Bibliographie 2002

La Venise de Vivaldi – Musique et Fêtes Baroques – Patrick Barbier – Grasset et Fasquelle – novembre 2002 – 292 pages – 19 E

La Venise de Vivaldi
« Plus que Vivaldi – dont la vie est finalement assez mal documentée – simple et parfois discret fil rouge de cet ouvrage – c’est bien Venise qui en est le personnage principal…Nous connaissions déjà Pa trick Barbier pour ses passionnantes publications sur les castrats. Il nous propose cette fois un parcours a travers les arcanes musicaux de la Cité des doges…Il est aussi riche d’enseignements pour qui veut comprendre où, quand et comment la musique de Vivaldi – notamment ses opéras – et de tant d’autres a pu prendre forme. » (Opéra International – février 2003)
« Quel vivaldien n’a jamais rêvé, un jour, d’enfiler les bas et chausser les escarpins du président de Brosses pour visiter la Venise de Vivaldi ? Il n’existait à ce jour aucun ouvrage de compilation en français sur la question, jusqu’à cette étude de Patrick Barbier, qui a su puiser, pour ce qui concerne la documentation historique et sociologique sur la Sérénissime, à des sources fiables. Les moeurs vénitiennes, l’organisation des ospedali et des spectacles d’opéras sont documentées. Les rituels de la vie patricienne, les détails des académies ou la description des temps de villégiatures sur la terra ferma mériteraient davantage d’éclaircissements. Pour parler de son héros, Patrick Barbier, se fiant à des informations parfois obsolètes, semble aussi peu à l’aise que dans son style de plumitif…Le manque cruel d’iconographie est encore plus gênant que la plume facile, même si la somme d’informations apportées reste non négligeable. » (Diapason – mars 2002)
« On connaissait déjà de Patrick Barbier sa Vie quotidienne au temps de Rossini et de Balzac (1987) et ses ouvrages sur les castrats. Il nous propose aujourd’hui la Venise de Vivaldi, une évocation multiple de la vie vénitienne en un temps où la musique y était omniprésente. Vivaldi étant né en 1678 et mort en 1741, c’est surtout de la première moitié du XVIIIe siècle qu’il est question ici, sans que l’auteur s’interdise des incursions dans les époques précédentes ou suivantes, jusqu’à la chute de la République. Des pages préliminaires sont consacrées à la ville, sa démographie, ses classes et institutions, ses mœurs (libertinage, courtisanes, maisons de jeu dont le fameux Ridotto), ses cérémonies et fêtes spécifiques : couronnement du doge, mariage avec la mer, intronisation du patriarche, et surtout le mythique Carnaval durant lequel tous les Vénitiens, sans exception aucune, ont droit aux réjouissances collectives. Le temps de la fête est celui de la proximité – qui ne bascule pas dans la promiscuité –, le masque permet de tout oser et supprime les clivages sociaux, du moins en apparence vu que l’État ne cesse jamais d’encadrer, de surveiller, afin de maintenir les choses dans les limites qu’il a fixées. « L’imbrication de la vie musicale avec la vie sociale », tant chez les gondoliers que chez les patriciens les plus cultivés, n’a cessé de fasciner les étrangers qui visitent alors la Sérénissime. La musique est partout, et Patrick Barbier étudie sa place dans quatre domaines principaux. D’abord dans les Ospedali, ces orphelinats-conservatoires tant vantés par De Brosses, J.-J. Rousseau, Goethe ou Charles Burney, celui de la Pietà où officia le Prêtre roux ayant droit à des développements particuliers. L’auteur souligne comment les règlements qui interdisent à des jeunes filles pourtant excellentes cantatrices d’accéder à la scène expliquent la suprématie de Naples et de ses castrats dans les théâtres d’opéra. Un second chapitre traite de la musique sacrée : le rôle majeur qu’elle joue lors des fêtes religieuses, dans les couvents, ou à Saint Marc est pour beaucoup dans les sortilèges de la pompe baroque. Opéra ensuite : les salles de Venise ont été les premières à être ouvertes au grand public, dès 1637. Les innovations de l’architecture théâtrale, les raffinements de la scénographie et des machines, le système des imprésarios, les satires acerbes de Benedetto Marcello, tout cela constitue une matière inépuisable que couronnent les pages consacrées aux opéras de Vivaldi. Un ultime chapitre traite des académies, aux deux sens du mot : cénacle de beaux esprits, ou concerts privés chez les Vénitiens, riches ou moins riches. Tel Raoul de Gardefeu auprès de ses hôtes suédois, l’auteur est ainsi « notre guide/dans la ville splendide », nous proposant de fait une Vie quotidienne à Venise au temps de Vivaldi. Car tout nous est exposé ou décrit de la manière la plus explicite. Le contenu de cet ouvrage n’est pas à proprement parler inédit ou original. Mais il y a beaucoup à y glaner car il s’agit d’une synthèse très complète, très riche de précisions grâce à laquelle le lecteur, spécialiste ou pas, parfait sa connaissance de Venise en même temps que celle de Vivaldi. » (L’Avant-Scène Opéra – mars/avril 2003)


Voyage à travers l’opéra – Jacques Longchampt – L’Harmattan – septembre 2002 – 298 Pages – 25 E

Voyage à travers l'opéra
« Jacques Lonchampt a réuni, pour son Voyage à travers l’opéra, bon nombre de ses articles publiés dans Le Monde entre 1970 et 1990. « Une double décennie, qui représente une étape importante pour l’opéra à travers le monde. C’est celle où le théâtre lyrique triomphant, sûr de sa force, se veut aussi moderne que le théâtre parlé, ouvert à toutes les audaces. »A ce titre, cet ouvrage est un témoignage passionnant sur la renaissance de l’art lyrique. Mais il est aussi, de Cavalieri à Wagner, une histoire de l’opéra que l’actualité d’hier rend d’autant plus vivante qu’elle est le fruit des expériences de l’auteur. Jacques Lonchampt n’omet rien décors, mise en scène, jeu des chanteurs, orchestre, choeurs, réactions du public, atmosphère de la salle ont retenu son attention, et tout cela est dit avec indépendance et style. » (Le Monde de la Musique – novembre 2002)
« Au lieu de cataloguer par ordre chronologique ses textes les plus marquants, Jacques Longchampt a imaginé une sorte d’histoire de l’opéra qui démarre logiquement avec La Rappresentazione di Anima e di Corpo d’Emilio de Cavalieri (à Salzbourg, en aout 1970), l’Euridice de Caccini (à Rennes, en 1980) et les opéras de Monteverdi (à Glyndebourne, Tourcoing, Salzbourg et Zurich). La musique des XVIIe et XVIII e siècles occupe les deux tiers du volume, et d’importants chapitres traitent du bel canto romantique italien, puis de Wagner, en une soixantaine de pages à la fin du livre. » (Opéra International – février 2003)


Baptiste – Vincent Borel – Sabine Wespieser Editions – 530 pages – août 2002 – 22 E

Baptiste
« Vincent Borel propose avec Baptiste un roman unique en son genre : les Mémoires apocryphes du compositeur français d’origine italienne Jean-Baptiste Lully » (Fnac)
« Vincent Borel ne résiste pas à la tentation de se glisser dans la peau de Lully et écrit à la première personne des sortes de mémoires apocryphes…Grâce à une maîtrise confondante de la langue du XVIIe siècle, nous entrons dans le vif du sujet et nous lisons cette fiction avec avidité, comme s’il s’agissait d’un mélange des Laisions dangereuses et d’un roman de cape et d’épée. » (Opéra International – novembre 2002)


Jean-Baptiste Lully – Jérôme de La Gorce – Fayard – 800 pages – mai 2002 – 38 E

« C’est une biographie entièrement renouvelée qu’offre ce livre, permettant de mieux connaître les origines familiales du compositeur et d’éclairer sa personnalité, mais aussi de suivre les différentes étapes de sa carrière à la cour de Louis XIV, ses rapports avec le roi, son incroyable ascension sociale et même sa vie privée défrayant parfois la chronique. L’étude de l’abondante production de Lully est également traitée sous un jour nouveau et fait l’objet de la première exploration complète à travers les différents genres abordés : ballets, comédies-ballets et autres pièces à intermèdes, opéras, petits et grands motets. » (Alapage)
« L’ouvrage consacré à Lully le plus informé et le plus complet qui soit…Avec force détails, Jérôme de La Gorce raconte la formidable ascension de « Baptiste »,…nous fait vivre la colaboration avec Corneille, Racine, Quinault et Molière, la construction de son hôtel de la rue Sainte-Anne, son accession à la direction de l’Académie royale, son exceptionnelle réussite professionnelle, puis sa disgrâce, jusqu’au coup de canne fatal qui entraînera sa mort…La seconde partie de l’ouvrage se consacre à l’étude des oeuvres, classées par genre, et à l’analyse du style du compositeur. » (Le Monde de la Musique – juillet/août 2002)
« On ne s’étonnera pas de trouver le plus généreux assemblage de pièces, témoignages et réflexions jamais inspirés par le Surintendant. Où la tradition avait établi des certitudes, l’auteur rétablit le doute ; et de nombreuses erreurs sont définitivement corrigées….L’unique volume se compose de deux parties égales : la Vie (350 pages) et l’Oeuvre (400 pages)…Chaque chapitre est divisé en sections d’une abord facile…La somme est considérable, la valeur des documents indiscutable, le style équilibré entre examen et enthousiasme…Indispensable. » (Diapason – juillet/août 2002)
« À partir d’une exploration, à la fois scientifique et sensible, des archives française et étrangères (notamment florentines), Jérôme de La Gorce reconstitue le destin romanesque d’un homme dont le désir d’apparaître aura été au moins aussi fort que celui de son illustre protecteur… Quant à l’étude de l’œuvre de Lully, elle est l’objet d’un travail exemplaire et original : classée par genre, puis regroupée dans un catalogue chronologique, elle est analysée à la lumière des recherches les plus récentes par un auteur si familier du Grand Siècle, qu’il en devient aujourd’hui un des « témoins » indispensables de son génie. Un livre idéal pour remettre le surintendant sous son juste soleil. » (Altamusica)


Le Chant d’Orphée selon Monteverdi – Philippe Beaussant – Fayard – mars 2002 – 207 pages – 17 E

« Avec Monteverdi, le mythe d’Orphée, enraciné dans l’Antiquité, constitue l’acte de naissance de l’opéra. L’Orfeo charme par sa voix aussi bien les bêtes sauvages que les dieux, au point que ceux-ci lui accordent le privilège de remonter des enfers en ramenant à la vie sa femme aimée. Cette œuvre créée en 1607 conclut la Renaissance et inaugure le baroque. Philippe Beaussant en éclaire tous les aspects à la lumière de la peinture, de la philosophie et de la poésie de l’époque. Romancier et musicologue, spécialiste de l’esthétique baroque, Philippe Beaussant est l’auteur de Couperin, Rameau de A à Z, Les plaisirs de Versailles (Fayard). Il vient de recevoir, à Brive, le prix 2001 de la Langue française. » (Fayard)
« L’Orfeo de Monteverdi n’est peut-être pas le premier opéra de l’histoire, mais il en est sans conteste le premier chef-d’œuvre. Philippe Beaussant nous conduit au cœur de cet événement artistique. Saluons l’exploit: rares sont les musicologues qui savent (et qui acceptent) d’adopter la langue de tout le monde pour nous faire mieux comprendre l’essence d’une musique sans verser dans les boursouflures métaphoriques. Plus rares sont encore ceux qui, débordant de leur spécialité et suffisamment curieux, parviennent à ressusciter l’esprit d’une époque en embrassant l’ensemble de ses arts.
Ici, la magnifique cour de Mantoue au début du XVIIe siècle, encore nostalgique de la Renaissance et forgée plusieurs dizaines d’années auparavant par la prima donna del mondo, l’éblouissante Isabelle d’Este qu’évoque l’auteur en quelques pages de limpide érudition. Décortiquant le mythe d’Orphée et ses avatars depuis la littérature grecque et romaine, Philippe Beaussant, qui s’appuie sur un enregistrement de Gabriel Garrido (Musisoft, 1996), nous introduit pièce après pièce dans le miracle montéverdien, cette apparence de naturel qui jaillit pourtant d’une écriture extrêmement diversifiée, où la polyphonie la plus complexe côtoie la mélodie la plus dépouillée. » (Lire.fr)
Orphée au paradis – Philippe Beaussant se penche sur l’Orefo de Monteverdi avec une érudition et une passion partageuses…Partant à la recherche d’Orphée, Beaussant retisse, avec un plaisir communicatif, les trames essentielles de l’univers philosophique, littéraire et artistique de ce public de privilégiés qui assista le 24 février 1607 à la première représentation d’Orfeo…Cet essai nbe se veut pas oeuvre d’érution, mais compagnon d’écoute : le but est atteint, l’esprit séduit, le coeur touché. » (Classica – mai 2002)
« Philippe Beaussant s’est penché sur l’Orfeo. Le résultat est éblouissant. Avec l’élégance, la spontanéité, le don de faire revivre le passé, Philippe Beaussant nous entraîne…Il convoque pour cela les arts, les sciences, les courants de pensée de l’époque…nous fait rentrer dans les académies de lettrés et ravive l’engouement de ceux-ci pour la récitation en musique et la rappresentazione des émotions qui va mener à l’opéra….Cette fois encore, il est le plus avenant et le plus avisé des guides. » (Le Monde de la Musique – mai 2002)
« Ce qui fait la beauté de ce petit livre de quelque deux cents pages, c’est de nous offrir à participer au coeur et dans l’intimité de l’émergence du madrigal au fil de l’Orfeo. Le langage est chaud et nous enveloppe. Laissons- nous prendre par la main pour ce passionnant voyage. » (Crescendo – été 2002)
« Entrez donc dans le premier véritable opéra de la civilisation occidentale, suivez le Politien, le Titien, les Gonzague, oyez la Messagiera vêtue de Caravage, imaginez l’adresse d’Orphée au « Possente spirto », à l’Esprit tout-puissant des enfers dans une langue d’au-delà de la langue, « venue du fond des âges ». (Diapason – juillet/août 2002)
« Une lecture éclairée qui ne réduit jamais l’oeuvre à ses seuls éléments musicaux, mais la replace chaque instant dans son époque. Cette démarche exigeante offre à l’auditeur des clefs qu’aucune analyse purement musicale ne saurait lui donner…Avec tact et intelligence, Philippe Beaussant réussit parfaitement cette évocation nécesssaire et nous rend l’Orfeo non pas moderne mais presque présent et familier. » (Répertoire – septembre 2002)
La plume est aisée et guidée par le délectable plaisir de raconter une histoire…Dans toute l’histoire des genres artistiques et dans les domaines historiques, politiques et sociologiques, Philippe Beaussant puise, subjectivement, ce qui compose sa vision d’Orphée : celle d’un érudit totalement passionné. (Opéra International – septembre 2002)


L’Orfeo Claudio Monteverdi – L’Avant Scène Opéra – nouvelle édition – mars 2002 – n° 207 – 20 E