Il Pastor Fido (Le Berger fidèle)

COMPOSITEUR Georg Friedrich HAENDEL
LIBRETTISTE Giacomo Rossi d’après Giovanni Battista Guarini
ENREGISTREMENT ÉDITION DIRECTION EDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DÉTAILLÉE
1961 2003 Ennio Gerelli Warner Fonit 2 italien
1988 1994 Nicholas McGegan Hungaroton 2 italien
2010 2012 David Bates Harmonia Mundi 2 italien

 
Opéra (HWV 8a) sur un livret de Giacomo Rossi, d’après la pièce de Giovanni Battista Guarini (1589), terminé le 24 octobre 1712, représenté sous le nom de The Faithful Sheperd au Haymarket de Londres, le 22 novembre 1712, pour 6 représentations jusqu’au 27 décembre, et le 21 février 1713.

La distribution réunissait Valeriano Pellegrini, dit Valeriano, soprano castrat (Mirtillo), Francesca Margherita de L’Epine, dite la Margherita, soprano (Eurilla), Elisabetta Pilotti-Schiavonetti, dite Pilotti, soprano (Amarilli), Valentino Urbani, dit Valentini, alto castrato (Silvio), Jane Barbier, alto (Dorinda), Richard Leveridge, basso (Tirenio).

Giovanni Battista Guarini (1538-1612)Il Pastor fido

Haendel était revenu à Londres à l’été 1712, après avoir obtenu un congé de l’Électeur de Hanovre. Il s’était installé dans la maison londonienne d’un amateur de musique, Andrews. Rossi, le librettiste de Rinaldo, rédigea en hâte le texte de opéra pastoral d’après la pièce de Guarini. Le Théâtre de Haymarket était alors dirigé par Mac Owen Swiney qui avait remplacé Aaron Hill.

L’œuvre n’eut que peu de succès.

 

L’œuvre, remaniée (deux nouveaux airs et divers emprunts), fut reprise au King’s Theatre à la fin de la première saison de la Troisième Académie, en mai 1734, pour treize représentations du 18 mai jusqu’au 6 juillet. La distribution réunissait : Giovanni Carestini, dit Cusanino, mezzo-soprano castrato (Mirtillo), Anna Maria Strada del Pò, soprano (Amarilli), Margherita Durastanti, soprano (Eurilla), Carlo Scalzi, soprano-castrato (Silvio), Maria Caterina Negri, contralto (Dorinda), Gustavus Waltz, basse (Tirenio).

A nouveau remanié et augmenté d’un ballet-prologue Terpsichore (HWV 8b) et de ballets (*) dans chaque actes (HWVc), l’oeuvre constitua la reprise de la seconde saison de la Troisième Académie, le 9 novembre 1734, pour cinq représentations jusqu’au 23 novembre, à Covent Garden.

(*) ballet des Chasseurs, baller des Bergers et Bergères, ballet final

En effet, J. J. Heidegger, propriétaire du Haymarket, n’ayant pas renouvelé le contrat de location de la salle, Haendel avait conclu un accord avec John Rich, qui produisait des spectacles à Covent Garden. La distribution réunissait Giovanni Carestini, dit Cusanino, mezzo-soprano castrato (Mirtillo), Anna Maria Strada del Pò, soprano (Amarilli), Maria Rosa Negri, contralto (Eurilla), John Beard, ténor (Silvio), Maria Caterina Negri, contralto (Dorinda), Gustavus Waltz, basse (Tirenio). John Beard chantait son premier rôle sous la direction de Haendel.

John Beard

Mlle Sallé brilla dans le ballet à la française et contribua au succès. On pense qu’elle participa à la conception de ce ballet de circonstance, spécialement écrit à son intention, qui s’inspire du prologue des Fêtes grecques et romaines de Colin de Blamont, avec une paraphrase des Caractères de l’amour, ou des Caractères de la danse, mis en pantomime, que Haendel avait dû voir interprété par Mlle Sallé la saison précédente.

Mlle Sallé

L’argument est le suivant : Apollon raconte à Erato qu’il a quitté le Parnasse pour juger si sa nouvelle Académie (le théâtre de Covent Garden) est digne de lui, et demande à la muse de la Poësie si Terpsichore n’y viendra point. Erato répond que sa sœur ne saurait être loin, et en effet, Terpsichore (Mlle Sallé) fait son entrée.

Apollon et Erato, en un duo, l’engagent à s’unir à leurs harmonieux accords, et la muse de la Danse répond aussitôt en exécutant une sarabande sur le thème du duo. Puis elle dépeint les transports d’un amant, sur air de gigue.

Après un nouveau duo, elle change de danse et exécute plusieurs figures, figurant les craintes et les espoirs d’un cœur jaloux.

Enfin, après avoir représenté la rapidité & les vents par une danse très animée, qui provoque l’admiration d’Apollon et Erato, elle disparaît au milieu d’un chœur final.
Synopsis

En Arcadie, pays de bois et de fontaines

Mirtillo prend la nature à témoin de son amour pour la nymphe Amarilis. Celle-ci, promise par Diane à Silvio, n’aime que Mirtillo, mais affecte en sa présence une grande froideur. Le jeune homme, désespéré par son dédain, se confie à Eurilia – secrètement éprise de lui – qui lui promet d’intercéder en sa faveur auprès d’Amarilis. Apparaît ensuite Silvio qui invoque Diane : il jure de se consacrer à la déesse de la chasse et de ne jamais succomber aux pièges de l’Amour. Il repousse Dorinde, qui lui témoigne une ardente passion. On nous montre ensuite Eurilla, profitant du sommeil de Mirtillo pour passer à son bras une couronne de fleurs : elle suscite ainsi à la fois de vaines espérances chez le jeune homme et la jalousie d’Amarilis. Entre-temps, Silvio dédaigne une fois de plus la pauvre Dorinde : il finira toutefois par rendre les armes et lui jurer son amour. Mirtillo et Amarilis sont eux aussi enfin réunis. Tirrenio, grand prêtre de Diane, célèbre le double mariage après avoir sauvé la jeune nymphe d’un piège mortel tendu par Eurilla. (Dictionnaire chronologique de l’Opéra – Le Livre de Poche)

 

Livret en français (deuxième & troisième versions, avec le prologue Terpsicore) disponible sur livretsbaroques.fr

 

« Créé le 22 novembre 1712, avec une distribution modeste, celui-ci reçoit un accueil glacial et disparaît de l’affiche après six représentations pour n’être redonné en l’état qu’une fois, le 21 février 1713. Vingt-deux ans plus tard, Haendel remet son ouvrage sur le métier et procède à de profonds remaniements. Il faut dire qu’en mai 1734, il dispose d’un trio de stars : Giovanni Carestini, la Strada et la Durastanti, qui débarquent avec leurs airs de malle. Le maestro cède à leurs caprices et ne retient que 8 numéros sur les 32 de la version antérieure, empruntant également des chœurs à sa sérénade Il Parnasso in festa. La production rencontre plus de succès et tient treize représentations. En novembre, pour l’ouverture de son nouveau théâtre de Covent Garden, John Rich invite Haendel et engage aussi la troupe de danseurs de Marie Sallé. Le compositeur reprend Il Pastor fido,écrit deux nouveaux airs (l’un pour Carestini, l’autre pour le ténor John Beard qui rejoint la distribution en Silvio), ajoute un prologue bien évidemment dansé et chanté, Terpsicore, puis couronne chaque acte d’un ballet. Cet ultime avatar, qui relève presque du pasticcio, sera donné cinq fois avant de sombrer lui aussi dans l’oubli jusqu’à sa résurrection à Drottningholm, en 1969. Succédant à John Eliot Gardiner au festival de Göttingen, Nicholas McGegan l’y programmera avant de l’immortaliser pour les micros d’Hungaroton (1988). Remontée à Côme (1959), Vicenza (1961) et Abingdon (1971), la version originelle d’Il Pastor fido n’a quant à elle jamais conquis le public moderne et résiste sans doute plus difficilement à l’épreuve de la scène.

Nous comprenons sans peine le désarroi des Londoniens : Il Pastor fido n’a d’opéra que le nom et cette aimable pastorale, au charme indéniable mais privée de tout ressort dramatique, jure d’autant plus avec le spectacle grandiose offert quelques mois plus tôt par Rinaldo ! Là où Ivan Alexandre et Jean-Luc Macia admirent « un puits de grâces – jamais mignardes -, de sentiments subtils et d’images sonores heureusement composées », nous partageons d’abord les réserves de Winton Dean et John Merrill Knap devant les carences théâtrales de l’œuvre et la psychologie sommaire de ses protagonistes, faiblesses dont Haendel porte tout autant la responsabilité que son librettiste. En ramenant la célèbre pièce de Guarini à trois actes et six personnages, Giacomo Rossi déséquilibre sa structure et compromet la lisibilité de son intrigue. Mais loin d’arranger les choses, le compositeur sabre dans les récitatifs au point que Rossi se sent obligé de rétablir dans le programme de salle une vingtaine de vers pour permettre aux spectateurs de suivre un minimum l’action !  » (Forum Opéra)

 

Indifférent au théâtre, Haendel cherche moins à surprendre qu’à plaire. Il y parvient souvent, surtout en recyclant et en agençant habilement des pages principalement composées lors de son séjour en Italie (Rodrigo, Agrippina, La Resurrezione ou encore des cantates telles que Tu fedel, tu costante). La scène de sommeil du deuxième acte est une pure merveille: à la tendre plainte de Marie-Madeleine extraite de La Resurrezione (« Ferma l’ali »), habillée de nouvelles paroles (« Caro amor »), succède une autre cavatine, en do mineur, « Occhi belli », irréelle et baignant dans une atmosphère de thriller, où le musicien tire des effets prodigieux de l’orchestre (violons et violoncelle en pizzicato, clavecin noté arpeggiato per tutto). Curieusement, à cette œuvre bucolique et délicate, Haendel réserve une de ses plus colossales ouvertures, six mouvements (près de vingt-cinq minutes dans le présent enregistrement !) d’une remarquable facture et qui constituent probablement une suite indépendante écrite en d’autres circonstances.

Représentations :

Londores – RCM Britten Theatre – 21, 22, 24, 25 mars 2010 – Festival Haendel de Londres – dir. Laurence Cummings – mise en scène John Ramster – décors, costumes Bridget Kimak – chorégraphie Mary Collins – lumières Jake Wiltshire – avec Jake Arditti / Philip Jones (Apollo), Suzanne Shakespeare / Lorna Bridge (Erato), Christopher Lowrey / Ben Williamson (Mirtillo), Eleanor Dennis / Susanna Hurrell (Amarilli), John McMunn / Anthony Gregory (Silvio), Audrey Kessedjian / Rosie Aldridge (Dorinda), Annabel Mountford / Emilie Alford (Eurilla), Sam Evans / Edward Grint (Tirenius)

Château de Èeský Krumlov – Early Music Festival – 20 juillet 1997 – Ambassade d’Allemagne à Prague – 24 juillet 1997 – Telè na Moravì – Festival Krajina hudby – 26 juillet 1997 – Jaromìøice nad Rokytnou – 2 août 1997 – en version de concert – Czech Handel Society – Academica Praha – dir. Ondøej Macek

Case Western Reserve Universisty – 3, 4 mai 1996 – chorégraphie originale de Julie Andrijeski – verssion de 1734

Karlsruhe – Festival Haendel – 18 février au 28 mars 1994 – dir. Charles Farncombe – mise en scène et chorégraphie Ivo Cramér – décors Heinz Balthes – costumes Dominique Delouche

Halle – Festival Haendel – 1992 – London Handel Orchestra – London Handel Society – dir. Denys Darlow – mise en scène Ceri Sherelock – décors Eryl Ellis – costumes John Foley

 

Halle – Festival Haendel – 1985 – Académie de Musique de Leipzig – dir. Christian Kluttig – mise en scène relate Oeser – décors Harry Kleinhengel

Versailles – 2 mai 1963 – dir. E. Gerelli – première exécution en France

Vicence – Teatro Olimpico – I Commedianti in musica – dir. Ennio Gerelli – mise en scène Filippo Crivelli – scénographie Bice Brichetto – chorégraphie Nives Poli