L’Amour malade

COMPOSITEUR Jean-Baptiste LULLY
LIBRETTISTE Francesco Buti / Isaac de Bensérade
DATE DIRECTION ÉDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DÉTAILLÉE
2000 Kevin Mallon Naxos 1 (extraits) français

 

Grand ballet (LWV 8) à dix entrées, sur un texte de Francesco Buti (L’amor malato), augmenté de saynettes comiques par Isaac de Bensérade, dansé par le roi dans la grande salle du Louvre, le 17 (ou le 20 ?) janvier 1657, repris les 21, 24 et 27 du même mois, ainsi que les 7 et 10 février.

Il exigea de longs préparatifs et se dansa devant la Cour et des ambassadeurs étrangers qui avaient patienté durant trois heures avant que le ballet commence, à neuf heures du soir.

Le Résident de Florence s’émerveilla de l‘esquisito e ben concertata musica, ainsi que de la mignificenzq delle scene che ben donna com ammiratione a conoscere essere opera di Re.

Franceso Buti fut l’ordonnateur du ballet, les vers furent écrits par Isaac de Bensérade, et on suppose que Giaacomo Torelli prit part à l’élaboration des décors.

On y vit, dans la cinquième entrée, Lully habillé en Scaramouche, entouré d’une onze docteurs, tenir un discours grotesque à un âne, et lui décerner, avec force braiments, le diplôme de « Docteur en âneries », tandis que le choeur des médecins lui chante un couplet en latin de cuisine.

La distribution comptait, parmi les danseurs, outre le Roi, le duc de Damville, le marquis de Genlis, le maréchal de Villeroy, et, parmi les chanteurs, le castrat Atto Melani, qui incarnait l’Amour malade, couché sur un lit, ainsi que Hilaire Dupuis.

Le Ballet eut beaucoup de succès, mais son titre le fit souvent confondre avec d’autres oeuvres, notamment l’Amour médecin, de Molière (1665), qui pourrait s’en être inspiré.

Les vers de Bensérade font allusion, dans le Prologue, à l’usage croissant de l’antimoine par les médecins, en dépit de l’opposition du médecin Guy Patin.
« Deux grands médecins, le Temps et le Dépit, après une petite consultation qu’ils font sur la maladie dont Amour est affligé, en présence de la Raison qui lui sert de garde, ordonne pour remède le divertissement d’un ballet facétieux, divisé en dix entrées comme autant de prises, après chacune desquelles l’un de ces consultants chante quelques vers. Et le Ballet achevé, Amour confesse aussitôt le soulagement qu’il en a reçu. » (Beauchamps)
« Décoré par Giaccomo Torelli, le Ballet de l’Amour Malade fut créé dans la Grande Salle du Louvre, le 17 janvier 1657, devant la Cour et les ambassadeurs étrangers. Lully commençait son service auprès d’un roi de dix-neuf ans, remarquable danseur.

Intéressant par sa place dans l’histoire du spectacle, le Ballet de l’Amour Malade l’est aussi par sa valeur propre, sa diversité et son enjouement. Cette ‘uvre est le plus ancien ballet de cour qui nous reste de Lully.

S’immisçant dans une forme déjà vieille de quatre-vingts ans, le jeune Florentin y introduit sa culture et sa tradition musicale, pleines de verve et de fantaisie, avec des rythmes endiablés, des sarabandes ensorcelantes, de piquantes bouffonneries. » (Compagnie L’Éventail)

 

La Bibliothèque nationale conserve un exemplaire du texte, imprimé par R. Ballard en 1657, et une copie de la partition, recopiée par Philidor l’Aîné en 1690. On dispose également du texte manuscrit, recueilli par Philidor l’Aîné en 1705.

Amour_malade_partitionAmour malade_texte manuscrit

Des extraits de la partition, copiés par Henri Foucault, sont par ailleurs conservés à la Bibliothèque de Toulouse.

Amour_malade_partition
Synopsis

Prologue : Le Temps et le Dépit, mandés par la Raison, ordonnent à l’Amour malade le remède d’un divertissement chanté et dansé.

Première entrée : Apollon

Convoquées par Apollon, les neuf Muses viennent saluer l’Amour et lui annoncer le remède qu’elles se disposent à lui présenter.

Deuxième entrée : Uranie, l’Astronomie

Deux astrologues tâchent en vain, par le moyen de leur art, à prévoir la bonne suite de leurs amours.

Troisième entrée : Thalie, la Comédie

Deux chercheurs de trésors trouvent les coffres qu’ils convoitaient ; et il en sort quatre démons qui les battent rudement.

Quatrième entrée : Polymnie, le Chant

Quatre braves galants se battent pour une querelle arrivée en la conversation qu’ils ont eue avec deux coquettes.

Cinquième entrée : Calliope, l’Eloquence

Onze docteurs reçoivent un docteur en ânerie, qui, pour mériter cet honneur, soutient des thèses dédiées à Scaramouche.

Sixième entrée : Euterpe, la Musique

Huit chasseurs vont à la chasse avec des tambours.

Septième entrée : Melpomène, la Tragédie

Des masques représentent plaisamment la fable d’Actéon, sa métamorphose en cerf cornu, et six chiens courant qui le poursuivent avec de grands abois.

Huitième entrée : Terpsichore, la Danse

Six Indiens et six Indiennes basanés portent des parasols pour se défendre du hâle.

Neuvième entrée : Erato, l’Elégie

Des bergers et bergères devisent tendrement parmi les arbres d’un riant bocage, et les oiseaux des bois leur répondent.

Dernière entrée : Clio, l’Histoire

Fait le récit burlesque d’une noce de village.

Après le ballet dansé, l’Amour se reconnaît guérit et finit ainsi le tout.

(Compagnie L’Eventail)

 

Livret disponible sur livretsbaroques.fr

 

Représentations :

Saint-Etienne – L’Esplanade – 26, 27 et 28 mars 2004 – Nantes – Maison de la Culture de Loire-Atlantique – 11 mai 2004 – Metz – L’Arsenal – 18 mai 2004 – Festival de la Chabotterie – 12, 13 août 2004Festival de Sablé – 24 août 2004 – Ensemble Stradivaria – dir. Daniel Cuiller – Compagnie de danse baroque L’Eventail – mise en scène Vncent Tavernier – chorégraphie Marie-Geneviève Massé – costumes Olivier Bériot – décor Claire Niquet – lumière Carlos Perez – avec Isabelle Desrochers, Marie-Louise Duthoit, Bernard Deletré (plus 16 danseurs, 2 acrobates, 1 marionnettiste)


Compagnie L’Eventail – présentation complète

Classica – juillet/août 2004 – 11 mai 2004« Lever de rideau du Festival du Printemps des Arts avec le Ballet de l’Amour malade de Jean-Baptiste Lully. Sous sa dénomination de « ballet de cour », l’oeuvre s’articule autour de dix divertissements entrecoupés de passages dialogués. A partir d’une partition incomplète et de très peu d’indications chorégraphiques, le trio Massé-Cuiller-Tavernier offre un moment cohérent et de toute beauté. En grande forme, la Compagnie de danse baroque L’Eventail comble nos attentes visuelles, occupant l’espace scénique avec une vitalité et un talent jusqu’à présent inégalés. Des costumes somptueux, une mise en scène et des décors aux perspectives versaillaises participent à la magie et à l’harmonie d’ensemble tandis que dans la fosse, le chef Cuiller mène ses musiciens d’un geste souple, enchaînant les tempos avec justesse, donnant le change aux mouvements du plateau. Certes, les attaques imprécises sont à regretter, mais l’ensemble Stradivaria possède un son à lui, une homogénéité orchestrale qui supplée à cette faiblesse. Côté chanteurs, l’avis peut être nuancé. Si le baryton Jean-Baptiste Dumora a une fois de plus prouvé son aisance dans le répertoire français (tant au niveau du style que de la technique et de la diction), Marie-Louise Duthoit (émission trop légère) et Anne Baquet (problèmes de justesse et de prononciation) étaient ici bien en reste. C’est dommage, mais il en faudrait plus pour gâcher l’ambiance créée sur les planches. On saluera donc essentiellement cette belle prestation chorégraphique que l’on espère voir tourner un bon bout de temps. »