Henry DESMAREST

Henry DESMAREST dit le petit Marais
février 1661 (Paris) – 7 septembre 1741 (Lunéville)

 

LES AMOURS DE MOMUS
CIRCÉ
LA DIANE DE FONTAINEBLEAU
DIANE ET ENDYMION
pastorale héroïque en neuf scènes et un prologue – livret de Louise-Geneviève Gillot, dame de Saintonge – représenté devant le duc de Lorraine, à l’Opéra de Nancy, en janvier 1711, à l’occasion de l’élection de l’électeur de Trèves – reprise à Nancy, vers le 11 février1715, en présence de Jacques III Stuart – musique perdue
DIDON
DIVERTISSEMENT POUR L’ÉLECTEUR DE BAVIERE
divertissement – exécuté à Namur à la cour de l’Electeur de Bavière, pendant le carnaval de 1712
DIVERTISSEMENT POUR LE DUC DE LORRAINE
divertissement pour le fête du duc Léopold – livret de Jean-Baptiste Cusson, libraire et imprimeur nancéien – représenté à Lunéville le 15 novembre 1717 – musique perdue – reprise du livret pour le divertissement pour le mariage du prince de Lixheim avec Mlle de Beauveau-Craon – représenté sur le théâtre de Lunéville, le 10 août 1721 – musique perdue
DIVERTISSEMENT REPRÉSENTÉ À BARCELONE POUR LE MARIAGE DFE LEURS MAJESTÉS CATHOLIQUES
octobre 1701 – livret de livret de Louise-Geneviève Gillot, dame de Saintonge
ENDYMION
opéra de chambre en cinq actes et un prologue – exécuté à Versailles en février 1686, les 16 (prologue), 19 (actes I ), 21 (actes II et III) et 23 (actes IV et V) – La Dauphine l’ayant appréciée, elle fut rejouée le 5 mars 1686 – Desmarest reçut une gratification spéciale de 400 livres – musique perdue
LES FESTES GALANTES
IDYLLE
composée à l’occasion de la naissance du duc de Bourgogne (6 août 1682) – musique perdue
IPHIGÉNIE EN TAURIDE
PASTORALE POUR LE MARIAGE DU PRINCE DE LIXHEIM
pastorale – livret de Cusson – exécutée le soir du 19 août 1721, à l’occasion dumariage de Jacques-Henry de Lorraine, prince de Lixheim, avec Mlle de Craon – ballets de Magny – reprise le 21 août
RENAUD OU LA SUITE D’ARMIDE
LE TEMPLE D’ASTRÉE
divertissement en cinq scènes – livret de du Tremblay – créé dans la Salle des Machines du Palais Royal, à Nancy, pour son inauguration, le 9 novembre 1709, avec une chorégraphie de Claude Mark Magny, danseur à la cour de Lorraine – reprise à Lunéville, le 15 novembre, pour la fête du duc Léopold
THÉAGÈNE ET CHARICLÉE
VÉNUS ET ADONIS

 

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« Né à Paris, Musicien Pensionnaire du Roi, Surintendant de la Musique du Roi d’Espagne, et ensuite de celle de S.A.R. le Duc de Lorraine, mort à Lunéville en Lorraine le7 Septembre 1741 âgé de près de 80 ans, inhumé en l’église des Dames Religieuses de sainte Elizabeth.

Jamais génie n’a donné des marques plus promptes de sa pénétration, de son goût et de son sçavoir pour la Musique ; il fut élevé Page de la Musique du Roi, et fit connoître en peu de temps le progrès qu’il avoit fait dans son Art ; à peine avoit-il vingt ans qu’il disputa pour le concours d’une des quatre places de maîtrise de la Musique de la Chapelle du Roi en 1683. Le Motet qu’il fit chanter devant Louis XIV parut un des plus beaux des quatre, qui furent exécutés, mais le Roi le trouva trop jeune pour remplir une de ces places, lui marqua être très satisfait de sa Musique, et lui accorda une pension de neuf cents livres, qui étoit la valeur des appointements de chacun des quatre Maîtres de la Musique nouvellement reçus, sçavoir Lalande, Collasse, Minoret et Goupillet.

Desmarets étant attaché au roi et protégé de plusieurs Seigneurs, restoit la plus grande partie de l’année à la Cour : il y fut la cause de la disgrâce de Goupillet ; le Roi ayant sçu qu’il composoit pour ce Maître de Musique des Motets qui recevoient tant d’applaudissements, Goupillet fut renvoyé avec un Canonicat que le Roi lui donna, et sa Pension de neuf cents livres, qui lui fut continuée, avec ordre de ne plus paroître à la Cour. Il arriva un jour que Desmarets étant à la Chapelle du Roi pour y entendre l’exécution d’un Motet qu’il avoit donné secrètement à l’Abbé Goupillet, un Seigneur qui vouloit se piquer d’être connoisseur en Musique et donner devant le Roi des marques de sa capacité, lui dit: « Marche moi doucement sur le pied aux plus beaux endroits pour y applaudir à propos »; ce jeune Musicien, qui avoit composé le Motet, comme on vient de le dire, ne manqua pas au premier coup d’archet de la Symphonie d’appuyer assez vivement son pied sur le sien, et ne discontinua pas pendant tout le Motet, ce qui impatienta fort ce Seigneur, qui lui dit à la fin d’un ton de colère: « Ha ! parbleu, Monsieur, vous m’en apprenez trop pour la première fois, je n’en veux pas sçavoir davantage. »

Dans ce temps-là Desmarets eut dessein d’aller en Italie pour connoître le goût de la Musique Italienne et pour se perfectionner encore plus dans son Art, il en demanda même la permission au Roi, qui d’abord la lui accorda ; mais Lully, l’ayant sçu, fut aussitôt au Roi, et dit à sa Majesté que le jeune Desmarets avoit un excellent goût pour la Musique Françoise, et qu’il le perdroit s’il alloit en Italie, sur quoi il eut ordre de rester en France. Il prit le parti de s’établir à Paris où il eut successivement la maîtrise de la Musique de l’Église du collège et de la Maison Professe des Jésuites. Il se maria avec la Demoiselle Elizabeth Deprez, qu’il perdit au bout de cinq ou six ans. Peu de temps après son veuvage il fut à Senlis voir son ami Gervais, maître de la Musique de la Cathédrale, et depuis de celle de saint Germain l’Auxerrois de Paris, et Chanoine de cette Église ; ce fut vers 1700 que dans le séjour qu’il fit à Senlis, il connut la Demoiselle Marie-Marguerite de Saint Gobert, fille du Président de l’Election avec qui il se maria secrètement du consentement de la mère de la Demoiselle, sans avoir pu obtenir celui du Père, qui le poursuivit en Justice comme ayant séduit et enlevé sa fille. L’affaire fut portée au châtelet de Paris où Desmarets fut condamné à mort ; il n’eut que le temps de se sauver à Bruxelles. Il eut recours à Matho, ordinaire de la Musique du Roi (Auteur de la Musique de l’Opéra d’Arion) qui avoit été Page de la Musique du Roi avec lui et son ancien ami, lequel obtint pour lui une lettre de recommandation de Monseigneur le Duc de Bourgogne, dont il étoit maître de Musique, pour le Roi d’Espagne, qui lui donna la place de Surintendant de sa Musique ; il l’exerça pendant quatorze ans avec beaucoup de distinction et d’agréments ; mais l’air du Pays, contraire à la santé de sa femme, l’obligea de quitter l’Espagne. Il eut encore recours à son ami, qui lui envoya une lettre de recommandation auprès de S.A.R. le Duc de Lorraine, qui le fit Surintendant de sa Musique. Ce Prince fut si charmé de son sçavoir et de ses talents qu’avant la fin de la première année, qu’il fut à son service, il fixa les appointements, qui n’étoient que de mille livres jusqu’à six mille livres.

Le premier voyage que Louis XIV fit à Rambouillet chez M. le comte de Toulouse, où il passa huit jours, Matho fit exécuter aux Messes les Motets de Desmarets sans en avertir Sa Majesté quoiqu’il y eut près de vingt ans que ce Prince ne les eut entendus, il les reconnut et en fit l’éloge ; les Princes et les Seigneurs saisirent cette occasion pour demander à Sa Majesté la grâce de Desmarets: il leur répondit que personne n’y perdoit plus que lui, mais qu’il avoit juré de ne point donner de grâce pour le crime dont il étoit accusé, et les refusa.

En l’année 1722 pendant le temps de la Régence, on examina au Parlement l’affaire qui avoit obligé Desmarets de quitter le royaume. Il y gagna son procès et son mariage fut déclaré valable. En cette même année S.A.R. Monseigneur le Duc d’Orléans, pour lors Régent du Royaume, lui fit augmenter sa pension de neuf cents livres jusqu’à quinze cents, laquelle jointe aux bienfaits et pensions qu’il recevoit de la Cour de Lorraine, le mirent en état de jouir d’une vie aisée et tranquille.

Desmarets a laissé trois enfants, sçavoir de son premier mariage avec la Demoiselle Després une fille, morte à Lunéville le 19 Août 1742 et de son second mariage avec Mademoiselle de Saint Gobert, Léopold Desmarets, Lieutenant du Régiment d’Heudicour, Cavalerie, et François-Antoine Président en l’Élection de Senlis, charge que possédoit son grand-père maternel. Ils sont dépositaires de plusieurs Motets et autres morceaux de Musique de leur père, qui sont dignes de l’impression ou de la gravure. Léopold Desmarets seroit bien capable de faire ce présent au Public ; il sçait joindre les qualités de l’homme de guerre, et d’une société aimable, à de très grands talents pour la composition de la Musique, et pour l’exécuter sur le Clavecin d’une excellente manière.

Catalogue de ses ouvrages imprimés :

I. Didon, Tragédie en cinq Actes, paroles de Madame de Saintonge, représentée en 1693. II. Circé, Tragédie en cinq Actes, paroles de Madame de Saintonge 1694. III. Théagène et Cariclée, Tragédie en cinq Actes, paroles de Duché 1695. IV. Les Amours de Momus, Ballet en trois Actes ou Entrées, paroles de Duché 1695. V. Vénus et Adonis, Tragédie en cinq Actes, paroles de Rousseau 1697. VI. Les Fêtes Galantes, Ballet en trois Entrées, paroles de Duché 1698. VII. Iphigénie en Tauride, Tragédie en cinq Actes, paroles de Duché 1704. VIII. Regnaud ou la Suite d’Amide, Tragédie en cinq Actes, paroles de Pellegrin 1722. De plus une Idille sur la naissance de Monseigneur le Duc de Bourgogne, qu’il avoit mise en Musique dès l’année 1682. L’Opéra d’Iphigénie est regardé comme un des plus parfaits, qui ait paru sur le Théâtre ; il est vrai que Campra, un de nos plus grands Musiciens l’a retouché en quelques endroits et y a fait des augmentations assez considérables, qui lui ont donné sa dernière perfection, et qu’il a rendu un grand service à Desmarets, qui étoit dans l’affliction de la perte de son procès au Châtelet, dans le temps qu’il étoit près de finir son Opéra et d’y donner la dernière main, ce que Campra a fait avec un grand succès. »

(Évrard Titon du Tillet – 1732)

 

Pour en savoir plus :

Bibliographie
Fiche biographique et discographie complète sur le site de la Musique Baroque de l’Ecole Versaillaise http://www.baroque-versailles.com/biographies/henrydesmarest.html
Versailles – Révélation d’un maître – Le Monde de la Musique – décembre 1999
Diapason – octobre 1999 – « Desmarest revient d’exil » – Les douzièmes « Journées » du Centre de musique baroque de Versailles