André Cardinal DESTOUCHES

André Cardinal DESTOUCHES
6 avril 1672 (Paris) – 7 février 1749 (Paris)

André Cardinal Destouches

AMADIS DE GRÈCE
CALLIRHOÉ
LE CARNAVAL ET LA FOLIE
L’ÉDUCATION D’HERCULE
livret de Roy – représenté à l’Académie royale de musique, le 7 décembre 1713
BALLET DES ÉLÉMENTS
L’INCONNU
ballet pour la pièce de Thomas Corneille – répétitions en janvier et février 1719 – cinq représentations, toutes avec la participation du Roi au ballet, ainsi que de Marie Antier – musique en collaboration avec Michel-Richard Delalande
ISSÉ
MARTHÉSIE, PREMIÈRE REINE DES AMAZONES
OMPHALE
LE PROFESSEUR DE FOLIE
voir Le Carnaval et la Folie
SÉMIRAMIS
LES STRATAGÈMES DE L’AMOUR
TÉLÉMAQUE
VÉNUS
fête galante – livret de Joseph-François Duché de Vancy – musique en collaboration avec André Campra – 1698

André Cardinal Destouches (médaille en bronze doré par S. Curé - 1732)

« Parisien, né en Avril 1672, Surintendant de la Musique du Roi, mort à Paris le 3 Février 1749, dans la soixante-dix-septième année de son âge, inhumé à S. Roch, sa Paroisse.

Destouches, après avoir fait toutes ses études au Collège des Jésuites à Paris, où il se fit considérer des Révérends Pères eut quelque vocation d’entrer dans la Société ; mais avant de s’y engager, il voulut accompagner le Père Tachard à Siam, où il faisoit un second voyage en 1688 pour y reconduire les trois Ambassadeurs que leur Roi avoit envoyés au Roi Louis XIV. Il s’embarqua donc pour ce long voyage où sa curiosité l’engageoit. De retour en France, sa vocation changea pour prendre le parti des armes. Il entra en 1692 dans la seconde Compagnie des Mousquetaires du Roi, et suivit Sa Majesté pendant la Campagne du fameux Siège de Namur ; il continua d’y servir jusqu’en 1696. Ce fut pendant ce temps-là qu’il sentit les talents qu’il avoit pour la Musique : deux ou trois de ses camarades, qui composoient de jolis vers très propres pour être mis en musique, entre lesquels Morfontaine, Gentilhomme de Brie, excelloit, les firent éclore. Destouches ayant donc eu quelques-uns de ces jolis vers, les mit en musique, qui plut beaucoup ; ce qui lui fit connoître davantage ses heureux talents.

Destouches, en 1696 quitta le service, sentant les grands talents qu’il avoit pour la Musique, et cherchant à contribuer au plaisir du Roi, qui avoit entendu parler de sa facilité à composer de jolis airs pour cet effet, il se livra tout entier à son art ; et pour en apprendre les règles et le fond de la composition, il eut recours au célèbre Campra, Maître de la Musique de la Métropole de Paris, qui travailloit pour lors furtivement au Ballet de l’Europe galante. La Motte qui étoit auteur des paroles de cet admirable Ballet, se trouvoit quelquefois chez Campra dans le même temps que Destouches ; ce qui lia amitié entre eux. Campra étoit si satisfait de l’excellent goût que son Élève avoit pour la Musique vocale, qu’il lui donna trois airs à composer dans son Ballet ; celui de « Paisibles lieux, agréable retraite », dans le premier Acte ; celui de « Nuit, soyez fidelle, l’Amour ne révelle ses secrets qu’à vous », Acte II et celui de « Mes Yeux, ne pourrez-vous jamais forcer mon vainqueur à se rendre ? » Acte IV. Ces trois airs furent applaudis comme cet admirable Ballet.

La Motte connoissant les talents heureux de Destouches, composa pour lui les paroles charmantes de la Pastorale Héroïque d' »Issé »; il la mit en musique et en état d’être chantée avec les Choeurs et tous les airs de Violons, devant le Roi, au mois de Septembre 1698 à Trianon : Sa Majesté et toute sa Cour en furent extrêmement satisfaites ; elle le gratifia même d’une bourse de deux cents louis, en lui disant que c’étoit un commencement de lui marquer sa satisfaction, l’assurant que depuis Lully aucune Musique ne lui avoit fait tant de plaisir que la sienne.

La Musique Italienne, et surtout les Sonates, commencèrent à se faire connoître en France : le Roi qui en avoit entendu quelques-unes exécutées par de grands Violons d’Italie, lui dit que cette Musique ne lui avoit pas fait un plaisir bien sensible ; ce qui n’est pas surprenant, l’oreille ne pouvant pas se faire tout d’un coup à une Musique différente de la nôtre.

Je rapporterai encore une anecdote qui fit beaucoup d’honneur à Destouches, par une repartie bien spirituelle de Madame, femme de Monsieur le Duc d’Orléans, frère unique du Roi : la voici. Quelques jours après que la Pastorale d’Issé fut chantée à la Cour, et dont cette Princesse avoit été très satisfaite, Destouches fut à son dîner faire sa cour ; elle lui témoigna le plaisir que son Opéra lui avoit fait : quelques Seigneurs qui étoient présents ne manquèrent pas de lui en faire compliment; il y en eut un qui fit remarquer que depuis deux jours le temps étoit très obscur, et que le Soleil n’avoit point paru ; sur quoi Madame repartit dans le moment : « C’est qu’il est avec Issé ». On sçait que dans cet Opéra Apollon, qui est regardé comme le soleil, veut se faire aimer d’Issé, déguisé en Berger, sous le nom de Philémon, qui, voyant ses désirs accomplis, se fait connoître pour Apollon, et paroît dans toute sa splendeur, dans une fête magnifique qu’il donne à Issé, qui est transportée de sa conquête.

Destouches, animé par toutes les louanges que la Cour et la Ville lui donnoient sur son premier Opéra, ayant un génie aussi heureux et aussi fécond, ne tarda pas à donner deux autres Opéra l’année suivante de celui d’Issé qui fut le premier : on les représenta en 1699 sur le Théâtre de l’Opéra. II. Amadis de Grèce, Tragédie en cinq Actes, qui fut chantée et exécutée la même année par la Musique du Roi à Fontainebleau, dans la grande Galerie des Cerfs, devant Monseigneur le Dauphin et toute la Cour ; et l’année suivante 1700 on y exécuta de même III. Marthésie, Tragédie en cinq Actes. IV. Omphale, Tragédie en cinq Actes, représentée en 1701. V. Le Carnaval et la folie, Comédie-Ballet en quatre Actes, représentée en 1704. (Les paroles de ces cinq Opéra sont de La Motte.) VI. Callirboé, Tragédie en cinq Actes, paroles de M. Roy, Chevalier de l’Ordre de S. Michel, aujourd’hui vivant, représentée en 1712. VII. Télémaque, Tragédie en cinq Actes, paroles de Pellegrin, représentée en 1714. VIII. Sémiramis, Tragédie en cinq Actes, paroles de M. Roy, représentée en 1718. IX. Les Eléments, Ballet où le Roi dansa, représenté en 1720 au Château des Tuileries, et ensuite au Théâtre de l’Opéra, en quatre Actes, paroles du même ; la Musique du Prologue est de Lalande, Surintendant de la Musique du Roi. X. Les Stratagèmes de l’Amour, Ballet en quatre Entrées, paroles du même représenté en 1726. Tous ces Opéra ont leur Prologue.

Destouches a encore composé d’autres Ouvrages de Musique, tels que la Cantate d’Œnone et celle de Sémélé, qui ont été gravées. J’ai entendu encore quelques morceaux de symphonie de sa composition, qui mériteroient d’être aussi gravés, entre autres un Carillon à trois et quatre parties, dont la première est sur l’air de ces paroles si connues, Orléans, Baujanci, Notre-Dame de Cléri, Vendôme, qui fait un effet extrêmement agréable.

Quelques critiques trouvent que ses chants pourroient être plus variés, et lui reprochent un peu trop de monotonie, mais tous les bons connoisseurs le mettent avec juste raison au rang de nos plus grands Musiciens. Ses travaux continuels pendant plus de cinquante ans, méritoient bien d’être récompensés ; aussi a-t-il rempli la place de Surintendant de la Musique du Roi plus de vingt années, avant celle d’Inspecteur Général de l’Académie Royale de Musique, avec une pension de quatre mille livres, dont il a joui jusqu’à sa mort.

Il a laissé une fille de son mariage, Dame d’esprit et de mérite, mariée à M. de Nicolaï, de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de Paris. »

(Évrard Titon du Tillet – 1732)

 

« Né à Paris en Avril 1672, fit toutes ses études au college des Jésuites, & eut envie de s’engager dans la Société. Il accompagna en 1688 le Père Tachard dans son second voyage à la Chine. De retour en France, Destouches changea d’idée, et entra en 1692 dans la seconde Compagnie des Mousquetaires, dans laquelle il servit jusqu’en 1696 : ce fut pendant ce tems qu’il se sentit les talens qu’il avoit pour la / musique; il s’y livra ensuite tout entier, & apprit la composition du célebre Campra. Il fut enfin Surintendant de la Musique du Roi, & a composé plusieurs Opéra, qui sont, Issé, Amadis de Grece; Marthesie; Omphale; le Carnaval & la Folie; Callirhoé; Télémaque; Semiramis; les Elémens, avec Lalande, & les Stratagêmes de l’Amour. Il mourut à Paris le 3 Février 1749, & fut inhumé à Saint Roch. En 1731 il avoit été établi Inspecteur général de l’Opéra, avec une pension de 4000 liv. par an, qu’il a conservé le reste de sa vie. »

(de Léris)

 

Pour en savoir plus :

Références en Musicologie : une page complète http://musicologie.free.fr/Biographies/d/destouches_a_c.html