CD Il Ballo delle Ingrate(direction Rinaldo Alessandrini)

IL BALLO DELLE INGRATE

COMPOSITEUR

Claudio MONTEVERDI

LIBRETTISTE

Ottavio Rinuccini

 

ORCHESTRE Concerto Italiano
CHOEUR
DIRECTION Rinaldo Alessandrini

DATE D’ENREGISTREMENT 1998
LIEU D’ENREGISTREMENT
ENREGISTREMENT EN CONCERT

EDITEUR Naive
DISTRIBUTION
DATE DE PRODUCTION 31 octobre 2006
NOMBRE DE DISQUES 3 ( Il Combattimento di Tancredi e di Clorinda) – Huitième Livre de Madrigaux
CATEGORIE DDD

Edité aussi en Livre-disque, coffret luxe 124 pages avec iconographies et livret musicologique

Critique de cet enregistrement dans :

Diapason – janvier 2007 – appréciation 5 / 5 – technique 7 à 8 / 10

« Ce’ disque-livre ‘est un magnifique objet, composite. Il revêt la forme d’un opuscule proposant, outre un texte de présentation d’Alessandrini, un court essai de l’écrivain Richard Millet sur ‘ la quête de la voix’. Il est agrémenté d’un ‘ parcours iconographique ‘ parmi une quinzaine de tableaux de divers peintres européens de la Renaissance et du Baroque, offrant d’harmonieuses correspondances visuelles à l’atmosphère madrigalesque monteverdienne.

Trois disques sont adjoints deux reprennent des enregistrements réalisés voici près de dix ans par Alessandrini. Ils réunissaient les oeuvres dramatiques in stile rappresentativo (le Combattimento, le Ballo delle in­grate et le Lamento della ninfa) et les grands madrigaux concertants du 8e Livre. Seul le troisième disque constitue une nouveauté. Il propose les oeuvres les moins connues du testament musical de Monteverdi le ballo panégyrique Volgendo il ciel et les madrigaux da camera pour deux, trois et cinq voix et basse continue.

Ce ‘ complément ‘ et les concerts donnés le printemps dernier à la Cité de la Musique (6e et 8e Livres) font regretter qu’Alessandrini n’ait pas enregistré le cycle entier avec la formation actuelle du Concerto Italiano, comme il l’a fait récemment pour le 6e Livre, treize ans après sa première version. En effet, le renouvellement des chanteurs a permis d’allier, aujourd’hui mieux qu’hier, la beauté vocale des voix méditerranéennes à l’assurance technique indispensable pour ces compositions terriblement exigeantes. En témoignent l’éblouissant « Mentre vaga angioletta » à deux ténors, d’une beauté plastique et d’une vaillance perpétuellement convaincantes, ou encore le madrigal ‘à la française’ « Chi vol aver felice », illuminé par la voix cristalline d’Anna Simboli. Ici comme dans tout le disque, les contre-ténors ont disparu au profit de ténors aigus, pouvant user passagèrement des registres mixtes ou de fausset. Les polyphonies y gagnent beaucoup en lisibilité, en équilibre et en cohésion. De plus, la lecture d’Alessandrini s’est considérablement affinée, aussi soucieuse de l’architecture d’ensemble que de détails. Ainsi, le ballo « Volgendo il ciel » devient un modèle d’équilibre entre suavité lyrique, sincérité théâtrale et pure jouissance sonore, tandis que « Ninfa che, scalza il piede » est un joyau de préciosité poétique et de délicatesse expressive. Quelque peu inégale, cette intégrale offre néanmoins une alternative heureuse à la seule version de référence disponible à ce jour, celle de René Jacobs. »

Altamusica

« Il ne manquait au 8e Livre vu par Rinaldo Alessandrini qu’une poignée de madrigaux, notamment les duos de ténors, pour être la référence de cet aboutissement de l’art monteverdien. Près de dix ans après les deux premiers volumes, le voici enfin complet, dans une édition luxueuse au parcours iconographique aussi riche qu’éloquent, où les palettes de Botticelli, Rubens, du Caravage et du Tintoret rivalisent avec les figuralismes du compositeur crémonais. Et cette parution est d’autant plus passionnante qu’elle témoigne de l’évolution d’un chef qui, le premier, sut pleinement restituer ce répertoire à son idiome vocal et poétique, grâce à un groupe de chanteurs exclusivement italiens.

Il est indéniable que les nouvelles voix du Concerto Italiano pâtissent de la présence immédiate des anciennes, qui ont depuis pris leur indépendance en fondant la Venexiana, et qu’il leur manque ce souffle audacieux qui traverse les deux premiers volumes. Mais malgré des options interprétatives moins extrêmes, la griffe d’Alessandrini demeure, à l’affût de la moindre dissonance, exacerbant les contrastes chromatiques et rythmiques en jouant de la ductilité des tempi ‘ vingt-cinq minutes de plus que René Jacobs sur l’ensemble du Livre ‘, illustrant avec ardeur la notion de sprezzatura.

Cette approche au scalpel se révèle paradoxalement d’une totale liberté poétique, culminant dans un Hor che’l ciel e la terra plus que jamais hors du temps. Et, sommet absolu, le Combat de Tancrède et Clorinde, porté par la déclamation d’une clarté naturelle et habitée de Roberto Abbondanza, est le plus puissamment évocateur, osons même dire le plus réaliste de la discographie. Alessandrini et son éditeur nous doivent désormais une Selva morale e spirituale. »

 Le Monde de la Musique – février 2007 – appréciation CHOC

  « Il ne manquait àRinaldo Alessandrini que quelques madrigaux (contenus dans le troisième CD de ce coffret) pour compléter « son» Huitième Livre de Monteverdi. L’éditeur en a profité pour réunir l’ensemble, enregistré sur huit ans, dans un livre-disque (plus livre que disque par sa forme, d’ailleurs) magnifiquement illustré, avec des textes de présentation du chef et de Richard Millet. Le luxe de cette édition est comme un pied de nez à la dématérialisation annoncée du disque.

L’interprétation de Rinaldo Alessandrini est une les plus réussies de ce chef-d’oeuvre, où Monteverdi atteint à la fin de sa vie la perfection du genre tout en lui assenant le coup de grâce. Tandis que, parmi les versions récentes, René Jacobs (Harmonia Mundi) ou Claudio Cavina (Glossa) font de chacune de ces pages, avec des moyens très différents, un drame en miniature, le souci d’Alessandrini semble consister à ne jamais forcer la nature de cette musique, à éviter le moindre effet, à chercher les demi-teintes plutôt que les couleurs vives.

Le superbe Combattimento di Tancredi et Clorinda, porté par le Testo magnifique de Roberto Abbondanza, donne le ton à tout le recueil, aux côtés deHor che’l ciel e la terra, merveille de subtilité expressive. Cette élégance du geste, cette souplesse de la phrase, tout en honorant le style concitato (agité) truffé de contrastes et surprises, constituent le marque de fabrique d’Alessandrini et de ses chanteurs, qui offrent partout le modèle d’un véritable « bel canto » monteverdien. »

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