DVD L’Incoronazione di Poppea

COMPOSITEUR Claudio MONTEVERDI
LIBRETTISTE Giovanni Francesco Busenello

 

ORCHESTRE Orchestre Baroque du Gran Teatre del Liceu
CHOEUR
DIRECTION Harry Bicket
MISE EN SCÈNE David Alden
DÉCORS Paul Steinberg
COSTUMES Buki Shiff
LUMIÈRES Pat Collins

 

Poppea Miah Persson
Nerone Sarah Connolly
Ottone Jordi Domenech
Seneca Franz-Josef Selig
Ottavia Maite Beaumont
Drusilla Rurh Rosique
Arnalta, Nutrice Dominique Visse
Lucano Guy de Mey
Valletto William Berger
Damigella, Virtù Judith van Wanroij
Liberto Francisco Vas
Lictore, Mercurio Josep Miquel Ramón
Fortuna, Pallas, Venere Marisa Martins
Cupido Olatz Saitua

 

DATE D’ENREGISTREMENT février 2009
LIEU D’ENREGISTREMENT Gran Teatre del Liceu – Barcelone

 

EDITEUR Opus Arte
DISTRIBUTION Codaex
DATE DE PRODUCTION 1er avril 2012
NOMBRE DE DISQUES 1
FORMAT 2.0LPCM + 5.1(5.0) DTS
DISPONIBILITE toutes zones
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

 

Disponible aussi en Blu-ray

Critique de cet enregistrement dans :

Forum Opéra

« En 2004-2005, l’Opéra de Paris et le Théâtre des Champs-Elysées présentèrent chacun leur version du Couronnement de Poppée, non sans une certaine surenchère dans les effets visuels et autres « trouvailles » de plus ou moins bon goût. Gérard Mortier avait fait venir au Palais Garnier cette production de David Alden, créée à Munich en 1997, ici filmée lors d’une nouvelle reprise à Barcelone ; à Paris, après avoir été en début de saison un Néron à dreadlocks pour David McVicar, Anna Caterina Antonacci y était une Poppea vénéneuse. Une blonde Américaine – qui n’était à Garnier que Drusilla – succède à la brune Italienne, et une mezzo remplace avantageusement en Néron le sopraniste entendu à Paris, mais le spectacle n’a (hélas ?) pas changé. Et à vouloir offrir une Poppée gonflée, on n’obtient parfois qu’une Poppée gonflante.
Conformément à l’esthétique des collaborateurs habituels de David Alden, le décor, meublé d’un unique canapé-lit pendant toute la première partie, se compose d’immenses parois mobiles, carrelées ou percées de rangées d’ouvertures, qui cèdent finalement la place à un damier noir et blanc à la Vasarély. Les costumes, très colorés, mélangent les styles les plus divers : à côté de références aux années 1950 ou 1970, Ottone est habillé comme un Belmonte de L’Enlèvement au sérail, les soldats en légionnaires d’Astérix… Dans ce climat de caricature permanente, le principe du « tous pourris » ne laisse guère de place à l’émotion. Et si l’on n’éprouve aucune sympathie pour ces personnages, on se désintéresse vite de l’action. Une fois encore, il y a là trop de gags, trop de pas de danse dès que la musique se fait guillerette. Comme l’avait magistralement prouvé Klaus Michael Grüber à Aix-en-Provence, pour Monteverdi, less is more.
Dominique Visse surcharge le personnage d’Arnalta d’intentions ironiques, et sa Nutrice est à peine moins caricaturale. Par chance, il ôte sa perruque de Priscilla Folle du Désert juste avant d’interpréter son ineffable berceuse, mais on a peine à croire en les sentiments maternels d’un tel personnage. En Seneca, Franz Josef Selig offre certes un chant de haute tenue, disciplinant à merveille un timbre qui sait aussi fort bien servir un répertoire beaucoup plus lourd, mais comment sa mort pourrait-elle nous toucher puisqu’il est escorté de ridicules « familiari » déguisés en Tintin et jouant au yoyo ? Le contré-ténor catalan Jordi Domenech défend avec conviction le rôle ingrat d’Ottone, avec son long monologue initial ; son travestissement dans la scène de la tentative d’assassinat est délibérément grotesque.
Ruth Rosique est une Drusilla fort bien chantante, mais impitoyablement ridiculisée par la mise en scène. Maïte Beaumont est vocalement une splendide Ottavia, aux imprécations puissantes, mais qui gagnerait à être plus contrôlée ; à sa décharge, on dira que David Alden ne l’aide pas vraiment à conférer de la noblesse à son personnage de souveraine outragée (elle brandit une hache quand elle demande à Ottone de tuer sa rivale !). Très sollicitée dans l’aigu, Sarah Connolly est éminemment crédible en jeune empereur rongé par le désir, d’autant plus qu’elle est l’un des rares protagonistes pris au sérieux par la production. Habituée aux rôles travestis, la mezzo irlandaiseest un régal à entendre, après divers falsettistes plus ou moins à leur place. Ce Nerone en tunique brodée, drapé dans de superbes étoffes indiennes – comme Noureïev dans ses dernières années –, trouve là une de ses meilleures interprètes. Vamp toute de blanc vêtue ou gainée dans le fourreau noir d’une très vénéneuse Méduse, Miah Persson met au service de Poppée des intonations caressantes et une voix d’un format qui, sans être toujours très caractérisée, se marie agréablement à celle de son amant.
Du clavecin, Harry Bicket dirige une version très complète de la partition, mais sans grande personnalité, en dehors des éternuements, hoquets et autres facéties qui interrompent les récitatifs, sans doute à la demande du metteur en scène ; n’aurait-il pas mieux fait de veiller à ce que certains chanteurs émettent plus proprement leurs vocalises ? »

Diapason – juin 2012

« C’est à Barcelone que fut capté, en février 2009, le mémorable Couronnement de Poppée signé par David Alden. La mise en scène créée à Munich douze ans plus tôt, souvent repris (notamment à Paris en 2005), a certes connu plateaux et chefs plus prestigieux. Mais on se réjouit vivement de voir enfin immortalisé un spectacle aussi éblouissant, dont nous émerveillent la richesse des costumes (glamour hollywoodien des années 1940, look Mad Men 1950, drag-queens décadentes fin de millénaire voisinent avec quelques références antiques), et les éclairages qui magnifient des éléments de décors stylisés. Et quelle direction d’acteurs étourdissante de vie, quelle intelligence dramatique ! Les jeux du pouvoir et du sexe ont rarement été soulignés avec une telle invention visuelle.
Le traitement de la partition suscite lui aussi l’admiration : peu de coupure, pas d’arrangement orchestral envahissant, mais un continuo profus et varié, à la réaalisation attentive. Le chatoiement de la mise en scène invite les musiciens à faire entendre des couleurs instrumentales renouvelées; il inspire à Harry Bicket une direction analytique, pleine d’idées neuves.
Quant au plateau, il ne manque pas d’atouts … Domiinique Visse campe avec une drôlerie et un abattage hors pair les deux rôles d’Amalta et Nutrice, tandis que le Nerone de Sarah Connolly restitue toute la névrose du personnage, sa violence mais aussi sa sensualité à fleur de peau. Surtout, la distribution est illuminée par la Poppée vénale et torride de Miah Persson – qui fit une touchante Drusilla dans la production parisienne. On passera sur quelques seconds rôles décevants, telle la Vénus/Fortune trop acide de Marisa Martins. Indéniablement, cette Poppea catalane mérite de figurer au sommet de la vidéographie, aux côtés de la mythique version Ponnelle-Harnoncourt (DG). »

Classica – septembre 2012 – appréciation 3 / 4

« Après le classicisme de Pizzi et la vision au scalpel de Tandberg à l’Opéra de Norvège, voici Le Couronnement de Poppée de David Alden, filmé ici à Barcelone après avoir été vu à Munich et à Paris. Une Fortune chauve et une Vertu enceinte : dès le prologue, Alden annnonce la couleur. Sa lecture du livret de Busenello sera aussi féroce que les charges cyniques du poète vénitien. Il n’y a aucune pitié dans la mise en place des personnages. Le metteur en scène et son décorateur Paul Steinberg ont choisi de faire sens en jouant le choc des couleurs. Pop, intenses, violentes, elles habillent une scène souvent vide, à l’exception d’un canapé rouge et d’un lustre solitaire et d’une porte tournante. La violence et l’outrance s’expriment en parme violent, en pourpre sannglant, en couleurs froides et assourdissantes. Son post-modernisme, aux antipodes du rigide Bob Wilson, fait se télescoper les signes.
Toutes ces couleurs se résoudront au final dans un échiquier noir et blanc, belle métaphore du jeu politique. Le Liceu s’est offert une disstribution à la hauteur de cette charge colorée, avec en premier lieu Sarah Connoly, superbe travesti baroque depuis son Giulio Cesare de Glyndebourne. Quant à Harry Bicket, il effectue un addmirable travail de fosse avec une phalange réunie pour l’occasion, et qui n’a rien à envier aux meilleures formations baroques. »