celle où Flavia repousse les assauts d’Orontes devant les WC d’un bordel où les ivrognes défilent pour vomir. Enfin celle où Grimoaldus a pris en otage Rodelinda, devenue l’indicatrice de son royal époux : il la viole à plusieurs reprises dans la chambre à coucher d’un hôtel de passe où il la retient prisonnière avant de la brûler méthodiquement avec sa cigarette. Cette ignoble caricature du tyran, comédie grotesque sans aucun rapport avec le texte et la musique, nuit gravement à la qualité de la production qui sera pourtant reprise telle quelle à Hambourg.
On en sait d’autant plus gré aux chanteurs de leurs prestations musicales et vocales. La plupart des airs présentent en effet de redoutables difficultés, tant par leur longueur exceptionnelle (nombreux da capo) que par leur extrême virtuosité. Acteur confirmé, Antonio Abete, en Grimoaldus, se plie à toutes les exigences de la direction d’acteurs. A ses dépens. Ses airs, pourtant chantés avec une maîtrise, un soutien irréprochables et une parfaite articulation, s’en ressentent : chantée à quatre pattes, une putain sur le dos, la voix ne peut se déployer librement dans l’aria du deuxième acte. Jürgen Sacher, ténor lyrique à la voix souple, au timbre généreux, et Ann-Beth Solvang, mezzo-soprano au très large registre, dont la voix s’est encore assouplie et étoffée depuis l’année dernière*, incarnent les deux autres personnages totalement sacrifiés de cette production : Orontes, général de Grimoaldus, devenu un chef de la policesadique et pervers, et Flavia, épouse ridiculisée et avilie. Tous deux sauvent toutefois la mise par leur science du chant.
Les autres personnages souffrent moins d’un tel traitement. La jolie voix pure à peine formée de Katerina Tretyakova, en Cunibert, manque de stabilité durant le premier acte, puis s’affirme en même temps que son personnage d’adolescent prend de l’assurance. Nina Bernsteiner (annoncée souffrante, de même qu’Ann-Beth Solvang) donne d’abord des signes inquiétants de fatigue vocale, mais retrouve peu à peu ses moyens si bien que sa Rodelinda finit par captiver. Le contre-ténor David DQ Lee, qui interprète un Onulfus insolite mais non dépourvu de charme, utilise judicieusement la voix mixte dans ses aigus et son timbre doré n’est pas sans rappeler celui de Maîte Beaumont qui pour sa partfait preuve d’une aisance et d’une musicalité éblouissantes. Son Flavius tout feu tout flamme domine d’ailleurs la distribution.
Le public, qui ne s’est pas laissé abuser par la pantalonnade à laquelle il vient d’assister, fait un triomphe aux chanteurs, au chef, à l’orchestre et aux excellents chœurs mais accueille par une large brassée de huées l’équipe en charge de la réalisation. Maigre consolation. Rarement on aura vu un chef d’œuvre ressuscité avec tant de soin et d’amour massacré sur scène avec autant d’obstination. »

Opéra Magazine – octobre 2011

« Après L’Olimpiade de Pergolesi, l’an dernier, le Festival « Festwochen der Alten Musik » d’Innsbruck a misé sur un autre poids lourd du répertoire baroque : le grand opera seria en trois actes de Telemann, Flavius Bertmidus, Konig der Langobarden, créé à Hambourg en 1729. Pas tout à fait inconnu, car redonné à « ,-fagdebourg, ville naatale du compositeur, en 1987 et 2008. Mais grand assurément, avec quatre heures quarante de représentation, pauses comprises !
En 1729, Telemann est à l’apogée de sa carrière opéératique, dont à peine une quinzaine d’œuvres subsistent intégralement. Adapté d’un livret vénitien déjà mis en musique en 1706, le texte est d’une belle qualiié littéraire, développant une intrigue médiévale dont la trame est plus attractive que les noms des protagonistes : le Flavio de Haendel, en 1723, et sa Rodelinda de 1725 brodaient déjà sur des intrigues voisines.
On y découvre comment Flavius Bertaridus, avec l’aide de son confident Onulfus, parvient à reconquérir le trône de Lombardie, usurpé par Grimoaldus, en même temps que sa femme Rodelinda et son fils Cunibert, échappés un temps des geôles du tyran. Et comment sa sœur Flavia, épousée de force par Grimoaldus, trouve finalement le bonheur avec le général Orontes, qui a sauvé son fils Regimbert. Sur une action contournée, mais riche en moments dramatiques, Telemann a composé une partition imposante et d’un jaillissement créatif étourdisssant, restituée par Alessandro De Marchi à partir de l’édition Bärenreiter de 2005, moyennant quelques modifications, notamment le rajout d’une solennelle Ouverture. Telemann y témoigne de son éclectisme délibéré, côtoyant autant l’opéra français que Haendel ou Bach (celui des Cantates), avec surtout une prédilection pour le style italien, en multipliant les da capo d’une longueur et d’une virtuosité terriblement exigeantes.
Sa marque propre sc reconnaît peut-être dans un lyrisme pastoral plutôt inattendu sur un tel sujet, qui culmine dans une belle scène de forêt à l’acte II, avec un délicat chant de rossignol. Ailleurs, malgré d’inévitables passages moins inspirés ou le statisme très «carré» de certains airs, on est sensible à un réel sens théâtral, même si l’on doute un peu que Flavius Bertaridus puisse trouver un jour sa place au répertoire.
Pour cette entreprise considérable, qui débouchera heureusement sur un enregistrement, De Marchi, outre son très solide ensemble Academia Montis Regalis, qu’il mène d’une baguette ferme et précise, bénéficie d’un plateau de haut niveau, dont on ne cesse d’admirer le courage et l’endurance. Maite Beaumont campe un Flavius d’une flamme ardente, culminant au II dans deux airs d’anthologie. Une double annonce n’empêche pas la jeune mezzo Ann-Beth Solvang de donner à Flavia le poids principal, avec une voix ronde et puissante, chaudement colorée. La soprano Nina Bernsteiner, en revanche, peine à soutenir suffisamment sa Rodelinda, figure d’une tendresse attachante.
Basse habile dans la virtuosité, Antonio Abete reste un peu en dessous des exigences du très bel air lyyrique de Grimoaldus, à l’acte II ; il est vrai qu’on l’oblige à le chanter à quatre pattes! David DQ Lee, affligé d’un petit costume serré semblant sortir de l’univers d’Hergé, est le brillant contre-ténor d’Onulfus, tandis que le solide Orontes du ténor Jürgen Sacher ferait presque oublier le personnage monolithique d’un sinistre chef de la police secrète. L’ensemble, en effet, est plombé par une production aberrante, Jens-Daniel Herzog tournant résoolument le dos à la musique pour construire une action théâtrale autonome, uniquement en lieu clos. Transposant l’intrigue dans un univers contemporain sordide, il s’attache à enlaidir et à ridiculiser tous ses personnages, pour finalement réussir l’exploit de bannir tout moment d’émotion dans une partition débordant d’affects. On souffre particulièèrement d’un premier acte où la cour de Grimoaldus accumule parachutistes musclés et prostituées aguicheuses. et d’un second où les déclarations d’Orontes à Flavia se déroulent dans un restaurant, sur fond de vomissements dans les toilettes proches !
On pourra vérifier l’ampleur du massacre dans quelques semaines, lors de la reprise du spectacle à Hambourg, son coproducteur, en regrettant viveement qu’un tel effort de qualité sur le plan musical ait abouti à ce consternant faux pas. »

Magdebourg – Theater der Landeshauptstadt – 1er, 9, 15 mars, 6 avril, 4 mai 2008 – dir. Francesco Corti – mise en scène Cordula Däuper – décors Jan Müller – costumes Mareile Krettek – chef de choeur Martin Wagner



Magdebourg – 1992 – Musica Antiqua Köln – dir. Reinhardt Goebel

 

Magdebourg – 1987 – coproduction avec Landestheater Eisenach