Il Sant’Alessio

COMPOSITEUR Stefano LANDI
LIBRETTISTE Giulio Rospigliosi

 

ORCHESTRE Les Arts Florissants
CHOEUR La Maîtrise de Caen et Choeur des Arts Florissants
DIRECTION William Christie
MISE EN SCÈNE Benjamin Lazar
COSTUMES Alain Blanchot
DÉCORS Adeline Caron
CHORÉGRAPHIE Françoise Denieau
LUMIÈRES Christophe Naillet
Sant’Alessio Philippe Jaroussky
Sposa Max-Emmanuel Cencic
Eufemiano Alain Buet
Madre Xavier Sabata
Curtio Damien Guillon
Nuntio Pascal Bertin
Martio José Lemos
Demonio Luigi DeDonato
Nutrice Jean-Paul Bonnevalle
Religione, Roma Terry Wey
Adrasto Ryland Angel
Uno del choro Ludovic Provost
Angelo Benjamin Hiraux
Angelo Pierre-Alain Mercier
DATE D’ENREGISTREMENT Théâtre de Caen
LIEU D’ENREGISTREMENT 15 et 18 octobre 2007
EDITEUR Virgin Classics
DISTRIBUTION EMI
DATE DE PRODUCTION 25 août 2008
NOMBRE DE DISQUES 2
FORMAT NTSC – son LPCM Stereo / Dolby 5.0 Surround / DTS 5.0 Surround
DISPONIBILITE toutes zones
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui
  • Opéra Magazine – appréciation Diamant Opéra

« Nous avons largement rendu compte de la réussite de ce Sant’Alessio représenté en octobre dernier à Caen (là où ce DVD a été enregistré), puis repris au Théâtre des Champs-Elysées, à Nancy et à Luxembourg (voir O. M. ~O 24 p. 45 de décembre 2007). On aurait pu craindre que les caméras et la technique en général n’altèrent ce spectacle troublant dont l’une des caractéristiques est d’être entièrement éclairé à la bougie, craindre également que les prises de vue apportent un faux relief au décor dont Benjamin Lazar n’utilise pas la profondeur le spectacle se déroulant au-devant de la scène. Mais il n’en est rien les meilleurs DVD, on le sait, sont ceux où le réalisateur a la modestie de ne pas appuyer son regard sur une mise en scène qui est déjà, en elle-même, une conception, et Français Roussillon, ici, resttue avec sobriété le propos de Benjamin Lazar l’ambiance et les couleurs, à défaut d’en recréer l’intimité. Lenchaînement des plans ne rompt pas la fluidité du spectacle, faite d’une alternance de longues scènes de déploration avec des divertissements bouffons, les mouvements des mains et des bras gardent ce naturel qui est le comble de l’artifice, les séquences dans la fosse (au moment des sinfonie) n’ont rien de didactique, et la caméra capture avec grâce des visages d’enfants angéliques parmi les membres du choeur Seuls les gros plans sur les solistes dévoilent une partie de l’illusion : on sait que huit contre-ténors ont participé à cette production, et le maquillage et les costumes de chanteurs travestis en femmes (Nutrice, Madre, Sposa) perdent une partie de leur ambiguïté à être envisagés de près. Sur le plan musical, l’enregistrement rend justice à la majesté de la direction de William Christie et à la souplesse des Arts Florissants, de même qu’à l’ensemble des voix d’où se détachent celles de Philippe Jaroussky (Alessio), Max Emanuel Cencic (Sposa), Xavier Sabata (Madre) et Alain Buet (Eufemiano). Le tout restitue, avec beaucoup de naturel, les liens étroits qui unissent la fosse et le plateau. On n’a jamais l’impression d’un spectacle avec musique, tant l’enchantement procède du dialogue incessant entre les instruments, les voix, les regards et les gestes.Très instructifs, les bonus nous proposent notamment des entretiens avec Benjamin Lazar qui explique comment l’émotion et non pas le rire peut naître du travestissement, et avec William Chnistie, qui parle de l’importance laissée à l’improvisation dans cet ouvrage. « Le mot-clef, c’est l’extase » sa conclusion est aussi la nôtre. »

  • La Scena Musicale

« À coup sûr, voilà du jamais vu en DVD : un oratorio baroque éclairé à la bougie, avec décors, costumes et gestuelle inspirés de traditions anciennes, et une distribution entièrement masculine (choeur d’enfants, trois basses, neuf contre-ténors…!) comme l’imposait l’usage en 1632 à Rome, où l’oeuvre fut créée. À l’origine de ce projet, le jeune metteur en scène Benjamin Lazar, dont le Bourgeois gentilhomme de Lully et Molière, restitué lui aussi au plus près de l’original, a remporté récemment un grand succès européen. Rejoué ici pour la première fois, Il Sant’Alessio raconte l’histoire d’Alexis (chanté par Philippe Jaroussky), un pseudo-saint aujourd’hui retiré du calendrier, réputé avoir vécu de longues années après un séjour en Terre Sainte en mendiant incognito parmi les siens dans la discrétion et l’humilité! Pour rendre hommage à cet étrange anti-héros, Landi et son librettiste ont imaginé un spectacle paradoxalement fastueux et contrasté, où le pathétique côtoie le comique : carnaval romain, choeur et danses des démons, déploration des anges, interventions d’allégories, le tout sur une musique ample et inspirée, proche de Monteverdi. Si le Diable n’a pas les graves abyssaux que son rôle requiert à tout moment, le plateau de contre-ténors en revanche est très satisfaisant, présentant des voix aux couleurs différentes mais homogènes par le style. Les rôles travestis sérieux (la mère et la fiancée d’Alexis) surprennent il est vrai, et pourront sembler peu crédibles au public d’aujourd’hui, qui pourtant fait un triomphe à ce spectacle d’une beauté et d’une cohérence incomparables. »

  • Classique.news

L’équipe Lazar, Christie rééclaire l’opéra sacré de Landi avec justesse. La production captive par sa cohérence, théâtre fervent et passionnant, embrasée comme une épure spirituelle, grâce à l’intensité du chant de Max Emmanuel Cencic et, à un degré moindre, de Philippe Jaroussky…Fastueuse et flamboyante, la Cour des Barberini, à Rome, aux premières lueurs baroques (les plus spectaculaires?), vers 1630, suscite un ouvrage fondateur pour l’art lyrique et le théâtral italien : le Sant’Alessio de Stefano Landi. Difficile de penser que la partition fut composée en 1632, pour l’un des palais les plus grandioses jamais édifiés, pour l’une des audiences les plus prestigieuses, à l’époque où l’architecte et magicien Bernin, redessine la Capitale catholique, en places, colonnades, façades et bâtiments vertigineux, aujourd’hui symboles de l’art baroque le plus inventif. Landi signe a contrario un tableau musical qui frappe par son épure, mais captive par la dignité morale et vertueuse de son sujet. Alexis incarne le renoncement, la solitude, le repli, la distanciation loin des richesses illusoires de ce monde: ni pouvoir, ni fortune, son idéal recherche la pureté et l’élévation spirituelle. Un but qui sonne avec tout autant de justesse fracassante dans notre société moderne, fondée sur l’image, le pouvoir, le matérialisme… Alessio pourtant fils de consul, n’appartient plus à notre monde : il est toute aspiration vers l’au-delà. C’est à peine si l’amour que lui portent son père, son épouse, sa mère, le retiennent. Aucun attache. Même s’il vit en reclus, anonyme, sous l’escalier de la demeure familiale, il nous touche par la lumière de sa flamme. C’est un héros digne d’une toile de La Tour, corps et âmes évanescents mais luminescents sous un rideau de ténèbres. Alexis est un phare. Le peintre français a remarquablement lui aussi peint le mythe, comme dans cette production parmi les plus intéressantes de la scène baroque, depuis ces dernières années. On passera vite sur les options scéniques, décoratives et visuelles (qui restent pour nous illustratives), afin de nous concentrer sur l’excellence du chant de certains protagonistes dont en particulier, la Sposa de Max Emmaunel Cencic. Aucune défaillance de style, de goût, de technique : le contre-ténor brûle les planches par la vérité sans maniérisme de son chant. Dans la fosse, Christie détaille avec tension ce polyptique de la passion humaine. Une vision franche et réaliste à laquelle répond la classicisme de la scène, construit comme une maquette d’architecture, ouvrant et fermant ses parties habitées comme une maison de poupée. Autre référence picturale, Caravage peintre romain révolutionnaire, au début du XVIIème siècle, son ténébrisme, art du clair obscur, se retouve évidemment dans l’éclairage « aux bougies » selon une formule inventée par le Eugène Green, concepteur génial du théâtre baroque… (dont B. Lazar est l’élève).La production captive par sa cohérence, théâtre fervent passionnant par l’intensité du chant de Cencic et à un degré moindre, Philippe Jaroussky dont la ligne peine selon nous, à garder l’humilité comme la simplicité requises pour le rôle-titre. Dommage car si le contre-ténor français avait atteint en finesse son partenaire Cencic, nous aurions tenu l’équivalent sacré du miracle Atys. Mise en scène en lumière d’époque (bougies), pénombre onirique, conduite musicale sous la tutelle du grand « Bill » (William Christie soi-même), distribution exclusivement masculine y compris pour les rôles féminins (Sposa, Madre, Nutrice…), rôle titre tenu par Philippe Jaroussky (hautre-contre), gestuelle millimétrée à la façon des peintures baroques ténébristes et postcaravagesques, telles celles de Georges de LaTour, entre ascèse et sensualité, le film (enregistré les 15 et 18 octobre 2007) est d’ores et déjà l’événement de la rentrée 2008. En plus de la captation scénique, le coffret de 2 dvd comprend aussi en bonus plusieurs entretiens avec les interprètes de la production lyrique.Voici donc un spectacle visuel d’importance : sublime exemple spirituel, dans notre civilisation en perte d’idéal moral et référentiel. »