DVD Les Indes galantes

COMPOSITEUR Jean-Philippe RAMEAU
LIBRETTISTE Louis Fuzelier

 

ORCHESTRE Les Arts Florissants
CHOEUR
DIRECTION William Christie
MISE EN SCÈNE Andrei Serban
DÉCORS / COSTUMES Marina Draghici
LUMIÈRES Robert Wierzel

 

Hébé Danielle de Niese
Bellone João Fernandes
Amour Valérie Gabail
Osman Nicolas Cavallier
Emilie Anna Maria Panzarella
Valère Paul Agnew
Huascar Nathan Berg
Phani Jaël Azzaretti
Don Carlos François Piolino
Tacmas Richard Croft
Ali Nathan Berg
Zaïre Gaëlle Le Roi
Fatime Malin Hartelius
Adario Nicolas Rivenq
Damon Christoph Strehl
Don Alvar Christophe Fel
Zima Patricia Petibon

 

DATE D’ENREGISTREMENT septembre 2003
LIEU D’ENREGISTREMENT Opéra Garnier

 

EDITEUR Opus Arte
DISTRIBUTION Codaex
DATE DE PRODUCTION 25 août 2005
NOMBRE DE DISQUES 2 (dont bonus « Chanter Rameau »)
FORMAT 6:9 – Son DTS Surround / LPCM Stéréo
DISPONIBILITE Toutes zones
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

 

 

 

Critique de cet enregistrement dans :

Classica – novembre 2005 – appréciation 8 / 10

« Rameau, grand pnvilegié de l’ère Gall à l’Opéra de Paris, acte II : voici désormais en vidéo Les Indes galantes, qui suivent Les Boréades de Carsen. On applaudit sans réserve à cet ajout au patrimoine, que seul Paris peut offrir aujourd’hui de façon aussi spécifique. Et l’on salue la splendeur musicale de la réalisation, qui trouve en William Christie un apôtre, et un maître à la fois, vibrionnant comme toujours dans ce style, et particulièrement en verve dans ces morceaux où la danse est à l’avant du divertissement. La distribution rend de plus un hommage qualifié à la vocalité ramiste avec un talent fou, et on ne sait qui saluer d’abord de cette quinzaine de solistes majeurs et tous en phase avec le projet du chef. Ils sont de plus formidablement investis dans une production scénique qui, pour avoir divisé les amateurs, entre classiques et modernes, n’en passe pas moins fort bien l’écran par la modernité nue des décors et des effets de machines, loin du baroquisme chargé à la Pizzi ou emplumé d’Alfredo Arias. Certes, la subtilité, l’équilibre, le sens même des situations sont ici d’un autre domaine que le respect comme les ballets de Bianca Li. aux rythmes bien peu classiques. Mais la conception d’Andrei Serban est avant tout ludique, jonglant bien avec une oeuvre qui se voulait autrement universaliste et didactique en son temps. C’est un peu lassant vu la longueur de l’oeuvre, par manque d’épaisseur, mais parfaitement en phase avec l’esprit de notre époque. Cela vieillira-t-il bien? Pas sûr. Profitons-en vite alors. Signalons un bonus de cinquante minutes, «Chanter Rameau », avec interviews de Christie, Petibon, Rivenq, Agnew, Li et Serban à l’appui. »

Classics Today France

« Cette somptueuse reprise du spectacle mis en scène par Andrei Serban et chorégraphié par Blanca Li pour l’Opéra de Paris ne pose en fait qu’une seule question : jusqu’où peut-on aller dans le délire et l’inventivité scénique et visuelle avant de tomber dans le « too much »? Comme à son habitude, Serban ne lésine sur aucun symbole, aucune image forte, aucun gag. De sa tolérance à un spectacle un peu déjanté dépendra l’appréciation que tout un chacun pourra en faire.
Ceci posé, il y a soit une très longue analyse, soit quelques idées simples et évidentes à développer au sujet de ce spectacle. Choisissons la voie brève. C’est une soirée d’opéra rare et précieuse, visuellement somptueuse, très drôle malgré le kitch souvent forcé. Elle bénéficie d’une distribution (et Dieu sait que le risque de disparité est grand avec une telle multiplication des scènes et rôles) d’une homogénéité et d’une qualité exceptionnelle, avec de grands chanteurs (Berg, Agnew!) et des chanteuses qui crèvent l’écran (de Niese, Azzaretti, Petibon!). Le zozotement de François Piolino est le plus grand grief que puis formuler : c’est dire! Quant aux ballets, ils sont, avec ceux de Platée, parmi les plus réussis des représentations ramistes de ces dernières années, bien plus que ceux d’Edouard Lock dans les Boréades.
Au pupitre William Christie, détend sa manière, ose des fulgurances, lui qui dirigeait souvent Rameau avec componction. Bref, l’équipe scénique et musicale au complet impose un rythme et un esprit adéquat à cet immense chef-d’œuvre qu’il convient de connaître sans tarder à travers un DVD dispensant un rare bonheur, puisque l’ensemble est filmé à la perfection, avec une définition idéale, une compression parfaite de l’image et des éclairages modèles. Un bonus très intéressant (avec interviews des protagonistes) vient couronner le tout. Que dire de plus? »

Télérama – appréciation ffff

« Deuxième ouvrage lyrique de Rameau, Les Indes galantes célèbre le triomphe de l’amour sur la jalousie, de l’Atlantique à l’Oural, des Incas du Pérou aux Persans de la fête des Fleurs. Cet opéra-ballet réserve aussi une place d’honneur à la danse, et William Christie, magistral sachem des Arts Florissants, a raison d’affirmer que Rameau, avant Tchaïkovski et Stravinsky, est le premier compositeur de musique de ballets.
« Inaugurée en 1999, la production de l’Opéra Garnier s’est encore bonifiée à la reprise de 2003, captée pour ce DVD. La chorégraphie branque et branchée de Blanca Li a définitivement gagné son pari d’humour décalé, d’insolence virtuose. Quant à la distribution vocale, elle touche à la perfection, notamment pour les seconds rôles – de Danielle de Niese, régentant le prologue à la façon d’une meneuse de revue de Folies Bergère huppées, à Valérie Gabail, Cupidon apache jamais à court de flèches, en passant par la Bellone lubrique de João Fernandes, déesse de la guerre travestie en drag queen matamore. Ne manquez surtout pas, après les saluts, le rondeau des « Sauvages », bissé par tout un plateau euphorique et hilare. En majorette squaw déjantée, la percussionniste Marie-Ange Petit mène son monde tambour battant. Un bonheur aussi communicatif, une fête de l’intelligence aussi joyeuse sont rares sur une scène d’opéra. »

ConcertoNet

« Voici enfin le DVD de l’une des productions les plus réussies de l’ère Gall, Les Indes galantes de Jean-Philippe Rameau ! La mise en scène colorée, acidulée, ironique d’Andrei Serban est magnifique et la chorégraphe Blanca Li illustre avec beaucoup d’imagination les nombreux ballets de l’ouvrage. La distribution vocale est homogène et remarquable (même si cette captation date de 2003 alors que sa création en 1999 réunissait Laurent Naouri et Natalie Dessay !) et William Christie et Les Arts Florissants triomphent par leur rigueur, leur sens de la couleur et leur souplesse. On applaudit également le documentaire de cinquante minutes, constitué principalement d’interviews de Christie et Serban, qui présente l’œuvre en profondeur. Un DVD remarquable ! »

Diapason – octobre 2005 – appréciation 3 / 5

« La vie est mal faite. Harmonia Mundi n’a publié que la bande-son des Indes emplumées par Arias à Ais-en­Provence il y a quinze ans, et c’est la production créée en 1999 au Palais Garnier qui a l’honneur du DVD — plus précisément, la reprise de 2003, globalement supérieure malgré le remplacement de Natalie Dessay. Les yeux fermés, on apprécie bien sûr le luxe de la distribution — un seul doublé pour les dix-sept personnages. En les ouvrant, on subit en gros plan les grosses ficelles de ces – Dindes gavantes” (dixit Eric Dahan). Le « Vaste empire des mers » d’Emilie n’a pas plus d’impact que le « Papillon inconstant » de Fatime : Andrei Serban désamorce chaque situation dramatique, méprise les caractères, passe à côté de ce génial « résumé de l’art lyrique en quatre leçons ». Partout la même naïveté niaise des décors et des accessoires (cerceaux, ballons, masques, drag queen, couleurs primaires…), des minauderies, et en guise de ballets, une gymnastique rythmique. Hugues Gall voulait un remake des fameuses Indes façon music-hall de Maurice Lehman (Garnier, 1952), il a obtenu l’un des plus mauvais spectacles de son règne — avec l’Otello du même Serban. Précieux néanmoins pour la bande-son, qui prend la tête d’une discographie modeste et justifie la note (une moyenne). Et rallumez le poste pour les dix dernières minutes : Petïbon est assez géniale dans son genre à la fin des Sauvages, et William Christie ne danse pas mal du tout ! »

Le Monde de la Musique – septembre 2005 – appréciation 3 / 5

« Mettre en scène les «entrées de ballet» successives qui composent Les Indes galantes n’est pas une mince affaire. De 1952 à 1961, la célèbre production de Maurice Lehmann a transporté les Folies Bergère sur la scène de l’opéra de Paris, au son d’une partition remaniée par Paul Dukas et Henri Büsser. Au Festival d’Aix-en-Provence en 1990, Alfredo Arias nous a emmenés au cirque, avec jongleurs et nez rouges. Il suffisait de fermer les yeux pour apprécier le travail de William Christie sur cette musique géniale.
Au Palais Garnier de 1999 à 2003 (c’est la reprise de 2003 qui a été filmée), Andreï Serban a opté pour un exotisme décalé façon Tintin chez les Picaros. Ce ne sont que volcans de carton pâte (deuxième entrée « Les Incas du Pérou » ), filles fleurs aux couleurs flashy (troisième entrée « Les Fleurs ou la Fête persane »), Peaux-Rouges comme dans Lucky Luke (quatrième entrée « Les Sauvages »). Ne sont-ce pas les bandes dessinées, les dessins animés qui nous ont procuré le dépaysement que les contemporains de Rameau allaient chercher dans les récits des explorateurs ?
Le spectacle, bariolé et acrobatique, serait assez plaisant si la chorégraphie de Bianca Li n’était aussi uniforme dans son parti pris de parodie permanente. Là encore, on est tenté de fermer les yeux pour mieux apprécier l’humour bien plus subtil que Ra­meau a mis dans sa musique, et pour échapper à l’aspect patronage de ce qui nous est montré. Ce fossé entre ce qu’on voit et ce qu’on entend est d’autant plus large que Christie a encore mûri son interprétation et que les chanteurs parviennent à exécuter impeccablement leur partie tout en se livrant aux facéties requises par la mise en scène. Dans cette optique, Patricia Petibon (succédant à Natalie Dessay pour cette reprise) se livre à des prouesses tant vocales que physiques dans la scène célèbre du « Calumet de la Paix ».

Ars Musica

« La mise en scène est moderne, avec un côté « Rameau à la maternelle » (couleurs vives, cerceaux, ballons, panneaux écrits à la main, nuages en plastique, pots de fleur géants… cela dit, on a aussi la surprise de voir passer une drag queen), les chorégraphies mélangent un peu de tout (esquisses de vrais pas de danse baroque, gesticulations diverses & variées…), on aime ou on déteste, mais, globalement, le résultat est plus sympathique que sur « Les Boréades ») ; mention spéciale au tableau des « Sauvages » ou Patricia Petibon fait merveille en fille de chef indien ; côté « suppléments », on a droit à des notes biographiques sur William Christie et son orchestre, ainsi qu’à une séquence « interviews » de 50’18 où la plupart des intervenants s’expriment en anglais (on y paraphrase assez largement l’oeuvre et le spectacle — beaucoup d’extraits — avec une bonne dose d’auto-satisfaction ; il y a aussi une toute petite séquence intéressante de répétition avec Nicolas Rivenq et Patricia Petibon) ; enfin, à titre de comparaison, l’édition CD de 1991 proposait 3h13 de musique, ici, on a droit à 3h46 de spectacle (ce qui pourra surprendre, car il est clair qu’il y a eu des coupes comme dans la scène 6 des Sauvages où le 2ème Menuet pour les guerriers et les amazones a tout bonnement disparu !). »