CD Il Nascimento dell’Aurora (direction René Clemencic )

IL NASCIMENTO DELL’ AURORA

COMPOSITEUR

Tomaso ALBINONI

LIBRETTISTE

Pietro Pariati, d’après Ovide

 

ORCHESTRE Clemencic Consort
CHOEUR
DIRECTION dir. et clavecin René Clemencic

Peneo Gernot Heinrich ténor
Dafne Krisztina Jónás soprano
Apollo Terry Wey contre-ténor
Flora Adrineh Simonian mezzo-soprano
Zeffiro Radu Marian soprano

DATE D’ENREGISTREMENT 2007
LIEU D’ENREGISTREMENT
ENREGISTREMENT EN CONCERT

EDITEUR Oehms Classics
COLLECTION Codaex
DATE DE PRODUCTION novembre 2007
NOMBRE DE DISQUES 2
CATEGORIE DDD

 Critique de cet enregistrement dans :

 Diapason – mai 2008 – appréciation 4 / 5

« On ne connaît pas les circonstances ayant présidé à la commande par l’ambassadeur d’Autriche àVenise, entre 1711 et 1717, de cette sérénade. Dans son enregistrement de 1983, Scimone penchait pour la naissance de Marie­Thérèse (1717), on évoque ici le plus probable anniversaire de sa mère. Le texte, assez fade, prête moins le flanc aux conjectures : il serait bien l’oeuvre de Fietro Fariati. Dépourvu d’action, il se borne à une succession de concetti galants (dont le mièvre ‘jeu des fleurs ‘) qu’Albinoni enrobe d’une musique subtile, à l’écriture très arcadienne mais au souffle court et à l’inspiration mélodique bien modeste.

Si Scimone malmenait quelque peu la partition (coupures, alanguissements, instruments modernes), Clemencic la respecte trop. Négligeant d’en rompre les carrures prévisibles par un soupçon de rubato (‘ Perché un giglio ‘), il perd en sensualité et en expression ce qu’il gagne en exactitude ‘ sans doute grâce au travail mené par le premier violon Hiro Kurosaki. La distribution vocale ‘ à mille lieues de celle, surdimensionnée et discutable, de Scimone ‘ participe du même esprit : un chant probe, efficace, parfois scolaire (le ténor Gernot Heinrich), parfois chichiteux (le sopraniste Radu Marian, voix de garçonnet brillante mais entachée de souffle), parfois remarquable, dans la limite des étroites tessitures qu’il réclame. Krisztina Jonas (Daphné, soprano) et Terry Wey (Apollon, contre-ténor) rendent ainsi parfaitement justice à leurs flatteuses arias : la bouleversante ‘ Questa fronda ‘ de la première ou, pour le second, une ‘ Con cetra piu sonora ‘ ornée d’un superbe théorbe solo. Cette lecture certes trop timide est cependant préférable au live de Scimone, fort mal enregistré. »

 Le Monde de la Musique – mai 2008 – appréciation 2 / 5

« Cette sérénade fut composée àVenise au début du XVIIIe siècle. Ecrit par un auteur inconnu, le livret convie, dans une vallée de Thessaliee, Apollon, Daphné, Zéphyr et Flora. Quant à la musique, elle est ‘ au sens plein du terme ‘charmante. Le flux mélodique est d’une incroyable spontanéité, tandis que le langage harmonique s’assujettit au sens des mots. Si l’on cherche une expression de 1’Arcadie à l’entour de 1700, en voici un bel exemple.

La réalisation musicale est modérément à la hauteur des enjeux. On saluera la soprano Krisztina Jonas, au timbre fruité (en dépit d’une diction médiocre) et la mezzo-soprano Adrineh Simonian, magnifique musicienne dotée d’un timbre dense. On regrettera le jeune contre-ténor Terry Wey, à la personnalité intéressante mais affligé d’un souffle qui devient gênant. Enfin, on s’étonnera de la présence de deux chanteurs incongrus : le ténor Gernot Heinrich, bellâtre au timbre pâle, et surtout le sopraniste Radu Marian, doté d’un filet de voix acidulé. Quant au Clemencic Consort, s’il offre de belles cordes aigués (notamment le premier violon Hiro Kurosaki), il est gâté, au clavecin, par René Clemencic, dont l’instabilité métrique menace l’édifice. »

Classica – juin 2008 – appréciation 7 / 10

« Le mariage de la voix et du théorbe dans la musique italienne du XVIIIe siècle a provoqué de purs miracles. Cette expérience émotionnelle éthérée, que les compositeurs, en fins connaisseurs de leurs effets, distillèrent avec parcimonie, nous a été proposée avec le superbe Davide de Francesco Bartolomeo Conti exhumé par Alan Curtis et son Complesso barocco. Le théorbe, instrument natif d’Italie avant d’être si cher à la France du XVIIe siècle, redevint aux Lumières l’apanage des virtuoses italiens, comme le Florentin Conti. À l’égal de la mandoline, de la viole d’amour ou de la trompette marine, son originalité sonore a su séduire un Vivaldi et plus encore les cours autrichiennes, friandes de virtuoses ultramontains. Cette sérénade inédite de Tomaso Albinoni, composée pour l’épouse de l’empereur Charles VI dans les années 1730, recèle l’un de ces joyaux. Le théorbe est ici l’instrument d’Apollon. L’excellent contre-ténor Terry Wey distille un aria fabuleux : «Con cetra piu sonora ». L’éparpillement des harmonies, l’indécision rythmique, la rupture de la symétrie viennent jeter le trouble sous la ligne vocale. Tout aussi érotiques s’avèrent le Pianta bella, d’Apollon, le Questa fronda de Dafné ou les exhalaisons de Zeffiro. Dans ce rôle, on peut être désorienté par le timbre enfantin de Radu Marian, mais son filet de voix ne dérape jamais: au contraire, elle donne à son personnage une touche d’étrange naïveté. cette sérénade courtisane recèle bien d’autres moments exquis. On sait, depuis ses concerti pour hautbois, quel mélodiste rare fut Albinoni, auteur d’adagios qui n’ont rien à envier au Prêtre Roux. Une mélancolie délicate, un lyrisme d’une redoutable efficacité font son mérite.

Le vétéran Clemencic, qui s’égara jadis dans des Vivaldi malingres, dispose ici d’un ensemble sans mièvrerie aucune. Le geste large avec lequel il dirige cette partition gourmande en fait une découverte des plus heureuses, bel exemple du grazioso modo del cantar propre à Albinoni. »