Les chanteurs de Lully

NB. n’ont été répertoriés ci-après que les rôles assumés – hors les prologues – lors de la création et/ou de la première reprise à l’Académie royale de musique.

Armand Mlle Roland (Thémire) Elle débuta dans Roland et resta dans la troupe jusqu’en 1707.
Aubry Marie

(1656 – 1704)

Amadis de Gaule (Oriane), Atys (Sangaride), Bellérophon (Philonoé), Isis (Io), Persée (Andromède), Proserpine (Proserpine), Thésée (Aeglé), Fille de Léonard Aubry, maître paveur de profession, également auteur dramatique, et de Geneviève Béjart, soeur de Madeleine Béjart, dite Mlle Hervé. Alors qu’elle était attachée à la Musique du duc d’Orléans, elle fut recrutée en 1671 par Perrin et Cambert, avant de devenir la première vedette féminine de la troupe de Lully, avec un traitement annuel de 1 200 livres. Elle et sont frères Sébastien furent impliqués dans la (prétendue) tentative d’assassinat de Lully par Henri Guichard, qui avait été son amant, en 1675. Petite, à la peau blanche et les cheveux noirs, elle quitta l’Opéra en 1684, en raison d’une obésité telle qu’elle ne pouvait plus marcher.
La Barre Anne Chabanceau de

(1628 – 1688)

Alcidiane, Ercole amante, la Galanterie du Temps, la Princesse d’Elide, la Raillerie Soprano de cour, fille de l’organiste Pierre de La Barre. Elle chanta dans l’Orfeo de Luigi Rossi en 1647, ce qui lui valut de très chaleureux éloges. De la fin de 1652 à la fin de 1655, elle parcourut l’Europe du Nord, notamment à la cour de la reine Christine à Stockholm, puis à celle de la reine Sophie-Amélie de Danemark. De retour à Paris en décembre 1654, elle chanta dans les ballets de Lully – parmi lesquels la Galanterie du Temps (1656), Alcidiane (1656), La Raillerie (1659), où elle défendait la musique française face à la soprano italienne Anna Bergerotti – et dans des opéras italiens comme Ercole amante de Cavalli (1662). En 1661, La Barre fut nommée fille ordinaire de la musique de la Chambre du roi, poste prestigieux qu’elle occupa jusqu’à sa mort. En 1667, elle épousa Antoine Coquerel, ce qui mit fin à sa carrière de chanteuse.
Beaucreux Mlle Alceste (Céphise), Isis (Iris), Thésée (Dorine) soprano. Elle fut recrutée en 1674.
Beaumavielle (ou Beaumavieille) François

? (Languedoc) – décambre 1688 (Paris)

Achille et Polyxène (Priam), Alceste (Alcide), Amadis de Gaule (Arcalaüs), Bellérophon (Jobate), Cadmus et Hermione (Cadmus), Isis (Jupiter), Persée (Phinée), Proserpine (Pluton), Roland (Roland), Thésée (Égée) basse-taille – languedocien, il fut embauché à Toulouse par Pierre Monier pour la troupe de Perrin et Cambert et participa à la création de Pomone en 1671, dans le rôle de Vertumne, ainsi que des Peines et Plaisirs de l’amour, avant de chanter pour Lully, tenant de nombreux rôles-titres. Quoique grand, laid, il avait l’air noble au théâtre, et était qualifié de tragédien puissant, ainsi que de premier acteur de son temps. Il mourut en activité, alors qu’il répétait le rôle de Neptune dans Thétis et Pelée de Colasse. Il laissa par testament ses meubles à son camarade Dumény.
Bergerotti Anna

(vers 1630 – ?)

Alcidiane, la Galanterie du Temps, le Mariage forcé, Psyché Soprano romaine active dans le Cabinet italien de la cour de France (1655-1664) et qui retourna en Italie en 1669. Bergerotti chanta dans des représentations de ballets de cour, lors de réceptions solennelles (parmi lesquelles l’accueil du duc de Mantoue par Mazarin en 1655) et en 1662 dans les services de Ténèbres à l’église des Feuillants. Elle paraissait en général avec d’autres sopranos, dont les Françaises Anne de La Barre et Hilaire Dupuy. Son nom est régulièrement cité dans le journal de Loret, qui fit chaque fois l’éloge de sa voix tout en la qualifiant d' » aimable Bergéroty « . Elle chanta un des rôles principaux de Xerse de Cavalli, représenté lors des festivités du mariage de Louis XIV et de l’infante d’Espagne Marie-Thérèse en 1660. Elle était la seule cantatrice étoile du Cabinet italien de 12 membres (parmi lesquels son frère Gian Francesco) créé par Mazarin, dirigé par Gian Francesco Tagliavacca, plus tard supprimé par Lully et dont la dernière production devant Louis XIV fut une entrée du Mariage forcé (1664). Elle resta musicienne de la Chambre jusqu’en 1669, date à laquelle elle épousa un marquis italien et quitta la France pour l’Italie.
Bony Mlle Alceste (Proserpine), Atys (Mélisse), Isis, Proserpine (Cyané), soprano
Brigogne Marie-Madeleine

(vers 1652 – ?)

Atys (Doris), Cadmus et Hermione (Hermione), Isis (Hébé), Thésée (Cléone) soprano – Fille d’un peintre, elle fut engagée pour les Peines et les plaisirs de l’amour de Cambert, où elle « parut avec éclat » dans le rôle de Climène, aux côtés de Marie Aubry. « Ses manières, sa voix charmèrent tellement ses auditeurs » que le surnom de « la petite Climène » lui resta. Elle passe pour avoir été l’amie intime de Lully. Après le rôle d’Hermione, elle fut reléguée aux seconds rôles. Elle se retira en 1680.
Cartilly Marie-Madeleine Jossier dite

(vers 1650 – 1717)

Cadmus et Hermione (Charite) ssoprano – Marie-Madeleine Jossier, épousa Christophe Cartillier, un des valets de pied de Louis XIV, dit Cartilly. Elle faisait partie des six chanteurs embauchés en 1671 en Languedoc par Perrin et Cambert, et tint le rôle-titre de Pomone. Elle figura dans la troupe de Lully, et parut notamment dans le rôle de Chaarite dans que Cadmus et Hermione. En 1695, elle épousa Sylvestre de la Roch, officier de la chambre de Charles-Henri de Lorraine, et quitta l’Opéra.
Chiarini Giuseppe

(? – 1678)

Ercole amante, L’Impatience, Le Mariage forcé, Xerse Castrat savoyard actif dans le Cabinet italien de la cour de France. Chiarini avait servi à partir de 1650 à la cour de Turin dans les Musici Armonici, troupe de castrats soigneusement sélectionnés. Malgré sa popularité, il dut partir en 1659 à la suite d’un scandale et se rendit à Paris, où en 1660 il parut dans le Xerse de Cavalli. Deux ans plus tard, il chanta dans Ercole amante de Cavalli. Lully fit appel à lui pour le Ballet de l’Impatience (1661). En tant que membre du Cabinet italien, Chiarini parut dans une des entrées de Lully du Mariage forcé de Molière. En 1666, Chiarini écrivit au duc Charles-Emmanuel II de Savoie en lui demandant l’autorisation de rentrer, ce qui lui fut accordé.
Clédière Bernard

(? – 1711)

Alceste (Admète), Atys (Atys), Bellérophon (Bellérophon), Cadmus et Hermione (La Nourrice), Isis (Mercure), Proserpine (Alphée), Thésée (Thésée) haute-contre – comme Beaumavielle, il fut embauché à Béziers dans la troupe de Perrin et Cambert, et chanta dans Pomone et les Peines et les Plaisirs de l’Amour. Il rejoignit Lully jusqu’en 1680, date à laquelle il fut remplacé par Du Mesny et passa dans la Musique du roi. On vantait sa belle voix et son talent dramatique.
Desfronteaux ou des Fronteaux Mlle Cadmus et Hermione (Junon), Alceste (Thétis), Thésée (Minerve) soprano
Desmatins Marie-Louise

(1670 – 1708)

Amadis de Gaule (Corisande), Armide (Phénice), Psyché (Psyché) Fille d’un Violoniste du roi, nièce du danseur Beauchamps, elle débuta à douze ans dans Persée. Danseuse et chanteuse (soprano), elle connut le succès après le retrait de Marthe Le Rochois, en 1698. Atteinte d’embonpoint, elle se retira en 1708, et mourut l’année-même, à trente-huit ans.
Desvoyes Claude

(1639 – décembre 1709)

Persée (Méduse), Phaëton (Triton), Proserpine, Psyché (Vulcain) taille – Parisien, il chanta dans les choeurs de l’Académie royale dès 1676. Il quitta le théâtre en 1709, et mourut l’année-même. Il était réputé pour avoir une « voix parfaitement belle, mais il était de petite stature et extrêmement gros, et son jeu n’avait pas de grâce ».
Dumesny (ou Dumeny, ou Dumeni, ou du Mesny, ou Dumesnil, ou Duménil) Louis Gaulard

(? – 1715)

Acis et Galatée (Acis), Amadis de Gaule (Amadis), Armide (Renaud), Isis (Triton), Persée (Persée), Phaëton (Phaëton), Roland (Médor) haute-contre – originaire de la région de Montauban, mort à Paris en 1715 – découvert par Lully alors qu’il était que garçon de cuisine chez Foucault, intendant de Montauban, il débuta en 1677 dans Isis. Il chanta de nombreux premiers rôles dans les opéras de Lully, et les tragédies lyriques (Médée, Amadis de Grèce, Thétis et Pelée) jusqu’en 1700, époque à laquelle il se rendit en Angleterre, et perdit sa voix. Il était qualifié de parfait acteur et haute-taille des plus hautes. Quoique confié par Lully à un maître de musique, il resta incapable de déchiffrer une partition. Dans le privé, il passait pour un coquin, cleptomane, ivrogne et querelleur (notamment avec Marthe Le Rochois ou la Maupin). La date de sa mort est incertaine (vers 1715).
Dun Jean (?) (dit Dun père)

(? – après 1734)

Acis et Galatée (Polyphème), Amadis de Gaule (Florestan), Armide (Hidraot) basse-taille – embauché en 1686, en 1720, il arrêta de chanter à l’Opéra, et bénéficia d’une pension ordinaire. En 1726, il y revint pour chanter dans les choeurs, jusqu’en 1734. Son fils, également prénommé Jean, lui succéda comme basse-taille, puis violoncelliste et mourut en 1772. Ses deux fille chantèrent également à l’Académie royale de musique.
Dupuy (ou Dupuis) Hilaire, dite Mlle Hilaire

(1625 – 1709)

Alcidiane, La Grotte de Versailles, L’Impatience Soprano, fille de Michel Dupuy, patron du Bel Air. Elle étudie avec Pierre de Nyert et Michel Lambert, son beau-frère, avant d’entrer au service de la Grande Mademoiselle, en 1651, puis de se produire dans les ballets de cour de la fin des années 1650, puis dans les comédies-ballets de Molière. Elle chantait d’ordinaire avec Anne de La Barre, Anna Bergerotti et Anne Fonteaux de Cercamanan : ensemble, elle participèrent également aux services annuels de la Semaine sainte (Ténèbres) aux Feuillants. Sa voix était si belle qu’on la surnomma « le cristal humain ».
Ferdinand Mlle Proserpine (Proserpine) soprano
Gaye Jean

1640 (près de Toulouse) – 1701 (Versailles)

Alceste, Atys (Célénus), La Grotte de Versailles (Coridon), Isis (Hiérax), Proserpine (Pluton), Thésée (Égée), basse – enfant de choeur à Toulouse, chantre à la cathédrale de Béziers, alla à Paris où il tint des rôles dans les ballets de cour de 1666 à 1670, embauché à l’Opéra en 1673, membre de la Chapelle royale en 1675. IL quitta l’Opéra à la mort de Lully, mais continua à chanter à la Cour.

Son fils Jacques (1669 – 1722) fut chantre de la Chapelle royale, et épousa Catherine, fille du comédien Baron

Godonesche Alceste (Lycomède), Atys (Sangar), Isis (Pan), Proserpine (Jupiter), Thésée (Mars) basse-taille – après avoir été chanteur à l’Académie royale, il passa dans la Musique du roi, emploi dans lequel son fils lui succéda
Langeais Alceste (Lychas), Cadmus et Hermione (Arbas), Isis (Pirante), Proserpine (Mercure) ténor
Miracle (Jean Borel)

(? – 7 novembre 1728)

Cadmus et Hermione (le Soleil) taille – il faisait partie des six chanteurs embauchés en Languedoc dans la troupe de Perrin et Cambert, et chanta dans Pomone. Il ne tint qu’un rôle secondaire dans Cadmus et Hermione et quitta l’Opéra. Il fut survivancier en 1679 d’une place dans la musique du Roi et remplaça Nicolas Fernou en 1687. Il se retira en 1723.
Moreau Louison, dite l’Aînée Proserpine Elle débuta en 1680 dans le prologue de Proserpine, et se vit confier des seconds rôles. Elle se retira en 1692, entra au couvent, et, plus tard, se maria.
Moreau Françoise (ou Fanchon), dite la Cadette

(1668 – ?)

Acis et Galatée (Scylla), Amadis (Oriane), Armide (Sidonie) Elle débuta en 1683 dans le prologue de Phaéton, figura dans les choeurs, puis se vit confier des rôles de plus en plus importants. Elle se retira de la scène en 1701 et entra au couvent, puis épousa M. de Villiers, gentilhomme ordinaire du roi. Elle inspira une passion amoureuse à la Maupin.
Morel Antoine (? – 1710) Alceste (Charon), Atys (Idas), Isis (Argus), Proserpine (Ascalaphe), Thésée (Arcas) basse
La Prée Mlle Bellérophon (Pallas)
Rebel Jean

(? – 1692)

Alceste, Cadmus et Hermione, ténor à la chapelle royale – père de Jean-Féry Rebel dit le père
Le Rochois Marthe Marie

1650 (Caen) – 8 octobre 1728 (Sartrouville) (ou le 9 octobre, rue St Honoré à Paris)

Acis et Galatée (Galatée), Amadis de Gaule (Arcabonne), Armide (Armide), Persée (Mérope), Roland (Angélique), soprano – découverte par Colasse, elle débuta en 1678 dans Bellérophon, et tint les premières rôles jusqu’en 1698, notamment Armide et Médée. Elle ouvrit une école de chant française, qui forma Mlles Desmatins, Journet, Antier, Piesche, Ferdinand.

« Petite, maigre, très brune, point belle, elle fut l’incomparable Armide, dont le souvenir se conserva pendant tout le XVIIIe siècle. Sa mimique était un modèle pour les acteurs de la Comédie française. » (Romain Rolland)

Une légende raconte que Lully lui donna un coup de pied dans le ventre alors qu’elle était enceinte, pour lui apprendre à s’être laissée séduire. Elle passe toutefois pour avoir été sa cantatrice préférée.

Elle mourut le 8 ou le 9 octobre 1728, et fut enterrée le 10 à Saint-Eustache, à Paris

Rossignol Pierre Cadmus et Hermione (Draco) basse-taille – il fut embauché à Albi pour la troupe de Perrin et Cambert, et participa à la création de Pomone dans le rôle d’un Faune. Après avoir tenu le rôle de Draco dans Cadmus et Hermione, il rejoignit le choeur de l’Académie royale.
Saint-Christophle ou Saint-Christophe Mlle de

(1625 – 1682)

Alceste (Alceste), Atys (Cybèle), Bellérophon (Sthénoboée), Isis (Junon), Proserpine (Cérès), Thésée (Médée) réputée excellente tragédienne, elle fut engagée par Lully en 1675 pour tenir le rôle-titre d’Alceste, alors qu’elle faisait partie de la Musique du Roi. Elle assuma de nombreux premiers rôles, avant de quitter l’Opéra en 1682 pour se retirer au couvent.
Sainte-Colombe Mlle Isis (Mycène)
Thévenard Gabriel-Vincent

10 août 1669 (Orléans) – 24 août 1741 (Paris)

Psyché (Le Roi) basse-taille – Il fut attaché à l’Opéra de 1690 à 1730, reprenant les rôles de Beaumavielle dans le répertoire lulliste. Il participa à toutes les premières de Campra, créant notamment le rôle de Tancrède. Il avait l’air noble au théâtre, sa voix était sonore, moelleuse et étendue. Il était vaniteux, grossier, et porté sur la bouteille. Il reçut son brevet de musicien de la Chambre du Roi en 1722, et se maria en 1729, épousant une jeune fille dont il était tombé amoureux sans l’avoir jamais vue. Daquin dit de lui , en 1752 : Il n’était pas moins admirable lorsqu’il chantait à table ; personne n’avait autant de goût et de délicatesse, ce qui le faisait rechercher à la Cour et à la Ville par les gens les plus distingués. Il est bon de remarquer que les longs repas où il se trouvait assez assidûment ne lui altérèrent jamais le bel organe dont il était doué.
Verdier Marie Isis (Syrinx), Thésée (Prêtresse) soprano. Elle fut recrutée en 1672. Fille de violoniste, elle épousa Verdier, premier violoniste à l’Opéra. Elle tenait les seconds rôles, notamment de confidente, et se retira en 1680.

 

 

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