Croesus

Croesus

COMPOSITEUR Reinhard KEISER
LIBRETTISTE Lukas von Postel
ORCHESTRE Akademie für Alte Musik Berlin
CHOEUR Chœur des Enfants de Hanovre / Chœur de la RIAS
DIRECTION René Jacobs

 

Croesus Roman Trekel
Cyrus Johannes Mannov
Elmira Dorothea Röschmann
Atis Werner Güra
Orsanes Klaus Häger
Eliates Markus Schäfer
Clerida Salomé Haller
Solon Kwangchul Youn
Halimacus Graham Pushee
Trigesta Brigitte Eisenfeld
Elcius Kurt Azesberger
Un capitaine perse Jörg Gottschick
Nerillus Johanna Stojkovic

 

DATE D’ENREGISTREMENT mars 2000
LIEU D’ENREGISTREMENT Berlin – Studio Teldec
ENREGISTREMENT EN CONCERT non

 

ÉDITEUR WDR
COLLECTION Harmonia Mundi
DATE DE PRODUCTION octobre 2000
NOMBRE DE DISQUES 3 (version 1730)
CATÉGORIE DDD

 

Académie Charles Cros : Grand prix 2000 in honorem pour l’ensemble de la carrière de René Jacobs, à l’occasion de la sortie de Croesus.

 

Critique de cet enregistrement dans :

Goldberg

« Pour des contemporains comme le théoricien Mattheson, il était tout simplement « le plus grand compositeur d’opéras du monde », et cependant l’étoile de Reinhard Keiser s’éteignit après sa mort en 1739. Ce n’est que dans les dernières années que les opéras qu’il composa pour le célèbre Gänsemarkt de Hambourg ont commencé à être à nouveau reconnus. Plusieurs ont déjà été enregistrés, y compris un Croesus avec d’importantes coupures (Nuova Era). Cette nouvelle version de Jacobs, qui a enregistré l’oeuvre complète, est basée sur les représentations données au Berlin Staatsoper en 1999, ce qui offre l’avantage de présenter une représentation théâtrale, avec des interprètes familiarisés avec leurs rôles.Croesus fut représenté pour la première fois en 1711, mais révisé de façon importante (avec pas moins de 37 nouvelles arias) en 1730. C’est cette version qu’a enregistrée Jacobs, qui a lui-même fait une ou deux modifications, dont la principale est d’attribuer le rôle du fils de Croesus, Atis, à un ténor (le remarquable Güra), et non à un castrat comme en 1730. Basé sur la défaite du riche roi Croesus devant les Perses, l’opéra en tire la traditionnelle morale selon laquelle l’argent ne fait pas le bonheur. Le livret a pour point de départ l’opéra vénitien du XVIIe siècle, et les personnages représentent un mélange de sérieux et de comique, de noblesse et de paysannerie. La musique de Keiser, à l’orchestration colorée et d’une riche diversité de style, suit elle aussi un chemin éclectique, mais le plus frappant est un talent mélodique qui surgit presque à chaque page de la partition. L’ interprétation nous parvient avec une immédiateté dramatique d’une grande vivacité, tandis que seul un vibrato excessif, dont les principaux responsables sont Röschmann et Haller, vient parfois gâter l’excellence presque uniforme du chant. Pour le reste, c’est un album merveilleux qui devrait contribuer grandement à remettre à la place qui lui revient l’un des grand maîtres de l’opéra baroque. »

Diapason – 30 disques pour découvrir l’opéra baroque – mai 2001

« Triomphe artistique autant que commercial »

Crescendo – décembre 2000/janvier 2001 – appréciation Joker

« Le travail de René Jacobs et de son orchestre est absolument admirable de précision, d’intelligence et de souplesse »… »Dominée par Dorothea Röschmann rayonnante, l’imposante distribution vocale se met sans difficulté au diapason de ce savoureux travail d’équipe ».

Répertoire – novembre 2000 – Recommandé – 10

« René Jacobs offre là à tout point de vue l’une de ses plus magistrales réalisations. Le chef et l’Akademie font assaut d’ingéniosité, d’intelligence »… »et créent une des plus belles féeries »… »L’équipe de chanteurs n’est pas en reste, bien au contraire »… »On louera particulièrement l’ensemble des dames, Dorothea Röschmann dans le rôle vedette au premier chef »… « ainsi que le quatuor de voix basses masculines ».

Le Monde de la Musique – novembre 2000 – CHOC

« les beautés de cet opéra »… »on peut signaler la totalité des airs d’Elmira (Dorothea Röschmann), tous dignes des plus bouleversantes inspirations haendeliennes »… »il faut d’abord saluer la distribution qui se distingue par son homogénéité, son éclat, sa santé, ses couleurs et son sens du théâtre »… »Jacobs dirige, avec le soin et l’enthousiasme qu’on lui connaît, un orchestre virtuose ».

Opéra International – novembre 2000 – appréciation 5 / 5

« Regrets tout d’abord, devant l’absence du travail de fond qu’aurait nécessité la résurrection d’une telle oeuvre. René Jacobs se fonde sur l’édition publiée par Max Schneider chez Breitkopf & Härtel, en 1912, qui, même en ayant subi une révision en 1958, ne correspond plus aux normes actuelles en matière de recherche musicologique. Cette édition Schneider repose principalement sur un manuscrit conservé à la Staatsbibliothek de Berlin, et qui provenait des archives du théâtre de Hambourg, où eurent lieu en 1710 les premières représentations de Croesus. L’ouvrage fut ensuite profondément remanié en 1730, et le manuscrit de Berlin porte les stigmates de modifications bricolées à la hâte pour la seconde série de représentations. Plutôt que de se contenter de cette source unique, il eût peut-être mieux valu se tourner aussi vers l’autographe de la version de 1730, qui se trouve aujourd’hui à Cracovie. Cela aurait sans doute permis de résoudre, de manière un peu moins arbitraire, les problèmes posés par l’édition de 1912, principalement au niveau des tessitures vocales, qui présentent d’importantes divergences entre les récitatifs et les airs. Au bout du compte, les choix opérés par Jacobs (Atis prévu pour un sopraniste et confié à un ténor, entre autres) semblent avoir été surtout dictés par les disponibilités des chanteurs. On peut aussi s’interroger sur la pertinence de certains arrangements opérés dans l’instrumentation, telle l’utilisation ponctuelle d’un orgue positif pour la réalisation de la basse continue. Ceci étant dit, la direction de René Jacobs est imaginative, nerveuse et précise. L’Akademie fr Alte Musik Berlin se com-porte de très belle manière ; le RIAS-Kammerchor est irréprochable.Le plateau vocal est dominé par l’excellent Atis de Werner Güra, qui allie beauté de timbre, puissance et justesse. Dorothea Röschmann est une Elmira plus en retrait. Sa couleur vocale est très agréable, mais techniquement, elle n’est pas tou-ours à la hauteur exacte des exigences du rôle. Dans son « Er erweckt in meinem Herzen », elle rajoute des aigus non écrits sur la partition ; au contraire, dans le superbe « Liebe, sag’, was fängst du an ? », elle simplifie discrètement les coloratures.Il en va un peu de même pour Salomé Haller (Clerida), dont l’indéniable musicalité ne suffit pas toujours à compenser un léger manque de moyens. Le Halimacus du contre-ténor GrahamPushee sombre quant à lui dans le ridicule, tout comme Brigitte Eisenfeld, Trigesta indigente. On soulignera, en revanche, le très bon comportement de Kurt Azesberger (Elcius) et de la basse Kwangchul Youn (Solon). La prestation des autres protagonistes enfin, notamment Roman Trekel (Croesus) et Klaus Häger (Orsanes), appelle presque toujours le même constat l’on a affaire à d’honnêtes musiciens, mais dont les moyens limités ne leur permettent pas de faire complètement face aux exigences très dures de leurs rôles respectifs. »

Ramifications – octobre 2000

« Contemporain de Haendel et de Hasse, Reinhard Keiser fut pourtant décrété en 1740 « le plus grand compositeur d’opéras du monde » par Johann Mattheson, compositeur et théoricien dont il fut le successeur en tant que Cantor de la Cathédrale de Hambourg en 1728. Mattheson, séduit par sa prodigieuse inventivité, alla même jusqu’à le célébrer comme « premier homme du monde » ! Le principal représentant de l’opéra baroque allemand au début du XVIIIème siècle traversa pourtant l’histoire de la musique comme une étoile filante : des soixante oeuvres composées pour la scène de Hambourg, à peine un tiers a été conservé… Aucun portrait de lui ne subsiste bien qu’il fût compositeur de la Chambre à la Cour de Brunswick-Wolfenbüttel et directeur de l’Opéra de Hambourg avant d’être nommé Cantor. Or, sa musique mérite amplement d’être redécouverte grâce au précieux travail de René Jacobs sur l’opéra Croesus, « Très véridique histoire sur l’inconstance de la fortune et des honneurs du monde », arrangée par Förtsch pour la première fois en 1684, reprise en 1711 puis en 1730 par Keiser à partir du livret allemand de Lukas Von Bostel qui retravailla celui de l’Italien Minato, lui-même inspirateur de Hasse et de Jomelli. Cependant, Bostel a amplement modifié l’intrigue, réalisant de nombreuses coupures, ajoutant plus de poids au comique et plus de morale à la fable. Croesus, roi de Lydie, qui se croyait l’homme le plus heureux du monde, est détrompé par le philosophe Solon avant de comprendre par la pratique que sa défaite face au roi de Perse Cyrus, le condamne au bûcher. Cette grave leçon de choses s’agrémente d’imbroglios amoureux et de bouffonneries édifiantes ; en effet, le muet Atis, fils de Croesus et amoureux d’Elmira, doit déjouer les traîtrises d’Orsanes et retrouve la parole pour défendre son père qu’un Perse veut occire tandis qu’Elcius, son valet, parodie à plusieurs reprises les incohérences de l’action guerrière. Keiser s’amuse à varier les plaisirs et, plutôt que de privilégier l’aria da capo, vogue de mélodies pénétrantes et expressives à des orchestrations parlantes et diversifiées, du duo qu’il nomme « air à deux » au quatuor, des scènes sérieuses aux rebondissements burlesques. René Jacobs insiste dans la préface sur la modernité d’un tel opéra, « opéra du peuple » avant l’heure, alternant les genres « noble » et « populaire » avec naturel, relativisant l’héroïsme, la morale et l’amour grandiose par leur « carnavalisation ». L’idéal vénitien, la commedia Dell Arte, Bach et Mozart s’y retrouveraient, tous influençant Keiser dans le choix musical des personnages en situation. Ainsi, Clerida chante dans un gracieux style rococo les feux de l’amour, Croesus s’imprègne de nostalgie romantique et Orsanes évoque la gravité des cantates quand Elcius poursuit ses arlequinades… Il faut le grand talent des solistes mis en présence par cet étonnant enregistrement pour en rendre tout le sel et le piquant. Une découverte rare, savoureuse et pétillante… qui finit bien, pour ceux que le résultat de l’intrigue titille. »

Concerto.net – 12 août 2000

« Compositeur de grand métier, Keiser fait montre d’une invention et d’une variété incessantes (aussi bien dans la ligne, dans les formes, que dans l’orchestration et les ensembles vocaux), l’ensemble connaissant bien sûr une remarquable unité. L’entrée en fanfare donne le ton : l’orchestre énergique et puissant affirme la gloire et le bonheur royaux. Crésus, roi de Lydie n’écoute pas Solon qui lui montre au contraire la vanité du monde et le caractère périssable de la fortune. Seule un défaite rapide et la perspective de la mort pourront convaincre le roi. A cette histoire d’amour des biens, une autre sur l’amour tout court est enchâssée, comme de coutume. Avec une très belle pléiade de solistes et un orchestre irréprochable René Jacobs réussit à donner toute son envergure à l’opéra. Avec fraîcheur et naturel, ce qui est vraiment un travail de troupe d’opéra donne toute sa sève à ce qui n’aurait pu être qu’une reconstitution appliquée comme l’on en reçoit d’outre-Atlantique. Chaque air a sa saveur, chaque récitatif son drame. Avec le même enthousiasme que l’Agrippina entendue à Paris en juin dernier, René Jacobs livre un pur moment de joie. »

Kritika – appréciation 20/20

http://perso.wanadoo.fr/alexandre.s/baroque.htm

Forum Opéra

« Qui, aujourd’hui, parmi les mélomanes, connaît vraiment Reinhard Keiser ? Le moins que l’on puisse dire est que sa renommée a été largement éclipsée par la gloire éclatante de son génial contemporain Georg Friedrich Haendel. Pourtant, si l’on en croit de nombreux témoignages de l’époque, il n’en fut pas toujours ainsi … Au contraire, même. Keiser fut en son temps « le » compositeur du Gänsemarktoper de Hambourg, où son monopole était tel que le jeune Händel, justement, dût partir tenter sa chance ailleurs, dans l’impossibilité où il se trouvait de se creuser une niche à la mesure de son talent dans une ville dont toutes les oreilles étaient charmées par la musique du « plus grand compositeur d’opéras du monde », tel que le nommait Johann Mattheson dans son éloge funèbre daté de 1740. Seulement voilà, jusqu’ici nous n’avions que peu d’enregistrements à nous mettre sous la dent – ou plutôt dans l’oreille – pour pouvoir juger de son (immense) talent. Cette lacune est aujourd’hui partiellement comblée, avec enfin une « grosse » production de l’un de ses opéras, Croesus, servie par un chef de talent et de renom n’ayant plus rien à prouver (si ce n’est qu’il peut sans cesse élargir son répertoire et diversifier les expériences) et une distribution éblouissante.Composé en 1711 pour le Gänsemarktoper, Croesus nous compte la chute douloureuse de ce fameux roi de Lydie si riche, non exempt de suffisance et assez naïf pour imaginer que la fortune suffit à faire sa puissance et son bonheur. En guerre contre le roi des Perses Cyrus, et vaincu par lui, c’est juste à temps (sur le point d’être exécuté), qu’il réalisera la futilité de son attitude et la véracité des propos de son philosophe attitré Solon … Il renoncera alors à sa couronne au profit de son fils Atis. À cela s’ajoutent bien entendu nombre d’intrigues et péripéties parallèles (la moins piquée des hannetons étant sans aucun doute le recouvrement soudain de la parole par Atis – au départ muet – sous le choc de l’arrestation de son père), incluant une conspiration fomentée contre Croesus et Atis par Orsanes et Eliates, et bien entendu également l’inévitable serpent-qui-se-mord-la-queue amoureux (A aime B qui aime C qui aime D qui aime …) : Eliates aime Clerida qui aime Orsanes qui aime Elmira qui aime Atis qui, lui, l’aime en retour. La complexité de ce livret, qui met en scène, non sans rappeler l’opéra vénitien des Monteverdi et Cavalli, une large ribambelle de personnages variés tant vocalement que dramatiquement (allant du serviteur d’Atis, le pochard Elcius, sorte de bouffon ridicule, à la noble et admirable princesse Elmira, gratifiée d’airs superbes), donne à Keiser l’occasion de déployer des trésors d’imagination et d’inventivité, nous offrant une partition merveilleusement colorée et contrastée, véritable patchwork de genres et de styles musicaux. Les différents statuts sociaux des personnages et leur caractérisation musicale donnent lieu à une impressionnante variété de styles et d’écritures, et Keiser et son librettiste Lukas von Bostel ne se départissent jamais d’un humour fort bien venu dans le traitement d’un sujet aussi édifiant et moralisateur. La verve, la vivacité d’écriture annoncent Haendel – et il suffit d’une écoute rapprochée de ce Croesus et de Rinaldo, datant lui aussi de 1711! pour se rendre compte de l’influence qu’a dû exercer Keiser sur son jeune collègue. L’irrésistible ballet de soldats perses et la bataille trouvent un écho bien familier dans le combat opposant paladins et sarrasins à Londres la même année, et une amusante parenté musicale lie le roi de Perse Cyrus à son petit cousin sarrasin Argante …L’ouverture, débordante d’énergie et de vitalité, donne d’entrée de jeu le ton : l’oeuvre sera brillante, spectaculaire, et surtout, surtout, théâtrale en diable. Et s’il est vrai que les incessants contrastes du grotesque au sublime, de la commedia dell’arte au seria peuvent dérouter les amateurs d’opera seria « pur et dur », notamment à la première écoute, il faut en tout cas admettre que pas un seul instant l’on ne s’ennuie durant les trois heures de feu d’artifice auxquelles s’apparente ce Croesus ! On ne s’ennuie pas, grâce bien entendu à l’extraordinaire richesse de la musique de Keiser, mais aussi et surtout grâce à la direction survoltée de René Jacobs qui trouve là un chef d’oeuvre à la mesure de son génie du théâtre, que l’on avait déjà pu admirer (tout comme d’ailleurs son sens de la pulsation inégalé) dans son enregistrement proprement ébouriffant de Cosi fan tutte ou lors des représentations évènementielles d’Agrippina au Théâtre des Champs-Élysées la saison dernière. L’excellente Akademie für Alte Musik Berlin se déchaîne littéralement sous son égide, répondant à ses sollicitations avec une énergie, une urgence, une nervosité, un mordant fantastiques, et bénéficiant par ailleurs d’un continuo formidable d’imagination et d’humour. Côté chanteurs, le tableau est tout aussi impressionnant, et flatte également l’ouïe avec un plaisir et une gourmandise non dissimulés. La distribution, très bien équilibrée, et majoritairement allemande ou en tout cas parfaitement germanophone (ce qui s’avère indispensable dans cette oeuvre), est menée tête haute par le couple d’amants parfaits, Elmira et Atis, incarnés respectivement par Dorothea Röschmann et Werner Güra, tout simplement idéaux. Que dire ? Tous deux sont parfaitement rompus au style et à l’esprit de cette musique (Röschmann y est tout aussi idiomatique que dans les deutsche Arien de Händel, dont elle avait donné un superbe – même sublime – enregistrement avec l’Akademie für alte Musik), et trouvent toujours le ton juste, avec juste ce qu’il faut de noblesse, d’élégance, de finesse, de subtilité, de malice, d’émotion et de tendresse. Avec en plus de tout cela deux voix parmi les plus belles du moment ! Qui, aujourd’hui, peut se targuer d’un timbre aussi malléable, doucement fruité et pulpeux que celui de Dorothea Röschmann, dont chaque air est un pur moment de grâce. Quant à Güra, il fait une fois de plus preuve d’une sensibilité et d’une musicalité admirables. À leurs côtés, pas un ne démérite, et surtout pas la sympathique Clerida de Salomé Haller, ni le Croesus impérial et impressionnant de Roman Trekel. Kwangchul Youn sonde de sa belle voix sonore et abyssale les abîmes de la pensée de Solon avec une majesté et une autorité qui le prédisposent à Sarastro et Sénèque; et l’on tient avec Klaus Häger et Markus Schäfer une belle paire d’intrigants ma foi fort séduisants – leur sinueux duetto « Ich sä’ auf wilde Wellen, ich bau auf dürren Sand » est hallucinant. Les rôles de valets et domestiques sont également bien distribués et interprétés avec fantaisie et humour. En résumé, voilà une bien belle oeuvre, magnifiquement ramenée à la vie par une équipe enthousiaste et enthousiasmante. Et, pour reprendre le premier choeur des Lydiens au tout début de l’opéra : « Croesus herrsche, Croesus lebe ! » Long règne, longue vie à Croesus! »