Le Carnaval de Venise

COMPOSITEUR André CAMPRA
LIBRETTISTE Jean-François Regnard
ENREGISTREMENT ÉDITION DIRECTION ÉDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DÉTAILLÉE
2011 2011 Hervé Niquet Glossa 2 français

 

Opéra-ballet en trois actes et un prologue, sur un livret de Jean-François Regnard (*). Première représentation à l’Académie royale de Musique, le 20 janvier 1699. L’œuvre fut dédiée au Grand Dauphin qui l’appréciait beaucoup, et la fit reprendre en février 1711, peu avant sa mort. 

Ce fut la première création au Palais Royal après le renouvellement du privilège, le 30 décembre 1698, en faveur de Jean-Nicolas de Francine, en appuyant ce dernier d’un associé, l’écuyer du roi Hyacinte Gauréault Dumont, commandant de l’Écurie du Dauphin.

Des reprises eurent lieu en 1798.

 

(*) Jean-François Regnard, avocat, trésorier, homme de lettres et dramaturge (1655-1709)  

Jean-François Regnard

46me Opéra, les paroles en sont de Regnard, & la musique de Campra : il fut représenté pour la premiere fois le 28 Fév. 1699, & est imprimé partition in-4°. Le sujet du Prologue est Minerve avec un Ordonnateur, qui fait décorer une salle pour un spectacle : la piece, qui n’a jamais été reprise, est une Com. ou Ball. en 4 Ac. offrant le contraste des amours d’un Cavalier François & d’un Noble Vénitien. Le quatrieme Ac. est un petit Opéra Ital. intitulé Orphée aux Enfers. (de Léris – Dictionnaire des Théâtres)

 

Synopsis détaillé

L’action se déroule à Venise au moment du carnaval.

Prologue

Une salle où l’on doit donner un spectacle : tout y est encore en désordre, le lieu est plein de morceaux de bois et de décorations imparfaites ; on voit quantité d’ouvriers qui travaillent pour tout remettre en état

Un Ordonnateur presse les ouvriers de préparer les lieux. Minerve descend pour participer à une fête, et s’étonne du désordre. Minerve décide de s’employer elle-même à préparer la fête en faisant appel aux Divinités des Arts. La Musique, la Danse, la Peinture et l’Architecture arrivent avec leur suite et élèvent un théâtre magnifique. Minerve convie le choeur à célébrer un Roi plein de gloire, et à déployer le spectacle d’une fête à Venise.

Acte I

La Place Saint-Marc

Léonore se reproche d’avoir avoué à Léandre son amour pour lui, car elle le trouve moins empressé. Elle craint également la rivalité d’Isabelle. Celle-ci lui avoue aimer un jeune étranger. Léonore lui confie qu’elle également est aimé d’un jeune étranger. Elles découvrent qu’il s’agit dans les deux cas de Léandre, et chacune pense être trompée avec l’autre. Léandre, confrontée aux deux jeunes Vénitiennes, ne sait laquelle choisir. Il finit par se décider en faveur d’Isabelle, provoquant le désir de vengeance de Léonore.

Une troupe de Bohémiens, d’Arméniens et d’Esclavons vient sur la place St Marc avec des guitares. Ils chantent en italien et dansent.

Léandre confirme à Isabelle combien il est attiré par elle. Isabelle fait état de ses craintes à propos de Léonore, mais Léandre la rassure sur sa fidélité.

Acte II

La Salle des Réduits, à Venise, lieu destiné au Jeu pendant le Carnaval

Rodolphe, noble Vénitien, amoureux d’Isabelle, est déchiré entre l’amour et la jalousie. Léonore vient confirmer ses soupçons, et lui annonce qu’elle-même a été trompée par Léandre. Tous deux décident de se venger.

La Fortune paraît, suivie d’une troupe de joueurs de toutes nations

La nuit. Une vue de plusieurs palais et balcons

Rodolphe s’est posté pour espionner son rival. Léandre arrive, accompagné d’une troupe de musiciens pour donner la sérénade à Isabelle. Léandre et les musiciens chantent un trio italien. Isabelle répond en chantant de son balcon. A ce spectacle, la colère et le désir de vengeance de Rodolphe redoublent. Isabelle, croyant parler à Léandre, exhale sa haine pour son ancien amant jaloux. Rodolphe se montre et supplie Isabelle qui le repousse. Resté seul, Rodolphe prépare sa vengeance.

Acte III

Une place de Venise, environnée de palais magnifiques, vers où convergent des canaux couverts de gondoles

Léonore est partagée entre son amour et le désir de vengeance. Rodolphe vient lui annoncer qu’il a tué son rival. Léonore regrette d’avoir succombé à la jalousie. Elle repousse Rodolphe avec horreur. Rodolphe se décide à annoncer lui-même à Isabelle la mort de Léandre.

Divertissement de Catelans et de Barquerolles, avec fifre et tambourin. Les Catelans, ayant vaincu les Nicolotes, témoignent leur joie en dansant.

Isabelle à appris la mort de Léandre et se lamente. Elle décide de se percer le coeur d’un stylet, mais survient Léandre qui arrête son geste. Léandre explique que le tueur à gages qui devait le tuer s’est trompé de cible. Tous deux se témoignent leur amour. Léandre lui propose de fuir en bateau pendant qu’on donne au théâtre la fable d’Orphée, puis un grand Bal.

Divertissement (en italien) : Orfeo n’ell inferno

On voit descendre un théâtre fermé d’une toile, avec ses spectateurs.

Le palais de Pluton

Pluton, averti de l’arrivée d’un mortel, alerte les divinités infernales. Il est saisi par le chant d’Orphée, qui lui demande de lui rendre Euridice. Pluton accepte à condition qu’il ne la regarde pas avant d’être sorti des Enfers. Euridice apparaît. A sa demande, Orphée la regarde. Les Démons les séparent à jamais.

Divertissement : Le Bal

Une salle magnifique. Le carnaval paraît, conduisant une troupe de masques de diverses nations

Des Masques commencent à danser avec sérieux. Le Carnaval annonce qu’il veut un peu plus de fantaisie. Un char magnifique apparaît, tiré par des Masques comiques qui se joignent à la danse.

 

Pour en savoir plus

Livret disponible sur livretsbaroques

Partition : http://imslp.org/wiki/Carnaval_de_Venise_(Campra,_Andr%C3%A9)

Le Carnaval de Venise (1699) d’André Campra et Jean-François Regnard – Livret, études et commentaires – collectif sous la direction de Jean Duron – Mardaga – Collection : Regards sur la musique – 9 novembre 2010 – 231 pages – 25

 

Représentations :

Paris – Théâtre des Champs Élysées – 19 octobre 2010 (annulé) – Théâtre de Caen – 4 décembre 2010 – Metz – Arsenal – 27 janvier 2011 – version de concert – Le Concert Spirituel – Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles (dir. Olivier Schneebeli) – dir. Hervé Niquet – avec Salomé Haller(Isabelle), Marina de Liso (Léonore), Andrew Foster Williams (Rodolphe), Edwin Crossley Mercer (Léandre), Carolyn Sampson (Euridice), Anders J. Dahlin (Orfée), Isabelle Druet (Minerve / la Fortune), Luigi De Donato (Le Carnaval / Pluton)

 Diapason – janvier 2011 – Carnaval démasqué

« Quand la musique est nécessaire mais non plus suffisante. Dans la veine de l’Europe galante, succès le plus retentissant de l’Académie royale de musique depuis la disparition de Lully, Le Carnaval de Venise du même Campra mêle genres, styles et langues, flattant le goût du public pour l’exotisme, précisément sa fascination pour la Sérénissime, lieu de plaisirs et de liberté fantasmés. Comme un antidote à la pieuse austérité imposée à Louis XIV, et donc à la cour, par madame de Maintenon.

L’intrigue reprend le canevas de la comédie italienne, dans laquelle le librettiste Jean-François Regnard était passé maître : un couple volage, Isabelle et Léandre, déchaîne la jalousie de Léonore et Rodolphe. Mais le divertissement joue les trouble-fête, rompant sans cesse la continuité d’un drame qui menace de tourner au tragique. Et prête ainsi constamment le flanc à la parodie : celle des stéréotypes de la tragédie en musique ou de l’opéra italien, mis en abyme dans l’acte III avec la représentation d’Orfeo nell’inferni signé … Campra !

Annulé à Paris pour cause de grève, le concert phare des Grandes Journées Campra du Centre de musique baroque de Versailles aura donc eu lieu à Caen. Mais que reste-t-il de ce Carnaval privé de masques et de danses, de son spectacle en somme? Si le geste imprévisible d’Hervé Niquet ne manque pas de fantaisie, Le Concert Spirituel n’y répond pas immédiatement, puis gagne en corps comme en rebond, pour culminer dans l’acte italien. C’est là aussi que le chant convainc le plus, et particulièrement l’Orfeo franc et fanfaron de Mathias Vidal. Auparavant, le jeune Léandre d’Alain Buet s’était révélé à contre-emploi face au maniérisme pertinemment insouciant de son amante, Judith Van Wanroij. Le contraste ne pouvait être plus marqué avec la Léonore de Marina De Liso, dont l’italianité ~ aura non sans justesse frôlé la caricature. »

Athènes – Théâtre de l’Hospice – 5, 6 juin 2010 – Almazis – dir. & mise en scène Iakovos Pappas – avec Romain Beytout, Vangellis Angellakis, Daniel Blanchard

Festival d’Aix en Provence – 1975 – dir. Michel Plasson – mise en scène Jorge Lavelli – scénographie Calduio Segovia