CD L’Olimpiade (direction Rinaldo Alessandrini)

L’OLIMPIADE

L'Olimpiade

COMPOSITEUR

Antonio VIVALDI

LIBRETTISTE

Pietro Metastasio

 

ORCHESTRE Concerto Italiano
CHOEUR
DIRECTION Rinaldo Alessandrini

Licida Sara Mingardo contralto
Megacle Roberta Invernizzi contralto
Aristea Sonia Prina contralto
Argene Marianna Kulikova mezzo-soprano
Aminta Laura Giordano soprano
Clistene Riccardo Novaro baryton
Alcandro Sergio Foresti basse

DATE D’ENREGISTREMENT juillet 2002
LIEU D’ENREGISTREMENT Sala Accademica del Pontificio – Istituto di Musica Sacra – Rome
ENREGISTREMENT EN CONCERT non

EDITEUR Opus 111
DISTRIBUTION Naïve
DATE DE PRODUCTION 15 octobre 2002
NOMBRE DE DISQUES 3
CATEGORIE DDD

Édition Vivaldi – Opere teatrali – volume 1 

Transcription et révision par Rinaldo Alessandrini

 

 Critique de cet enregistrement dans :

Diapason – novembre 2004

« Pour ce qui est des instruments, et du « vocabulaire » ancien, le premier véritable coup de maître était, récemment, celui d’Alessandrini avec L’Olimpiade. Une leçon de recitativo secco, le coeur pulsatille de l’opéra, enfin vécu par un septuor vocal (Mingardo, lnvernizzi, Prina…) savourant sa langue vernaculaire. Et quels airs ! »

Diapason – novembre 2003 – Diapason d’or de l’année

« Ironie du destin. Ressuscité, transcrit et dénaturé il y a soixante-trois ans par Antonio Guarnieri, le dramma per musica si mal compris du Vivaldi ultime, falsificateur de la sémantique métastasienne, corrupteur de l’idiome napolitain triomphant, aura été révélé par un monteverdien que l’on n’attendait pas. Maestro Rinaldo apporte enfin que le recitativo secco de Don Antonio, ordinairement négligé avec condescendance, a un sens. Et un sens pas si éloigné, dans ses instants paroxystiques (échange pathétique entre Megacle et Aristea, poignant recitatjvo accompagnato de Megacle) du recitar parlando de la haute tradition. « Nulle croche de mes récitatifs ne peut être grattée sans que j’en sois trahi », écrivait Vivaldi, repris en écho, trois siècles plus tard, par Strohm, le musicologue, exortant l’interprète à vivre les récits, coeur palpitant de l’opéra, si souvent laissés moribonds entre deux arie dopées à l’adrénaline. Tant de vie, nourrie par un simple mais riche continuo et portée par un septuor vocal savourant sa langue vernaculaire : un miracle !

On pressent derrière chaque réplique, chaque inflexion, chaque nuance, le fluide unificateur d’Alessandrini. Comment expliquer autrement le miraculeux Megacle d’Invernizzi, si prompte dans Vivaldi à l’indiscipline dès qu’elle n’est pas tenue. Somptueux plateau qui donne chair au duvet mélodique le plus fragile, nourrit de sève juvénile ces da capo vertigineux, s’épanouissant en folles guirlandes. Vibrez au « Lo seguitai felice » de Megacle, exultez au « Del destin non vi lagnate » de Clistene, applaudissez au « E troppo spetato il barbaro fato » d’Aristea. Seule agacerie : Laura Giordano confond Aminta, le serviteur dévoué, avec Vespetta la soubrette – dommage pour « Siam navi all’onde algenti ». Quel orchestre, enfin ! Souverain dans les forte poignardés comme dans les pianissimi chuchotés, enchanteur de lumière, de précision, de flamme. Un modèle. Merci pour Vivaldi. Il était temps. » 

Classica – juin 2003 – appréciation Recommandé

« C’est grâce à la voix unique de Marilyn Home et a sa présence scénique que cet Orlando furioso reste le meilleur Vivaldi de l’avant Bartoli. Initialement créé en 1727 sur un livretde Braccioli d’après L’Arioste, il a été remonté par Scimone pour le Teatro Filarmonico de Vérone le 15 juin 1978. L’orchestre se libère même sous l’impulsion de la soliste et fait de ce drame une oeuvre de première importance. Vivaldi semble déjà mûr : les airs d’une rare qualité fusent et marquent les esprits. Home fait le reste (air « Nef Profondo » tout simplement sublime) en transcendant l’intrigue, accompagnée par une Lucia Valentini-Terrani pleine de panache et une Victoria de Los Angeles tout en raffinement. »

Goldberg – mars 2003 – appréciation 5 de Goldberg

« L’Olimpiade inaugure avec éclat l’édition complète des opéras de Vivaldi annoncée par Naïve Opus 111. Pour ce premier volume des Opere teatrali de la riche collection à venir, le label français a judicieusement choisi l’une des oeuvres de maturité les plus accomplies du compositeur. La réalisation d’Alessandrini constitue avant tout une merveilleuse réussite vocale, à la notable exception de Laura Giordano, soubrette d’intermezzo égarée en terre dramatique. Mais hormis cette regrettable erreur de distribution, la troupe réunie est en tout point admirable et forme un plateau vivaldien d’une exceptionnelle qualité. Voici enfin les voix italiennes que l’on attendait depuis si longtemps ! Timbres somptueux, technique irréprochable, diction impeccable, parfaite respiration du texte dramatique. Du vrai théâtre par de vrais acteurs, qui chantent leur langue, au propre comme au figuré.

La réussite est également remarquable sur le plan instrumental. Les couleurs de Concerto Italiano sont belles. La mise en place irréprochable. Les nuances subtilement dosées. Les idées fourmillent et les grands moments d’émotion se succèdent à un rythme soutenu. Unique réserve un léger déficit de souffle, une incomplétude de la pulsion, perce dans certains airs. Comme si la passion faisait parfois défaut. Cette même passion que l’on retrouve à chaque instant dans les récits, suggérant qu’Alessandrini le monteverdien, ne s’abandonne pleinement que dans le recitare parlando. Mais la flamme du chef, si elle manque parfois de chaleur, n’en est pas moins belle et lumineuse. Et, au delà de cette réserve, Alessandrini offre avec cette Olimpiade une merveilleuse illustration de son savoir-faire et de sa sensibilité musicale. Enfin un grand opéra de Vïvaldi par un grand chef vivaldien ! »

Crescendo – février/mars 2003 – appréciation 8 / 10

« Roberta Invenizzi nous captive, nous étreint, ou nous grise avec le même bonheur. A ce timbre radieux, ce legato parfait, ce mordant irrésistible, répond le mordoré, la noblesse et le raffinement de Sara Mingardo au gré d’une fabuleuse leçon de chant et de style. Malheureusement deux artistes au sommet de leurs moyens n’éclipsent pas des erreurs de distribution fragrantes et les carences rédhibitoires du reste de l’équipe. Rinaldo Alessandrini peine à trouver ses marques dans le bel canto. Alors que le rôle le plus virtuose est confié à une poignée d’aigus verts et à peine pubères (Aminta). le plus richement doté par Vivaldi (Aristea, quatre arie et un saisissant duo) échoit à un mezzo étriqué, à la vocalisation exotique et surtout, sans idées. C’est là que le bât blesse : le chef n’obtient pas de son plateau le minimum d’engagement et d’invention (indigence des reprises) qu’exige ce répertoire. L ‘opera seria, n’est-ce pas aussi le règne de l’imagination? Par contre, le Concerto italiano livre un accompagnement de rêve et plane sur les mêmes cimes que Sara Mingardo et Roberta Invernizzi. Une réalisation frustrante, mais recommandable. »

Opéra International – janvier 2003 – appréciation 5 / 5

« L’interprétation du Concerto Italiano de Rinaldo Alessandrini est simplement somptueuse. Les récitatifs sont déclamés avec force et les airs souvent excellemment interprétés, bien que Marianna Kulikova éveille peu d’intérêt, et que l’on ait connu Sonia Prina plus régulière. La jeune Laura Giordano est une belle découverte. Riccardo Novaro et, surtout, Sergio Foresti n’appellent que des éloges, de même que Roberta lnvernizzi. Quant à Sara Mingardo, que vanter le plus, son timbre riche et profond, l’excellence de sa technique, son engagement, sa musicalité ou l’intelligence de son interprétation?

Diapason – janvier 2003 – 40 disques pour découvrir l’Italie baroque

« une distribution somptueuse et un Concerto Italiano des grands jours. »

Diapason – décembre 2002 – appréciation Diapason d’Or – technique 7 / 10

« Tant de vie, nourrie par un simple mais riche continuo et portée par un septuor vocal savourant sa langue vernaculaire : un miracle !..Somptueux plateau, qui donne chair au duvet mélodique le plus fragile, nourrit de de sève juvénile ces da capo vertigineux, s’épanouissant en folles guirlandes….Quel orchestre, enfin ! Souverain dans les forte poignardés comme dans les pianissimi chuchotés, enchanteur de lumière, de précision, de flamme. Un modèle. »

Classica – décembre 2002 – Recommandé

« A oeuvre exceptionnelle, interprètes exceptionnels. Sara Mingardo et Roberta Invernizzi se réservant la part du ion en un tourbillon de vocalises, mais aussi d’affects. Aidés par un orchestre inspiré et précis dans ses moindres détails, les solistes permetttent à la partition de respirer et de révéler un Vivaldi presque insoupçonné. » 

Le Monde de la Musique – décembre 2002 – appréciation 4 / 5

« Ce nouvel enregistrement de L’Olimpiade se place d’emblée en tête de la discographie grâce à la direction enlevée et voluptueuse d’Alessandrini, à l’homogénéité dans la diversité de la distribution vocale, à l’animation et à la vérité dramatique des récitatifs. Cinq des sept rôles sont attribués à des femmes. Il a fallu pour cela trouver des artistes dont les timbres soient bien différenciés. C’est une des réussites de cette version où brillent Sara Mingardo, Roberta Invernizzi (oubliée de la distribution qui figure au verso du coffret) et Sonia Prima. Alessandrini sait faire vrombir son orchestre, en étoffer l’assise dramatique dans les récitatifs accompagnés ou le faire aérien comme un songe. »

Répertoire – décembre 2002 – appréciation 7 / 10

« Enregistrée dans la foulée des représentations du Festival de Beaune 2002, cette nouvelle Olimpiade s’impose, malgré des faiblesses…Dans cet enregistrement, il y a deux prestations absolument sensationnelles. Roberta Invernizzi est un exemple de beau chant (voix homogène usant intelligemment d’une sonore voix de poitrine) et d’émotion (une riche palette de couleurs et un rare contrôle des dynamiques). Sara Mingardo se situe sur les mêmes hauteurs avec un timbre somptueux de contralto et un bel engagement dans les récitatifs, même si les airs écrits pour Licida par Vivaldi, hormis « Montre dormi, Amorfornenti », sont moins marquants. Sonia Prina (timbre sombre à l’agréable métal) a une curieuse façon de vocaliser, mais son duo « Ne’ giorni tuoi felici » avec Roberta lnvernizzi est un moment de pure magie. La mezzo Marianna Kulikova est en soi irréprochable, mais on a souvent l’impression qu’elle sous-chante ou qu’elle s’ennuie. Reste le cas de Laura Giordano, à qui échoit le rôle créé par Marianino. C’est un très jeune soprano léger (23 ans) dont le médium est (encore) faible et le grave inaudible. Beaucoup de sons sont encore verts, droits ou pas totalement justes d’intonation. Mais elle possède virtuosité et aigus, sans pour autant les « habiter » dramatiquement. On reste loin du compte….Comme à l’accoutumée, Il Concerto ltaliano, dirigé par Rinaldo Alessandrini, est parfait. »

 Forum Opéra

  « Il ne faut pas attendre d’un livret conventionnel et relativement insipide qu’il inspire un drame musical soutenu, riche en rebondissements et en émotions fortes. Cette énième histoire d’amours contrariées sur fond d’Olympiades, adaptée une centaine de fois à l’opéra, de Caldara à Cimarosa, aurait-elle connu un tel succès si elle n’était pas due à la plume de Métastase ? Il est permis d’en douter. La partition de Vivaldi, souvent plaisante et charmeuse, est émaillée de très belles arie, cantabile (« Il fidarsi della speme », I, 3 ; « Mentre dormi amor fomenti », I, 8, etc.), ou plus brillantes et enlevées (« Siam navi all’onde algenti », II, 5 ; « Lo seguitai felice », III, 7, etc.), mais elle est privée de tension et de toute véritable progression dramatique, seules quelques pages, isolées, échappant à la règle : une ouverture nerveuse et inquiète, le duo angoissé qui clôt le premier acte (« Ne’ giorni tuoi felici »), le désarroi de Megacle (« Se cerca, si dice », II, 17) ou la panique de Licida (« Gemo in un punto e fremo », II, 15) et des récits accompagnés, superbement habités par Roberta Invernizzi (I et II).

Deux des protagonistes, Megacle et Licida, jouissent d’une distribution idéale, c’est d’ailleurs l’atout majeur de cette production. Plénitude et rondeur sur toute la tessiture, timbre ensoleillé, chant frémissant et verbe incarné, Roberta Invernizzi se montre, de bout en bout, passionnée et passionnante. Pour ceux qui l’ont suivie et connaissent, notamment, ses prises de rôle irrésistibles dans l’opera buffa napolitain sous la férule d’Antonio Florio, ce ne sera évidemment pas une surprise. Moins gâtée par Vivaldi, Sara Mingardo (Licida) déploie son magnifique contralto avec un art consommé, éloquente dans les nombreux récitatifs, un peu plus convaincante dans les étirements voluptueux du très onirique larghetto « Mentre dormi, amor fomenti » que dans les éclats du désespoir et de la frayeur (« Gemo in punto »), mais toujours captivante. Malheureusement, ces artistes hyper douées règnent sans partage sur un plateau équilibré – à une notable exception près -, mais terne et scolaire…

Rinaldo Alessandrini semblait pourtant avoir vu juste : « La couleur orchestrale se montre plutôt homogène et laisse penser que Vivaldi concevait son opéra comme une collection d’airs à bien chanter » (Le Monde de la musique, n° 269, p. 66, je souligne). Or, paradoxalement, c’est sa direction qui nous enchante : vivacité, finesse, poésie (« Mentre dormi, amor fomenti »), en parfaite intelligence avec un Concerto Italiano dans une forme superlative, c’est le triomphe du Vivaldi orchestrateur alors que l’équipe vocale, hormis Sara Mingardo et Roberta Invernizzi, multiplie déceptions et frustrations chez l’auditeur. Écoutez seulement avec quelle platitude Sonia Prina (Aristea) exécute le da capo de « Sta piangendo la tortorella » ! Avec un soupçon d’imagination, un zeste de raffinement, il aurait pu devenir son plus bel air. Et que dire de ces traits à la fois saccadés et glissants qui tiennent lieu de vocalises ? Le grain est personnel, séduisant, mais cette figure centrale de l’opéra, à laquelle Vivaldi destine pas moins de quatre airs (alors que Megacle et Licida doivent se contenter de trois) et un duo sublime, exige de tout autres ressources expressives et stylistiques, sans parler des moyens strictement vocaux. Pier Francesco Tosi, lui-même chanteur et théoricien du belcanto, évoque une règle d’or observée par les contemporains de Vivaldi lorsqu’il note que les da capo doivent être ornés avec « goût et imagination » et ajoute que « le chanteur qui ne varie pas tout ce qu’il chante, en y apportant des améliorations, n’est pas un grand artiste » (Opinioni de’ cantori antichi e moderni, o sieno osservazioni sopra il canto figurato, Bologna, 1723, je souligne).

Quant au rôle techniquement le plus difficile (Aminta), il échoit à la voix la plus verte, à la moins experte des chanteuses : Laura Giordano, vingt-deux printemps, à peine bourgeonnant, solfiant et minaudant de la plus insupportable manière, mais fugacement touchée par la grâce dans « Il fidarsi della speme », un joyau sans lequel son contre-emploi nous ferait presque regretter le phénoménal Aris Christofellis, sopraniste acide et strident, mais virtuose, qui triomphait au Théâtre des Champs-Élysées en 1990 (Nuova Era). Au risque de me répéter, le langage de Vivaldi ne supporte pas la tiédeur d’une interprétation littérale et mesurée : il est édulcoré par le joli, mais superficiel, Argene de Marianna Kulikova, dévitalisé par la retenue, sinon la mollesse, de Sergio Foresti (Alcandro). Où sont le mordant, la couleur, les inflexions, les accents ? Et l’invention dans tout cela ? Après de longs récitatifs, ne sommes-nous pas en droit d’attendre que le chant s’épanouisse, que l’interprète nous charme, nous surprenne au gré des da capo ? Il est temps que ce répertoire soit pris au sérieux : il s’agit ni plus ni moins de l’âge d’or du belcanto, porté aux nues durant plus d’un siècle et dont Rossini, Bellini et Donizetti ne furent jamais que les héritiers. Un peu moins de philologie, un peu plus d’audace, de génie : Vivaldi vous le rendra, et au centuple ! Sa musique a besoin de musiciens et non seulement de gosiers, elle requiert de grandes, de fortes personnalités.

Animer le recitativo secco, surabondant et peu phonogénique, n’est pas un moindre défi ; le pari est (presque toujours) gagné, avec un engagement dont l’opera seria bénéficie rarement. L’enjeu est évidemment de taille. Il faut savoir, par exemple, que les quatre dernières scènes de l’opéra (acte III, scènes 7 à 10) n’enchaînent que des récitatifs pendant près de dix minutes, à peine ponctuées par des choeurs dont la brièveté (19 et 45 secondes) les apparente à des mirages dans un désert mélodique ! Néanmoins, les acteurs-chanteurs réussissent à entretenir notre intérêt, et c’est un tour de force exemplaire. En revanche, il faut être stoïque pour ne pas décrocher dans l’interminable récit de la scène 4 (acte I), plus de six longues minutes où les interprètes sont livrés à eux-mêmes, abandonnés par un continuo indigent, statique, somnifère… Autre sujet d’agacement, extra-musical cette fois : au lieu de nous conter par le menu la genèse des airs, relation assez fastidieuse pour le simple mélomane, Rinaldo Alessandrini aurait pu centrer son propos sur l’originalité et les qualités musicales de l’ouvrage, à peine effleurées dans la présentation anecdotique de Frédéric Delaméa. Cette médiocre notice est-elle bien digne du vaste et ambitieux projet éditorial dans lequel Opus 111 s’est lancé ?«