CD La Rappresentazione di Anima e di Corpo (direction Christina Pluhar)

LA RAPPRESENTATIONE DI ANIMA E DI CORPO

COMPOSITEUR

Emilio de’CAVALIERI

LIBRETTISTE

Padre Agostino Manni

 

ORCHESTRE L’Arpeggiata
CHOEUR
DIRECTION Christina Pluhar

Tempo, Corpo Marco Beasley

Anima

Johannette Zomer

Intelletto

Jan van Elsacker

Consiglio, Mondo

Stephan MacLeod

Piacere

Dominique Visse

Angelo custode

Nuria Rial

Vita mondana

Béatrice Mayo Felip

Anima dannata

Matthew Baker

Compagni de Piacere Stephan Van Dyck, Nicholas Achten

DATE D’ENREGISTREMENT août 2004
LIEU D’ENREGISTREMENT Bruxelles – Studio Flagey
ENREGISTREMENT EN CONCERT non

EDITEUR Alpha
DISTRIBUTION Abeille Musique
DATE DE PRODUCTION Décembre 2004
NOMBRE DE DISQUES 2
CATEGORIE DDD

Critique de cet enregistrement dans :

Goldberg – février 2005 – appréciation 5 / 5

« Forts d’un long travail sur les musiques du XVIe et XVIIe siècles, les complices instrumentaux et vocaux de Pluhar ont parfaitemcnt assimilé cette naissance du sti1e nuovo, pavenant ici à rendre au dialogue musical toute sa puissance expressive et théâtrale et esquissant avec justesse le langage de la modernité. Parfaitement distribués (en fonction du timbre comme de la qualité technique), les rôles solistes sont là royalement campés, Johannette Zomer et Marco Beasley en tête, tandis que la chef dirige les intermèdes instrumentaux avec ductilité et finesse. Un disque-phare en ce domaine. »

Crescendo – février/mars 2005 – appréciation 9 / 10

« …ce qui frappe dès les premières mesures, magnifiées par une prise de son superlative, c’est la richesse et la sensualité des coloris instrumentaux ainsi que la splendeur des Sinfonie et Intermédes, en particu!ier le somptueux et mélancolique passamezzo de Susato (avec des cornets de rêves). La mise en scène sonore, qui suggère habilement l’éloignement du Plaisir et de ses compagnons comme l’ouverture de la bouche des Enfers, couronne une réalisation passionnante, inventive et raffinée. Si l’engagement des instrumentistes et des chanteurs force l’admiration, le plateau rivalise également d’éloquence (MacLeod, Zoner, Rial, Visse), à l’exception, toutefois, d’un Intellect à la voix de tête extrêmement ténue et inexpressive et du Corpo de Marco Beasley, au timbre charnel, mais dont les poses inspirées et le volume confidentiel irritent au plus haut point. »

Opéra International février 2005 – appréciation 5 / 5

« …A la suite de sept autres versions recensées (dont celles de Charles Mackerras pour Arcbiv et de Sergio Vartolo chez Naxos), le travail de Christina Pluhar et de son ensemble est grandement intéressant. S’y poursuit un triple travail de recherche vers un continuo semi-improvisé, plus réactif et bien plus coloré grâce à tout l’arsenal disponible des cordes frottées et pincées ; dans le domaine de la rhétorique, toujours plus interrogée ; et, à l’égard d’un creuset de vocalités où se mêlent timbres, modes d’émission et relations au texte issues autant de l’enseignement académique que des oralités musicales. Il faut saluer les excellents solistes : le ténor Marco Beasley (Corpo mais aussi Tempo), dont la vocalité  » ethnique » et la fine musicalité ouvrent l’univers sonore de toute cette production ; la soprano Johannette Zoner (Anima), aux aigus éthérés et le ténor Jan van Elsacker (Intelletto), dont la culture (donc, toute la vocalité), nourrie de l’Europe septentrionale, apporte à l’oeuvre un poids spirituel et philosophique plus profond. »

Le Monde de la Musique – février 2005 – appréciation 4 / 5

« Réalisé dans la foulée d’un concert au Festival de musique ancienne d’Utrecht, ce nouvel enregistrement surclasse sans peine ses prédécesseurs par l’homogénéité de sa distribution vocale, la somptuosité de sa réalisation instrumentale (théorbes, violes, clavecins et autres cornets) et sa théâtralité édifiante. Une parfaite mise en place des choeurs homorythmiques, la subtilité de la déclamation, la ductilité d’une basse continue pourtant riche, une dramatisation efficace (échos, plaintes des âmes damnées et bouche d’enfer) assurent une réussite éclatante. Le Corps frémissant de Marco Beasley, l’Âme lumineuse de Johannette Zomer, le Plaisir égrillard de Dominique Visse, l’Intellect serein de Jan van Elsacker participent à la vitalité de ce théâtre moral. »

Classica – février 2005 – appréciation Recommandé – 10

« A tout point de vue, cette nouvelle et fastueuse réalisation du label Alpha s’avère l’événement discographique de l’hiver. Parce qu’elle donne enfin à entendre dans son intégrité une oeuvre historiquement aussi essentielle que L’Orfeo de Monteverdi et parce que son interprétation et sa présentation, aussi impeccables l’une que l’autre, ravissent autant la vue que l’intellect. C’est ainsi que l’on apprend, sous la plume érudite de l’historien d’art Denis Grenier, habituel cosignataire des disques Alpha, que le Christ glabre du célébrissime Jugement Dernier de Michel-Ange n’est autre que Tommasso de’ Cavalier, père du compositeur. Une filiation esthétique qui est tout sauf anecdotique : elle ancre définitivement dans l’histoire des arts l’importance de cette lignée de patriciens romains; le père trop aimé par un génie, Buonarroti, et le fils géniteur de ce que l’on peut considérer à la fois comme premier opéra et premier oratorio de l’histoire de la musique. Déjà Vincent Dumestre, dans un stupéfiant disque consacré aux Lamentations d’Emilio de’ Cavalieri démontra combien le recitar cantando et autres mélopées montéverdiennes n’étaient point nées tout armées de la tête de cet Apollon, un soir de février 1607 au palais ducal de Mantoue.

…Avec cette nouvelle édition préparée par Christina Pluhar, l’oeuvre donnée à Utrecht en août 2004 retrouve sa sidérante modernité. Représentée en 1600 à la Congregazione dell’ Oratorio de Saint Philippe Neri de Rome elle inaugurait le genre phare de la Contre-Réforme l’oratorio. Un pied dans le mystère médiéval, l’autre dans l’autosacramental espagnol, Cavalieri privilégie le spectaculaire (le choeur des damnés), l’élégiaque (troublante et mélancolique sinfonia d’ouverture jouée aux cornets, un tube en puissance !), le texte clair et audible (servi d’entrée par la parfaite diction de Marco Beasley, chanteur habité par la grâce). Toutes les cordes et les astuces de l’art lyrique sont déjà tendues. Et si, à cinq siècles de distance, le contenu théologique de l’oeuvre s’est un peu éloigné de nous (quoique comment être insensible au combat de la chair et de l’esprit…), sa beauté austère et l’investissement généreux de ses interprètes ne peuvent que projeter l’initié, de concert avec le néophyte, très haut vers les célestes sphères. »

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