Deidamia

La Deidamia - livret - 1644 - seconde impression

COMPOSITEUR Francesco CAVALLI
LIBRETTISTE Scipione Herrico

 

Dramma musicale, sur un livret de Scipione Herrico, en un prologue et trois actes, dédicacé à l’Illustrissimo Signore Il Signor Alvise Da Mosto, noble vénitien, représenté au teatro Novissimo de Venise, le 5 janvier 1644, dans des décors de Giaccomo Torelli.

décor de Giacomo Torelli
Reprise à Rome en 1644, et au teatro Novissimo (ou au SS. Giovanni e Paolo ?), le 30 mai 1647.

On connaît au moins trois impressions du livret, les deux premières en 1644, dont la seconde par Matteo Leni et Giovanni Vecellio, la troisième correspondant à la reprise de 1647, au Teatro Novo, par Matteo Leni.

L’intitulé du frontispice de la seconde impression est le suivant : La Deidamia. Dramma musicale di Scipione Herrico, rappresentata nel Teatro novissimo, nell’anno 1644. In questa seconda impressione corretta, ed accresciuta di scene, e canzonette dall’autore (corrigée et augmentée de scènes et chansonnettes de l’auteur) . In Venetia, per Matteo Leni, e Giovanni Vecellio, 1644.

Dans une épître dédicatoire, ce dernier explique, que, voyant rivaliser entre eux les théâtres de Venise, les musiciens, les poètes et les concepteurs de machines, il a cru bon d’entrer en lice.

L’intitulé de la troisième édition est le suivant : La Deidamia. Dramma musicale di Scipione Herrico, da rappresentarsi nel Teatro novo in quest’anno 1647. In questa terza impressione ricorretta, ed accresciuta di nove canzonette dall’autore. In Venetia, presso Matteo Leni, 1647.

Le Teatro Novissimo, ouvert en 1641, fut détruit en 1647, après les représentations de la Deidamia.

On dispose d’un autre livret intitulé : La Deidamia. Dramma musicale di Scipione Herrico… In Venetia e di nuovo in Firenze, nella stamperia d’Amador Massi, 1650.

L’attribution à Cavalli n’est pas considérée comme certaine.

 

Personnages : Thétis, Amour, la Fortune ; Demetrio (Demetrius), fils du roi d’Asie Mineure ; Pirro (Pyrrhus), enfant, fils du roi d’Epire et des Molosses ; Deidamia (Deidamie), soeur de Pirro, en habit masculin sous le nom d’Ergindo ; Antigona (Antigone), fille du roi d’Égypte ; Eufrine Euphryne), demoiselle d’honneur d’Antigona ; Astrilla (Astrilla), fille du président du Sénat des Rodhiens ; Président du Sénat des Rhodiens ; Capitaine de la garde du port ; soldats de la garde du port ; Orinto (Orynthe), page de Pirro ; Sifante (Syphante), Alceste (Alceste), chasseurs de Pirro ; vieux Berger ; choeur des Bergers ; Thétis ; Vénus ; Amour ; la Fortune ; Jupiter ; le Destin ; la Curiosité.

L’acte I contient à la scène 13 un ballet – Ballet des Chasseurs – et un madrigal ; l’acte II se termine avec un ballet – Ballet des soldats de Rhodes -, l’acte III avec un madrigal.

Décors : le port de Rhodes (Prologue) ; un vallon solitaire ; un bois ; la place de Rhodes (acte I) ; un palais délicieux ; une place ; la salle du Destin, avec le port de Rhodes dans le lointain (acte II); une galerie du palais ; un jardin (acte III).

 

Argument

Démétrius, fils du roi d’Asie mineure, se trouvant à la cour du roi d’Épire et des Molosses, fut enflammé d’un amour payé de retour pour Déidamie, fille du roi. Rappelé par son père à cause d’une guerre, il fut ensuite destiné à épouser Antigone, fille du roi d’Égypte. Il s’efforça de différer la célébration de ces noces, tout en feignant d’y consentir.

Il lui parvint des nouvelles de Déidamie. Alors que celle-ci se trouvait à la chasse, elle tomba par hasard sur un cadavre dont le visage avait été défiguré par une bête sauvage ; elle prit soudainement la décision de revêtir ce cadavre de ses vêtements, et, avec l’aide de sa nourrice (qui feignit de fuir par peur du roi, et par la suite mourut en route), en habit d’homme, sans être reconnue, elle partit pour tenter d’empêcher le mariage de Démétrius. Le cadavre qu’on croyait le sien fut enseveli avec une pompe royale.

Démétrius, ayant eu connaissance de cette supposée mort de Déidamie, reporta tout son amour sur Antigone, sa fiancée. Celle-ci, au rebours, s’était d’abord éprise, avec réciprocité, de Pyrrhus, frère de Déidamie, qui, depuis sa toute jeunesse, avait séjourné à la cour du roi d’Égypte son père, et n’avait jamais rencontré Démétrius. Elle n’avait aucune inclination pour le parti qu’on lui destinait ; mais, ne pouvant résister à la volonté paternelle, elle se rendit à Rhodes, prétextant avoir fait v’u de sacrifier au Soleil qu’on y adorait, et ayant fait entendre à Pyrrhus qu’il eût à venir l’y enlever.

Peu après son arrivée à Rhodes, elle y vit inopinément apparaître Démétrius, venu la servir. Déidamie, qui avait perdu tout espoir d’empêcher les noces de Démétrius et d’Antigone, était elle aussi arrivée dans cette île avant eux, et, n’osant plus envisager de retourner dans ses demeures royales, s’était retirée pour vivre, en habit masculin, auprès d’un vieux berger dans une vallée proche de la ville. Finalement, Pyrrhus lui aussi arriva avec une frégate armée, en habit étranger, tel un corsaire, pour exécuter les instructions reçues d’Antigone, et débarqua à l’aube sur une plage de l’île. Ici commence le drame.

 

Synopsis détaillé (*)

Prologue

Thétis est inquiète pour Pyrrhus et Déidamie, ses descendants, que leurs amours ont conduits à Rhodes. Cupidon ne peut rien pour eux et renvoie à la Fortune, laquelle invite à consulter le Destin.

Acte I

Sc. I à IV : Déidamie, vêtue en garçon, chante son malheur. Un vieux berger lui fait l’éloge de la vie et des amours pastorales. Elle lui révèle qu’elle est une fille et qu’on la croit morte. Pyrrhus, son frère, qu’elle reconnaît, mais qui ne la reconnaît pas, arrive, poursuivi par des hommes armés, dont Démétrius. Il est rejoint, mais Déidamie obtient sa grâce, et séduit Démétrius par son chant. Elle est invitée à la cour sous son faux nom d’Ergynde. Démétrius parti, Pyrrhus se présente comme un compagnon de Pyrrhus, abandonné par son vaisseau. Il se dit curieux de voir la belle Antigone.

Sc. V : Cupidon raconte à sa mère Vénus l’appel au secours de Thétis. Vénus est réticente. Tous deux montent au ciel.

Sc. VI : deux chasseurs de Démétrius racontent comment celui-ci, après s’être illustré contre un sanglier, est poursuivi par un ours.

Sc. VII : Pyrrhus tue l’ours, sauvant à son tour Démétrius. Ils s’en vont en ville avec Déidamie-Ergynde.

Sc. VIII : le président du Sénat apprend qu’un débarquement de corsaires a été empêché par Démétrius : où va-t-on si des étrangers interviennent dans la défense nationale ? Une expédition défensive est lancée. Autre souci : trop de visiteurs étrangers à Rhodes, dont Antigone, princesse d’Égypte, venue adorer le Soleil, et son fiancé Démétrius : que cachent-ils ?

Sc. IX : Antigone expose ses malheurs à sa confidente Euphryne : fiancée à Démétrius, elle retarde les noces sous prétexte de dévotion, en attendant que Pyrrhus, qu’elle aime depuis toujours, vienne l’enlever ;

Sc. X à XII : Euphryne souligne les dangers de l’amour. La jeune Astrilla ne se sent pas menacée ; mais selon Euphryne, elle ne perd rien pour attendre. Démétrius exprime son impatience devant les délais imposés par sa fiancée, qu’il semble adorer, au grand dam de Déidamie. Euphryne et Astrilla s’éprennent de cette dernière, qu’elles prennent pour un garçon. Elles conviennent de rester fairplay dans leur rivalité.

Sc. XIII : la Curiosité se présente ; elle va assister Thétis dans son enquête. Jupiter, lui, refuse de révéler ce que le Destin réserve.

Acte II

Sc. I à III : D&eacut;métrius, heureux de s’être fait deux amis lors de sa partie de chasse, les présente à sa fiancée. Antigone sent que l’enlèvement est proche ; mais Déidamie n’est pas sûre pour autant de pouvoir reconquérir Démétrius. Elle s’endort ; Euphryne venant explorer ses charmes constate qu’elle est une femme, et croit qu’elle est une maîtresse secrète de Démétrius, qu’elle a appelé en rêve. Astrilla, qui s’y trompe encore, se déclare à Déidamie, qui joue à entretenir ses illusions. Restée seule, Déidamie décide de jeter le masque et de faire savoir qu’elle n’est pas morte.

Sc. IV : Pyrrhus et Antigone attendent la nuit pour s’enfuir. En principe, tout est prêt.

Sc. V-VI : Démétrius attend les noces avec impatience. Euphryne, qui le croit épris de celle qui passe pour Ergynde, le taquine sans qu’il y comprenne rien. Démétrius se demande si la présence d’Ergynde ne dérangerait pas Antigone et décide de le chasser. Déidamie le sonde sur ses anciennes amours : il considère ne pas être lié à une morte, s’irrite de son insistance, et le/la congédie. Désespérée, elle songe au suicide.

Sc. VII : dialogue à sous-entendus gaulois : Euphryne veut bien laisser Ergynde à Astrilla, tout en la prévenant qu’il est dépourvu de certaines qualités essentielles.

Sc. VIII : Déidamie tente de tuer Démétrius ; on l’arrête.

Sc. IX-X : Jupiter apprend du Destin que les choses vont s’arranger ; la Curiosité, qui espionnait, va porter la bonne nouvelle à Thétis.

Sc. XI : Pyrrhus, qui attend la nuit et son bateau, apprend que celui-ci a été capturé par les Rhodiens. Le capitaine du port interroge Orynthe, page de Pyrrhus, qui nie que le bateau et son maître, le fils du roi d’Épire, aient des intentions hostiles.

Acte III

Sc. I à III : interrogé par le président du Sénat sur sa tentative contre Démétrius, Ergynde a déclaré avoir agi à l’instigation d’ « un membre de la lignée du roi d’Épire », dont il taira le nom. Le capitaine du port établit le rapprochement avec Pyrrhus, qu’on sait être caché incognito dans Rhodes. Pyrrhus survenant refuse d’abord de donner son nom. Démétrius le reconnaît comme celui qui l’a sauvé de l’ours, et, apprenant sa noble naissance, ne peut croire qu’il ait fomenté un attentat contre lui. Tous deux se perdent en politesses et en déclarations d’amitié.

Sc. IV : Astrilla est au désespoir de savoir Ergynde sous les verrous, et rêve de le faire évader.

Sc. V : Antigone attend toujours Pyrrhus, et, sachant que son bateau a été pris, craint le pire. Pyrrhus arrive et annonce qu’il renonce à l’enlèvement : l’honneur et la reconnaissance lui interdisent de faire cela à Démétrius ; il conseille la sagesse à Antigone, qui est désespérée.

Sc. VI : Ergynde, interrogé, déclare avoir subi une offense personnelle de la part de Démétrius. Euphryne révèle le sexe de l’accusé, et la nature de l’offense. Ergynde, désormais Déidamie, explique le stratagème de sa fausse mort. Pyrrhus est prêt à la tuer ; mais Démétrius bouleversé et repentant se déclare prêt à l’épouser ; ainsi, Antigone épousera Pyrrhus.

Sc. VII-VIII : Antigone, pas encore au courant, chante sa douleur ; Pyrrhus, puis les autres, viennent lui annoncer la nouvelle donne. Allégresse générale.

(*) par Alain Duc
Livret en français disponible sur livretsbaroques.fr

Livret original (1644) (Roma, Istituto Storico Germanico)

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