Le Prince de Noisy

COMPOSITEUR François FRANCOEUR / François REBEL
LIBRETTISTE Charles-Antoine le Clerc de la Bruère

      

Opéra-ballet sur un livret de Charles-Antoine le Clerc de la Bruère (1716 – 1754), d’après le conte du Bélier, de Hamilton, et la comédie de du Mas d’Aigueberre, le Prince de Noisy (*).

(*) cette comédie héroïque de Jean du Mas d’Aigueberre (1692 – 1755) fut créée au Théâtre de la rue des Fossés Saint-Germain, le 4 novembre 1730. Selon Léris : elle semblait ne pas convenir à ce Théatre, le sujet étant tiré de ces fables merveilleuses hors du vraisemblable, & fondé sur un glaive enchanté ayant la vertu d’écrire de lui-même tout ce qu’on veut savoir; aussi n’eut-elle que sept représentations. Elle n’est pas imprimée.

Il fut représenté au Théâtre des Petits-Appartements, monté dans le Grand Escalier des Ambassadeurs, à Versailles, les 13, 19, 22 mars 1749.

Il fut repris le 10 mars, puis les 25 et 27 mars 1750.

La distribution était la suivante, lors de la création : le duc d’Ayen (le Druide, enchanteur), Mme de Marchais (Aline, sa fille), Mme de Pompadour (le prince de Noisy, sous le nom du petit Poinçon), vêtue d’un habit à la grecque en long de brillant d’argent peint en dessin courant, armures de gaze d’or bouillonnée garnie de plumes nuée, manches et pièces de dessous de moire d’Angleterre argent avec agréments d’or, mante de gaze d’or chamarrée et bordée de réseau d’argent, doublée de taffetas vert d’eau ; écharpe en ceinture de même taffetas, garnie en réseau argent et franges à graine d’épinards ; chaussure et brodequins, le vicomte de Rohan (un Druide, Grand-Prêtre, ordonnateur des jeux), le marquis de la Salle (Moulineau, géant et musicien), le chevalier de Clermont (un Suivant de Moulineau). Le ballet était assuré par le marquis de Courtenvaux, le marquis de Langeron, le comte de Melfort, le marquis de Beuvron et les enfants du corps de ballet.

L’opéra passa pour le plus beau qu’on ait vu sur ce théâtre, sous le rapport des décorations.

Dehesse avait intercalé plusieurs ballets dans le premier acte, qui furent exécutés avec le plus grand ensemble. Au deuxième acte, un jeu de machine faisait descendre du haut du théâtre des masses de fleurs dont le paarfum avait la vertu d’endormir le géant Moulineau, que le petit Poinçon tuait pendant son sommeil avec un glaive sacré, parce qu’il croyait voir en lui un rival. Au troisième acte, on voyait le temple de la Vérité , où se rendaient Poinçon et Alie pour consulter l’oracle. Puis un changement à vue faisait succéder au temple de la Vérité un magnifique palais ; Alie et le petit Poinçon, devenu le prince de Noisy, penaient place sur un trône étincelant de lumières et de pierreries. La toile tombait sur cette apothéose. (Émile Campardon)

La marquise rendit d’une façon véritablement supérieure le caractère du petit Poinçon, mais le rôle était très long, et après cette première représentation, elle cracha du sang. Elle dut toutefois reprendre le rôle lors des reprises des 25 et 27 avril 1750, toujours avec succès. l’ouvrage fut même considéré comme le plus grand succès remporté sur le théâtre de Mme de Pompadour.

Il fut encore repris au Château de Bellevue, le 25 avril 1752, puis à la Cour, à Paris, le 17 mai 1752.

Enfin, il fut représenté à l’Opéra le 16 septembre 1760, avec Sophie Arnould (Alie), Mlle Lemierre (le prince de Noisy), Larrivée (le Druide), Gélin (le géant Moulineau), Desentis (un Suivant de Moulineau), Muguet (un Druide, l’Oracle de la Vérité), Le Petit (un Suivant du Druide).

La partition fut alors imprimée avec une dédicace à Madame la Marquise de Pompadour, Duhesse, Dame du Palais de la Reine

Dans son Journal des spectacles de Paris, Charles Collé raconte : Le 29 (octobre 1748), je fus souper chez M. de Cury, qui avait la goutte (…) la Bruère nous lut aussi un opéra en trois actes, intitulé : le Prince de Noisy, qui me parut divin à la lecture. On n’écrit point mieux dans le style lyrique et, tout blasphème à part, c’est de la force de Quinault, et c’est dire beaucoup pour moi, qui adore cet auteur.

 

Personnages : le Druide, enchanteur, père d’Alie ; choeur de Gnomes ; Alie, fille du Druide ; le prince de Noisi, connu sous le nom de Poinçon, amant d’Alie ; un Druide, Grand-Prêtre et Ordonnateur des Jeux ; Suite du Grand-Prêtre, druides et peuples de la Gaule ; Moulineau, Géant et magicien, amoureux d’Alie ; un Suivant de Moulineau ; l’Oracle de la Vérite ; Suite du Druide, travestie ; Démons, Génies et Fées

 

Synopsis

Acte I

L’endroit le plus épais d’une forêt, orné de monuments antiques, entre lesquelles est une statue représentant Ésus, divinité principale des anciens Gaulois, élevé sur un piédestal rustique : on voit le Chêne-sacré, où l’on doit couper le gui ; au pied est un autel de gazon.

(1) Le Druide annonce qu’il doit aller affronter le Géant qui aime sa fille et qu’il a repoussé. Il confieau Grand-Prêtre Poinçon, fils de Merlin, qui doit ignorer sa naissance jusqu’à ce que les dieux en décident autrement. (2) resté seul, le Druide invoque les Esprits. Les Gnomes sortent de terre. Le Druide s’inquiète. Les Gnomes lui conseillent de respecter les commandements de l’Oracle. Le Druide atteste qu’il les a suivis en cachant le prince de Noisy qui ignore qu’il est promis à sa fille. (4) Le Druide rappelle que le prince de Noisy et sa fille ont le droit de se voir une heure par jour. (5) Alie s’inquiète de l’absence de Poinçon. Le Druide la met en garde contre les dangers de l’amour. Il touche le piédestal de la statue d’Ésus avec sa baguette. Poinçon en sort, qui vole vers Alie, qui va au devant de lui avec le même empressement. (6) Poinçon et Alie échange des paroles d’amour, mais Alie lui rappelle qu’ils ne doivent pas y céder. (7) Le Grand-Prêtre invoque le dieu pour la fête du Gui-sacré. On apporte la faucille d’or, l’urne dans laquelle on doit brûler l’encens, et les vases servant au sacrifice. Le Grand-Prêtre invoque les divinités pour qu’elles protègent le peuple. Il coupe le Gui-sacré que les druides vont adorer. Puis le peuple célèbre la fête par des danses. Poinçon demande qu’on l’instruise sur l’amour pour mieux l’éviter. Mais il se rend compte que l’amour est ce qu’il ressent pour Alie. Celle-ci est prise d’effroi. On entend un bruit de tonnerre, le ciel s’obscurcit, la terre tremble, les monuments se détruisent. On voit dans l’intérieur du piédestal qui renfermait Poinçon, le glaive qui est supendu et qui jette une vive lumière au milieu de l’obscurité. On comprend que le Druide a été vaincu et que les dieux ne sont pas favorables. Poinçon se sent responsable ; il s’empare du glaive magique et, fort de l’amour pour Alie, décide de réparer sa faute. Le Grand-Prêtre l’approuve et appelle à la vengeance.

Acte II

Les jardins de Moulineau

(1) Moulineau, seul, se félicite de tenir le Druide en son pouvoir, qui lui refusé sa fille. Il appelle les démons pour qu’ils lui amènent cette dernière. Les démons s’envolent. (2) Un suivant lui annonce qu’une troupe commandée par un enfant armé d’un glaive a attaqué le dragon, mais qu’elle a été vaincu et qu’on va amener leur chef. Moulineau se fait une joie de le tuer lui-même. (3) Poinçon arrive, conduisant les suivants du Druide, travestis et dansant. Il dédie les chants et les danses à Moulineau.. Poinçon et les choeurs d’hommes et de femmes chantent l’Amour. Moulineau annonce qu’Alie sera le prix de sa victoire, et qu’il punira le rival que lui a révélé l’Oracle, et qui est le Prince de Noisi. (4) Poinçon est atterré d’apprendre qu’Alie en aime un autre, et croit que celle-ci l’a trahi. La troupe lui rappelle qu’il faut délivrer le Druide. Poinçon décide de continuer à feindre de chanter l’Amour. Les jeux recommencent. Poiçon offre une couronne de fleurs à Moulineau. On l’enchaîne en dansant de guirlandes enchantées. Moulineau s’endort. La troupe dermande à Poinçon d’en profiter pour tuer le Géant. Poinçon ne veut pas profiter de son sommeil et le réveille. Il s’arme du glaive sacré et attaque Moulineau qui se défend avec sa massue. Moulineaul recule devant le glaive, Poinçon le poursuit. Il revient en annonçant la mort du Géant. (5) Poinçon, seul, décide de consulter l’Oracle pour savoir la vérité sur Alie.

Acte III

Un vestibule du palais de Moulineau. Au milieu, un grand portique sur lequel est écrit « Temple de Vérité ». Dans le fond la statue enchantée qui rend les oracles

(1) Poinçon est effrayé de ce qu’il pourrait entendre de l’Oracle. (2) Alie paraît sur un nuage, portée par des démons. Poinçon annoncent aux démons qu’ils n’ont plus de maître : ils se précipitent dans les enfers. (3) Alie est heureuse de retrouver en Poinçon son libérateur. Poinçon éclate de jalousie et lui reproche sa trahison. Alie se défend et propose d’interroger elle-mêm l’Oracle. L’Oracle annonce que l’amant qu’Alie a choisi est le Prince de Noisi. Poinçon est désespéré, Alie l’assure qu’elle n’aime que lui. Poinçon se laisse attendrir. (4) Le Druide vient révéler que le Prince de Noisi et Poinçon ne font qu’un. Alie et Poinçon sont rassurés et peuvent envisager l’hymen.

Un palais éclatant et environné de nuées. Au fond, les Génies et les Fées, au milieu d’eux un trône préparé pour le Prince de Noisi et Alie.

(5) Les Génies et les Fées accueillent les amants dans l’immortalité. Ils leurs présentent, en dansant, un sceptre très riche et une baguette enchantée. Tous deux promettent de s’intéresser aux malheureux, et de faire des heureux.

 

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