Les metteurs en scène ont-ils décidé de nous gâcher notre plaisir ?

On se faisait une joie de l’Ariodante au Palais Garnier. Ann Sofie von Otter, Patricia Petibon, Marc Minkowski, et tous les autres, on s’en faisait une fête. Pas tous les jours qu’un opéra baroque peut s’écouter sous les ors du plus bel opéra de France. Las ! Une fois de plus, le metteur en scène – on ne lui fera pas l’honneur de citer son nom – a tout gâché. Il s’est fait huer, bien fait pour lui ! A moins que ce soit ce qu’il recherchait.

A-t-il pensé à ceux qui explosent leur carte Bleue pour aller à l’opéra et qui se retrouvent avoir envie de partir au bout d’un quart d’heure ? Et qui, la fois suivante, préfèreront la version de concert ou seulement acheter le disque, voire encore l’enregistrer à la radio ?

Décidément Minko n’a pas la pêche. Il faut bien dire que, si son « Couronnement » à Aix l’an dernier tenait la route musicalement, scéniquement, c’était la disette, pour ne pas dire l’antichambre du ridicule. Comment un chef de sa trempe peut-il se laisser embarquer dans une telle galère ?

Version scénique, version de concert, toujours le dilemme. La version de concert, c’est merveilleux, parce que c’est « Tout pour la musique ». La version scénique, c’est autre chose. Réussie, c’est l’aboutissement, le miracle. Ratée, c’est fichu ! Comme la mayonnaise qui n’a pas pris, on a beau avoir mis la meilleure huile, elle est immangeable.

Alors, y aurait-il une voie intermédiaire qui permettraient de libérer les chanteurs sans pour autant les livrer à ces parasites qui veulent nous imposer leurs fantasmes ?

William Christie a exploré cette voie lors d’un récent concert (Actéon et Dido & Aeneas), on a parlé de « mise en espace ». Pas sûr qu’il ait totalement réussi. Mais il a sûrement ouvert une voie à explorer.

Jean-Claude Brenac – Mai 2001