CD Orfeo (direction Jacobs)

ORFEO

L'Orfeo

COMPOSITEUR

Claudio MONTEVERDI

LIBRETTISTE

Alessandro Striggio

 

ORCHESTRE Concerto Vocale
CHOEUR
DIRECTION René Jacobs

Euridice, La Musica Efrat Ben-Nun soprano
Orfeo Laurence Dale ténor
Messagiera Jennifer Larmore mezzo-soprano
Caronte Paul Gérimon basse
Plutone Harry Peeters basse
Proserpina Bernarda Fink mezzo-soprano
La Speranza Andreas Scholl contre-ténor
Apollo Nicolas Rivenq baryton

DATE D’ENREGISTREMENT 1993
LIEU D’ENREGISTREMENT
ENREGISTREMENT EN CONCERT

EDITEUR Harmonia Mundi/WDR
COLLECTION
DATE DE PRODUCTION 1995
NOMBRE DE DISQUES 2
CATEGORIE

Critique de cet enregistrement dans :

Classica/Répertoire – novembre 2004 – appréciation 9 / 10

« L’analyse dc l’oeuvre par Jacobs comme une construction en arche, propre non seulement à chaque acte mais à l’ensemble. est convaincante.Jacobs brosse une fresque passionnante de bout en bout, de plus idéalement mise en espace par la prise son. En ce sens, l’interprétation, longuement préparée pour Salzbourg, et l’enregistrement qui suivit, ont marqué l’histoire de l’oeuvre, notamment dans le traitement de la contribution instrumentale : le continuo, très mobile et d’une magnifique inventivité, Jacobs n’hésitant pas à composer des parties concertantes supplémentaircs pour la réalisation ; les sinfonie, d’une palette coloriste infinie, mais surtout intimement unies à la scène qu’elles commentent (notamment aux Enfers). Toutefois, le souci de cohérence formelle et esthétique a parfois nui à l’impulsion dramatique.

Le plateau vocal est assez homogène, et bien caractérisé, notamment le couple infernal de Pluton-Proserpine (Harry Peeters-Bernarda Fink). Mais la Messagère dc Jennifer Larmore soigne trop son chant pour bouleverser. Laurence Dale, vocalement magnifique, campe un Orfeo douloureux, humain, mais le chant n’est pas suffisamment libre et sensuel pour toujours émouvoir. Louanges indiscutables em revanche pour un choeur madrigaliste très éloquent, pour la Speranza d’Andreas Scholl, et pour les vents de la Fenice. »

Goldberg – été 1998 – note 4 / 5

« Avant que Garrido ne vienne tout bouleverser, on se disait que l’on tenait là la version moderne de cet Orfeo… avec quand même quelques regrets. Au chapitre des satisfactions, l’orchestre, d’une splendeur hédoniste et d’une verve jusqu’alors jamais atteinte, même par Harnoncourt. Une conception puissamment aboutie du lien entre les couleurs et le drame, remarquablement exposée dans la notice par René Jacobs lui- même. Autre sujet d’admiration, la direction de René Jacobs, déployant une fresque dramatique continue, sans le moindre temps mort. Mais contrairement à Garrido, se souci esthétique a peut-être bridé la vérité des personnages, et c’est dans le plateau vocal que quelques réserves viennent se glisser: Orphée (Laurence Dale) n’a ni le charisme héroïque d’Eric Tappy ou de Rogers, ni la sensualité de Victor Torres. La Messagère de Larmore est plus soucieuse de bien chanter que de hurler son désespoir… » 

Opéra International – décembre 1995 – appréciation 4 / 5

« René Jacobs, avec sa version rodée en scène au Festival de Salzbourg, mais enregistrée en studio, comme toutes ses réalisations montéverdiennes, vient-il remettre en cause la suprématie d’Harnoncourt? Sa gravure se situe en tout cas au même niveau de qualité, et l’on sera seulement gêné par une urgence dramatique légèrement en retrait de ce que l’on pouvait attendre (une tendance au décoratif parfois languissant), et par la prestation de Laurence Dale en Orphée : peut-être en méforme, le ténor reste intense, le timbre fier et viril, mais l’émission, alourdie et privée de liberté, nous vaut un « Possente spirito » poussif et une déclamation parfois approximative.

Le travail sur la réalisation instrumentale effectué par Jacobs, est en revanche époustouflant, et, une fois encore, les vents de « La Fenice » sont remarquables, contribuant à un climat sonore complètement neuf, autant qu’un continuo très fourni, mais aussi polychrome que mobile, et pertinent dramatiquement. La conception des choeurs, et leur réalisation par un petit ensemble « madrigalisant », dont la polyphonie éloquente, claire, est très ex-pressive, se montre, elle aussi, étonnante de présence et de relief. Enfin, la distribution est globalement excellente. Certes, Jennifer Larmore tranche un peu trop par une émission très lyrique, mais son legato, de qualité supérieure à celui des autres chanteurs (excepté la remarquable Bernarda Fink, en Proserpine), parvient à émouvoir dans le récit de la Messagère, malgré une implication expressive qui semble rester « extérieure ». C’est d’ailleurs cette intégration du legato à la déclamation baroque, qui montre encore ses limites ici : l’on appréciera pourtant, tout particulièrement, les interventions d’Andreas Scholl (malgré une légère nasalité), et d’Efrat Ben-Nun. »

Crescendo – décembre 1995 – appréciation Joker 

 « Le continuo rassemble à lui seul onze musiciens…cela lui confère une présence peu habituelle et crée une sphère sonore d’une rare richesse, assise solide mais aussi chatoyante…La distribution mérite pleinement le qualificatif de « royale ». Assisté de tout ce beau monde, Jacobs projette son Orfeo dans une rayonnante beauté dont la richesse tient autant dans la formelle beauté sonore que dans la représentation des affetti…Quelle belle réussite ! » 

Forum Opéra – par Jean-Christophe Henry – discographie comparée

http://www.forumopera.be.tf/

L’Avant-Scène Opéra

« L’Orfeo de René Jacaobs, enregistré après que cette production fut maintes fois jouées sur scène (en particulier au Festival de Salzbourg), fit sensation à sa parution. Elle est sans doute l’une des plus séduisantes pour ce qui concerne la couleur orchestrale et pour la beauté des voix. Les partis pris de réalisation de René Jacobs sont d’une extrême clairvoyance les effectifs vocaux et instrumentaux adoptent un principe polychoral spatialisé, comme nous y invitait Monteverdi dans sa partition. Il n’y a pas de masse chorale, les choeurs sont principalement des ensembles de solistes à « un par voix », parfois doublés pour les véritables  » choeurs  » de la partition. Comme dans chacune de ses productions d’opéra, René Jacobs apporta un soin extrême à la réalisation de la basse continue, n’hésitant pas à recourir à un véritable travail d’écriture…Le plateau soliste est impressionnant d’équilibre : le falsettiste Andreas Scholl surclasse nettement James Bowman (version Jürgens) dans le rôle de Speranza, Bernarda Finck est une Proserpina d’une intensité dramatique inaccoutumée, et Jennifer Lane livre l’une des plus belles Messaggiera de la discographie. Enfin, Laurence Dale incarne un Orphée à la carrure impressionnante, au chant large et puissant, et dont la dimension lyrique domine quelque peu le reste du plateau. Mais comme tant d’autres sa lecture de « Possente Spirto » ne parvient pas à convaincre pleinement, la puissance jouant au détriment de la souplesse. »