Publio Cornelio Scipione (Publius Cornélius Scipion)

COMPOSITEUR Giovanni Antonio GIAI
LIBRETTISTE Antonio Salvi

 

Dramma per musica, sur un livret en trois actes d’Antonio Salvi, datant de 1704, représenté au Teatro Regio de Turin durant le carnaval 1726.

Reprise à Vienne en septembre 1735.
Argument

Scipion, ce fameux Scipion, qui fut par la suite surnommé l’Africain, lors de la prise de Carthagène, alors qu’on lui avait amené comme prisonnière au nombre des esclaves une belle jeune fille dont l’histoire tait le nom, s’éprit d’elle. Ayant ensuite appris qu’elle était promise comme épouse à Allucius, prince des Celtibères, il fit veiller sur elle aussi jalousement que si elle eût été chez son propre père, dont on ne connaît cependant pas le nom. Peu après, des ambassadeurs arrivèrent avec de riches présents, envoyés à Scipion par les parents ; il les fit attendre, et, ayant fait venir le prince son fiancé, non seulement il la lui rendit sans l’avoir touchée, mais il lui laissa en plus, comme un supplément de dot, tous ces précieux cadeaux qu’il avait reçus des parents. Telle est l’histoire racontée par Tite-Live dans la [3e] décade.

Le reste est inventé. On a changé le nom d’Allucius pour mieux l’adapter à la musique ; dans d’autres drames, il a été appelé Luceo ou Luceio.

On proteste que les mots de Destin, Fortune, Sort, Fatum, Enfer, Paradis, adorer, divinité, déité et autres semblables, ne doivent être compris que comme jeux courants de la poésie, et non autrement.

 

Personnages : Publius Cornélius Scipion (Publio Cornelio Scipione), surnommé plus tard l’Africain, consul et général de l’armée romaine ; Lucéius (Luceio), prince des Celtibères, fiancé à Bérénice (Berenice), fille d’Hannon, gouverneur de Carthagène ; Armira (Armira), fille d’Indibilis, roi des Illergètes, captive de Marcius (Marzio), capitaine de Scipion ; Celse (Celso), confident de Scipion ; Bomilcar (Bomilcare), ambassadeur d’Hannon auprès de Scipion ; Zaïde (Zaida), vieille nourrice d’Armira ; Siphon (Sifone), soldat romain, serviteur de Scipion.

L’action se passe à Carthage la neuve, actuellement Carthagène en Espagne.

 

Synopsis (*)

(*) Ce synopsis concerne le livret original d’Antonio Salvi créé en 1704 à Livourne, au teatro San Sebastiano (compositeur inconnu), qui fut sérieusement élagué pour la représentation à Turin en 1726.

Acte I

Sc. I-II : dans Carthagène prise, Scipion et Celse crient victoire. Marcius offre la captive Bérénice à Scipion, qui, sans savoir qui elle est, se sent déjà déchiré entre amour et vertu. Il la confie à la garde de Celse. Bérénice apprend à celui-ci qu’elle est fiancée au prince Lucéius, pour la vie duquel elle est inquiète. Celse l’invite à espérer.

Sc. IV à VI : le capitaine Siphon (nom choisi comme paronyme de Scipion) reçoit Armira, fille du roi des Illergètes, et sa nourrice Zaïde, qui demandent audience à Scipion. Armira est désespérée, car elle a tout perdu : parents, trône ; et le libidineux Marcius a des vues sur elle, qui préfèrerait mourir.

Sc. VII : pendant que Scipion reçoit Armira, Zaïde s’inquiète : peut-on les laisser seul à seule ? Siphon la rassure, puis suggère qu’il épouserait volontiers la jeune fille. Zaïde le remet à sa place : Armira est fille de roi ; elle essaie de se placer elle-même, mais à son tour, Siphon la rejette.

Sc. VIII à X : Lucéius, déguisé en soldat romain, s’est introduit chez Bérénice, qu’on entend chanter en coulisse. Il est intercepté par Celse, qui lui révèle la passion éprouvée par Scipion, et lui propose son aide, car il lui a d’anciennes obligations.

Sc. XI à XIV : Marcius chante son désir pour Armira. Hélas pour lui, Scipion a assuré sa protection à cette dernière, qu’il va loger avec Bérénice. Armira vient d’éprouver un choc devant Scipion : est-ce cela, l’amour ? Zaïde, elle, se sent démanger depuis la scène avec Siphon.

Sc. XV à XVII : malgré les appels à la prudence de Celse, Lucéius insiste pour voir Bérénice. Il la trouve inquiète : elle craint que Scipion ne le fasse périr comme rival.

Sc. XVIII-XIX : Scipion arrive, accompagné d’Armira, qui découvre la jalousie en le voyant en extase devant Bérénice. Il confie Armira à Celse, avant de découvrir Lucéius. Pour sauver celui-ci, Bérénice l’accuse d’être un imposteur qui en veut à son honneur. Resté seul, Lucéius se croit abandonné au profit de Scipion, et souhaite sa mort.

Acte II

Sc. I à III : Armira prend goût à la captivité, qui la rapproche de Scipion. Zaïde l’aide à se faire une beauté, avant de critiquer l’abus moderne des cosmétiques. Marcius vient faire valoir ses droits sur Armira, malgré les ordres de Scipion. Elle l’assure de sa haine inextinguible. Marcius la désire d’autant plus.

Sc. IV : scène bouffe entre Zaïde, qui essaie de réparer des ans l’irréparable outrage, et Siphon, qui fait d’abord semblant d’être séduit par le résultat, avant de la repousser brutalement.

Sc. V-VI : Lucéius désespéré veut mourir ; Celse essaie de le convaincre que l’infidélité apparente de Bérénice n’est qu’une ruse, mais Lucéius reste furieux.

Sc. VII à X : Bérénice tremble encore du péril auquel Lucéius a échappé, et préfèrerait le voir s’exiler plutôt que risquer sa vie. Lucéius lui fait une scène de jalousie ; elle sort. Celse frémit de voir où conduit l’amour.

Sc. XI : Scipion a reconnu Lucéius, et craint de faire passer une jalousie personnelle pour une défense de l’intérêt public. Mais il ne peut se défaire de son amour.

Sc. XII-XIII : on annonce l’arrivée de Bomilcar, ambassadeur d’Hannon, chef carthaginois et pèrede Bérénice. Au passage, Marcius redemande Armira ; Scipion la lui promet : il l’aura quand lui, Scipion, épousera Bérénice. Marcius, naïvement, reprend espoir.

Sc. XIV-XV : Armira apprend l’arrivée de l’ambassade ; mais au fond, elle préfèrerait ne pas être rachetée. Survient Lucéius : Armira lui retourne le couteau dans la plaie en soutenant qu’il est impossible de ne pas être séduite par Scipion. Lucéius se fait connaître comme roi, elle comme reine, ils fraternisent, elle lui donne la main en signe d’alliance.

Sc. XVI : Survient Bérénice, qui interprète à tort ce serrement de main. Les deux jeunes filles s’accusent mutuellement d’inconduite.

Sc. XVII : Quand Scipion entre, Lucéius l’invite à se battre. Scipion le fait arrêter, il se dit enchanté, puisqu’il veut mourir.

Sc. XVIII à XIX : Armira dissipe le malentendu avec Bérénice. Celle-ci reproche à Lucéius d’avoir tout gâché par ses soupçons. Lucéius appelle la mort de ses v’ux.

Acte III

Sc. I : Marcius informe Bomilcar de l’amour de Scipion. Bomilcar y voit d’intéressantes possibilités politiques.

Sc. II-III : Siphon met en place les troupes. Zaïde lu demande de lui lire une lettre qu’elle vient de recevoir d’Afrique. Après un déchiffrage plein de confusions comiques (et intraduisibles), elle apprend la mort de sa s’ur qui lui lègue une petite fortune. Siphon voit en elle un parti intéressant et se propose. Elle va y réfléchir.

Sc. IV à VI : Marcius apprend à Scipion que Bérénice est fille d’Hannon et qu’un mariage aurait d’intéressantes conséquences diplomatiques. Scipion délibère. Il sonde Bérénice, qui lui déclare son amour pour Lucéius. Pour la mettre à l’épreuve, il feint de lui imposer le mariage avec lui, au nom de Rome.

Sc. VII-VIII : Bérénice est désespérée et prend Celse à témoin ; celui-ci est partagé.

Sc. IX à XI : Bomilcar annonce à Armira qu’on vient demander sa liberté, ce dont elle n’est pas enchantée. Puis il expose le projet d’union à Bérénice, qui envisage plutôt la mort.

Sc. XII-XIII : Armira suggère à Bomilcar qu’elle se dévouerait volontiers pour remplacer Bérénice ; mais c’est impossible en raison de son titre de reine. Elle commence à songer à renoncer à son amour.

Sc. XIV à XVII : dans son cachot, Lucéius appelle la mort. Celse lui amène Bérénice et l’informe du projet de mariage. L’horreur que montre Bérénice pour ce projet finit par le convaincre de sa fidélité. Resté seul, Lucéius craint toujours, malgré les assurances de Celse, de voir son amour sacrifié à la raison d’État.

Sc. XVIII : longue tirade délibérative de Scipion, où Amour et Raison s’affrontent sous forme de prosopopée. C’est la Raison qui gagne.

Sc. XIX : Bomilcar offre à Scipion de riches présents et la main de Bérénice. Scipion diffère sa réponse.

Sc. XX : pour commencer, Scipion rend sa liberté à Armira.

Sc. XXI : Lucéius, qu’on amène enchaîné, reste menaçant. Scipion lui donne Bérénice.

Scène finale : Scipion remet Lucéius à Bérénice, et leur donne les présents à lui offerts par Bomilcar. Devant cet exemple de vertu, Marcius renonce à Armira, – et Siphon à Zaïde.

(*) page réalisée par Alain Duc
Livret en français disponible sur livretsbaroques.fr

Livret original (en italien et en allemand)