Zaïde, Reine de Grenade

COMPOSITEUR Joseph Nicolas Pancrace ROYER
LIBRETTISTE Abbé de La Marre

 

Ballet héroïque en un prologue et trois actes, sur un livret de l’abbé de La Marre (1708 – 1742), représenté à l’Académie royale de musique, le 3 septembre 1739.

La distribution réunissait : Albert (Mars), Mlle Fel (Vénus), Mlle Coupée (L’Amour) dans le prologue, Mlle Pélissier (Zaïde, Reine de Grenade), Le Page (Zulema, Prince de la maison des Zégris), Tribou (Almenzor, Prince de la maison des Abencerrages), Jélyotte (Octave, Prince Napolitain), Mlle Erémans (Princesse Napolitaine), Albert (un Chef des Turcs).

Selon certains, l’opéra ne se serait soutenu que grâce au couple de danseurs formé par Barbara Campanini, dit la Barbarina, et son partenaire, le napolitain Rinaldi Fossano, qui dansaient ensemble plusieurs entrées dans différents genres de pantomime qu’on ne se lasse point de voir. On relève dans les Nouvelles à la main du 28 octobre : A l’égard de la nouvelle danse pantomime de la demoiselle Barbarina et du danseur italien, on en a été très satisfait, paraissant encor plus surpenant que les précédentes par les pas extraordinaires et la légèreté.

Une quatrième entrée, Momus amoureux, fut ajoutée le 27 octobre 1739, avec Tribou (Momus), Albert (Licidas), Mlle Fel (Philis).

Le 18 février 1740, Zaïde fut suivi de Cariselli et de Pourceaugnac.

Une reprise eut lieu, d’abord au Château de Versailles, le 10 mai 1745, puis le 13 mai 1745 au Palais Royal, avec Le Page (Mars), Mlle Jacquet (Vénus), Mlle Romainville (L’Amour) dans le prologue, Mlle Chevalier (Zaïde), Chassé (Zulema), Jélyotte (Almanzor), Poirier (Octave), Mlle Bourbonnais (Isabelle).

De nouvelles reprises eurent lieu au Palais Royal, le 17 août 1756, puis le 24 avril 1770, avec MM. Legros, Larrivée, Gélin, Mmes Larrivée, Dubois.

Charles Burney assista à la représentation du 15 juin, et écrivit : L’opéra de ce soir fut joué pour la première fois en 1739, rejoué en 1746, en 1756 et à présent, pour la quatrième fois, en 1770. Les Français le nomment ballet-héroïque, l’œuvre étant entremêlée de danses, qui forment une partie essentielle de la pièce. Je crois que l’intérêt du drame n’entre que pour peu de chose dans ces sortes de représentations ; c’est du moins le jugement que l’on peut retirer de celle-ci, ou de quelques autres de la composition de Rameau. La musique de Zaïde est de Royer. Il est assez étonnant qu’on n’ait toujours rien composé de mieux, ni d’un goût plus moderne, alors que le style de la musique a complètement changé dans le reste de l’Europe. On a beau accuser les Français d’avoir l’esprit généralement plus léger et plus capricieux que leurs voisins, ils n’ont pas fait le moindre pas en avant dans leur musique depuis trente à quarante ans. […] Revenons à l’opéra de Zaïde : il est irréfutable qu’en fait de mélodie, de nuances, de contraste et d’effet, c’est un ouvrage très médiocre et au-dessous de toute critique. Mais en même temps, on conviendra que la scène est belle et élégante, que les costumes et les décorations sont superbes, la danse exquise et les machines des plus ingénieuses. Hélas, tous ces objets ne flattent que les yeux, alors qu’un opéra, dans tout autre pays, est fait pour flatter l’oreille. Un drame lyrique qui n’a rien d’intéressant dans le poème, dont la musique est mauvaise et le chant pire encore, ne répond nullement à l’idée que l’on se forme à l’étranger de cette sorte de spectacle.

L’œuvre fut jouée à Lyon, dans la salle du Jeu de Paume de la Raquette Royale, en 1749/50, à l’initiative de Mangot, beau-frère de Jean-Philippe Rameau.

 

« 133me Opé. C’est un Ball. héroïque en 3 Actes précédés d’un Prolog. les paroles sont de La Marre, & la musiq. de Royer, elle est gravée partition in-fol. La premiere représentation s’en donna le 3 Septembre 1739, & il eut du succès. Le Prologue se passe entre Mars, Venus & l’Amour. Le sujet de la piece est, à peu de chose près, imaginé; il n’y a d’historique que la haine des Zégris & des Abencerages : on auroit voulu que le fonds de l’ouvrage fût plus intéressant, & la versification en satisfit plus que le plan. » (de Léris – 1763)

 

Partition reconstituée et éditée par Lionel Sawkins

 

Livret disponible sur livretsbaroques.fr

 

Représentations :

St John’s Smith Square – Londres – 15 octobre 2005 – The Band of Instruments – Nonsuch Singers – dir. Graham Caldbeck – avec Jeni Bern, soprano (Zaïde, Venus), Sophie Bevan, soprano (Isabelle, L’Amour), Mark Wilde, ténor (Almanzor), Daniel Auchincloss, ténor (Octave), Jacques Imbrailo, basse (Zuléma, Mars)