L’Année galante

COMPOSITEUR Charles-Louis MION
LIBRETTISTE Pierre-Charles Roy

 

Ballet héroïque sur un livret de Pierre-Charles Roy (1683 – 1764), composé de quatre entrées et d’un prologue, composé à l’occasion du second mariage du Dauphin.

Il fut représenté à Versailles le 13 février 1747, pour l’ouverture des fêtes organisées par le duc de Gesvres (*), puis à Paris le 13 avril 1747, avec des ballets de Antoine Bandieri de Laval, dit Laval (1688 – 1767).

(*) Le duc de Gesvres : François-Joachim Potier (1692-1757), premier gentilhomme de la Chambre, pair de France, et chevalier des ordres du roi.

Les entrées ont pour nom : l’Hiver, ou Comus, le Printemps, ou Zéphyre et Flore, l’Eté, ou Triptolème, et l’Automne ou Bacchus et la Minéïde.

La distribution était la suivante :

Prologue : Le Page (Janus), Mlle Fel (Agénorie), Mlle Romainville (Murcie). Ballets : Les Heures (Mlle Le Breton, Mlles Rosalie, Petit, Puvignée, Sauvage, Minot, Duchateau, Devaux), La Jeunesse et sa Suite (Mlle Puvignée, Laval et Bourgeois, Mlles De Verrière et Himblot), Les Saisons : Borée (Lyonnois), Oritie (Mlle Courcelle), Levoir (Zephire), Flore (Mlle St Germain), Vertumne (Javillier), Drès (Mlle De Verrière), Bacchus (Monservin), Ariane (Mlle Beaufort) ; L’Hiver : Mlle Chevalier (Vénus), Mlle Coupée (Euphrosine), Chassé (Comus), Poirier (Momus). Ballets : Suite de Momus (Mlle Dallemand, Le Voir et Mlle Lyonnois, Daangeville, Hamoche, Lyonnois, Duval, Laval et Bourgeois) ; Suite de Comus (Matignon et Dumay, Mlles Thiery et Sauvage, Javillier-C et Feuillade, Mlles Minot et Brisseval) ; Le Printemps : Jéliote (Zéphire), Mlle Fel (Flore), Albert (un Ruisseau), Mlle Jaquet (une Nayade). Ballets : Ruisseaux (Caillez, Malter-C, Dupré et P. Dumoulin), Mayades (Mlle Carville, Mlles Rosalie, Petit, Puvignée, Duchateau, Devaux, Lyonnois-C.), Bergers et Bergères (Mlle Sallé, D. Dumoulin et Mlle Camargo, Matignon, Dumay, Hamoche, Malter L., F. Dumoulin et Dangeville, Mlles Courcelle, Saint-Germain, Erny, Beaufort, Thiery et Minot, Laval et Bourgeois, Mlles Verrière et Himblot) ; L’Été : Chassé (roi d’Éleusis), Mlle Romainville (Méganyre, prêtresse de Cérès), Mlle Coupée (Iphis), Person (Arcas, ambassadeur de Sicile), Poirier (le Coriphée des peuples d’Éleusis). Ballets : Prêtresses de Cérès (Mlle Verrière-L., Mlles Petit, Rosalie, Puvignée, Lyonnois C., Devaux et Duchateau, Peuples d’Eleusis (Dupré, Dupré, Caillez, Feuillade, Javillier C., Malter-C. et P. Dumoulin), Moissonneurs (Levoir et Mlle Lyonnois-L., Hamoche, Matignon, Dumay et Lyonnois, Mlles Courcelle, Saint-Germain, Beaufort et Thiery) ; L’Automne : Jélite (Bacchus), Le Page (Silène), Mlle Chevalier (la Minéide), Mlle Jacquet (une Bacchante). Ballets : Faunes et Bacchantes (Mlle Camargo, Mlles Dalmand, D. Dumoulin et Le Breton, Monservin, Matignon, Javillier-C., Dumay, Dupré, Caillé, Feuillade et Malter-C., Mlles Carville, Lyonnois-C., Erny, Beaufort, Rosalie et Petit).
Argument :

Prologue : Janus ouvre les portes du ciel aux Heures. Il commence l’année et la distribue à Agenorie, déesse du Travail, et Murcie, déesse du Repos.

L’Hiver est peint sous son aspect le plus riant, caractérisé par le repos de la Nature, les charmes de la Société et les plaisirs de la table. Comus, dieu des Fêtes, arbitre du goût, s’unit à Vénus. Momus et les Grâces rendent la fête complète.

Le Printemps est caractérisé par le dégel des eaux, l’ouverture des feuilles, la naissance des fleurs. Zéphire et Flore se retrouvent après une longue absence.

L’Été est caractérisé par le roi Triptoleme, roi d’Éleusis, à qui Cérès donna des grains pour semer le blé. Il épousa Méganyre, princesse de Sicile, et institua les Ambarvales, fêtes de Cérès.

L’Automne est située dans l’île de Corcyree, où sont situés les Jardins d’Alcinoüs, où les fruits renaissaient sous la main de qui les cueillait. Il est caractérisé part la fable de la Minéide, élève de Minerve, qui représentait les fruits sur une tapisserie qui se transforma en une véritable treille.

 

La dernière entrée eut du succès et fut souvent reprise séparément : une fille de Minée, éprise de Bacchus, passe sa vie à peindre sur des cartons des scènes de la geste du dieu dont elle fait ensuite des tapisseries. Bacchus, déguisé en mortel, vient lui rendre visite dans son atelier et s’amuse à la taquiner sur sa dévotion envers lui. Finalement il se dévoile et change la peinture en tableau vivant.

Le livret fut imprimé par Jean-Baptiste Christophe Ballard, avec ces deux vers en frontispice:

Des diverses Saisons, la suite, et le retour,

Tout relève, et remplit le règne de l’Amour.

 

Dans la description par l’Encyclopédie des Fêtes à la cour de France, on lit : Le 2d mariage de M. le Dauphin en 1747 ouvrit une carriere nouvelle à M. le duc de Gesvres, & il la remplit de la maniere la plus glorieuse. Les bals parés & masqués donnés avec l’ordre le plus desirable, de brillantes illuminations ; les feux d’artifice embellis par des desseins nouveaux ; tout cela préparé sans embarras, sans confusion, conservant dans l’exécution cet air enchanteur d’aisance, qui fait toûjours le charme de ces pompeux amusemens, ne furent pas les seuls plaisirs qui animerent le cours de ces fêtes. Le théatre du manege fournit encore à M. le duc de Gesvres des ressources dignes de son goût & de celui d’une cour éclairée.

Outre les chefs-d’oeuvre du théatre françois, qu’on vit se succéder sur un autre théatre moins vaste d’une maniere capable de rendre leurs beautés encore plus séduisantes, les opéra de la plus grande réputation firent revivre sur le théatre du manége l’ancienne gloire de Quinault, créateur de ce beau genre, & de Lulli, qui lui prêta tous ces embellissemens nobles & simples qui annoncent le génie & la supériorité qu’il avoit acquise sur tous les musiciens de son tems.

M. le duc de Gesvres fit plus ; il voulut montrer combien il desiroit d’encourager les beaux Arts modernes, & il fit représenter deux grands ballets nouveaux, relatifs à la fête auguste qu’on célebroit, avec toute la dépense, l’habileté, & le goût dont ces deux ouvrages étoient susceptibles. « L’année galante » fit l’ouverture des fêtes & du théatre ; « les fêtes de l’hymen & de l’amour » furent choisies pour en faire la clôture.