CD La Nemica d’Amore Fatta Amante

L’oeuvreLe compositeur

LA NEMICA D’AMORE FATTA AMANTE

COMPOSITEUR

Giovanni BONONCINI

LIBRETTISTE

Silvio Stampiglia

 

ORCHESTRE Ensemble 415
CHOEUR
DIRECTION Chiara Banchini

Clori Adriana Fernandez
Tirsi Martin Oro
Fileno Furio Zanasi

DATE D’ENREGISTREMENT 2002
LIEU D’ENREGISTREMENT
ENREGISTREMENT EN CONCERT

EDITEUR Zig-Zag Territoires
DISTRIBUTION Harmonia Mundi
DATE DE PRODUCTION 28 août 2003
NOMBRE DE DISQUES 1
CATEGORIE DDD

Critique de cet enregistrement dans :

ResMusica – Une nymphe conquise

« Le label français Zig Zag Territoires offre aujourd’hui l’occasion de redécouvrir l’une de ces cantates composée alors que Bononcini avait 23 ans, La Nemica d’Amore fatta amante, petit opéra à trois personnages dont l’intrigue presque inexistante n’est que prétexte à enfilade d’airs explorant toute la palette des sentiments, tendresse, colère, douleur, joie. Bononcini réussit fort bien les airs d’expression tendre ou plaintive, où son sens du chromatisme expressif fait merveille, les frottements donnant aux affetti un trouble harmonique très prenant. Deux airs mélancoliques avec accompagnement de violoncelle ou de violon sont d’ailleurs d’authentiques bijoux. Pour les airs plus énergiques, il cède le pas à Haendel, son harmonie se faisant ici plus conventionnelle et les tournures mélodiques plus convenues que celle de son rival saxon, plus imaginatif. Néanmoins, cette cantate est une très jolie découverte pleine de charme, s’écoutant avec d’autant plus de plaisir qu’elle est fort bien défendue.

En effet, on ne peut qu’adresser des louanges à Chiara Banchini et à son Ensemble 415, véritable moteur de l’action, sachant passer de la plus grande délicatesse à la vivacité la plus débridée sans rien perdre en homogénéité ni en splendeur sonore. Mentions spéciales au magnifique violoncelle de Gaetano Nasillo, d’une expressivité enchanteresse, et au continuo très imaginatif et éloquent qui relance constamment l’intérêt du récitatif et l’animation des dialogues.

Face à tant d’ardeur, les chanteurs paraissent parfois un rien sur leur quant-à-soi, malgré leurs qualités. Adriana Fernandez prête à Tirsi un timbre très pur, une technique éprouvée et un réel investissement dramatique, notamment dans des récitatifs très vivants. Le timbre léger bride peut-être l’expression de quelques airs que l’on souhaiterait plus passionnés. Face à elle, la voix de l’alto Martin Oro – que la pochette présente comme contre-ténor, mais où est la voix mixte, en ce cas ? – connaît certaines fragilités d’intonation. Surtout, l’expression trop égale fait sentir dans quelques airs une réactivité insuffisante du chanteur face aux splendeurs de l’orchestre, partout également magnifique. La bonne prestation de Furio Zanasi offre voix et incarnation solides. Malgré ce léger déséquilibre, cette jolie nymphe méritait un berger plus conquérant, une belle version d’une oeuvre mineure mais charmante, servie par un orchestre magistral et trois très bons chanteurs, moins investis que les instrumentistes. Attendons maintenant Endimione ou Griselda pour nous prononcer sur le talent du compositeur. »

Anaclase.com

« L’Ennemie de l’Amour rendue amoureuse, c’est la nymphe Clori qui raille depuis longtemps l’affection que lui porte le berger Tirsi. Elle devra le persuader que ces tourments tout nouveaux pour elle – Oh Dieux, j’ai perdu la liberté -, ne sont pas une nouvelle moquerie. Le couple abandonne alors la douleur pour la joie. Adriana Fernandez propose une nymphette plus qu’une nymphe, assez mièvre, et si son timbre est prometteur, les promesses sont toujours pour demain. Le berger est le contre-ténor Martin Oro plus satisfaisant, bien que lui aussi peu affirmé. Cela dit, si ces deux voix ne sont pas encore vraiment lyriques, elles ont l’avantage d’être d’une fraîcheur propre à s’accorder à l’oeuvre présentée.

Le satyre Fileno assiste à la scène. Secrètement, lui aussi aime la nymphe, et va donc lui reprocher d’avoir cédé à l’amour. Elle, si heureuse à présent, lui reproche d’avoir été l’initiateur de ce mépris, un an plus tôt, lorsqu’il était jaloux de Tirsi. Clori le chasse et Fileno promet de se venger. La nymphe retrouve son berger et la sérénade s’achève sur des promesses de fidélité et le conseil, à tout c’ur le plus dur et le plus glacé de ne plus tourner ce sentiment en dérision car l’Amour, pour le Monde, est Nourriture et vie. Furio Zanasi sert merveilleusement son rôle d’un chant expressif, délicatement phrasé, d’une grande classe, avec une présence évidente. »

Crescendo – octobre/novembre 2003 – appréciation Joker Crescendo

« Chiara Banchini et son Ensemble 415 ressuscitent sa gloire avec une acuité touchante : la candeur et l’intensité de cette Serenata surprennent par leur épure et leur pudeur émouvantes. Les trois solistes vont droit au but, avec une simplicité généreuse, sans fioriture, confiants en a beauté de leur voix parfaitement maîtrisée et la sincérité de leurs sentiments. La soprano argentine Adriana Fernandez charme sans détour, palpitante et sensuelle ; le contre-ténor Martin Oro, son compatriote (familier de Harnoncourt et Jacobs) interprète à la perfection et sans maniérisme l’innocence et l’amour pur ; Furio Zanasi incarne un puissant et ridicule satyre, hors de tout débordement excessif. Tenue et précision, envoûtante musicalité, cet album est une perle rare, d’une finesse éclatante. »

Classica – novembre 2003 – appréciation 4 / 5

« Chiara Banchini restitue ici une oeuvre de jeunesse, cantate à trois destinée aux festivités nocturnes estivales des Colonna. On y décèle une veine mélodique évidente, mais surtout un sens inné de la séduction sonore, notamment dans la diversité inventive de l’accompagnement orchestral (les deux arias avec violoncelle ou violon solo de la fin de l’ouvrage), et dans les brèves ritournelles. Mais l’oeuvre de circonstance et de distraction n’est guère sujette à la profondeur d’inspiration. Il s’agit d’une belle mise en bouche, servie par d’excellents interprètes, pour faire attendre, du moins on l’espère, la restitution des opéras de la maturité. »

Diapason – octobre 2003 – appréciation 5 / 5 – technique 6,5 / 10

« Saluons d’abord sans réserve la restitution éblouissante du continuo riche et délicat, aéré, épousant la moindre inflexion de la voix, soulignant les interjections, silences, exclamations, propres à l’esthétique amoureuse, pathétique et précieuse, qui sied à l’Arcadie romaine. Sur la rhétorique instrumentale, l’influence corellienne est prégnante. Raffinement extrême du tissu mélodique, de style vocal. L’orchestre est une voix. Furio Zanasi, expressif, registres bien nourris, campe le faune jaloux et emporté que l’on attendait. La galanterie en clair-obscur appartient au berger et à la nymphe. Approche intelligente de Martin Oro, dont le timbre, par instants, rappelle celui de Bowman dans ses jeunes années. Le médium est agréable, mais les aigus parfois forcés. Dans les duos, par exemple, avec Adriana Fernandez, fragile et avare de couleurs, mais d’une sensibilité souvent exquise dans l’illustration du mot. »

Répertoire – octobre 2003 – appréciation 6 / 10

« C’est essentiellement vers l’accompagnement instrumental que l’on se tournera. Il est vrai que L’Ensemble 415, animé comme à l’accoutumée par la direction vigoureuse de Chiara Banchini, colore à merveille le drame et en restitue toute la fraîcheur. L’introduction est savoureuse : la finesse des cordes installe un climat de pure délectation où règne une grande imagination. L’accompagnement des voix est subtil, à l’image du violon s’effaçant dans l’air de Clori « Se di te venivo amante » pour mettre en valeur l’intervention des solistes, tandis que le continuo, plutôt martial, s’intègre assez bien dans la conduite du drame.

Hélas, les voix solistes ne suscitent pas le même bonheur. On attendait d’Adriana Fernandez beaucoup de folie et d’énergie. Or la voix apparaît par moments pesante, surtout dans les mélismes, qui requièrent beaucoup plus de souplesse (cf. l’aria « Per far scempio d’un core ») et de vitalité. De même, le contre-ténor Martin Oro, dont le timbre nasillard est difficilement supportable, semble bien extérieur à l’histoire (cf. l’émouvante aria avec violoncelle « Purti riveggio ancor », avec ses longues tenues qui, dans cette interprétation, se perdent un peu en chemin). On espérait de ces voix italiennes des interventions plus typées et par là même plus séduisantes. Seul le baryton Furio Zanasi campe avec un grand pouvoir de persuasion un personnage haut en couleur : son chant est superbe, avec cette projection du verbe capable de susciter un bouquet de passions ardentes. »

Le Monde de la Musique – septembre 2003 – appréciation 3 / 5

« Révélée par Gabriel Garrido, la soprano argentine Adriana Fernandez incarne avec finesse une Clori livrée aux tourments de l’amour, autrefois moquée, et encore maladroite face à ce sentiment nouveau. Le Fileno du baryton Furio Zanasi amuse et émeut par sa jalouse balourdise. Le Tirsi de Martin Oro laisse en revanche plus perplexe tant le contre-ténor a du mal à rendre sa douleur crédible (« Pur ti riveggio ancor »). On le regrette d’autant plus que l’Ensemble 415 enthousiasme parson homogénéité, ses couleurs chaudes, ses phrasés galbés et le violon radieux de Chiara Banchini. »