CD Rinaldo (direction Malgoire)

RINALDO

Edition LP

COMPOSITEUR

Georg Friedrich HAENDEL

LIBRETTISTE

Giacomo Rossi

 

ORCHESTRE La Grande Ecurie – La Chambre du Roy
CHOEUR
DIRECTION Jean-Claude Malgoire

Almirena Ileana Cotrubas
Goffredo Paul Esswood
Argante Ulrik Cold
Rinaldo Carolyn Watkinson
Armida Jeanette Scovotti
Eustazio Charles Brett
Mago cristiano, Araldo Armand Arapian
Donna Sophie Boulin
Sirena Nicole Leport
Sirena Marie-Françoise Jacquelin

DATE D’ENREGISTREMENT 1977
LIEU D’ENREGISTREMENT
ENREGISTREMENT EN CONCERT

EDITEUR Sony
COLLECTION Sony Classical
DATE DE PRODUCTION 1997
NOMBRE DE DISQUES 3
CATEGORIE

Critique de cet enregistrement dans :

Goldberg – octobre 2006 – appréciation 5 / 5

« Deux ans après avoir enregistré la première intégrale d’une tragédie lyrique sur instruments anciens (AIceste de Lully), Malgoire jouait les dénicheurs dans le domaine de l’opéra haendélien (il allait récidiver en 1979 chez le même éditeur, CBS à l’époque, dans Serse, mais avec moins de bonheur, dirigeant quelques-uns des chanteurs choisis ici), Ils font le prix de ce coffret, qui n’a pas encore été vraiment détrôné, même si les Rinaldo d’Hogwood et de Jacobs sont à connaître. Seule faiblesse de la distribution : l’Armide stridente de Scovotti. En revanche, on n’entendit jamais Renaud plus androgyne, mieux chantant ni plus pathétique que Watkinson, Argant plus foudroyant que Cold (son entrée, avec force trompettes et timbales !), Almirène plus tendre que Cotrubas, Godefroi et Eustache plus nobles que les deux contre-ténors, le vibrant Esswood et le suave Brett. La direction de Malgoire manque certes de théâtralité : nous entendons plus une succession de magnifiques morceaux qu’une véritahle action dramatique. Mais avouons que l’oeuvre, conçue à la hâte en 1711 pour séduire sans coup férir le public londonien, mêle des pages très disparates et peine à trouver son unité. Sans posséder encore toute la souplesse des orchestres actuels, les instruments de La Grande Ecunie font valoir leurs sonorités rustiques, éclatantes et chaudes, auxquelles se mêlent divers bruitages (chants d’oiseaux, tonnerre, etc.). Une somptueuse tapisserie sonore. »

Barockmusik – appréciation 4 / 5

« Commençons par les mauvais côtés. La version de Malgoire est sans nul doute stylistiquement datée (1977) et l’interprétation baroque a bien évoluée depuis. On retrouve dans cet enregistrement pionnier une approche descriptive et statique, une totale absence de mouvement et de sens dramatique qui est à la fois caractéristique de l’époque mais aussi du chef. Seuls les airs guerriers sont particulièrement bien réussis : on retrouve là l’affinité de Malgoire avec les trompettes et les vents en général (voir son superbe enregistrement de la Water Music). Mis à part ces derniers, les tempi sont relativement uniformes et seule une bonne connaissance du livret sauve l’auditeur d’un sommeil d’Armide… L’orchestre joue correctement mais semble être emprisonné dans un carcan qui l’empêche de s’épanouir pleinement. L’effectif est très réduit (sauf les trompettes au nombre de quatre) et nuit à la formation d’un véritable « tissu orchestral » si cher à Händel. De plus, la Grande Ecurie et la Chambre du Roy sert seulement de support aux chanteurs et n’interagit pas avec eux durant les airs, se confinant à l’ouverture, aux « simphonies » et aux ritournelles. La faiblesse de l’accompagnement est flagrante dans le « Cara sposa » où l’auditeur, au lieu d’être entouré d’une torpeur aussi dense qu’angoissante voit ses oreilles agressées par les grincements de ce qui semble être un violon solo. Comment sept violons peuvent-ils suffire aux deux voix ? Malgoire semble confondre Bach et Händel, à moins qu’il ne s’agisse plus prosaïquement que d’un problème financier. Cependant, la faiblesse de l’orchestre n’a d’égale que la réussite des chanteurs : si ce Rinaldo se voit rééditer, c’est grâce à l’extraordinaire performance des solistes. Rarement on aura vu un plateau aussi magnifique et seul l’Atys de William Christie s’offre à la comparaison de ce point de vue. Malgoire a choisi la distribution primitive de 1711 où les rôles de Goffredo et Eustazio sont confiés à des castrats tandis que Rinaldo échoue à une soprano. Paul Esswood, Charles Brett et l’admirable Carolyn Watkinson relèvent le défi de façon grandiose. Sans s’attarder sur l’excellence indiscutable des deux anglais, on s’extasiera encore une fois sur le timbre puissant, pur et… masculin de cette dernière (elle se confond avec les deux falsettistes masculins et le rôle de Rinaldo lui va donc comme un gant). Jeannette Scovotti campe une Armide à en faire pâlir plus d’un, tout en rage et courroux maléfiques tandis que la voix profonde et grainée d’Ulrik Cold en surprendra plus d’un. Enfin, Ileana Cotrubas personnifie une Almirena sensible et douce, particulièrement bienvenue dans ce monde impitoyable et guerrier. Sa prestation du fameux « Lascia ch’io pianga » résonne de façon étrangement aérienne. Une grande homogeneité complice se dégage du plateau. Enfin, les ornements sont très discrets.

Il faut donc apprécier ce Rinaldo pour sa perfection plastique, comme on admirerait un beau tableau de maître, une fenêtre donnant sur un paysage aussi immobile que merveilleux. L’ensemble dégage une impression de demi-teintes subtiles, de pastels évanescents. Ceux qui voudront se jeter dans le fracas des combats et sentir les flammes du dragon d’Armide iront trouver leur bonheur chez Jacobs ou Hogwood. Les contemplatifs, quant à eux, resteront fidèles à cette version historique, auréolée de poésie et de sensibilité, où les échos de l’amour courtois et des chansons de gestes chevaleresques ne sont pas loin. »

Opéra International – janvier 2001 – appréciation 4/5

 « La version Malgoire n’est pas dépourvue de qualités, loin de là : distribution vocale remarquable (Paul Esswood, Ileana Cotrubas, Ulrik Cold – formidable Argante – , et surtout une envoûtante Carolyn Watkinson, avec un « Cara sposa » à tirer les larmes), chef enthousiaste…mais orchestre dépassé stylistiquement ».

 Opéra International – avril 1997 – appréciation 4 / 5

« Cette gravure n’a pas pris trop de rides : seuls des tempi placides, certaines aigreurs des cordes, une ornementation peu inventive handicapent cette belle réalisation. Elle est dominée par les prestations superlatives de Carolyn Watkinson et Ulrik Cold : un sommet de chant haendelien. Jeanette Scovotti, en Armida, apporte également beaucoup de passion à son rôle de magicienne. Paul Esswood et Ileana Cotrubas sont délicieux, mais un peu sages. Quant à Malgoire et à son ensemble, c’est à une orgie de timbres instrumentaux qu’ils nous convient. »

 Crescendo – avril/mai – appréciation : 7

« Le timbre chaud et riche de Carolyn Watkinson fait merveille dans le rôle-titre…La force dramatique ne manque pas non plus à la basse Ulrich Cold et aux deux sopranos….Paul Esswood et Charles Brett paraissent en revanche bien distants. Ce Rinaldo apparaît plus comme un assemblage de récitatifs et d’airs que comme une oeuvre structurée autour du fil conducteur du drame. Bilan mitigé donc. »