Giulio Cesare (Michael Hofstetter)

COMPOSITEUR Georg Friedrich HAENDEL
LIBRETTISTE Nicola Haym

 

ORCHESTRE Orchestre du Grand Théâtre du Liceu
CHOEUR Choeur du Grand Théâtre du Liceu
DIRECTION Michael Hofstetter
MISE EN SCENE Herbert Wernicke et Björn Jensen
DÉCORS Herbert Wernicke
COSTUMES Herbert Wernicke
LUMIÈRES Hermann Münzer
Giulio Cesare Flavio Oliver
Cleopatra Elena de la Merced
Tolomeo Jordi Domenech
Achilla Oliver Zwarg
Nireno Itxaro Mentxaka
Cornelia Ewa Podles
Curio David Menendez
Sesto Maite Beaumont
DATE D’ENREGISTREMENT juillet 2004
LIEU D’ENREGISTREMENT Barcelone – Théâtre du Liceu
EDITEUR TDK
DISTRIBUTION Integral
DATE DE PRODUCTION janvier 2006
NOMBRE DE DISQUES 2
FORMAT Image NTSC 16 / 9 – Son DTS 5.1, Dolby Digital 5.1, LPCM Stereo
DISPONIBILITE Toutes zones
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

Critique de cet enregistrement dans :

  • Classica/Répertoire – juillet/août 2006 – appréciation 3 / 10

« Excitante semble, durant le premier DVD, la mise en scène d’Herbert Wernicke au Liceu de Barcelone. Il l’a installée sur une pierre de Rosette géante que reflète un miroir suspendu. Riches d’idées (le crocodile de l’ouverture, le jeu des costumes d’époques différentes…), les intentions musicales de ce Cesare deviennent vite dérangeantes. Pourquoi charger d’airs venus de Rinaldo et de Tolomeo une partition déjà bien fournie? Encore eut-il fallu disposer d’un plateau adéquat… Desservi par une prise de son lamentable, on ne perçoit que beuglements de chanteurs et approximations d’un orchestre véritable parangon de platitude sonore. Flavio Oliver est inaudible dans les piani et piaille ses prestos. Ewa Podles barytonne et Jordi Domenech est une caricature de contre-ténor… Seul le timbre admirable de Maïte Beaumont est à sauver de ce naufrage technique. »

  • Diapason – avril 2006 – appréciation 2 / 5

« Capté à Barcelone six ans après la première, soit deux ans après la mort de Herbert Wernicke, ce spectacle interminable lui rend mal justice. Dans un unique décor « à variations » conforme par la majesté, la découpe et le fini aux canons pointilleux du metteur en scène, l’action languit, sourde à toute pulsation dramatique, cherchant le théâtre perdu dans un catalogue de gags usés — le crocodile, les grosses bébêtes, le casque colonial et, tout du long, la tête de Pompée, accessoire dont Cornelia ne sait que faire et au moyen duquel Tolomeo tente une fellation puérile (hélas sous le manteau : le dramaturge, de nos jours, voit du cul partout mais en conçoit un dégoût…).La soirée, toutefois, lasse moins les yeux que les oreilles. Hormis un Sesto honnête, le seul format vocal du spectacle est bien entendu Ewa Podles, veuve cornélienne dont les mâles accents et la couverture ostensible conviendraient à César, rôle que l’audacieux Flavio Oliver ne maîtrise ni en souffle, ni en expression, ni en couleur, ni en justesse. Les autres passent, même la Cléopâtre si jolie à regarder de Mlle de la Merced, même le Tolomeo insolemment Gran Scena de Jordi Doménech. Dans la fosse, Michael Hofstetter dirige d’une main de fer sans gant de velours un orchestre inégal et une partition tripatouillée (Cléopâtre perd « Venere Bella » et « Da tempeste », Curio maltraite deux airs de Rinaldo, César essaie un fragment d’Orlando political correctness oblige, l’affreux Tolomeo ne meurt plus dans le récitatif sec mais dans les gouttes amères, « Stille amare », de… Tolomeo). Quelques images dignes du grand Wernicke, quelques phrases du monument Podles, trois heures et demie de chagrin. »

  • Opéra Magazine – mars 2006 – appréciation 2 / 5

« C’est du Liceu de Barcelone (2004) que nous vient ce Giulio Cesare. Herbert Wernicke, qui a procédé à quelques coupures et intégré de façon convaincante d’autres airs d’opéras de Haendel, a l’honnêteté — peu courante — de présenter son travail comme une adaptation. L’action se déroule sur une pierre de Rosette géante, pour établir un parallèle entre la domi­nation romaine sur l’Égypte ancienne et la découverte de cette précieuse stèle à la fin du XVIIIe siècle, qui permit d’en explorer les mystères. Autre symbole, la présence d’un crocodile — parfaitement habité par Hector Manzanares — qui effraie d’abord les Romains, avant de se laisser progressivement approcher et de partir avec Cesare. Ces excellentes idées sont malheureusement gâchées par nombre de détails obscurs, inutiles, ridicules ou vulgaires. On joue ainsi de façon trop répétitive avec la tête de Pompeo, qui peut même servir à Tolomeo d’objet de jouissance sexuelle…La distribution ne sauve pas le spectacle. Cleopatra n’est que charmante. Comelia chante en force et avec une expression dénuée de subtilité. Tolomeo cherche à gonfler sa voix. Cesare, en plus de l’aigreur de son timbre, escamote des notes dans les séries de vocalises pour prendre les respirations dont il a besoin. La prise de son, enfin, n’offre pas un équilibre satisfaisant entre fosse et plateau, et la réalisation télévisuelle est sans grand intérêt.Seuls lots de consolation, les prestations d’Itxaro Mentxaka en Nireno et de Maite Beaumont, Sesto très bien chantant. De quoi nourrir des regrets, d’autant que sous la direction de Michael Hofstetter, déjà remarqué à Wiesbaden dans le répertoire haendélien, l’orchestre du Liceu se montre expressif et théâtral. »

  • Res Musica

« Saviez-vous que Giulio Cesare était une œuvre comique ? L’auteure de ces lignes non plus, jusqu’à ce qu’elle visionne le DVD de la production du Liceu. Car la mise en scène d’Herbert Wernicke est truffée de gags : les lauriers de César s’effeuillent comme des pétales de marguerite, Achilla est vêtu du même costume que Tintin au Congo, un petit bonhomme avec un chapeau melon se ballade en montrant des écriteaux, parfaitement illisibles étant donné la distance, les soldats romains sont travestis en bernard-l’hermite avec des coquilles dorées, et on en passe. Il y a des accessoires aussi : la tête tranchée de Pompée passe de main en main, à la façon d’un ballon de rugby, pendant les trois heures et demi de représentation, un fil rouge en quelque sorte. Le personnage principal n’est pas, comme on pourrait s’y attendre, le rôle-titre, ni même Cléopâtre, mais un improbable crocodile qui ressemble furieusement à un des animaux loufoques que Tamino aurait pu faire danser au son de sa flûte. Tout droit sorti de Peter Pan, il poursuit Jules César comme un vulgaire capitaine Crochet pendant deux actes, mais que le lecteur sensible se rassure, l’histoire finit bien, la bestiole accepte les caresses et part en bateau en compagnie de l’empereur romain, qui abandonne Cléopâtre sur la plage. Mis à part ces gags superfétatoires, la direction d’acteur est inexistante, il ne se passe rien, le décor unique est moche et les costumes tout aussi affreux. On s’ennuie ferme, et même, on a tendance à s’assoupir. Il y a peut-être un peu de mauvaise foi dans ces propos. Herbert Wernicke s’explique dans la plaquette d’accompagnement du DVD sur ses intentions et la raison de la présence de ce crocodile. C’est à cette occasion d’ailleurs qu’on se rend compte que le décor qui ressemble à une vulgaire plaque, représente en fait la pierre de rosette, on ne l’avait pas remarqué auparavant. Cependant quand un metteur en scène ressent le besoin d’expliquer ses choix par écrit, alors qu’ils ne sont pas perceptibles intuitivement, cela ressemble fort à un aveu d’échec. Il n’a jamais été besoin de lire une seule ligne pour comprendre les intentions de Peter Sellars dans sa mise en scène exceptionnelle du même opéra. Pour couronner le tout, la musiquette de Haendel n’étant pas digne de la grande intelligence du metteur en scène, on l’a traficotée pour parvenir à « une compréhension approfondie de la signification de l’œuvre » (sic), supprimant des passages par-ci par-là, ajoutant des extraits de Rinaldo, Orlando et Tolomeo. Etait-ce vraiment nécessaire ? Ce salmigondis est bien dommageable d’ailleurs, car la distribution comporte d’agréables surprises. A commencer, mais cela n’est pas une surprise, par la fantastique Ewa Podles, qui ne fait qu’une bouchée du rôle de Cornelia, sous-dimensionné par rapport à ses immenses moyens. Son beau timbre, ses graves profonds, la facilité de ses vocalises, sa présence, font regretter qu’elle n’ait pas été distribuée en Jules César ! Car le pauvre Flavio Oliver est bien falot dans le rôle-titre. La voix est petite et aigre, manque de couleurs et de dynamique, malgré de solides notions de style et une vocalisation véloce. Il retire ainsi à son personnage toute la dimension héroïque, déjà bien malmenée par la mise en scène. L’autre contre-ténor, Jordi Domènech en Tolomeo, n’est ni bon ni mauvais, tout comme son sous-fifre Achilla, et on ne finit par ne plus l’entendre, obnubilé par le maquillage hideux qui le fait ressembler à une vieille drag queen. Meilleur constat du coté féminin, hors la supranaturelle Ewa Podles : Maite Beaumont est un exceptionnel Sesto, convaincu et bien chantant. Les deux réussissent d’ailleurs un miraculeux duo à la fin de l’acte I. Elena de la Merced est une ravissante Cléopâtre, un peu trop pimpante, plus nymphette que croqueuse d’hommes dévorée par l’ambition. Pour les trois voix féminines, et rien de plus. «