CD Jupiter y Semele

L’oeuvreLe compositeur

JUPITER Y SEMELE

COMPOSITEUR

Antonio de LITERES

LIBRETTISTE

José de Cañizares

 

ORCHESTRE Al Ayre Español
CHOEUR
DIRECTION Eduardo López Banzo

Jupiter Marta Almajano soprano
Cupido Lola Casariego mezzo-soprano
Juno Soledad Cardoso soprano
Ennareta Marina Pardo mezzo-soprano
Cadmo, Satiro (rôle parlé) Jordi Ricart ténor
Ydaspes José Hernández contre-ténor
Semele (rôle parlé) Virginia Ardid

DATE D’ENREGISTREMENT Février 2003
LIEU D’ENREGISTREMENT Arta (Mallorca)
ENREGISTREMENT EN CONCERT oui

EDITEUR Harmonia Mundi
COLLECTION
DATE DE PRODUCTION mai 2003
NOMBRE DE DISQUES 2
CATEGORIE DDD

  Critique de cet enregistrement dans :

Goldberg – décembre 2003 – appréciation 4 / 5

« L’interprétation, enregistrée pendant un concert public, est pleine d’entrain et d’enthousiasme, même si elle n’est pas aussi soignée qu’elle devrait l’être, certaines interventions des violons sonnant vraiment décharnées. Vocalement, la palme va au Jupiter d’Almajano, bien que sa mauvaise diction si caractéristique soit un problème. Les interprétations de Junon par Cardoso, dont l’intonation laisse beaucoup à désirer, et du très digne Cupidon par Casariego, sont moins satisfaisantes. Les rôles restants sont bien tenus. Agréable, mais difficilement mémorable. »

Ramifications – octobre 2003

« Au coeur de l’Espagne du XVIIIème siècle, la zarzuela supplante l’opéra exclusivement chanté et plus italianisant. Le public lui préfère ce mélange des genres authentiquement espagnol où le théâtre et la déclamation se taillent sur scène une part gourmande entre musique et arias. La zarzuela actualise les principes théâtraux définis en 1609 par Lope de Vega : les unités de temps, de lieu et d’action sont disloquées, les personnages hauts placés qui interprètent la musique savante à l’italienne y côtoient ceux du peuple, chanteurs de seguedillas ou de coplas ! Et l’on doit rire, même si le sujet, souvent tiré des Métamorphoses d’Ovide, soutirerait davantage de pleurs que de réjouissances. Il en va ainsi du Jupiter et Sémélé d’Antonio de Literes. Si Jupiter et Cupidon sont incarnés par des femmes, c’est pour surprendre la salle tandis que le seul acteur masculin endosse le rôle d’un satyre dolent. Quant à Sémélé, elle ne chante pas : ce doit donc être une actrice confirmée dont le chef Eduardo Lopez Banzo, spécialiste du répertoire baroque ibérique, a dû ici, pour les besoins de l’enregistrement, réduire le texte. Il résulte de ce mic-mac de genres une étrange impression, totalement dépaysante : la vengeance de Junon, assistée de Cupidon, contre Jupiter (dont on connaît la douteuse fidélité) à travers la pauvre Sémélé amoureuse du Dieu des Dieux, dans un bariolage baroque de catastrophes spectaculaires (guerres, naufrages, incendies…), d’arias virtuoses coupés de récitatifs grandiloquents et de choeurs pleins d’entrain qui marquent l’ouverture de chaque nouvelle journée, l’ajout d’une ouverture de Domenico Scarlatti qui supplée à celle (manquante ou inexistante ? ) de Literes ainsi que de deux autres pièces instrumentales… tout ceci restitue les bigarrures invraisemblables d’une ébouriffante époque. L’apport d’Eduardo Lopez Banzo et de son ensemble Al Ayre Espanol (fondé en 1988) au répertoire baroque ibérique est inestimable, d’autant qu’ils jouent sur des instruments d’époque ou de fidèles copies. L’on pardonnera donc à cet album les quelques défaillances des solistes auxquels le souffle et la tenue échappent parfois, au détriment de l’éclat de l’ensemble de l’interprétation. Energie et tempérament dominent toutefois cette rareté du patrimoine espagnol. »

Opéramag – septembre/octobre 2003

« Captivé par le répertoire peu fréquenté du baroque ibérique, Eduardo Lopez Banzo poursuit ici son travail d’exploration en présentant la reconstitution d’une autre zarzuela du compositeur majorquin, « Jupiter y Semele ». L’oeuvre, dont l’argument mythologique provient des célèbres Métamorphoses d’Ovide qui ont inspiré bon nombre de librettistes, s’articule à partir d’une combinaison habile, qui alterne sans complexe musique d’inspiration italienne (arias) et musique traditionnelle espagnole (copias, séguedilles…). C’est de cet étonnant mariage, entre parties chantées, déclamées ou simplement parlées, que la zarzuela de cette époque semble tirer toute sa fantaisie, toute son extravagante saveur. Les ruptures de styles, de rythmes surtout, entraînées par les interventions tonitruantes des castagnettes ou encore des guitares « frappées », induisent elles aussi des changements de climats délectables. Saluons alors les instrumentistes de l’ensemble Ai Ayre Espanol dont les cordes sont bien moins acides que dans l’Acis de 1999. Parmi les chanteurs réunis sur le vif autour du sémillant Lopez Banzo, citons le vibrant Jupiter de Maria Almajano, le Cupido espiègle de Lola Casariego et l’intrigante Juno de Soledad Cardoso. Mention spéciale enfin pour Virginia Ardid qui offre sa voix mordante au rôle parlé de Semele. » 

Opéra International – septembre 2003 – appréciation 4 / 5

« Rappelons que la zarzuela est un genre typiquement espagnol mélangeant les théâtres parlé et chanté, intégrant tant des éléments populaires que l’influence de l’opéra italien. Danses, dialogues parlés – ici, le seul moyen d’expression de Semele -, récitatifs, airs, ensembles et choeurs sont autant de formes qui ne se contentent pas d’alterner, mais se croisent et se mélangent dans une structure d’une grande liberté. L’oeuvre se veut hautement spectaculaire – elle intègre ici un incendie, une tempête et une bataille -, divertissante et émouvante, concept parfaitement rendu par le présent enregistrement. D’autant plus que la partition, bien qu’ayant recours à des figuralismes assez simples, est d’une grande variété expressive, utilisant des cordes, des flûtes, des ha ut-bois et des percussions. Le chef et son orchestre sont à peu près irréprochables de bout en bout. Parmi les solistes, c’est avant tout le Jupiter de la soprano Marta Almajano qui se distingue par son excellence. Le reste de la distribu-ion est un peu moins convaincant vocalement, et parfois un peu scolaire dans les dialogues parlés. Il s’agit néanmoins d’une belle réalisation, pleine de surprises. »

Répertoire – septembre 2003 – appréciation Recommandé

« Cette nouvelle zarzuela baroque, mélange étonnant, comme pour les précédentes, d’opéra italien nouvellement assimilé et de tradition théâtrale espagnole, n’est certainement pas des trois, l’oeuvre la plus intéressante, d’autant qu’elle est tronquée et « renforcée » par des emprunts importants à d’autres compositeurs (dont Scarlatti pour l’introduction). Reste qu’ainsi interprétée, avec une telle vie, une équipe orchestrale et vocale d’une telle qualité et si soudée, cette oeuvre disparate consacrée à l’épisode bien connu de la punition de SéméLé (qui, par orgueil a demandé de voir son amant Jupiter dans toute sa gloire, et meurt brûlée vive), a de quoi soulever l’enthousiasme. Cette interprétation, grâce au chef, est en effet jusqu’en les moindres pages de la partition pleine d’effervescence, de couleurs, d’émotion, de verdeur et d’humour. Des tempêtes aux duos de vengeance, des scènes grivoises dialoguées traversées par de judicieux bruitages sonores aux danses accompagnées de percussions locales ou aux longs airs de lamentation, quelle richesse, quelle variété, et pourtant quelle cohérence il sait donner à la fable !

Les chanteurs sont à nouveau excellents, à commencer par Marta Almajano en Jupiter, lumineuse et impériale dans un rôle lourd qui, à lui seul, occupe presque l’intégralité du second disque. Les deux airs « Adiôs, dueno hermoso »et « Semele ! Mas ya muriô » figurent parmi les plus beaux de ce magnifique coffret. Le Cupidon de Lola Casariego révèle certaines fatigues mais il sait encore parfaitement séduire, par exemple dans le magnifique duo avec l’excellente Junon de Soledad Cardoso : « El Cielo, la Tierra ». Il faut également saluer la performance des rôles parlés, Virginia Ardid en Sémélé et Jordi Ricart en Satyre, qui savent tous deux parfaitement rendre l’épaisseur théâtrale, tragique pour l’une, comique pour l’autre, de leur personnage. Une réalisation magnifique donc, d’une oeuvre que l’on aimerait beaucoup voir portée à la scène. »

Le Monde de la Musique – septembre 2003 – appréciation 4 / 5

« Enregistrée sur le vif, cette interprétation rend justice à cette oeuvre qui nous est parvenue incomplète et à laquelle il a fallu ajouter une ouverture de Domenico Scarlatti et quelques morceaux instrumentaux. Seuls les réfractaires aux dialogues en espagnol (même raccourcis!) dédaigneront cette partition qu’Eduardo Lopez Banzo anime de sa fougue spectaculaire. Dominée par les voix pimentées de Lola Casariego et Maria Almajano, la distribution est exemplaire, même si on aurait aimé que les scènes dialoguées bénéficient de la même fraîcheur que les airs. »