Armide

COMPOSITEUR Jean-Baptiste LULLY
LIBRETTISTE Philippe Quinault

ORCHESTRE Les Arts Florissants
CHOEUR
DIRECTION William Christie
MISE EN SCÈNE Robert Carsen
DÉCORS et COSTUMES Gideon Davey
LUMIÈRES Robert Carsen et Peter Van Praet
CHORÉGRAPHIE Jean-Claude Gallotta
La Gloire, Phénice, Lucinde Claire Debono
La Sagesse, Sidonie, Mélisse Isabelle Druet
Armide Stéphanie d’Oustrac
Hidraot Nathan Berg
Renaud Paul Agnew
Ubalde, Aronte Marc Mauillon
Artémidore Marc Callahan
Le Chevalier danois Andrew Tortise
La Haine Laurent Naouri
DATE D’ENREGISTREMENT octobre 2008
LIEU D’ENREGISTREMENT Théâtre des Champs Élysées
EDITEUR Fra Musica
DISTRIBUTION Harmonia Mundi
DATE DE PRODUCTION 12 mai 2011
NOMBRE DE DISQUES 2
FORMAT 16:9 – Pal – Dolby Digital et DTS 5.1
DISPONIBILITE Région 2
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

Critique de cet enregistrement dans :

  • Opéra Magazine – juin 2011 – appréciation 5 / 5

« En octobre 2008, l’Armide du Théâtre des Champs-Élysées nous avait donné de grandes joies. Le DVD en offre un compte rendu fidèle, valorisant encore le meilleur tout en accusant des limites. On retiendra, avant tout la prestation du rôle-titre : suivie par une caméra intelligente, Stéphanie d’Oustrac livre pleinement à l’écran l’intensité souvent poignante de son engagement, sa grande beauté en scène, l’expressivité constante et fascinante de son visage, son adéquation exceptionnelle à la personnalité de l’héroïne, comme au style du compositeur. Son phrasé et sa diction relèvent véritablement de l’« enchantement » de la magicienne, le tout culminant dans une « Liebestod » finale vraiment bouleversante. Le fllmage sobre de François Roussillon fait bien valoir la pertinence et la force du concept de Robert Carsen, centré sur le décor de la chambre du Roi à Versailles, noyau originel de la création lulliste. Dans ses couleurs argentées, avec une stylisation qui respecte les volumes mais adapte merveilleusement l’espace de la pièce à la scène, elle est un plaisir constant pour l’œil. Du moins dans les lumières froides, car les chaudes passent moins bien l’écran, avec une dominante jaune qui trahit en partie, par exemple, le « Sommeil de Renaud », à l’acte II.Autant l’opéra lui-même est ainsi globalement bien servi, autant son Prologue continue de nous paraître discutable, par ce parti d’insérer l’ensemble dans le cadre d’une visite du château par le public d’aujourd’hui. Au DVD, le hiatus entre le merveilleux de la tragédie et le réalisme de ce filmage in loco, avec le prosaïsme des costumes modernes, se renforce sensiblement, et le procédé paraît plus facile. De même pour l’acte IV où l’intervention des chanteurs dans la salle, avec leurs lampes torches, passe mal à l’écran. Relevons en revanche, pour le meilleur encore, le plaisir de la séduisante et subtile chorégraphie de Jean-Claude Gallotta, ses savantes asymétries, sa modernité soucieuse de rendre hommage à la perfection du classicisme. Le reste ne démérite pas, avec de bons éléments dans le plateau, notamment l’Hidraot d’une mâle vigueur de Nathan Berg. Nous continuons d’être moins enthousiasmés par le Renaud très peu héroïque de Paul Agnew. Son chant raffiné (mais à l’aigu parfois trémulant), son volume limité et son expression scénique restreinte – que le film souligne encore, font un contraste trop marqué avec la vie intense de sa partenaire, dont la maîtrise n’est pas moins grande. Avec son bel orchestre, William Christie reconduit le Lully qu’il a toujours défendu, mais pour lequel on connaît aussi d’autres références. À cette pompe très égale, il manque souvent un engagement plus marqué, des accents plus vigoureux, des rythmes moins languissants… N’empêche: l’ensemble rend suffisamment justice au chef-d’œuvre absolu de Lully pour que la parution de ce DVD marque une date majeure dans sa reconnaissance. »

  • Classica – juillet/août 2011 – appréciation CHOC

« Tandis que triomphe Atys ressuscité, la parution de l’Armide qui marqua la saison 2008 du Théâtre des Champs Élysées tombe à pic. Ces deux visions de Lully, à vingt ans de distance, dévoilent l’évolution de la scénographie baroque. Jean-Marie Villégier est devenu un classique, une référence, au noble sens de l’Académie. Et Carsen s’amuse de l’académisme en prenant les chemins de traverse. À la perspective frontale, il préfère les diagonales amusées, comme dans ce prologue bourré d’humour dont la caméra de François Rousssillon capte le ravissement sur le visage du public. L’enregisstrement vidéo révèle le chic distancé du metteur en scène : le rouge à lèvres d’Armide et sa présence sur les démons anndrogynes de sa suite, petits riens de la séduction. On est subjugué par Stéphanie d’Oustrac, l’intensité de son jeu et sa diction de tragédienne enflammée. Quel port, quelle classe! Un temps réservé quant à son timbre parfois raide qui oubliait les demi-teintes et les voluptés nécessaires, cette Armide a marqué un tournant dans sa carrière. La voix s’y arrondit et gagne en couleurs. Son éclatante Cybèle est venue l’affirmer : elle est une des grandes cantatrices de la décennie. La chorégraphie de Jean-Claude Galotta reste superbe. Son travail, décrié durant les repréésentations, mérite attention. Il assume toute l’histoire de la chorégraphie depuis Louis XIV. Une volte ici et une valse là inventent des mouvements pleins de signifiances délicates. William Christie reste le fidèle maître d’ œuvre du Surintendant. Les Arts Florissants sonnent, au disque, bien plus charnus que dans l’acoustique sèche du TCE. Les chanteurs sont luxueux : engager un Naouri, un Dahlin dans les seconds rôles tient du somptuaire. On suit certains avec toute l’atttention qu’ils méritent, tels Marc Mauillon et Isabelle Druet. Seul Paul Agnew reste en retrait. Son chemin s’est aujourd’hui éloigné de la scène pour rencontrer la direction d’orchestre. Renaud, l’un de ses derniers rôles, témoignera de cet instant en demi-teintes. »

  • Diapason – juillet/août 2011 – appréciation 3 / 5

« Le décor chic et toc tout en gris argentés (vaguement inspiré de la chambre du roi versaillaise), cette nuisette rouge en satin, cet érotisme sans chair, ce savoir-faire, aussi, qui tient fermement l’architecture : pas de doute, c’est Carsen. Le metteur en scène canadien veut faire du théâtre psychologique dans la tragédie lyrique – il cherche dans la sexualité d’Armide les clefs du personnage. A la rigueur … Mais qu’il le fasse avec un minimum de subtilité ! Qu’il ne lise pas si vite le livret sublime de Quinault, pris comme modèle pendant un siècle, dont il ne traduit (ne voit ?) que les contrastes de surface. Le mouvement nuancé des passions, continu, complexe, que Jean-Marie Villégier rendait à Atys, échappe à son premier degré. Curieux couple, ce Renaud frémissant et suave, pas guerrier pour un sou (Paul Agnew, petite forme mais grand style), et cette Armide écarlate toutes griffes dehors, toujours. Mante religieuse, elle se lancera dans un strip-tease avant d’entonner un monologue bien agité. Le face-à-face du V est plus que bancal : elle au bord de la crise de nerf (encore !), lui tout miel et vraiment très très triste de s’en aller. Pourquoi part-il, au fait ? Mystère. Carsen a coupé la sène précédente ! Il tripatouille aussi la fin, une « Liebestod » à ses oreilles (cf le documentaire). Tiens donc! La magicienne, qui depuis quelques siècles s’envolait furieusement sur son char, se transperce désormais le sein. Ce n’est pas fini. Les touristes qui, dans le prologue, déambulaient à Versailles, surgissent dans la chambre du roi et découvrent Paul Agnew endormi. Ce n’était qu’un rêve. Ah ouais d’accord. Certes, l’autorité énergique de Stéphanie d’Oustrac impressionne ; certes, son Armide roule des yeux sans jamais tomber dans le ridicule, même exposée par les caméras (celles de François Roussillon, virtuoses et sensibles). Mais son vrai charisme de tragédienne, c’est avec Villégier, en Cybèle, qu’il s’est déployé. Le DVD viendra. En attendant, retenons de cet Armide la grande Passacaille, singulièrement lente, à la fois majestueuse et alanguie, où les Arts Flo, le chant léger de Dahlin et la chorégraphie de Jean-Claude Galotta nous émerveillent. »