La Calisto

COMPOSITEUR Pier Francesco CAVALLI
LIBRETTISTE Giovanni Faustini

 

ORCHESTRE Concerto Vocale
CHOEUR
DIRECTION René Jacobs
MISE EN SCÈNE Herbert Wernicke

 

Giove Marcello Lippi
Mercurio Hans Peter Kammerer
Calisto, Eternita Maria Bayo
Endimione GrahamPushee
Diana, Destina Louise Winter
Linfea Alexandre Oliver
Satiro, Furia Dominique Visse
Pane, Natura Barry Banks
Silvano Reinhard Dorn
Giunone Sonia Theodoridou
Furia Robin Tyson

 

DATE D’ENREGISTREMENT 20 mars 1996
LIEU D’ENREGISTREMENT Théâtre de la Monnaie – Bruxelles

 

EDITEUR Harmonia Mundi
DISTRIBUTION Harmonia Mundi
DATE DE PRODUCTION 26 octobre 2006
NOMBRE DE DISQUES 2 (+ « Les secrets de Calisto »)
FORMAT NTSC – Image 4 / 3 – Son PCM Stéréo DTS 5.0
DISPONIBILITÉ Toutes zones
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

Critique de cet enregistrement dans :

  • Le Monde de la Musique – décembre 2006 – appréciation CHOC

« Avec cette Calisto qui avait fait, dans une réalisation aujourd’hui caduque de Raymond Leppard, les beaux soirs du Festival de Glyndebourne, René Jacobs a définitivement assis sa réputation de spécialiste de l’opéra vénitien. Il a pour cela trouvé un partenaire idéal : le metteur en scène allemand Herbert Wernicke, que l’on connaît mieux pour ses relectures critiques du répertoire germanique. Ici, point de démonstration ni de reconstitution : dans une boîte aux couleurs de la voûte céleste vue par les baroques, les aventures de Jupiter et de Calisto, fille du roi de Lycaon, sont prétexte à une glorification du théâtre et de tous ses sortilèges. Ce ne sont que trappes et chausse-trappes, ruses et travestissements, jeux de tréteaux et machineries compliquées, nous menant de la folie du carnaval aux mystères de la tragédie sans jamais oublier la vivifiante ironie qui est la marque de ce répertoire, le tout au rythme de la musique somptueuse composée par Cavalli en 1651, neuf ans avant que Mazarin ne le fasse venir àParis et ne fasse ainsi découvrir aux Français la sensuelle splendeur de l’opéra italien.Menée par Maria Bayo, qui trouve en Calisto son plus beau rôle, la troupe, sans oublier de chanter à la perfection, manie le grand style aussi bien que la commedia dell’arte. Le documentaire de Pierre Barré « Les Secrets de la Calisto », offert en bonus, nous dévoile les coulisses de l’exploit. C’est un régal ! »

  • Classica – novembre 2006 – appréciation Recommandé 10

« Cette Calisto, d’abord révélée au disque, déjà vue sur Arte comme sur diverses chaînes musicales — et conséquemment gravée par autant d’amateurs—, continue de séduire treize ans après. L’opéra de Cavalli posé dans une boîte céleste par le très regretté Herbert Wernicke est un absolu. Et depuis, combien de metteurs en scène ont copié cette représentation génialement moderne du théâtre du monde chère aux siècles baroques, de Lope de Vega à Rameau ? Tout y est : l’esprit vénitien des masques, cette commedia dell’arte qui passe à la moulinette de son ironie le monde des puissants, et aussi la joie des interprètes à restituer une oeuvre à la redoutable intelligence. On est frappé par la lisibilité d’une érudition mise au service du génial prolongateur de Monteverdi. Cavalli possède une science achevée du théâtre musical et enchaîne, sans jamais lasser, les ariettes cyniques, les scènes hollywoodiennes, les lamenti et les ritournelles bâties sur de prégnants ostinatos, Toute la réussite de Wernicke, qui est ici dans la continuité d’un Villégier ou d’un Martinoty, réside dans cette contextualisation à partir du terreau historique sans laquelle une mise en scène baroque, désireuse d’aller au-delà des belles images nostalgiques, ne peut trouver sa vraie modernité et le coeur du spectateur. Son théâtre de poche façon tréteaux devenant macrocosme était une idée de génie. Bien sûr, il y avait à la Monnaie des moyens financiers (fantaisie et richesse des costumes!) que bien des théâtres voudraient aujourd’hui pouvoir s’offrir. cette vision si flamboyante, si comique, bénéficiait d’une distribution au-delà de tout éloge : Dominique Visse habité comme jamais par l’art de la pantalonnade, Maria Bayo alors au sommet de ses moyens vocaux, Marcello Lippi, Jupiter farfelu. Quant à René Jacobs, imprégné de bout en bout par une partition rutilante, il était entouré, dans son Concerto Vocale, de Nicolau de Figuereido, Jean Tubéry et Konrad Junghänel. Rien que du beau monde peur cette Calisto doublement mythique devenue un indispensable de vidéothèque. Pour ne rien gâcher à la fête, un subtil relookage rhabille de couleurs neuves la technique en usage en 1993. Signalons enfin qu’un second DVD de 54’ sur « Les secrets de Calîsto » rejoint le premier dans un coffret luxueux, auquel peu d’éditeurs nous ont habitués. »

  • Diapason – novembre 2006 – appréciation Diapason d’or – choix d’Arte

« A Bruxelles dès 1993, à Lyon plus tard, le spectacle était un enchantement — et sa version audio lui avait valu un Diapason d’or. On craignait que le petit écran 4/3 et une image venant d’une transmission télévisée déjà vieille de dix ans n’en ternissent en partie la magie : il n’en est rien. Et cette fantaisie divine qui allie la truculence de la commedia dell’arte au merveilleux du théâtre à machines séduit toujours. L’humour décapant de Herbert Wernicke n’a aucun mal à virer vers la tendresse ; et l’habileté de sa direction d’acteurs tire le meilleur d’une équipe qui le suit comme un seul homme. La distribution diffère en partie de celle de la création (Simon Keelyside y était Mercurio, Alessandra Mantovani, Diane, Gilles Ragon, Linfea). Dons comiques et talents vocaux : réunir les deux n’est pas évident. Alexander Oliver, manifestement, est surtout pourvu des premiers, et sa Linfea désopilante. L’Endymion de Graham Pushee émeut au point de faire oublier un timbre peu gracieux. Marcello Lippi s’amuse à camper un Jupiter qu’il décrit, dans le « making of », comme « le grand père de tous les Don Juan », et se déguise en Diane avec jubilation. Maria Bayo, dans ce qui restera l’un de ses meilleurs rôles, est une nymphe naïve et tendre. La réalisation musicale de René Jacobs prend le parti du foisonnement et de la couleur, et sa direction n’hésite pas à flirter avec le « jazzy ». Un documentaire, l’inévitable « making of », apporte quelques lumières supplémentaires (l’engagement d’un ours véritable, qui ne savait pas son rôle) à une soirée aujourd’hui historique. De sa boîte à surprises, unique décor, l’imprévisible Herbert Wemicke fait jaillir des miracles. »

  • Opéra Magazine – décembre 2006

« La Calisto a marqué une étape dans la redécouverte de l’oeuvre de Cavalli. Avant, il s’agissait d’une sorte de néoclassicisme, bien entendu avitaillé de quelques truculences sans lesquelles Cavalli n’est point, mais également mutilé à force de coupures et de réaménagements (Leppard était champion en cet exercice !). Avec HerbertWernicke et René Jacobs, le vrai visage du compositeur apparut enfin, avec tragédie et comédie désormais concaténées en une seule coulée. Mais cela n’était pas suffisant : il fallait trouver des équivalents avisés aux métaphores et allusions sans fond truffant les libretti. En lecteur qui tiendrait d’Antoine Vitez et de Dario Fo, Wernicke fut cet herméneute.Il est vrai que le libretto de Giovanni Faustini est une aubaine : théâtre du merveilleux, commedia dell’arte et théâtre à machines s’y émulent et s’y ébrouent pour narrer la vie des dieux antiques et leur société corrompue, et pour tendre un miroir moral — grotesque mais jamais sentencieux — à ses contemporains, en un moment où Venise avait déjà perdu de sa prépondérance internationale. De ce théâtre de la confusion — des identités, des sexes, des sentiments, des relations animalo-humaines et des fonctions sociales — Wernicke a transcrit tous les ressorts ; il a inventé un brouhaha effervescent, au rythme endiablé et aux couleurs virevoltantes. Sans jamais solliciter outrancièrement le livret, il a fait théâtre de tout.Rien n’aurait été possible sans René Jacobs, le plus intelligent cavallien à ce jour. Il a trouvé le son capiteux, la vitalité rythmique primordiale, les ruptures de paysages dramaturgiques et, peut-être par-dessus tout, il a proposé, à chaque chanteur, un vaste territoire d’invention personnelle. La vie théâtrale qui emporte le spectateur n’est jamais archéologique : elle exprime notre actuelle nature humaine. La distribution vocale est de premier ordre (l’oubli de chanter d’Alexander Oliver et le timbre assez ingrat de Graham Pushee passent au second plan, tant ils sont scéniquement impeccables). Maria Bayo trouve peut-être en Calisto le rôle de ses rêves les plus insensés et Marcello Lippi est truculent en Giove et… Diana ! »

  • Crescendo – décembre 2006 / janvier 2007 – appréciation Joker

« 10 ans! Il aura fallu attendre 10 ans pour que soit commercialisée cette captation vidéo de l’une des productions lyriques les plus éblouissantes du 20e siècle. La Calisto du tandem Wernicke/Jacobs, c’est un peu l’Atys de l’opéra vénitien : un choc, une révélation, de bout en bout miraculeuse qui, telle une machine à voyager dans le temps, nous propulse au coeur du théâtre baroque. Leppard avait transformé, à grands renforts de coupes claires, le foisonnant et sulfureux drama per musica de Cavalli en une mièvre et inoffensive pastorale; Jacobs et Wernickc nous livrent les clés d’un univers de farce et de conte de fées, licencieux, impertinent, coloré, raffiné toujours, où le merveilleux le dispute au sublime et où souffle le vent puissant et grisant de la liberté. C’est d’ailleurs avec une âme d’enfant que l’on retrouve l’extraordinaire reproduction de la fresque du plafond de la Sala del Mappomondo du Palazzo Farnese à Caprarola (Viterbe), cette voûte céleste où s’ébattent des créatures mythologiques et qui sert de décor principal aux quiproquos amoureux des dieux et des hommes. Depuis sa création à la Monnaie en 1993, le spectacle a fait le tour du monde, remportant un succes sans partage. Il a été filmé lors de sa reprise à Bmxelles, au printemps 1996. A l’exception de Diana (Monica Bacelli), Mercurio (Sïmon Keenlyside) et Linfea (Christoph Hornberger), les protagonistes retrouvent les interprètes de 93 : Maria Bayo, inoubliable dans un rôle-titre avec lequel elle se confond désormais, l’Endimione élégiaque et fragile de Graham Pushee, et bien sûr, champions de la vis comica, irrésistibles l’un comme l’autre, le Giove de Marcello Lippi et le facétieux Petit Satyre de Dominique Visse. Aujourd’hui encore, la réalisation musicale balaie comme fétu de paille les réticences des puristes : l’ivresse des rythmes, la fantaisie et l’intelligence du continuo servent la moindre inflexion du discours et ravissent l’oreille. En bonus, un « making-off » de 54 minutes, réalisé et déjà diffusé par la RTBF. Rassurez-vous, il ne brise pas le charme en révélant les secrets de fabrication de ce petit bijou, enfin restitué dans toute sa splendeur là où le disque nous privait d’un visuel de rêve. »