CD Acis and Galatea (2003)

ACIS AND GALATEA

COMPOSITEUR

Georg Friedrich HAENDEL

LIBRETTISTE

John Gay, d’après Congreve

 

ORCHESTRE Les Boréades
CHOEUR
DIRECTION Eric Milnes

Galatea Suzie LeBlanc soprano
Acis Mark Bleeke ténor
Damon Marc Molomot ténor
Polyphemus Nathaniel Watson baryton

DATE D’ENREGISTREMENT 2003
LIEU D’ENREGISTREMENT
ENREGISTREMENT EN CONCERT

EDITEUR Atma Classique
DISTRIBUTION Intégral
DATE DE PRODUCTION octobre 2003
NOMBRE DE DISQUES 2
CATEGORIE DDD

  Critique de cet enregistrement dans :

Goldberg – juin 2004 – appréciation 5 / 5

« Le chef d’orchestre invité Eric Milnes prête attention a tous les détails de l’interprétation instrumentale, et exige des excellents chanteurs un effort supplémentaire pour supporter des rythmes et des dynamiques très soutenus et parfois précipités. Les interprètes des principaux rôles (la Galatea de LeBlanc, l’Acis de Bleeke et le Polyphemus de Watson) possèdent une excellente technique et un timbre agréable, et le jeune ténor Marc Molomot est une surprise agréable. Le résultat est une impression agréable et attrayante de grande énergie et de vitalité, qui était en somme ce que Haendel tentait d’obtenir avec son ambitieux projet d’alternative nationale anglaise à l’opéra italien vers la fin de la deuxième décennie du XVIIIe siècle. »

Le Monde de la Musique – décembre 2003 – appréciation 3 / 5

« Cette nouvelle version, québécoise, propose le texte « original» de 1718 et limite l’effectif à un instrument par partie (un seul violoncelle, pas de basson). Comme souvent, l’air unique du berger Corydon (« Would you gain the tendrer creature », acte II) est confié à Damon. La légèreté de l’ensemble orchestral permet une articulation très fine que ne brouilleront jamais des tempos plutôt vifs. Eric Mimes sait contraster les épisodes (le premier choeur du second acte), varier les climats, passer de la tendresse à la menace (l’arrivée de Polyphème) et colorer cette pastorale (les accents rustiques du choeur introductif) aux origines siciliennes, même s’il ne saurait prétendre à la poésie aérienne de John Eliot Gardiner. Les chanteurs ne se montrent malheureusement pas à la hauteur des enjeux dramatiques. Suzie LeBlanc, dont le timbre évoque celui de Nancy Argenta, incarne une Galatée plus décorative que frémissante. Nathaniel Watson trompette un peu trop et durcit ses vocalises dans « O ruddier than cherry ». Polyphème semble du coup plus furieux qu amoureux de la nymphe. Les deux ténors représentent cependant les deux maillons faibles de cet enregistrement qui, malgré des qualités (les ensembles, notamment), doit se contenter d’une place secondaire dans une discographie abondante et riche. »

Répertoire – décembre 2003 – appréciation 6 / 10

« Acis & Galatea est une oeuvre à l’image de la campagne anglaise : pastorale, riante et délicate. Cette nouvelle version de l’oeuvre en accentue encore l’atmosphère bucolique. L’orchestre Les Boréades est d’une très belle sonorité, et le chef, Eric Milnes, montre une grande attention à La clarté poLyphonique, au phrasé et à l’accentuation. Les différents soli sont remarquables : hautbois moelleux de l’ouverture, flûtes virtuoses dans l’air « Hush ye pretty warbling quire », violons dans la reprise du duo «Happy we ». On regrette cependant un certain manque de nuances et de couleurs parfois – dans les da capo surtout. L’impression générale est trop uniformément « jolie » et pastel, certes en accord avec le caractère de l’oeuvre, mais des chefs comme Gardiner sont allés plus loin dans la recherche de contrastes. Les solistes chantent aussi les choeurs, et la réussite de ces ensembles surpasse les performances individuelles. Le choeur d’ouverture « Oh ye the pleasures of the plain » impose une perfection d’intonation, d’articulation et d’homogénéité qui trouve son point culminant dans la phrase finale « Ah the gentle Acis is no more » du superbe choeur de déploration « Mourn all ye Muses ».

Prises individuellement, les prestations des chanteurs sont moins exceptionnelles mais tout à fait honorables. Suzie LeBlanc prête son timbre pur de soprano léger à Galatée. Son interprétation est musicale mais un peu monochrome, avec peu d’effets de vibrato, et le timbre offre une palette restreinte de couleurs ; Joan Sutherland avec Adrian Boult quoique un peu surdimensionnée, reste la référence. Acis est le ténor Mark Bleeke. très beau timbre et musicien impeccable. Mais le second ténor, Marc Molomot, qui interprète le rôle de Damon, offre un chant plus individuel, jouant de couleurs variées et d’un phrasé remarquablement souple, et s’appuyant sur une diction parfaitement naturelle. Enfin le baryton Nathaniel Watson est un Polyphème plus bouffon qu’effrayant, à la couleur sombre mais un peu faible dans le registre grave du rôle. La discographie reste donc dominée par les versions Gardiner et Christie. »

Diapason – décembre 2003 – appréciation 3 / 5 – technique 7 / 10

« Où l’on retrouve cette franchise, cette fantaisie, ce bouquet sauvage qui sont la marque et l’honneur de l’ensemble canadien. D’un bout à l’autre, le coloris est dominé par les vents, au sein d’un groupe de solistes. Choix discutable dans une oeuvre destinée au château de Cannons, et peu favorable à une page d’orchestre comme « Love sounds th’alarm », mais plausible en l’absence de toute partie d’alto et ici mieux qu’assumé : affirmé. Dès l’ouverture, les hautbois crépitent comme au bal d’Arcadie ; le choeur initial abonde en effets de vièle et de musette. Ce sera un maske pittoresque, champêtre, bien vert. Ce sera aussi une pièce de théâtre, à laquelle ne manqueront ni la verve comique, ni le geste dramatique à l’entrée de Polyphème (dès le choeur-madrigal « Wretched loyers »), ni l’éloquence du staccato (« Cease to beauty to be suing »),ni aucune mimique. Climat choisi et juste expression à chaque page, dans une pastorale si souvent inondée de bienséance, le gain n’est pas négligeable. Il n’est pas non plus sans dommage. Car l’expression trop marquée s’appelle grimace : voyez « Shepherd, what art thou pursuing » ou l’air cannibale et fameux de Polyphème, « O ruddier than the cherry », secoués d’un rubato si démonstratif que la musique en perd mesure et sens. Mais surtout, quand on a tant de choses à dire, et de si impétueuses, il faut pouvoir compter sur de vrais orateurs. Hélas Une Galatée pâle, sans chair ni médium, impuissante à tenir son immense finale, un Acis fruste au style sommaire, un Damon béjaune, instable et contraint de couper les – pourtant modestes – vocalises de « Shepherd, what », un Polyphème absolument honnête mais guère cyclopéen, tout ce joli monde en file indienne traverse l’ouvrage avec une bonne volonté sans défaut qui abandonne la part du feu, l’aventure, aux neuf instrumentistes.

Si bien que le concert, dans sa deuxième partie (car à la version originale de 1718 est ici ajouté le choeur « Happy we » des années 1740 qui coupe la pièce en deux), s’éternise. Il lui manque cet envol, ce soin du pianissimo, cette tendresse, ce charme qu’exige la plus adorable partition de Haendel et qui nous suspendraient à ses lèvres. Voici donc une lecture singulière, bien préférable à celles de Somary, Van Asch ou Schwarz mais peut-être accessoire après King, Christie et en premier lieu Gardiner, dont aucun pourtant ne peut se flatter d’avoir tout dit d’Acis. »