Rinaldo (Harry Bicket)

Rinaldo - DVD z- one Etats Unis

COMPOSITEUR Georg Friedrich HAENDEL
LIBRETTISTE Aaron Hill et Giacomo Rossi

Arthaus

ORCHESTRE Orchestre de l’Etat de Bavière
CHOEUR
DIRECTION Harry Bicket
MISE EN SCÈNE David Alden
DÉCORS Paul Steinberg
COSTUMES Buki Shiff
LUMIÈRES Pat Collins
Rinaldo David Daniels
Goffredo David Walker
Almirena Deborah York
Eustazio Axel Köhler
Argante Eglis Silins
Armida, une Sirène Noemi Nadelmann
DATE D’ENREGISTREMENT 2001
LIEU D’ENREGISTREMENT Prinzregenten theater – Münich
ENREGISTREMENT EN CONCERT oui
EDITEUR Arthaus Musik (zones 2, 4, 5) / Kultur International (zone 1)
DISTRIBUTION Naïve – Naxos (2012)
DATE DE PRODUCTION avril 2003 – réédition en novembre 2012
NOMBRE DE DISQUES 2 (+ supplément film « Haendel » de Reiner E. Moritz)
CATEGORIE Format 16/9 – Son PCM stéréo – Dolby Digital 5.1 – Zones 2, 4, 5
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

 

Rinaldo - DVD - réédition 2012

Critique de cet enregistrement dans :

  • Anaclase.com

« La mise en scène de l’époque était prodigue en effets surnaturels (tonnerre, feux d’artifices, métamorphoses) Celle de David Alden met plutôt l’accent sur l’exotisme de la situation. D’emblée, l’imagerie des Sarrasins (tapisserie et rideaux décorés de symboles et de lettres arabes, Araldo coiffé d’un fez…) s’oppose au kitsch de la panoplie catholique (crucifix, statues du Christ…) Assis sur un gros canapé orange, les croisés habillés de costumes trois pièces font le siège de Jérusalem. On se croirait chez Blake et Mortimer, dans un hôtel à Louxor. Ce mélange est assez bien vu, car c’est celui des temps d’invasion et de colonialisme. Mais tout ce gâte très vite, quand on comprend que nous aurons affaire à une mise en scène faite de collages, où le gag sert de liant. Evoquer la pantoufle de Cendrillon, citer « Les Oiseaux » d’Hitchcock, emprunter à la mythologie X-Files ses extra-terrestres à grosse tête… tout cela finit par ne plus faire sourire et surtout par ne plus rien raconter – comme ces statuettes, ces tentes inutiles du dernier acte, qui ne servent qu’à occuper les mains et l’espace. L’accumulation matérielle n’a jamais remplacé la simplicité spirituelle. C’est pourquoi une des rares scènes intéressante est celle de l’attaque de la demeure d’Armida (gros plan de son visage filmé, projeté au fond d’un tunnel, tandis que le plateau est plongé dans le noir.) Quelle différence avec la mise en scène d’Ariodante, réalisée par le même Alden ! Comme si Francis Bacon avait laissé la place à Keith Haring.Nous avons heureusement plus de chance côté musique. David Walker (Goffredo) est parfait ( » Moi cor, che mi sai dir ?  » / Acte II, scène 3), Axel Köhler (Eustazio) a de beaux graves – remarquables sur l’air  » Col valor,…  » / Acte I, scène 8 -, Eglis Silins (Argante) chante avec nuance et sensualité, nous offrant des pianissimi légers rares chez un baryton corsé – « Vieni, o cara…  » / Acte I, scène 4. C’est David Daniels (Rinaldo) qui est le plus inconstant de la distribution masculine. Il peut être faux (début de l’acte II) ou peiner (fin de l’acte III… sans doute à cause de ces couches de vêtements qu’il fallu supporter trois heures) et nous réserver de très belles surprises. Sur  » Cara sposa… » / Acte I, scène 7), il prend le temps de se poser, sobrement. Juste après, sur  » Cor ingrato… « , la vocalise est parfaite, le son d’une égalité soutenue et l’ornement soto vocce dans le da capo.La présence de Noëmi Nadelmann (Armida), au machiavélisme discret, illumine deux duos remarquables : celui de sa réconciliation avec Argante et celui de sa (très drôle de) rencontre avec Rinaldo. Elle sait amener avec souplesse les pianissimi dans les suraigus, ce qui rend sa plainte amou-reuse émouvante. Avec le même Rinaldo, Deborah York (Almirena) forme un duo équilibré sur  » Scherzano… » / Acte I, scène 6). Nous pouvons admirer les phrases bien menées, les nuances à l’intérieur même des vocalises de la  » guerrière  » et les ornements et variations sur le da capo, très délicats et d’une très belle inventivité, de la prisonnière. Dans la fosse, les musiciens du Bayerische Staatsoper, nous ont donné autant de plaisir qu’ils ont dû en prendre sous la direction de Harry Bicket, chef d’une très grande lisibilité. »

  • Répertoire – décembre 2003 – appréciation :« Si vous y tenez »

« Haendel trahi? Capté au Prinzregententheater de Munich, le Rinaldo mis en scène par David Alden soulève une fois de plus le problème des “relectures” des opéras du XVIIIe siècle. Comment tirer parti des contraintes inhérentes aux opéras de HaendeL (longueur, airs construits en ABA) sans émousser les richesses dramatiques et musicales de la partition? Telle semble être la quadrature du cercle que certains metteurs en scène, après Sellars, ont tenté de résoudre par une actualisation des matières, une accentuation des données comiques (volontaires ou involontaires) des livrets, bref : l’ouverture à une modernité – voire à la postmodernité – volontiers iconoclaste et irrévérencieuse à laquelle HaendeL, qui peut en sortir autant égratigné que grandi, semble particulièrement bien convenir. Ce Rinaldo surchargé appartient évidemment à cette veine, pour le meilleur et pour le pire : si l’abondance des actions, des objets et des couleurs apporte une dynamique efficace à certaines scènes et peut provoquer – plus dans la salle que devant l’écran, d’ailleurs – la franche hiLarité, l’ensemble, à force d’excès et de boursouflures, finit par paraître bien vain et arbitraire. La Jérusalem des Croisés, ici, ressemble à la fois à un parc d’attractions bardé de néons criards et à une salle multiconfessionnelle d’aéroport international. Au milieu des canapés orange vif, des papiers peints et des décorations kitsch sur lesquelles les Mains de Fatma côtoient dans un joyeux fourre-tout syncrétique Christ et vierges sanguinolentes à foison, panoplies de Jeanne d’Arc à la Luc Besson, statues de templiers New Age et tribunes d’illuminés sectaires, les personnages d’un cosmopolitisme interlope – nababs des républiques bananières, mercenaires appartenant à la pègre internationale, bourgeoises coincées et prêtres gainés de cuir – vont et viennent, fument des cigarettes et s’adonnent à des effeuillages plus ou moins motivés. Tout le monde se donne à fond, à commencer par l’incroyable Armide de Noëmi Nadelmann, vamp et parodie de vamp à la fois – robe fourreau, griffes de féline, talons aiguilles aussi charmants qu’assassins – qui lève ses fort jolies jambes avec autant de conviction qu’elle darde ses presque aussi jolis aigus. David Daniels campe un héros dévirilisé par les mains de maîtresses femmes. D’un bout à l’autre de l’opéra, il ne se défait pas d’un faciès ahuri et interloqué, donnant l’impression que tout va un peu trop vite pour lui ; on reste dubitatif. Et de fait, cela va un peu trop vite pour que la musique et les voix suivent vraiment. Sur une alerte battue, les cabrioles à répétition finissent par épuiser le souffle des chanteurs tout en masquant les faiblesses de chacun, y compris Daniels, qui savonne ses vocaLises. Au terme du parcours, les quatre contre-ténors, inégalement à l’aise vocalement et parfois franchement surdistribués, n’en peuvent vraiment plus. La seule à tenir dignement à la fois son rôle et sa partie est l’excellente Almirena de Deborah York. L’Argante de Eglis Silins possède un beau timbre mais un vibrato envahissant qui disqualifie tous ses airs martiaux.Comprenne qui pourra à ce joyeux fatras – dans lequel, seule certitude, les dogmes religieux en prennent pour leur grade -, melting-pot qui vient d’ailleurs dupliquer une intrigue initiale déjà passablement compliquée. Reste qu’on ne s’ennuie pas, qu’on sourit souvent — tous les passages où Armide est présente — et que, dans ce cadre, on demeurera indulgent face aux carences patentes des interprètes. Mais HaendeL, dans tout ça ? »

  • Diapason – juillet/août 2003 – appréciation 5 / 5

« Grâce à des metteurs en scene comme Nicholas Hytner, David McVicar, David Alden, les Anglais ont trouvé la recette pour dynamiser les opéras de Haendel avec chic et humour. Totalement déjanté, ce Rinaldo munichois ne fait pas exception à la règle. Couleurs flashantes, costumes modernes, décors style BD, détournement d’imagerie sulpicienne, Alden ne lésine sur aucun effet pour dénouer cette intrigue historico-fantastico-sentimentale opposant, devant Jérusalem, chrétiens et hérétiques. Harry Bicket tire toute l’énergie et le tonus possibles de l’orchestre de l’Opéra bavarois, familier de ce genre d’exercice. David Daniels, tout de bleu électrique vêtu, tire son épingle du jeu par son assurance vocale et son charme juvénile. Deux sopranos pétulantes, une basse dont la vocalisation est quelque peu savonnée mais efficace complètent un tableau on ne peut plus fantaisiste. Pour une fois, le bonus n’est pas sans intérêt : Peter Jonas (jadis à l’ENO, aujourd’hui en poste à Munich) et Alden y dissertent intelligemment sur Haendel, le metteur en scène n’hésitant pas à voir dans ses opéras les ancêtres du « musical ». Why not ? »

  • L’Avant-Scène Opéra – mai/juin 2003

« David Alden aime à déconstruire pour mieux séduire : sous ses mains, Rinaldo, sa chevalerie pieuse et amoureuse, sa conquête en Palestine, son triomphe sur la magie deviennent l’occasion de clins d’œil très contemporains, mis en images délirantes, mêlant la pure bondieuserie bien séante (catholique ou musulmane), les ambiances colorées des boîtes de nuit et autres lieux branchés, et les frictions vestimentaires d’une Europe d’avant guerre un peu guindée et d’un Orient médiéval quasi comique : le tout est détonnant parfois, irritant ou fascinant souvent, peu éclairant quant à l’action réelle (mais on osera dire alors : importe-t-elle vraiment ?), et très en phase avec la partition, dont chaque numéro est mis en scène avec tout sauf l’indifférence de trop de productions habituelles. Cela ne marche pas toujours (il y a quand même quelques tunnels, que la caméra accentue sans doute), mais l’exemple du « Lascia ch’io pianga » d’une Almirena figée comme dans un aquarium, et tout à fait « scotchant », en dit long sur l’intelligence, sinon l’intelligibilité immédiate, du travail ! Musicalement, c’est fort beau, même si ce n’est pas la réussite de la récente version Jacobs, car Harry Bicket, s’il fait fort bien sonner les forces munichoises, n’a pas l’imagination sonore de son confrère. Et puis, l’on est en direct, et cela laisse quelques séquelles, dans une partition aussi brillante et exigeante. Au faîte, David Daniels, la star de la soirée, mais aussi David Walker, magnifique Goffredo. S’il fait irrésistiblement bien le clown, Axel Köhler rencontre plus de difficultés à maîtriser parfaitement Eustazio. Mais Deborah York, au timbre un peu pincé, est une parfaite Almirena, et Noemi Nadelmann est une Armida de haut vol, en parfait contraste avec l’impressionnant Argante d’Eglis Silins. Complément avec un documentaire bien construit (sous la conduite vive de Peter Jonas), qui met en valeur la spécificité du compositeur autant que l’énorme évolution de son interprétation entre le Jules César de Mackerras à l’ENO fin des années 70 et le présent Rinaldo. Une belle réalisation de plus dans le corpus vidéo haendelien, décidément fort bien servi depuis quelques années. »

  • Classica – juin 2003 – appréciation 5 / 5

« Avec David Alden, Rinaldo, la chevalerie amoureuse, la conquête en Palestine, le triomphe chrétien sur la magie deviennent l’occasion de clins d’yeux contemporai mêlant la pure bondieuse bienséante, les ambiances colorées des parcs d’attraction et la tenue vestimentaire d’une Europe d’avant-guerre un peu guindée : c’est détonant, irritant ou fascinant, peu éclairant quant à l’action, mais très en phase avec la partition, dont chaque numéro est mis en scène avec tout sauf indifférence. S’il y a quelques facilités, la plupart des scènes d’Armida, de Rinaldo et d’Almirena sont remarquables dans leur  » baroquisme » contemporain. Et donc parfois très amusantes. Musicalement, c’est fort beau, même si la battue et le continuo d’Harry Bicket n’ont pas l’envol de la récente version de Jacobs : cela manque parfois de rebond irrésistible. David Daniels reste la star de la soirée, mais aussi David Walker, magnifique Goffredo. Très clown, Axel Köhler rencontre plus de difficultes à maîtriser vocalement Eustazio. Mais Deborah York, au timbre un peu pincé, est une parfaite Almirena, et Nœmi Nadelmann est une Armida dechaînée, de haut vol, en parfait contraste avec l’impressionnant Argante d’Eglis Silins. »

  • Opéra Mag – mai/juin 2003

« Le tandem David Alden-Harry Bicket est celui-là même qui a dynamité le baroque à Munich, y introduisant le délire. Délire visuel, avec une imagination décorative, des jeux et des heurts de coloris, un mélange détonant de styles mais d’abord une vraie fantaisie, joyeuse, joueuse, qui entraîne le public éberlué, justifie les audaces et donne le sentiment qu’on assiste à une création. Et délire vocal aussi, sans lequel de telles résurrections seraient vaines…Ce Rinaldo filmé en 2001 avait en Almirena, la saison précédente, une Dorothea Röschmann déchaînée (si on peut dire) d’aplomb et de contrôle vocal dans la scène insensée qui la montre enchantée : Deborah York n’atteint pas ici ce niveau surnaturel, mais elle est bien cooptée entre une Noémi Nadelmann ahurissante de facilité et de verve (sans compter la voix : une révélation pour beaucoup) et un Daniels au mieux de sa nonchalance, de son sex appeal et de sa virtuosité. Rien d’académique dans ce baroque-ci. Tous les pieds-de-nez du monde à Dame Philologie. Mais pour s’amuser, ça s’amuse. »

  • Le Monde de la Musique – mai 2003 – appréciation 3 / 5

« David Alden a jeté Renaud, Armide et Godefroy de Bouillon dans un univers post-moderne aux couleurs crues et aux images chocs. Ce procédé qui commence à faire long feu permet aux interprètes de s’en donner à coeur joie sous la direction souple et allante de Harry Bicket. »