DVD Laz Salustia

COMPOSITEUR Giovanni Battista PERGOLESI
LIBRETTISTE S. Morelli d’après Apostolo Zeno

 

ORCHESTRE Accademia Barocca De I Musici Italiani
CHOEUR
DIRECTION Corrado Rovaris
MISE EN SCÈNE Juliette Deschamps
DÉCORS Benito Leonori
COSTUMES Vanessa Sanino
LUMIÈRES Alessandro Carletti

 

Marziano Vittorio Prato
Salustia Serena Malfi
Giulia Laura Polverelli
Alessandro Florin Cezar Ouatu
Albina Giacinta Nicotra
Claudio Maria Hinojosa Montenegro

 

DATE D’ENREGISTREMENT 2011
LIEU D’ENREGISTREMENT Jesi – Teatro G.-B. Pergolesi

 

EDITEUR Arthaus
DISTRIBUTION Naxos
DATE DE PRODUCTION janvier 2013
NOMBRE DE DISQUES 2
FORMAT NTSC 16:9 – Son PCM Stereo / DTS 5.1
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

 

Disponible également en Blu-ray

Critique de cet enregistrement dans :
Opéra Magazine – juin 2013 – appréciation 4 / 5
« En 1731, La Salustia marque la première tentative de Pergolesi sur le terrain de l’opéra. Pour une durée de trois heures et demie de musique, l’action est très réduite dans ce livret qui voit Giulia s’acharner en vain à la perte de sa belle-fille Salustia, épouse de l’empereur Alessandro. Le complot monté pour la contrecarrer par le père de Salustia, Marziano, avec l’aide de Claudio, formant couple secondaire avec Albina, amante déçue qui dévoile par dépit la machination, échouera, mais pour un lieta fine prévisible. L’ensemble culmine dans le deuxième des trois actes, avec surtout le splendide et puissant quatuor conclusif, seul ensemble d’une partition par ailleurs non sans longueurs. En septembre 2011, Juliette Deschamps livre un spectacle plastiquement très réussi et excellemment filmé. Manque seulement une direction d’acteurs plus ferme et plus variée, pour faire valoir les trop rares moments de tension dramatique. Un plateau de beau profil ne compense qu’en partie, dominé par un très bon quatuor des femmes : Laura Polverelli, tragédienne confirmée en Giulia ; Serena Malfi, Salustia pleine de tempérament: Giacinta Nicotra, délicate Albina; et Maria Hinojosa Montenegro, Claudio plus corsé. Les hommes sont moins performants, mais vocalement sans reproche, y compris, à l’enregistrement l’assez mince mais pur contre-ténor de Florin Cezar Ouatu (Alessandro). Corrado Rovaris conduit l’Accademia Barocca de I Virtuosi Italiani impeccablement, mais un peu trop sagement contribuant à faire douter que La Salustia puisse trouver sa place au répertoire. Ce document témoin est d’autant plus utile. »

Forum Opéra

« En 2008, des voix s’élevèrent pour saluer un nouveau nom qui, à les croire, s’était d’emblée élevé au firmament de la mise en scène lyrique, en renouvelant complètement le genre. Fille de Jérôme Deschamps et Macha Makeieff, Juliette Deschamps était présentée comme l’espoir de l’opéra, celle par qui arriverait un souffle d’air frais tant attendu. Quelques spectacles atypiques entretinrent un temps cette rumeur (deux « one-woman-shows » conçus autour d’Anna Caterina Antonacci, Era la notte, puis Altre Stelle), mais l’étoile semble s’être vite lassée de son parcours fulgurant. L’Agrippina prévue à Venise fut annulée, la Carmen annoncée à Vienne n’a jamais vu le jour… Juliette Deschamps aurait-elle mis entre parenthèses sa carrière de metteuse en scène lyrique pour monter des spectacles encore moins formatés, comme l’ouverture du festival de Saint-Riquier en juillet dernier ? A voir la Salustia de Pergolèse donnée à Jesi il y a deux ans, il y a de quoi se demander si l’on ne s’était pas emballé un peu trop vite.
Que nous montre en effet ce DVD ? Un spectacle sans doute monté sans grands moyens, mais là n’est pas le problème. On voit surtout une sorte de caricature d’opéra seria, avec une mégère grimaçante dans le rôle de la « méchante » Giulia, un névrosé dans le rôle de son fils Alessandro, un Claudio passablement grotesque et une Albina visiblement atteinte de démence. N’échappent à ce traitement que Salustia et son père. Le tout se déroule dans une sorte de théâtre en ruines, dans lequel deux ados en baskets découvrent pendant l’ouverture une malle de costumes : comme c’est original ! Pour montrer l’affrontement des deux héroïnes, on griffonne le nom de l’une sur le mur du fond, puis on le rature, on l’efface, on le remplace par celui de sa rivale : comme c’est neuf ! On touche le fond quand Alessandro arrive tenant dans ses mains une poule vivante, qu’il confie ensuite à un cuisinier tenant pour sa part un poulet plumé. Et pour nous faire bien comprendre combien ces gens-là sont cruels, le rouge sang envahit peu à peu le décor et les costumes (certes moins hideux que les oripeaux de La Muette de Portici donnée à l’Opéra-Comique en 2011, dus à la même Vanessa Sannoni), et même la peau des personnages : quand Giulia quitte les gants de vaisselle qu’elle porte initialement, c’est pour révéler des mains et des avant-bras rougis, comme le seront plus tard les pieds de Salustia par-dessus ses Doc Martens (eh oui, il faut bien nous montrer la modernité de Pergolèse…)
Musicalement, les choses vont mieux, mais tout n’est pas parfait. L’Accademia Barocca de I Virtuosi Italiani sonne souvent un peu maigrelette, avec des cordes un peu acides, malgré la conviction de son chef Corrado Rovaris. Peut-être gênée par le personnage de folle qu’on lui fait tenir, Giacinta Nicotra ne renouvelle pas, malgré sa virtuosité, la très bonne impression faite dans Il Prigionier superbo. Elle est la seule soprano d’une distribution qui tire toutes les voix vers le grave, l’autre exception étant peut-être le contre-ténor Florin Cezar Ouatu qui manque un peu de corps en Alessandro. Rappelons au passage que Jesi avait souhaité confronter deux versions de cette Salustia en reprenant en janvier 2011 le spectacle de Jean-Paul Scarpitta coproduit avec Montpellier en 2008, dans lequel la partition était donnée telle que Pergolèse l’avait initialement prévu, c’est-à-dire avec une voix de castrat en Marziano et un ténor en Claudio, alors que la création en 1732 avait dû se faire avec un ténor en Marziano et un castrat en Claudio. La « version Scarpitta » proposait deux femmes dans les rôles de castrat, alors que la « version Deschamps » offre en Alessandro un contre-ténor et en Claudio une femme. La mezzo Maria Hinojosa Montenegro tire le meilleur parti d’un personnage que la mise en scène a choisi de ridiculiser. En guise de ténor, Jesi a opté pour un baryton, le très télégénique Vittorio Prato, entendu récemment dans Il Segreto di Susanna à l’Opéra-Comique : paradoxalement, il semble beaucoup plus à l’aise dans l’aigu que dans le grave. Heureusement, les deux rôles principaux sont superbement défendus. Vue dans un rôle travesti dans Il Flaminio, Serena Malfi confirme ses dons en Salustia combattive et outragée, voix riche et dense, apte à transmettre l’émotion. Face à elle, son ennemie Giulia est incarnée avec bonheur par une Laura Polverelli déjantée, d’une voix également sombre mais aux couleurs différentes ; on aimerait l’entendre dans un spectacle qui ne l’oblige pas à multiplier les mimiques de Cruella hystérique. Heureusement, le nombre réduit des œuvres de Pergolèse laisse espérer que le festival de Jesi pourra bientôt envisager une nouvelle production… »

Classica – mai 2013 – appréciation 4 / 4

« Qui veut poursuivre la découverte d’un univers négligé par le disque, prêtera une oreille à La Salustia habilement mise en scène par Juliette Deschamps et dirigée avec conviction par Corrado Rovaris. Dans cette histoire (livret d’Apostolo Zeno) où s’opposent Salustia (Serena Malfi, d’une réelle envergure dramatique), épouse, et Giulia (Laura Polverelli, impeccable), mère, de l’empereur Alessandro, Giovanni Pergolesi a su diversifier les couleurs et les climats pour tenir son auditoire même si sa musique n’atteint pas la densité psychologique d’un Georg Friedrich Haendel. »