La Coquette trompée

COMPOSITEUR Antoine DAUVERGNE
LIBRETTISTE Charles Favart
DATE DIRECTION EDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DÉTAILLÉE
1975 Jean-Pierre Wallez Decca 1 (LP) français

Comédie à ariettes, en quatre scènes, sur un livret de Charles-Simon Favart (1710 – 1792), représentée à Fontainebleau, devant la Cour, le 13 novembre 1753, après l’acte de ballet Les Sybarites, de Jean-Philippe Rameau.

La distribution réunissait : Pierre Jélyotte (Damon), Marie Fel (Clarice) et Madame Favart (Florise). Parmi les danseurs figuraient Gaetano et sa sœur Teresina Vestris.

Gaetano Appolino Baldassare Vestris

Le Mercure de France rendit compte de la représentation en janvier 1754 : Cet ouvrage des Sieurs Favart et Dauvergne eut le succès le plus général et le plus marqué. Le Sieur Jeliotte qui représentait Damon mit beaucoup de d’action et d’intérêt dans son jeu. La Demoiselle Fel joua la coquette avec beaucoup de finesse et de légèreté, et la Demoiselle Favart qui était chargée du rôle de Florise le remplit très bien, mieux même qu’on ne l’avait espéré, quoiqu’on dût beaucoup espérer d’un talent aussi aimable que le sien. Les Sieur et Demoiselle Vestris dansèrent des menuets avec beaucoup d’élégance. Les Sieurs Lani, Lionnois, La Rivière, Baletti et les Demoiselles Lani, Lionnois, Raix et Catibon exécutèrent des danses allemandes qui terminèrent l’oeuvre avec gayeté.

Elle fut reprise le 8 août 1758, à l’Opéra, dans le cadre des Fêtes d’Euterpe, dont elle constituait le troisième volet, avec Mlle Fel (Eurice), Pillot (Damon), Mlle Lemière (Florise).

Cette comédie en musique avait été taillée sur mesure par Favart pour mettre en valeur sa célèbre épouse, Marie Justine Benoît Duroncay (1727-1772), dans un rôle travesti, aux côtés des premiers grands chanteurs de l’Opéra, Jélyotte et Mlle Fel.

Madame Favart - Drouais - 1757

Le Mercure de France commenta la reprise de la Coquette trompée : Le 3e acte est comique et ne l’est pas assez. Le genre n’est favorable à la musique qu’autant qu’il est animé par le contraste des peintures et de situations et par les mouvements de la scène. On ne laisse pas de retrouver dans les airs, et surtout dans le duo dialogué qui termine la seconde scène, le même génie qui a produit la musique des Troqueurs. En général cet ouvrage n’est ni au-dessus ni au-dessous de la réputation de M. Dauvergne ; on y voit une extrême facilité à se montrer sous tous les tons, et les ressources d’un talent fécond qui ne demande pour les déployer que des sujets qui en soient susceptibles.

Les Fêtes d’Euterpe eurent 25 représentations, mais, le 12 septembre, La Coquette trompée fut remplacée par Le Rival favorable, sur un texte de Brunet.

 

Petit Opé. en un Acte, dont les paroles sont de M. Favart, & la musique de M. Dauvergne. Il fut représenté pour la Cour à Fontainebleau, le 13 Novemb. 1753. (Léris)

 Synopsis

L’appartement de Clarice

Sc. 1 – Florise a été délaissée par son amant Damon au profit de Clarice, une coquette impénitente. Elle décide d’user d’un stratagème pour le reconquérir. Déguisée en homme, elle se lamente sur l’inconstance de son amant.

Sc. 2 – Sous le nom de Dariman, Florise, sous le nom de Darriman, entreprend de faire la cour à Clarice, et l’invite à une fête. Clarice finit par céder à son insistance, mais on entend du bruit. Clarice cache Florise/Darriman dans un cabinet.

Sc. 3 – Damon cherche son rival pour se venger et accuse Clarice d’infidélité. Clarice lui annonce sa décision de rompre avec lui. Puis elle se justifie. Damon pardonne. Tous deux se retrouvent.

Sc. 4 – Florise/Darriman sort du cabinet. Lui et Damon se retrouvent aux pieds de Clarice. Damon reconnaît Florise, et sent renaître son amour pour elle. Clarice prend le dénouement avec philosophie. Ballet. Contredanse.

 

CMBVnotice détaillée

 

Représentations :

Versailles – Opéra Royal – 8 octobre 2011 – version de concert – Ensemble Amarillis – dir. Héloïse Gaillard – avec Jaël Azzaretti, Isabelle Poulenard, Robert Getchell, Alain Buet, Benoît Arnould

Muse Baroque

« La Coquette Trompée est en l’occurrence une parodie des Sybarites de Rameau. Créée devant la cour à Fontainebleau le 13 novembre 1753 avec une distribution unique : le délicieux Pierre Jélyotte dans le rôle désopilant de Damon, la tragédienne Marie Fel en coquette Clarice et la trop célèbre Marie-Justine Benoît Duronçay dite Madame Favart pour incarner Florise. Ce qui est curieux dans cette comédie lyrique, c’est qu’elle épouse dans sa narration maints livrets baroques d’opera seria et notamment la situation du travestissement pour confondre un amant coupable. Nous trouvons cette situation notamment dans les livrets du Serse de Nicolò Minato et toutes les adaptations de l’Arioste dans le personnage de Bradamante, notamment dans celui d’Alcina que Händel met en musique en 1735.

Et ce fut sans doute le même délice que celui que décrivit le Mercure de France en janvier 1754, une succession d’airs riches en ornements gracieux, en situations cocasses et surtout des moments de théâtre splendides. On distingue notamment les airs sublimes de Florise, interprétés avec l’intelligence et la sensibilité qu’on lui connait par Isabelle Poulenard. Et que dire de la Clarice de Jaël Azzaretti, épousant avec un sens comique incroyable le texte et le caractère de Favart et d’une musicalité parfaite ! Le Damon de Robert Getchell nous a porté aux nues avec un air de bravoure à la virtuosité digne des plus grandes voix qui peuplent le firmament baroque. En somme, les trois chanteurs ont réveillé en un éclair les ombres qui dorment à Versailles pour nous restituer ce bijou que Favart et Dauvergne ont ciselé pour parer le diadème dramatique de la couronne de Thalie. »

 

Albi – Palais de la Berbie – Festival d’Albi 4, 6 août 1975 – Ensemble Instrumental de France – dir. Jean-Pierre Wallez – mise en scène Jean-Christophe Benoît – décors Jean Gavignel – avec Michele Pena (Clarice), Isabel Garcisanz (Florise), Philip Langridge (Damon) – première recréation mondiale