CD Hercules (1967)

HERCULES

COMPOSITEUR

Georg Friedrich HAENDEL

LIBRETTISTE

Thomas Broughton

 

ORCHESTRE WienerRundfunkorchester
CHOEUR Wiener Akademichor
DIRECTION Brian Priestman

Iole Teresa Stich Randall
Dejanira Maureen Forrester
Hyllus Alexander Young
Hercules Louis Quilico
Lichas Norma Lerer
Le Prêtre Baruch Grabowski
First Trachiner Gerhard Eder

DATE D’ENREGISTREMENT 1967
LIEU D’ENREGISTREMENT
ENREGISTREMENT EN CONCERT non

EDITEUR RCA Victor
COLLECTION
DATE DE PRODUCTION
NOMBRE DE DISQUES
CATEGORIE LP

  Critique de cet enregistrement dans :
L’Avant-Scène Opéra – n° 221 – juillet/août 2004

« Fondateur de l’Opera da Camera et de l’Orchestra da Camera de Birmingham, puis directeur musical du Royal Shakespeare Theatre (1960-63), le chef anglais Brian Priestman avait acquis une certaine notoriété dans les années soixante à la tèêe de l’Orchestre Symphonique d’Edmonton (Canada). Sous l’égide de l’American Haendel Society, il réalisa le premier enregistrement commercial de Hercules, qui quatorze années durant demeura le seul disponible. Sa réalisation est à considérer aujourd’hui comme le témoignage d’une esthétique d’un autre temps. Elle appartient à une époque de transition, entre la prise de conscience des dérives stylistiques postromantiques et le développement des interprétations historicisantes. Priestman se veut le plus respectueux possible du texte original : il suit l’orchestration de Haendel (à quelques doublures violons-trompettes près) et envisage les coupures dans un cadre raisonnable. Il supprime deux airs de Lichas (« The smiling hours » et « He, who for Atlas prop’d the sky »), le duo Hyllus-Iole et quelques récitatifs (surtout dans l’acte III). Seules certaines arie da capo sont privées de leur partie centrale et de leur reprise.

La démarche scrupuleuse de Priestman confine cependant à la tiédeur, et sa lecture manque de chair et de caractère. L’ouverture livre déjà les grandes lignes de l’interprétation. Le Grave se veut majestueux, mais se révèle trop pesant. L’Allegro se distingue par l’extrême lisibilité de son contrepoint, tandis que le Menuet renoue avec une lenteur pompeuse, qui interdit toute reprise et instille un vague ennui. L’orchestre est des plus satisfaisants, mais on regrette que l’image sonore soit défigurée par un clavecin à la présence artificielle. Les choeurs, mis à part quelques problèmes de justesse parmi les sopranos, sont très honorables. Dans les grandes pages chorales, la direction de Priestman apparaît analytique et efficace, jamais grandiloquente. Elle ménage une belle progression dramatique dans « Tyrants now », souligne avec intelligence les contrastes d’écriture de « Jealousy », et imprime au choeur final un mouvement élégant, reflétant un véritable souci chorégraphique.

La distribution fait aujourd’hui encore rêver, mais elle n’est ni cohérente, ni pleinement convaincante. Maureen Forrester, timbre magnifique s’il en est, avait tout pour former une Déjanire idéale. La scène de la folie est d’une puissance dramatique extraordinaire, entre révolte et plainte, introspection et lamentation. Hélas, la voix n’est pas exempte de problèmes de justesse, et ses vocalises sont souvent laborieuses. Mais elle rend toute la complexité de ce personnage empli de contradictions. « When Beauty» est un modèle de beauté sereine, « Resign thy club » revêt d’une légèreté presque badine, tandis que « Cease ruler of the day » irradie un poignant pathétisme. Ainsi, au-delà des problèmes techniques qui émaillent son interprétation, l’incarnation du personnage est une des plus crédibles qui soient. Alexander Young incarne un magnifique Hyllus, viril et héroïque. La diction est somptueuse et la virtuosité impressionnante dans les variations ornementales des da capo. Il offre une Sicilienne aux aigus parfois douloureux, mais d’une élégance de phrasé confondante. En revanche, Louis Quilico est un Hercule décevant: la voix est lourde, manque de graves et surtout de clarté dans la vocal isation. L’air « Alcide’s name » souligne avec cruauté tous ces défauts. On doit à Teresa Stich-Randall les plus beaux moments de cet enregistrement. Le timbre est lumineux, la voix agile et précise jusque dans les ornements les plus abondants. Elle ose une articulation renouvelée dans les vocalises, et tend naturellement à une légère inégalisation rythmique, anticipant en cela une pratique que généraliseront plus tard les « baroqueux ». Mais son staccato incisif et ses trilles parfois agressifs paraîtront à certains peu gracieux. Elle offre toutefois le plus merveilleux « Peaceful rest » de cette discographie. Pour ce seul moment magique, cette version mérite de rester dans toutes les mémoires. »

Opéra International – février 1993

« Un ensemble de très remarquables artistes…Cet enregistrement ne vit plus que par la seule magie vocale de ses interprètes princcipaux. Malheureusement, l’orchestre et les choeurs ne participent plus à notre joie, conférant à l’ensemble un ton général gris et neutre. »