DVD Il Flaminio

COMPOSITEUR Giovanni Battista PERGOLESI
LIBRETTISTE Gennaro Adriano Federico

 

ORCHESTRE Accademia Bizantina
CHOEUR
DIRECTION Ottavio Dantone
MISE EN SCÈNE Michal Znaniecki
DÉCORS Benito Leonori
COSTUMES Klaudia Koniecny
LUMIÈRES Michal Znaniecki

 

Polidoro Juan Francisco Gatell
Giustina Marina De Liso
Ferdinando Serena Malfi
Vastiano Vito Priante
Flaminio Laura Polverelli
Agata Sonya Yoncheva
Checca Laura Cherici

 

DATE D’ENREGISTREMENT 2010
LIEU D’ENREGISTREMENT Jesi – Teatro Valeria Moriconi

 

EDITEUR Arthaus Musik
DISTRIBUTION Unitel
DATE DE PRODUCTION 9 avril 2013
NOMBRE DE DISQUES 2
FORMAT NTSC – PCM Stéréo , DD 5.1 – 16:9 –
DISPONIBILITE toutes zones
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

 

 

Critique de cet enregistrement dans :

Opéra Magazine – juin 2013 – appréciation 5 / 5

« La même année 1735, Pergolesi conclut en revenant au bouffe, sur une grande échelle, avec Il Flaminio et ses trois heures de musique. Donné en 2010 au Teatro Valeria Moriconi, l’ouvrage bénéficie de la mise en scène habile de Michal Znaniecki, qui place l’orchestre sur le plateau comme Italo Nunziata, denrière un treillis aéré de feuillages faisant jardin, mais situe l’action sur un beau podiunr à degrés, en utilisant alvéoles latérales, passages sur les côtés du théâtre et dans l’allée centrale, galeries et balcons, pour un espace suffisamment diversifié. Mêlant les genres d’une façon étonnante, du seria à la musique populaire, jouant de l’opposition des parlers napolitain et toscan, cette « commedia per musica »douce-amère introduit des airs de grande ampleur, notamment ceux confiés à Flaminio, qui s’est glissé sous un faux nom auprès du noble Polidoro pour reconquérir sa Giustina, promise à ce dernier. Malgré un léger essoufflement au III, un plateau de premier ordre permet de croire à cette intrigue qui tire un peu à la ligne, Laura Polverelli domine magistralement le rôle-titre. Elle trouve bon répondant dans la belle Giustina de Marina De Liso, tandis que Juan Francisco Gatell compose un joli Polidoro. La voix très pure de Serena Malfi pour Ferdinando, la séduction ce Sonya Yoncheva en Agata, l’abattage de Vito Priante pour le valet Vastiano, et la truculente servante Checca de Laura Cherici, font un ensemble quasiment parfart. Ottavio Dantone, pétillant et spirituel, mais d’un beau et tendre lyrisme quand il le faut avec une Accademia Bizantina exemplaire sert au mieux l’urtime chef-d’œuvre. »

Forum Opéra

« Décor de bois blanc, costumes d’estivants 1900, châles, chignons et bottines… Il Flaminio de Pergolèse a des airs tchékhoviens dans ce spectacle donné il y a quelques années à Jesi, aujourd’hui publié en DVD par Arthaus. Au dernier acte, on aperçoit un samovar, et l’une des protagonistes caresse même une mouette empaillée, comme pour rappeler le titre d’une des pièces les plus connues de l’auteur des Trois sœurs. Hélas, ce projet séduisant reste à l’état d’esquisse et se borne à quelques bonnes intentions. Les personnages passent un peu trop de temps assis sur leur chaise, ce qui n’est pas forcément le meilleur moyen d’exprimer leurs émotions. Cela dit, par rapport aux absurdités qu’a parfois cru bon de nous montrer le festival de Jesi, cette production fait figure de modèle. Pour cette intrigue qui évoque évidemment plus Marivaux que Tchékhov, Michal Znaniecki a su utiliser toutes les ressources du Teatro Valeria Moriconi, en multipliant les lieux où se déroule l’action, en laissant en scène des personnages qui ne sont pas censés y être, mais qui peuvent ainsi voir les autres ou être vus, ce qui donne un sens plus immédiat aux différents épisodes de dépit amoureux. Le dernier acte, plus stylisé, joue habilement sur la nostalgie et le désespoir de certains personnages, avec un final presque aussi amer que celui de certaines versions de Così fan tutte, l’un des couples artificiellement réunis par le lieto fine apparaissant au bord du désespoir.
Heureusement, l’excellence de la distribution permet de se laisser emporter par ce spectacle, comme ce fut apparemment le cas de notre collègue Maurice Salles lorsqu’il y assista en direct (voir recension). Ottavio Dantone n’est pas pour rien dans cet enthousiasme, et l’énergie avec laquelle il dirige son Accademia Bizantina (vigouruses attaques des cordes dans l’obsédant « Lo caso mio » de Ferdinando) nous convainc parfaitement de la validité scénique des œuvres de Pergolèse. De tous les spectacles de Jesi diffusés en DVD, c’est jusqu’ici le plus réussi, dans une veine douce-amère qui situe ce Flaminio à mi-chemin entre la farce des intermèdes franchement bouffons comme Livietta e Tracollo ou La Serva padrona (le couple de domestiques entourant Polidoro sert à apporter la composante comique) et le sérieux des tragédies historiques comme Adriano in Siria. Vocalement, il n’y a pratiquement rien à redire à la distribution assemblée pour cette reprise en 2010 d’une production créée en 2004, dont Laura Cherici est la seule survivante. Accorte soubrette, elle est ici une efficace meneuse de jeu, avec un seul air en solo, mais plusieurs interventions au sein d’ensemble. Son comparse Vastiano est un peu plus gâté, et Vito Priante interprète avec brio et désinvolture ce valet insolent qui s’exprime exclusivement en dialecte napolitain, d’une voix de basse qui doit faire merveille en Figaro, l’un de ses emplois actuels. Son maître Polidoro est incarné par le ténor argentin Juan Francisco Gatell (qui sera Ernesto dans Don Pasquale à Toulouse à partir du 19 avril), à la voix parfois un peu nasale ; dommage que la mise en scène réduise son personnage à un benêt qui bascule dans la quasi-démence au troisième acte. Dans le rôle de sa sœur Agata, Sonia Yoncheva séduit par un timbre charnu et agile. Entendue en Cenerentola à Garnier l’hiver dernier et future Zerline au TCE en avril 2014, Serena Malfi hérite du rôle de Ferdinando, amant longtemps éconduit qui s’épanche en deux airs plaintifs et s’exprime lui aussi en dialecte ; on aimerait savoir pourquoi Dantone a choisi une mezzo pour cet air jadis confié à un ténor, mais sans doute avait-il de bonnes raisons. L’œuvre est néanmoins dominée par les deux protagonistes principaux, très adéquatement distribués. Abandonnant les travestis auxquels elle était jusqu’ici habituée chez Pergolèse, Marina De Liso est une très altière mais très touchante Giustina, et fait valoir toute la beauté de son timbre grave dans un bel air de fureur au deuxième, suivi d’un magnifique duo, « Se spiego i sensi miei », dans lequel l’excellente Laura Polverelli lui donne une réplique idéale. En Flaminio-Platonov, celle-ci tire le maximum des airs nombreux et superbes que le compositeur a réservés au personnage. »

Classica – mai 2013 – appréciation 4 / 4

« … la production d’Il Flaminio est une des plus recommandables de la série. Nul besoin, cela dit, de grands espaces pour laisser les ressorts de cette comédie sentimentale se déployer. Michal Znaniecki se concentre alors sur les gestes et les rapports entre des personnages installés dans une campagne à la Tchekhov. Laura Polverelli excelle dans le rôle-titre (travesti) de celui qui aime Giustina (Marina de Liso) depuis toujours alors qu’elle s’apprête à épouser Polidoro (Juan Francisco Gatell). Partagé entre de longues séquences sentimentales dont Igor Stravinsky saura se souvenir, et des airs de bravoure, cet opéra séduisant bénéficie d’une distribution très équilibrée et de la direction attentive d’Ottavio Dantone.«