La Bohémienne (La Zingara)

COMPOSITEUR Rinaldo da CAPUA
LIBRETTISTE anonyme
ENREGISTREMENT EDITION DIRECTION EDITEUR NOMBRE LANGUE DISPONIBLE FICHE DETAILLEE
1969 2001 Edwin Loehrer Nuova Era 1 italien oui
2002 Günter Kehr Dynamic 1 italien oui

Intermezzo en deux actes, créé à l’Académie royale de musique sous le nom de La Bohémienne ou La Zingara, le 19 juin 1753, par la troupe des Bouffons d’Eustacchio Bambini : Anna Tonelli (Nice, Bohémienne), Pietro Manelli (Calcante, vieux avare), Giuseppe Cosimi (Tagliaborse ou Piquepoche, frère de Nice).

Reprise à Nancy, en 1754.

Repris à Pesaro en 1755, sous le nom de Il Vecchio Amante e la Zingara, avec Giuseppe Cosimi, basse, dans le rôle de Pandolfo.

La Bohémienne est le nom de deux parodies jouées en 1755 : le première, en un acte, de Moustou, qui fut jouée sans succès à l’Opéra-Comique, le 14 juillet ; la seconde, en deux actes, en vers, mêlée d’ariettes, de Charles Favart, représentée, avec succès, à la Comédie Italienne, le 28 juillet.

La Bohémienne de Favart fut reprise le 5 septembre 1755, à la cour devant leurs Majestés, ainsi que le 11 février 1756.

La Bohémienne - livret de 1755

  L’œuvrefut longtemps attribuée à Pergolèse.

 

Argument

Une jeune et jolie bohémienne, Nisa, et son frère Tagliaborse campent sur la route d’un vieux marchand, Calcante, qui se promène avec une bourse bien remplie. Tagliaborse se déguise en ours savant. Lorsque le marchand paraît, Nisa va user de tous ces charmes pour convaincre Calcante de se laisser dire la bonne aventure: elle lit dans les lignes de sa main qu’il sera bientôt marié. Peu crédule à cette idée, l’avare marchand n’en est pas pour autant insensible à la beauté de la jeune femme. Il se laisse aussi impressionner par une danse de l’ours, qu’il consent à acheter pour un prix dérisoire. Mais au moment où il veut en prendre possession, sa bourse et l’ours ont disparu! Nisa veut consoler le vieillard désespéré en lui offrant son coeur. Calcante est définitivement amoureux.Un peu plus tard, Nisa retrouve son frère. Elle est bien résolue à mener la farce jusqu’au bout. Lorsqu’arrive Calcante, celui-ci n’a qu’une idée en tête: retrouver sa bourse perdue, objet indispensable à sa survie. Nisa propose son aide. Elle invoque les divinités telluriques. Surgit une sorte de mage, qui n’est autre que Tagliaborse déguisé. Celui-ci annonce qu’il a la bourse en sa possession, mais Nisa ne consent à la rendre à Calcante que si celui-ci l’épouse. Il refuse tout d’abord, mais lorsque Nisa fait surgir de partout des démons avec ordre de tuer l’avare, il est contraint d’accepter. La bourse lui est rendue. Il découvre alors qu’il s’est laissé gruger par le frère de Nisa. Mais sa déception dure peu, puisqu’il a, en définitive, gagné une jeune et ravissante épouse.
Livret

 

« Le destin de cet intermezzo, l’une des trois seules partitions de Rinaldo Da Capua à avoir subsisté, est étroitement lié à celui de La Serva padrona de Pergolesi. La compagnie de comédiens de Eustachio Bambini avait déclenché en 1752 la fameuse Querelle des Bouffons, et en juin 1753 présenta à l’Académie royale de Musique de Paris cette œuvre au succès assuré, eu égard à ses analogies avec La Serva padrona.

La Zingara exerça une influence sur l’esthétique du théâtre musical en France. En 1775, une version française de l’oeuvre de Charles-Simon Favart fut donnée en « opéra-comique  » à la Comédie-Italienne sous le titre de « La Bohémienne ». Au cours des différentes exécutions fut intégré l’air célèbre « Ire giorni son che Nisa », de paternité toujours incertaine bien qu’attribué à Pergolesi.

Selon Jean-Jacques Rousseau, le livret de cet intermezzo se base sur un fait divers. Nisa, la Bohémienne, réussit à vendre au riche marchand Calcante un ours qui n’est autre que son frère Tagliaborse déguisé. Bien sûr l’ours disparaît et Nisa fait appel à un magicien – toujours son frère déguisé – qui s’engage à le ramener si Calcante épouse Nisa. Calcante s’exécute puis découvre le piège dans lequel il est tombé. Il s’en réjouit toutefois, car il est entretemps tombé amoureux de la Bohémienne…

La partition de Da Capua est un pur joyau du genre. Elle est à mettre au niveau de l’intermezzo de Pergolesi. Les airs sont variés et beaux, les récitatifs vivants, et efficaces du point de vue de la dramaturgie (scène des esprits, scène de la vente de l’ours).  » (Répertoire – février 2003)

 

« Quand La Zingara arrive en France, elle a déjà été donnée en Italie. Son auteur : Rinaldo di Capua (1705 – 1780), « excellent compositeur napolitain, c’est le fils naturel d’une personne de haut rang dans son pays. Il étudia d’abord la musique pour son agrément , mais, abandonné par son père, il fut obligé d’en faire sa profession. Il avait seulement 17 ans quand il composa son premier opéra de Vienne » , nous dit un célèbre chroniqueur, et encore que « sa science n’a d’égal que son génie ». Voilà de quoi rassurer sur son compte’et nous étonner aussi qu’aucune œuvre de ce compositeur n’ait été rejouée de nos jours.

En arrivant entre les mains créatrices de Charles-Simon Favart (1710-1792), célèbre auteur dramatique et compositeur, l’oeuvre va subir une transformation à la fois respectueuse et imaginative : les récitatifs italiens sont remplacés par des dialogues parlés en français (c’est le propre du théâtre de la foire de proposer ainsi ce mélange savoureux de parlé/chanté). De plus, Favart, qui connaît bien son public, insère quelques numéros musicaux d’autres compositeurs, dont un célèbre duo de la Servante Maîtresse de Pergolèse – de quoi faire chanter toute l’assistance.

Conscient qu’il ne doit pas toucher à la structure de la pièce (la première partie est plutôt bouffe et populaire, la seconde – faussement sérieuse – plagie les grandes scènes de sorcellerie de l’opéra français pour mieux s’en moquer). Favart enrichit plutôt la matière : notes de détails sur la partition, ornements, tours d’esprit dans les répliques, mouvements d’orchestre plus spirituels, tout cela parle davantage aux oreilles françaises. (Présentation – Jérôme Corréas)

 

Représentations :

Chassieu (69) – Karavan Théâtre – 13 janvier 2012 – St Priest (69) – Centre Culturel – 21 janvier 2012 – Théâtre Impérial de Compiègne – 24 janvier 2012 – Beauvais – Théâtre du Beauvaisis – 26 janvier 2012 – Les Paladins – dir. Jérôme Corréas – mise en scène André Fornier – avec Emmanuelle Goizé (Nise), David Ghilardi (Brigani), Vincent Vantyghem (Calcante)

 

Albertville (73) – Festival d’Art baroque en Tarentaise – Théâtre de Verdure d’Aime – 4 août 2011 – Sablé-sur-Sarthe (72) – Festival baroque de Sablé – Centre Culturel de Sablé – 24 aoucirc;t 2011 – Saint Agrève (07) – Festival Musiques en Vivarais-Lignon – Salle des Arts et des Cultures – 25 août 2011 – Les Paladins – dir. Jérôme Corréas – La Compagnie du Théâtre – mise en scène André Fornier – avec Emmanuelle Goizé (Nise), David Ghilardi (Brigani), Vincent Vantyghem (Calcante)

 

Opéra Magazine – octobre 2011

« Un décor astucieux, qui peut s’adapter à des plateaux de tailles diverses, des costumes colorés, une poignée de musiciens (quatre lurons des Paladins, ici, plus leur directeur musiical, Jérôme Correas, qui tient le clavecin) : voilà qui évoque les tréteaux des débuts de l’opéra-comique. Lorsque Charles-Simon Favart, l’un de ses pères fonndateurs, adapte en français La Zingara du Napolitain Rinaldo di Capua, il remplace les récitatifs par des dialogues parlés et toilette la partition, l’ornemente avec esprit, lui ajoute un duo de la fameuse Servante maîtresse (La Serva padrona de Pergolesi, connu alors d’un large public. Cette «francisation» n’est pas une trahison, loin de là ; le vent de la commedia dell’arte souffle sur les vers de Favart.

D’autant que le spectacle d’André Fornier, directeur artistique de la compagnie «L’Opéra-Théâtre/ Lyon», ne souffre aucun reproche (il avait été présenté sous chapiteau, l’automne dernier, à Ambronay) : le rythme est soutenu, le comique percutant, le travail sur le texte remarquable de fluidité. Et comme le trio d’interprètes est épatant, chantant aussi bien qu’il joue, la joie règne sans partage sur les planches.

Le chic et la gouaille d’Emmanuelle Goizé, sa voix fraîche et facile rendent sa Nise irrésistible. David Ghilardi est Brigani, truculent frère et complice, désopilant lorsqu’il revêt une défroque d’ours, et Vincent Vantyghem, véritable homme caoutchouc, fait de Calcante, l’avare, un personnage de cartoon.

Les spectateurs de 7 à 77 ans sont à la fête, et les mélomanes ne boudent pas le plaisir que leur donne ce salutaire retour aux sources, mené avec brio par Jérôme Corréas. »

Ambronay, Chapiteau – 12 septembre 2010 – Centre Culturel de la Ricamarie – 20 et 21 janvier 2011 – Cognac – L’Avant-Scène – 28 janvier 2011 – Les Paladins – dir. Jérôme Corréas – La Compagnie du Théâtre – mise en scène André Fornier – avec Emmanuelle Goizé (Nise), David Ghilardi (Brigani), Vincent Vantyghem (Calcante)

Qobuz Magazine

« La Zingara (1755) de Charles-Simon Favart est dans la plus pure tradition de l’opéra-comique français ; le livret est drôle : Nise, canaille jolie et rusée souhaitant rentrer dans le droit chemin par le mariage, tente de séduire Calcante, vieillard avaricieux. Tous les comédiens s’investissent pour extraire du livret ce qu’il a de plus divertissant. Emmanuelle Goizé, en particulier, campe sa Nise avec délice et malice, et une ambiguité morale qui la rend sympathique. L’apparition absurde et inattendue d’un comédien en costume d’ours est d’un effet réussi. Cependant, les gags prolongés (dont certains importés de précédentes productions des Paladins) peuvent parfois lasser, certains sous-entendus sont même un peu scabreux, et l’ensemble souffre de ne pas savoir parler à la fois aux adultes et aux enfants – condition qu’avait plutôt mieux remplie La Fille mal gardée (1758), dans la mise en scène de Jean-Luc Impe (Salle Favart), donnée récemment à l’Opéra Comique.

Reléguée au second plan, la musique, qui fait écho à celle de Pergolèse (à tel point que l’ouverture lui est empruntée), n’est pas particulièrement intéressante, mais on pouvait s’accrocher à la verve et souplesse de l’archet de Françoise Duffaud. Si le spectacle est globalement réussi, l’œuvre n’apparaît pas à la hauteur des Paladins.

Charente libre

« Charles-Simon Favart (1710-1792) est un vieux roi de l’opéra-comique qui n’est pas tombé en disgrâce. La preuve, ce soir au théâtre de L’Avant-Scène de Cognac, où la compagnie L’Opéra-Théâtre et l’ensemble de musique baroque «Les Paladins» ressuscitent l’intermède italien «La Zingara», revisité par l’auteur français en 1755. La Zingara – en français la bohémienne -, c’est une histoire « de puissance, d’amour, de la revanche des «petits» sur les «grands». De tendresse, aussi… Et tout cela dans une ambiance foraine, avec un ours savant, des acrobaties et… un diable !» écrit dans sa note d’intention André Fornier, le metteur en scène de L’Opéra-Théâtre. « Sa partition en est raffinée et inventive, ajoute-t-il. Son livret est drôle, tonique et rythmé. Il est tiré des nombreux canevas à improviser de la « commedia dell’arte »». L’intrigue est servie par des personnages hauts en couleur, « des prototypes de la comédie italienne »: un vieil Harpagon bourré de défauts et deux plus jeunes gens, tantôt malicieux, tantôt insolents, tantôt fanfarons et à peu près capables de tout. Il paraît que ce spectacle est un plaisir pour les yeux et les oreilles, en cela qu’il permet de «renouer avec la jubilation originelle d’un répertoire méconnu du XVIIIe siècle .» La curiosité, au moins, réclame que l’on prenne son billet. »

 

Liège – Théâtre Royal de Wallonie – 19, 21, 23, 25, 27 octobre 2007 – dir. Rodolfo Bonucci – mise en scène et lumières Stefano Mazzonis di Pralafera – décors Jean-Guy Lecat – costumes Valérie Urbain – avec Hendrickje Van Kerckhove (Nisa), Max René Cosotti (Tagliaborse), Alberto Rinaldi (Calcante)

« Avec La Zingara, créée à Paris en 1753, en pleine Querelle des Bouffons, on retrouve le triangle bien connu du vieil avare séduit et trompé par une jeune femme et son complice. Rinaldo Da Capua enrichit le schéma pergolésien en dotant le complice d’un air et en ajoutant des choeurs dans le dénouement. L’inspiration populaire est aisément repérable dans le finale, basé sur des airs de danse venant s’ajouter au traditionnel duo avec onomatopées. À l’arrivée, l’ouvrage ne manque pas d’invention mais il peine un peu à prendre vie, le spectateur se raccrochant à quelques gags amusants et à un traitement visuel élégant. » (Opéra Magazine – décembre 2007)

Amelia, Narni, Terni – 2003 – dir. Gabriele Catalucci – mise en scène M. Leoni – avec V. Ferri, L. Galeazzi, P. Pellegrini