CD Orfeo (direction Pickett)

L’ORFEO

 

COMPOSITEUR

Claudio MONTEVERDI

LIBRETTISTE

Alessandro Striggio

 

ORCHESTRE New London Consort
CHOEUR
DIRECTION Philip Pickett

Orfeo John Mark Ainsley
Euridice Julia Gooding
La Musica, Messageria, Proserpina Catherine Bott
Ninfa Tessa Bonner
Speranza, Pastore 2 Christopher Robson
Caronte, Spirito 3 Simon Grant
Plutone, Pastor 4 Michael George
Apollo, Pastore 1, Spirito 1, Eco Andrew King
Pastore 3, Spirito 2 Robert Evans

DATE D’ENREGISTREMENT janvier/avril 1991
LIEU D’ENREGISTREMENT Walthamstow Assembly Hall
ENREGISTREMENT EN CONCERT non

EDITEUR Decca
COLLECTION L’Oiseau Lyre
DATE DE PRODUCTION 1992
NOMBRE DE DISQUES 2
CATEGORIE DDD

 Critique de cet enregistrement dans :

Classica/Répertoire – novembre 2004

  « Une version proche de celle du Medlam-Rogers par son aspect assez cup of tea, sans trace d’italianité charnelle ni dans les voix, au demeurant assez banales, ni dans la direction. Pickett choisit une option assez madrigaliste et arcadienne qui passe dans les actes pastoraux, mais qui atteint le contresens dans les actes centraux, privés de toute théâtralité au profit d’un esthétisme qui n’hésite pas à bousculer parfois la métrique et la rhétorique. et à transposer les actes infernaux dans une tessiture que peinent à assumer, tant elle devient grave, chanteurs et cornettistes.

L’Orfeo de John Mark Ainsley, sans projection, ne marqua point les mémoires, on retint plus l’omniprésence de Catherine Bott en Musique, Messagère et Proserpine… et une Speranza de nouveau haute-contre comme lors de la création, mais bien pâlotte (Christopher Rohson). La contribution des instruments, notamment dans les ritournelles, fait plus penser à Dowland qu’à Monteverdi, ce qui n’étonne guère quand on sait quel excellent médiéviste est Pickett. Mais hélas pour lui, Monteverdi fut italien et renaissant… »

Goldberg – printemps 2002 – appréciation 5 / 5

 « À la lecture de l’interview, vous apprendrez immédiatement que L’Orfeo occupe une place privilégiée dans la vie de Pickett. Il est allé jusqu’à écrire Beyond the Mask, une monographie importante et tout à fait fascinante sur cette oeuvre, qu’il développe encore dans les notes substantielles qui accompagnent cet enregistrement. Tout cela, bien sûr, serait pour l’auditeur d’un intérêt purement académique si une telle expertise scientifique n’avait pas de répercussions sur la musique elle-même. En fait, cet enregistrement fait sien, d’une façon évidente, l’argument de Pickett selon lequel, si l’on comprend les conventions, la partition apparaît « extraordinairement variée et colorée », sans qu’il faille recourir à des effets superflus.

La compréhension que Pickett a d’Orfeo (une oeuvre à la croisée de la Renaissance et du Baroque) éclaire beaucoup de choses : la sonorité vigoureuse de la toccata d’ouverture, les danses chorales du premier acte et les choeurs en forme de madrigal du deuxième acte (chantés de façon tout à fait appropriée avec un soliste) contrastent avec les passages superbement déclamés de la monodie, qui ouvrent la voie vers la musique à venir.

Pour concrétiser ses intentions, Pickett a rassemblé une solide distribution de chanteurs avec lesquels il avait l’habitude de travailler. Mark Ainsley, en Orphée, est très fin, faisant siens tous les aspects du rôle, depuis l’amant ardent jusqu’au veuf égaré, sans laisser de côté le caractère impétueux et pétulant d’Orphée (comme Pickett le fait remarquer, Orphée n’est pas sans défauts). Toutefois, à l’occasion, une certaine tendance à exagérer le vibrato affecte légèrement le rôle, en le privant parfois, çà et là, de la suprême autorité que Nigel Rogers (EMI) lui avait apportée. Les rôles de la Musique, le Messager et Proserpine vont à une autre habituée de Pickett, Catherine Bott. Résolument détonante dans le premier rôle, profondément émouvante dans le second, elle parachève son excellente contribution en traçant un portrait sensible et compatissant de la femme de Pluton. Les nombreux autres rôles sont bien assurés, encore que l’on aurait pu souhaiter voir un Charonte faisant preuve de plus d’autorité que Simon Grant. L’autre grande réussite de ce coffret est le magnifique jeu instrumental, vibrant à souhait dans les danses, charmant et exquis dans les ritornelli aux cordes. Voilà qui jette un merveilleux cachet final sur cette interprétation tellement fascinante, tellement dramatique, que je n’ hésite pas un moment à la recommander comme l’une des meilleures de cette oeuvre si souvent enregistrée. »

 Opéra International – janvier 1993 – appréciation 2 / 5

« Pickett passe trop souvent à côté de la scène et des passions humaines…Le chef a visiblement étudié toutes les questions posées par ce répertoire, mais ses recherches aboutissent à un résultat trop froid, trop intellectuel…Le prologue et les deux premiers actes sont enlevés…mais les trois actes suivants ne soutiennent pas l’intérêt, en dépit de beaux passages ponctuels, comme la fin de l’acte quatre : il manque la conception d’ensemble, qui construirait l’oeuvre dans sa globalité…L’équipe de chanteurs ne transporte guère : seuls Gooding, Ainsley et King ont des voix réellement attachantes. Bott est insupportable de minauderie en Proserpine, inintéressante en Musica…Michael George est un Pluton bien fruste, et Christopher Robson est ridicule en Speranza. »

 L’Avant-Scène Opéra

« L’Orfeo de Philip Pickett fut l’un de ceux qui fit le plus évoluer les rincipes d’interprétation de l’oeuvre ces dernières années…L’interprétation est remarquablement servie par un ensemble instrumental de qualité, nerveux et coloré, et par un remarquable groupe de continuo… En revanche, les voix sont plutôt décevantes, trop « petites », manquant de coloration et d’implication dramatique. John Mark Ainsley est un Orphée terne, à la déclamation souvent trop lente et la vocalisation trop peu agile. Par comparaison, la voix de Catherine Bott paraît brillante et assurée, mais son récit de Proserpine semble quelque peu distant, étranger au drame. »