L’Orione

COMPOSITEUR Pier Francesco CAVALLI
LIBRETTISTE Francesco Melosio
DATE DIRECTION EDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DETAILLEE
1998 Andrea Marcon Mondo Musica 3 italien

 

Dramma per musica en trois actes, représenté – avec succès – au Théâtre Royal de Milan en juin 1653, à l’occasion de l’élection de Ferdinand IV comme empereur.

A cette occasion, Cavalli aurait repris un travail inachevé.

Le livret fut écrit en 1642 pour le théâtre San Moise de Venise. La représentation à Milan comportait un prologue mythologique, avec Junon, Minerve et Vénus.

Reprise à Venise en 1683.

 

Personnages : Apollo, Giove, Venere, Amore, Aurora, Diana, Orione, Filotero, Vulcano, Sterope, Bronte, Eolo, Nettuno, Plutone, Caronte, Titone, deux Nymphes de Diane, une Nymphe de l’Aurore.

 

Argument

  Le géant Orion est victime des querelles célestes : Aurore et Diane se disputent ses faveurs. Vénus, trompant une fois encore son mari Vulcain, poursuit le jeune homme de ses assiduités pour mettre en fureur Apollon qui, de son côté, souhaiterait préserver la virginité de sa soeur Diane. Le pauvre garçon finit par se jeter dans la mer, mais la déeese chasseresse, se transformant en monstre marin, le tue de sa flèche d’or. Jupiter assigne toutefois à l’infortuné une place au firmament, où la constellation d’Orion brillera pour l’éternité (Opéra International – décembre 1998)

 

Synopsis détaillé

Acte I

L'Orione - partition - acte I

La scène se passe sur l’île de Délos, le jour où les dieux ont coutume de se réunir pour célébrer Apollon. Diane et ses nymphes, après une journée de chasse passée sans grand profit, voient deux hommes à la mer, Orione et Filotero, qui appellent à laide. La déesse invite ses servantes à détourner leurs regards de ces deux hommes qui sont nus, en leur assurant qu’ils seront sans doute sauvés même sans leur intervention, ce qui adviendra effectivement peu de temps après. Diane s’éloigne, et entre en scène Vulcain avec les Cyclopes Bronte et Sterope. Comme ils sont oisifs, il les exhorte à reprendre leur activité : en effet, Jupiter et d’autres dieux ont besoin de leurs flèches. Amour aussi, parvenu sur les lieux, est impatient d’avoir ses nouvelles flèches. Orion, devenu aveugle à Chio à cause de la jalousie d’Enopione, a été secouru sur le rivage, et il raconte à Filotero qu’il s’est rendu sur les rives de Délos à la suite d’un rêve. Dans ce rêve, il se voyait à l’intérieur du temple d’Apollon où il parvenait miraculeusement à recouvrer la vue. Pendant ce récit, Orion et Filotero entendent des bruits parvenant de la forge de Vulcain, où ils rencontrent Amour qui a été mis au courant du rêve d’Orion et qui en atteste la véridicité. Bien que l’idée que ce soit précisément Cupidon qui est responsable de ses maux le fasse hésiter, Orion, poussé aussi par Filotero, suit le dieu jusqu’au temple d’Apollon où, comme promis, il retrouve la vue. Il prend congé en remerciant Amour dont il devient le serviteur et le disciple. Vénus s’était également rendue entre-temps au temple, mais en cachette. Elle était venue à Délos, sous les traits d’une vieille femme, dans l’espoir de pouvoir assister à la réunion des dieux dont elle avait été exclue. Restée seule avec Amour, la déesse révèle son identité à son fils, auquel elle reproche toutefois d’être devenu le ministre et le serviteur d’Apollon. Cupidon la rassure : en rendant la vue à Orion, il n’a pas fait de faveur au dieu, mais lui a fait au contraire du tort. Malgré l’insistance de Filotero, Orion n’a plus envie de retourner dans sa patrie, car il est frappé d’une étrange apathie et du désir irrépressible de rester sur l’île. Lorsqu’arrivent Diane et Aurore, accompagnées de leurs servantes, il leur narre ses mésaventures à Chio et leur raconte, entrecoupé par les commentaires ironiques de Filotero, qu’il est le fils de Mercure, Jupiter et Neptune. Les deux déesses, soudainement attirées par cet inconnu, proposent à Orion leur hospitalité tout en commençant à ressentir les aiguillons d’une étrange et réciproque jalousie.

Acte II

L'Orione - partition - acte II

Après s’être déclarée plus que satisfaite de la liberté de mouvement que lui procure son déguisement, Vénus rencontre à nouveau Amour qui lui raconte, pour sa plus grande joie, que c’est une de ses flèches qui a transformé Aurora et Diane en amantes jalouses. Les deux divinités sortent de scène et arrive Filotero. Il s’entretient brièvement avec une nymphe à laquelle il tient des propos méprisants sur l’amour en général. Orion le rejoint ; son ami tente de le convaincre de quitter Délos, mais encore une fois en vain. Tous deux écoutent cependant en cachette la conversation entre Titon, amant d’Aurore, et une nymphe et, peu après, entre Apollon et Diane, qui est désormais irrémédiablement amoureuse d’Orion. Titon et Apollon se déclarent prêts à punir sévèrement Orion, l’un car il pourrait inciter Aurore à le tromper et l’autre car il pourrait faire perdre à Diane sa chasteté. A ces mots, Filotero et Orion se décident à quitter l’île. Vénus, qui arrive sur ces entrefaites, toujours sous ses traits de vieille femme, propose de les aider dans l’espoir d’éloigner Orion de Délos et donc de porter préjudice à Diane. Comme il n’y a pas de bateau, elle appelle un monstre marin qui sera chargé de faire traverser la mer aux deux individus. Lorsque Filotero essaie de grimper sur le monstre, ce dernier le précipite à l’eau. Une fois revenu à la surface, Filotero se transforme pour quelques instants en rocher et il continue à se comporter de cette manière même après avoir repris sa forme d’homme en répétant les phrases d’Orion. Pour se venger de la « sorcière » qui lui a joué ce mauvais tour, tous deux décident de rester à Délos. Mais Orion a désormais un nouvel ennemi en la personne d’Amour qui, au courant de son ressentiment à l’égard de Vénus, est prêt à le punir sévèrement. Diane, en proie à une passion incontrôlable, rencontre Orion. Tous deux se jurent un amour éternel. Exalté par ce serment, Orion affirme, d’un ton méprisant, qu’il n’a cure ni de l’amour d’Aurore ni même de la colère d’Apollon. Ces paroles ne tardent pas à parvenir aux oreilles d’Amour, de Titon et d’Aurore, qui s’est réconciliée avec ce dernier. Tous sont prêts désormais à une vengeance commune. Apollon invite les autres dieux à se calmer et à regagner les cieux. C’est lui qui se chargera de la punition d’Orion.

Acte III

L'Orione - partition - acte III

Orion, amoureux de Diane et confiant dans la protection de son père Neptune, n’écoute pas Filotero qui lui conseille de ne pas sous-évaluer la colère des dieux. Peu après Amour avertit Apollon de l’impossibilité d’atteindre Orion une fois qu’il a gagné le large, car il peut compter sur l’aide de Neptune. Cependant le dieu du soleil ne semble pas s’inquiéter outre mesure de cet état de fait. Entre-temps les deux aides de Vulcain, Sterope et Bronte, ont capturé Vénus, toujours déguisée en vieille femme, tandis qu’elle essayait de s’enfuir. Pour retrouver sa liberté, cette dernière raconte qu’elle est en réalité une jeune enfant qui a le don de la divination. Pour éprouver la véridicité de ses propos, Vulcain, qui est arrivé sur ces entrefaites et ne l’a pas reconnue, lui demande de deviner s’il est marié et, si oui,de décrire l’aspect de son épouse. La déesse, qui n’a aucune difficulté naturellement à dépeindre ses propres charmes et la liberté qu’elle s’accorde envers son mari, surmonte l’épreuve et laisse Vulcain interdit.

Seule Diane est encore tourmentée par sa jalousie envers Aurore. Arrive Apollon qui lui demande de lui montrer ses talents d’archer. En lui faisant croire qu’il s’agit d’un monstre marin, il la pousse à viser Orion qui s’éloigne de l’île à la nage. Une fois la flèche décochée et la cible atteinte, l’arc se brise en plongeant Diane dans le plus grand désespoir. Peu après, Filotero, qui avait tenté d’arrêter Orion qui souhaitait étaler ses talents de nageur, apprend par la nymphe de Diane le sort de son ami dont il pleure la mort, avec Diane elle-même qui avait cherché en vain Orion aux Enfers. A cet instant paraît Neptune. Affligé par la mort de son fils, il est prêt à venger la mort de celui-ci en déchaînant la colère non seulement de la mer mais aussi des vents grâce à l’aide d’Eole. Cependant arrive Jupiter qui parvient à apaiser la colère du dieu en attribuant la mort d’Orion non pas à la volonté des dieux mais au Destin, ce même Destin qui, selon ses dires, a déterminé le cours des événements de la journée. Les dieux, revenus sur scène aux côtés de Vénus qui a repris ses véritables traits, regardent désormais Orion resplendir dans les cieux comme une nouvelle constellation.

 (livret Mondo Musica)

 

Livret (en italien) sur Musicantiga

 

Représentations :

Londres – Wilton’s Music Hall – 14, 15, 18, 19, 20 mars 2003 – François Lero Orchestra – dir. Peter Foster – mise en scène Kate Bannister – décors Kate Bannister et Karl Swinyard – lumières Hansjorg Schmidt – costumes Martin J Robinson – en anglais – Louise Cannon (Diana), Yaniv D’Or (Orion), Benjamin Bevan (Filotero), Kate Warshaw (Cupid), Pippa Longworth (Venus), Brian Parsons (Apollo), Annalies Whittingsea (Aurora), Scott Johnson (Titone), John Upperton (Jove), Scott Johnson (Neptune), Patrick Ardagh-Walter (Pluto), Patrick Ardagh-Walter (Vulcan), John Upperton (Steropes), Jeremy Lesage (Brontes), Annabel Larard (Diana’s Nymph), Jeremie Lesage (Charon), Hanna Wahlin (Aurora’s Nymph)

 

Venise – Teatro Goldoni – 25, 27, 29 septembre 1998 – Première représentation moderne (sans prologue) – Accademia di San Rocco – Orchestra Barocca di Venezia – dir. Andrea Marcon – mise en scène, décors et costumes Gran Teatrino La Fede delle Femmine – lumières Fabio Barettin – avec Cinzia Forte (Diana), Laura Polverelli (Orione), Margherita Tomasi (Amore), Alketa Cela (Aurora), Sara Mingardo (Venere), Lorenzo Regazzo (Filotero), Pietro Vultaggio (Vulcano, Plutone), Francesc Garrigosa (Apollo): Agustin Prunell-Friend (Sterope, Nettuno), Pablo Santana (Giove, Eolo), Robert Gierlach (Bronte, Caronte, Titone), Laura Antonaz (Ninfa, Ninfa di amore, Amorino)

L'Orione à Venise

Opéra International – décembre 1998

« C’est en 1653, pour le couronnement de Ferdinand IV comme roi des Romains, que Milan passe commande à Francesco Cavalli, le plus célèbre compositeur de l’époque, de L’Orione, oublié au lendemain de sa création et exhumé, le 26 septembre dernier, dans le cadre du Festival dédié à la « Civilità Musicale Veneziana ». Cette redécouverte, d’un intérêt indéniable, souligne, une fois encore, l’absence de scrupules avec laquelle la société italienne du XVIIe siècle traitait l’histoire et la mythologie antiques. Dix ans plus tôt, Monteverdi avait tourné en dérision les amours de Néron dans L’inco-ronazione di Poppea. Cavalli, son élève et son successeur, suit son exemple, en arrachant leur auréole aux dieux de l’Olympe. Dans le livret de Francesco Melosio, surnommé par ses contemporains <(le roi du bon mot », le géant Orion est victime des querelles célestes:

Aurore et Diane se disputent ses faveurs Vénus, trompant une fois encore son époux Vulcain, poursuit le jeune homme de ses assiduités pour mettre en fureur Apollon qui, de son côté, souhaiterait préserver la virginité de sa soeur Diane. Le pauvre garçon finit par se jeter dans la mer, mais la déesse chasseresse, se transformant an monstre marin, le tue de sa flèche d’or. En guise de consolation, Jupiter assigne à l’infortuné une place au firmament, où la constellation d’Orion brillera pour l’éternité.

Il y a trois siècles, le public aristocratique, nourri d’Qvide et de Plaute, trouvait ce jeu littéraire et musical parfaitement clair. De nos jours, il faut tout reconstruire, l’époque aussi bien que la partition, incomplète et souvent fragmentaire, selon la coutume du XVIIe italien qui laissait une large place à l’improvisation de l’interprète. La tâche est ardue, on le sait : Andrea Marcon s’y est attelé avec peu d’instruments et une palette minimale de couleurs, en ajoutant de nombreuses musiques de scène empruntées à des contemporains de Cavalli. A l’arrivée, le résultat est quelque peu hétéroclite, la fantaisie du compositeur, brimée en raison du caractère officiel de la commande, trouvant son moment de grâce dans l’émouvant lamento de Diane sur le corps de son amant. Tous les interprètes font l’impossible pour recréer le style d’exécution d’une partition de ce type, à commencer par l’Orchestra Barocca di Venezia, sous la baguette d’Andrea Marcon. Parmi les douze solistes, on retiendra surtout Sara Mingardo, Cinzia Forte et Laura Polverelli, ainsi que Lorenzo Regazzo et Pietro Vultaggio. Le spectacle du Gran Teatrino La Fede dalle Femmine, de bon goût, vise à l’économie, dans un cadre stylisé peuplé de savoureuses références au théâtre de marionnettes ».

 

http://www.youtube.com/watch?v=a70IU06XW-g

représentation complète du 18 septembre 1998 (en 17 vidéos successives)

 

enregistrement audio disponible – 3 CD – Premiereopera Italy

 

Londres – ECO (?) – 26 janvier 1987

 

Leeds – Grand Theatre – 29 novembre 1984

 

Glasgow – Théâtre Royal – 24, 27, 30 novembre, 1er, 3 décembre 1984

 

Liverpool – Empire Theatre – 11 octobre 1984

 

Newcastle – Theatre Royal – 4 octobre 1984

 

His Majesty’s Theatre, Aberdeen – 27 septembre 1984

 

King’s Theatre d’Edimbourg – 21, 23, 25 août 1984 – dir. Raymond Leppard – avec Anne Howells, Mora, White, Rosa Mannion, Myers, Jeffes

 

Opéra de Santa Fé – 23, 27 juillet, 5, 13, 18 août 1983 – dir. Raymond Leppard – mise en scène Peter Wood – scénographie John Bury – avec Neil Rosenshein, Evelyne Lear (Vénus), Cynthia Clarey, Thomas Stewart, Janice Hall (Amor), Elias, Günter von Kannen

Janice Hall en Amour

« Ressuscité par Raymond Leppard, hélas en anglais »… »John Bury avait pauvrement stylisé les lieux de l’action par des décors et des costumes médiocres. Peter Wood par contre donnait beaucoup de vivacité à chaque scène »… »Une distribution absolument remarquable »… »Cynthia Clarey, jeune soprano noire au timbre exquisement charnu, Günter von Kannen au grave incisif, Evelyne Lear idéalement musicienne, Thomas Stewart admirable de style, Neil Rosenschein, brillant ténor à la diction claire, au phrasé modelé »… »Au pupitre, Raymond Leppard chef attentif, avec une rigueur jamais glacée. » ( Opéra International – novembre 1983)