CD Flavio (2010)

FLAVIO

 

COMPOSITEUR

Georg Friedrich HAENDEL

LIBRETTISTE

Nicola Haym, d’après Matteo Noris

 

ORCHESTRE

Early Opera Company

CHOEUR
DIRECTION

Christian Curnyn

Flavio

Tim Mead

contre-ténor

Guido

Istyn Davies

contre-ténor

Emilia

Rosemary Joshua

soprano

Teodata

Hilary Summers

contralto

Vitige

Renata Pukopic

mezzo-soprano

Ugone

Thomas Walker

ténor

Lotario

Andrew Foster-Williams

baryton-basse

DATE D’ENREGISTREMENT

8 au 12 février 2010

LIEU D’ENREGISTREMENT

Londres – All Saints’ Church, East Finchley

ENREGISTREMENT EN CONCERT

non

EDITEUR

Chandos – Chaconne

DISTRIBUTION

Abeille Musique

DATE DE PRODUCTION

14 octobre 2010

NOMBRE DE DISQUES

2

CATEGORIE

DDD

 

 Critique de cet enregistrement dans :

 Classica – décembre 2010 – appréciation 3 / 4

« Flavio, Re de’ Longobardi fut créé en 1723, peu de temps après la fondation de la Royal Academy of Music et au moment où la vogue de l’opéra italien atteignit à Londres son premier zénith. Haendel et son collaborateur littéraire puisèrent à différentes sources pour élaborer un livret en style vénitien, qui mêle manigances politiques et amours contrariées. La distribution homogène (sensiblement la même que pour le rare Partenope paru chez le même éditeur) réunit autour du clavecin de Christian Curnyn et son ensemble, donne corps à cette intrigue peu vraisemblable structurée en récitatif – air. Hilary Summers (Teodata) peut compter sur son magnifique timbre de contralto pour caractériser son personnnage, mais manque d’engagement dans son chant et surtout de crédibilité dans un rôle de « beauté fatale». Son amant Viitige (ancêtre de Chérubin), incarné par la mezzo Renata Pokupic, trouve le ton juste dans « Non credo instabile » aux accents pré-mozartiens. C’est aux couples Guido/Emilia que le compositeur réserve les airs les plus émouvants : Rosemary Joshua campe une Emilia d’une sensibilité à fleur de peau (bou1eversante dans sa lamentation « Ma chi punir desio ? »). Ses talents de tragédienne ne peuvent toutefois faire oublier au disque un vibrato trop opulent. Le Guido d’Iestyn Davies est plus qu’honnête, mais pourquoi tant de réserve dans « Rompo i lacci »? On aurait aimé de l’imagination dans cet air tripartite, choeur émotionnel de l’ouvrage, où la fureur des parties extrêmes encadre la plainte de la section centrale.

Curnyn se montre un accompagnateur attentif, mais un chef peu visionnaire et un rien prosaïque sur le long terme. À plateau vocal égal, la version de Jacobs (chez Harmonia Mundi, jusqu’ici la seule existante) deemeure préférable pour le panache de sa direction. »
 Opéra Magazine – janvier 2011 – appréciation 3 / 5

« Il est bon de rappeler que la trilogie formée par Giulio Cesore (1724), Tomerlono (1724) et Rodelinda (1725), n’en est pas du tout une… Dès 1723, en effet, le métier et l’inspiration de Haendel avaient atteint des sommets avec Ottone et Flavio. Ces deux opéras sont malheureusement rares, tant à la scène qu’au disque ; et, en dehors d’un enregistrement anecdotique de la Czech Handel Society, la discographie de Flavio se résume à l’intégrale réalisée en 1989 par René Jacobs, pour Harmonia Mundi. Une nouvelle version semblait donc la bienvenue, d’autant que Christian Curnyn nous avait déjà séduits, il y a trois ans, avec une excellente Semele. Sauf qu’un opéra en Italien n’est pas un drame en anglais et que ce Flavio, s’il ne manque pas de qualités, déçoit un peu, L’exécution est certes de belle tenue, le style bon, le goût sûr, les couleurs agréables, le drame compris, mais tout cela est bien propret et manque d’aspérités. On aimerait des élans d’humeur plus latins et, surtout, une distribution plus homogène. Thomas Walker et Andrew Foster-Williams remplissent honorablement leur tâche dans des rôles secondaires, de même que Renata Pokupic et Hilary Summers, dont le timbre androgyne et l’expérience apportent beaucoup à Teodata, Quant à Rosemary Joshua, elle laisse tout autant parler le métier que le charme, la tenue et l’émotion.

Les deux falsettistes, en revanche, dans des emplois conçus pour les castrats Berenstadt et Senesino, appellent de sérieuses réserves. Ils offrent l’archétype du contre-ténor britannique à la voix courte, aux aigus tirés, au passage absolument pas maîtrisé et à l’expression manquant souvent de chair. Tim Mead s’en sort un peu mieux que Iestyn Davies, mais on a l’impression que, s’ils n’avaient pas été dans le confort d’un studio d’enregistrement, ces deux chanteurs auraient été complètement écrasés par la tâche. Il suffit de comparer le Guido de Davies à celui (remarquable) de Derek Lee Ragin avec Jacobs, pour mesurer la différence entre le théâtre et la chambre… Deux rôles bien mal incarnés vocalement, qui gâchent irrémédiablement une prestation d’ensemble plutôt séduisante. »