CD Riccardo Primo (direction Christophe Rousset)

RICCARDO PRIMO, RE D’INGHILTERRA

COMPOSITEUR

Georg Friedrich HAENDEL

LIBRETTISTE

Paolo Antonio Rolli

 

ORCHESTRE Les Talens Lyriques
CHOEUR
DIRECTION Christophe Rousset

Riccardo Sara Mingardo
Costanza Sandrine Piau
Pulcheria Claire Brua
Isacio Roberto Scaltriti
Berardo Olivier Lalouette
Oronte Pascal Bertin

DATE D’ENREGISTREMENT janvier 1996
LIEU D’ENREGISTREMENT Abbaye royale de Fontevraud
ENREGISTREMENT EN CONCERT

EDITEUR Decca
COLLECTION L’Oiseau Lyre
DATE DE PRODUCTION août 1996
NOMBRE DE DISQUES 3
CATEGORIE DDD

Critique de cet enregistrement dans :

 

Opéra International – novembre 1996 – appréciation 4 / 5

« Christophe Rousset a su trouver en Sara Mingardo, un ‘ »primo uomo » crédible en roi d’Angleterre. Fierté et noblesse du chant sont au rendez-vous, sans négliger la virtuosité que le rôle réclame. Preuve est de nouveau faite qu’une voix féminine est souvent mieux adaptée aux exigences des rôles de castrat que tous les falsettistes du monde. Malgré tout, le chef a choisi un fausset pour Oronte : dommage, car malgré une voix disons « sympathique », Pascal Bertin a bien du mal à nous convaincre, même dans un air aussi beau que « V’adoro, o luci belle ». On trouvera également les deux basses un peu brutales, même si toutes les notes sont chantées par Messieurs Scaltriti et Lallouette. Quid des nuances ? Tout cela sonne un peu débraillé. La voix de Claire Brua paraît d’un timbre trop sombre pour incarner Pulcheria, selon les critères que l’on imagine être ceux de la Faustina. Mais à défaut de réelle légèreté dans les vocalises, le style est là, et le tempérament dramatique indéniable. La grande triomphatrice de cet enregistrement reste cepen-dant Sandrine Piau en Costanza, le rôle de la Cuzzoni. Dans son style élégant, techniquement impeccable, elle émeut constamment, dans l’un des plus beaux emplois de soprano du répertoire haendelien. La manière dont elle orne soigneusement les reprises des airs est particulièrement remarquable. La direction vive de Christophe Rousset manque parfois de fantaisie, et d’inventivité, dans les parties les plus audacieuses écrites par le compositeur : la tempête du début tombe un peu à plat, compte tenu de timbales trop timides. Mais la vision du chef tient la route, avec une équipe solide, ce qui permet finalement de prendre connaissance, dans d’excellentes conditions, de cet inédit haendelien. Chaudement recommandé. »

Diapason – octobre 1996 – appréciation 4 / 5 technique 6,5

 « Christophe Rousset, habile et clair comme il sait l’être, ne porte au dramaturge qu’un modeste secours. Presque rien ne lie les récitatifs aux airs…L’acte initial paraît un long prologue, quand le suivant, freiné à mesure que l’action progresse, se perd en détours. L’orchestre élude trop souvent le théâtre et les sentiments…Le timbre suave et généreux de Sara Mingardo ne cède jamais sous l’expression, les mots surgissent avec éloquence…Sandrine Piau distribue toujours au petit bonheur ses cadences-cocottes…mais l’adéquation et la culture vocales, le style, le charme demeurent exemplaires…Roberto Scaltriti joue avec panache le tyran de Chypre, et Claire Brua grave son meilleur disque. »

Le Monde de la Musique – novembre 1996 – appréciation CHOC

« Qualité première de la réalisation : l’équipe vocale colle aux personnages. On y remarque en premier lieu la superbe prestation de la contralto Sara Mingardo qui, pour ses débuts au disque, signe un Riccardo de la plus noble distinction. Sa science du chant et sa diction sans faille rachètent ce que le rôle peut présenter de conventionnel et, avec une puissance limitée par la recherche dc musicalité, rendent crédible la détermination mais ausi la dimension humaine du personnage. Tout au long de l’intrigue, le personnage de Costanza est tourmenté par des pressentiments d’abîme et de désastre imminent : Sandrine Piau lui prête des aigus filés et purs, une maîtrise de la ligne qui, dès son premier air, souligne la profonde tristesse du personnage. Les qualités vocales sont opposées chez Claire Brua, qui s’identifie à Pulcheria davantage sur le plan d’un timbre vibré et riche en harmoniques que de la conduite mélodique, laissée imprécise dans certaines vocalises. Les interprètes masculins ont moins d’occasions brillantes, quoique la démonstration de puissance de Roberto Scaltriti en Isacio soit dans son premier air extrêmement convaincante, plus réduite dans le second. L’Oronte léger et inconstant de Bertin n’offre aucune prise psychologique, car il se maintient dans une diction peu précise (dans la distinction des voyelles).

Christophe Rousset, manifestement inspiré par le drame après un début assez « en dehors », prend davantage de risques à faire avancer l’action grâce à un orchestre soyeux que lorsqu’il s’agit de musique pure ; la même direction terme aurait été souhaitée dans les récitatifs, à la manière d’une direction d’acteurs, mais il est vrai que cet aspect reste le plus négligè de l’opera seria en général, et n ‘est aucunement propre a cette version, recommandable sur tous les plans. »

La critique d’Alexandre – appréciation 15 / 20

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