Don Quichotte chez la duchesse

COMPOSITEUR Joseph Bodin de BOISMORTIER
LIBRETTISTE Charles Simon Favart
DATE DIRECTION EDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DETAILLEE
1997 Hervé Niquet Naxos 1 français

 

Ballet comique, sur un livret de Charles-Simon Favart (1710 – 1792), représenté à l’Académie royale de musique, le 12 février 1743, suivi d’une reprise des Amours de Ragonde, de Mouret.

Charles-Simon Favart

Distribution : Jean-Antoine Bérard, ténor (Dom Quichotte), Louis-Antoine Cuvillier, baryton (Sancho), Marie Fel, soprano (Altisidore, une Japonaise), Mlle Bourbonnois (Une Paysanne), Person (Merlin, un Japonais), Albert (Montesinos), Mlles Clairon et Gondré (Amantes enchantées).

Une parodie, Don Quichotte Polichinelle, de Valois d’Orville fut jouée en 1743 au Théâtre de Marionnettes de la Foire St Germain.

Synopsis

Acte I

Une forêt

Sancho, à grand renfort de cris et de gestes, fuit un monstre en furie qu’une chasse tente de mettre à terre. Don Quichote, vaillant et courageux, met son bras au service d’Altisidore, suivante de la Duchesse, mise en danger par la charge du monstre. Le géant vaincu, Altisidore feint un amour éternel à Don Quichote, pour arrêter plus longtemps le héros chez la Duchesse. Celui-ci, flatté, n’en décide pas moins d’aller braver d’autres dangers dignes de son courage. Il se découvre ainsi amoureux d’une belle infante, Dulcinée. qu’il souhaite mériter par sa bravoure. La jalousie d’Altisidore se fait sentir, lorsque Don Quichote et Sancho louent la beauté et la noblesse de l’infante. Une troupe de « pastres » admire cependant la grandeur guerrière du héros à la demande d’Altisidore. Une paysanne, aux forts accents rustiques, fait son apparition. Sancho feint de voir en elle la Dulcinée recherchée, pour retenir à nouveau Don Quichote chez la Duchesse, malgré les protestations offusquées de la femme. Altisidore soupire de honte et de dépit, en voyant le héros se mettre à genoux devant la paysanne, alors que Merlin tente de raisonner Don Quichote et de l’envoyer dans la caverne de Montesinos où sa Dulcinée est en danger, prisonnière avec amants et amantes. Merlin persuade Don Quichote que mille coups redoublés sur le pauvre Sancho désenchanteront la belle. L’écuyer s’oppose à la gloire prétendue qu’on lui promet, mais, enfin, parait y consentir.

Acte II

La caverne de Montesinos

Le héros soupire sur le sort de son aimée. Altisidore, qui tente de l’empêcher de commettre une folie, lui déclare une flamme « trop longtemps contenue » et se dévoile comme la reine du Japon. Sancho supplie son maître d’accepter les feux de la belle, que ce dernier s’obstine à refuser pour un destin guerrier plus noble. Don Quichote vante ainsi la constance de son amour et ne souhaite point en changer. Altisidore, furieuse, feint de jeter un sort àson maître. Contre la volonté d’Altisidore, Don Quichote se lance à l’assaut de la caverne de Montesinos, où il combat un nain qui devient géant. Les amants et les amantes sont libérés et chantent le courage de leur héros. Altisidore transformée en magicienne fait mine de métamorphoser Don Quichote en ours et Sancho en singe ! Eux peuvent se reconnaître, mais tous les hommes s’enfuiront désormais horrifiés…

Acte III

Les jardins de la Duchesse

Les deux pauvres animaux errent. Ils rencontrent Dulcinéeet ses suivantes, qui feignent de fuir devant les deux bêtes. Altisidore arrice à ce moment pour jouir de sa vengeance. Devant l’envie de Don Quichote de mourir, elle le menace de tuer sa Dulcinée. Merlin s’avance alors et rompt le charme. Devant la constance des voeux du héros. Altisidore est éblouie et rend à Dulcinée le titre de reine du Japon et à Don Quichotte celui de roi.

Livret de Don Quichotte chez la duchesse disponible sur livretsbaroques.fr

Partition sur http://www.di-arezzo.fr/detail_notice.php?no_notice=RYHG00374&aff=scores

« Juxtaposition de scènes brèves allant sans cesse du comique au tragique »… »Un livret paresseux, une intrigue escamotée, un rythme dramatique uniformément hâtif et des personnages si peu creusés qu’ils en deviennent de véritables figurines »… »une écriture vocale inconsistante »… »mais une intéressante habileté instrumentale, très teintée de ramismes… » (Opéra International – janvier 1997)

« Le livret, conçu par Favart, joue efficacement, encore qu’avec quelques lourdeurs, d’une double mise en abîme : celle qui nous montre des individus réels (le Duc et la Duchesse), tentant d’utiliser à leurs fins un héros de roman (Don Quichotte), lui-même épris d’un personnage purement fantasmatique (Dulcinée). Lorsque Don Quichotte, tout droit échappé d’un récit chevaleresque, débarque chez la Duchesse (en costume Louis XV), celle-ci pense d’abord à en faire l’objet d’un divertissement destiné à ses invités (le public lui-même, et les membres du choeur, en costumes contemporains). Elle estime que le ridicule amour que le chevalier porte à (‘inaccessible Dulcinée mérite bien quelques niches. Mais le Duc n’est pas d’accord la constance de Don Quichotte l’émeut. « Gageons, lance alors la Duchesse, gageons que cette belle fidélité ne résistera pas aux attraits de ma suivante, Altisidore ». Et voilà la fête changée en joute amoureuse, façon Choderlos de Laclos, et Don Quichotte changé en pion entre les mains fantasques et cruelles de ses hôtes. Il entre par la salle, et, passé le prologue, une fois franchi l’orchestre, n’aura plus droit qu’au chant : ainsi se manifeste son entrée dans la fantasmagorie tissée, une heure trente durant, par ses hôtes, aidés de Boismortier. Au cours de trois brefs actes, qui le conduisent successivement dans une forêt enchantée, dans un palais souterrain, sur la lune et au Japon, Don Quichotte combattra monstres, magiciens, géants, fantômes et lutins, avant d’être changé en ours et de faire triompher le Duc : car, tout au long de ses aventures, le Chevalier est resté fidèle à sa Dulcinée, en dépit des métamorphoses imposées à celle-ci par Altisidore.

Ce « ballet comique » en trois actes, créé à l’Académie royale de musique pour le Carnaval de 1743, est relevé d’une musique toujours inventive, bien que, comme le souligne Hervé Niquet, courte de souffle, articulée en une multitude d’airs très brefs, mais aussi de danses, de choeurs, et de rares ensembles fort agréables. On ne peut s’empêcher de croire que nombre des plus beaux morceaux sont des parodies d’airs de Rameau. (Opéra International – juin 1996)

Représentations :

Toulouse – Chapelle Ste Anne – 22 novembre 2005 – Orchestre baroque de Montauban – dir. Jean-Marc Andrieu

Montréal – 1er novembre 2004 – La Nouvelle Sinfonie – dir. Hervé Niquet

Théâtre de Lucerne – 25, 26 et 31 octobre 2001, 01, 16 et 18 nov 2001, 24, 25 et 27 janvier 2002 – dir. Hervé Niquet / Didier Bouture – mise en scène Béatrice Jaccard, Peter Schelling – décors, costumes Regina Gappmayr – avec Tom Allen, Silvia Baroni, Jennifer Davison, Simon Jaunin, Werner Mann, Tobias Schabel, Miriam Timme

Opéra de Bordeaux – 11, 12, 13, 14 mai 1997 – dir. Didier Bouture – mise en scène Criqui – avec Eschenbrenner, Thierry Grégoire, Jacquet, Arnaud Marzorati

Opéra Comique – 1er et 2 avril 1996 – Metz – 4 juin 1996 – Concert spirituel – dir. Hervé Niquet – mise en scène Vincent Tavernier – décors et costumes Erick Plaza-Cachet – chorégraphie Marie Geneviève Massé Compagnie – L’Eventail – avec Stephan van Dyck (Don Quichotte), Richard Biren (Sancho Pança), Meredith Hall (Altisidore), Paul Gay (Le Duc), Dominique Lavanant (La Duchesse)

« Intrigue virevoltante, complexe, sans queue ni tête donc, prétexte à un divertissement qui n’est pas sans évoquer les fastes de The Fairy Queen de Purcell : tout cela pas trop mal servi par la verve de Vincent Tavernier, qui, en dépit de décors et costumes assez laids, sait tirer parti, sans grande finesse mais parfois avec poésie, du rapport scène-salle, Dominique Lavanant, en « guest star », se chargeant de jouer, avec un certain panache, les Monsieur Loyal…Il est malheureux que cette musique pétillante, largement reconstituée par Hervé Niquet, et amoureusement distillée par un orchestre très coloré, ait été livrée à des solistes si médiocres, aux voix minuscules et, surtout, à l’élocution épouvantable (Meredith Hall). Le « choeur » et les seconds rôles (Anne Mopin dans l’ariette finale) sont plus satisfaisants, mais il semble étrange qu’un spectacle conçu en 1988 soit encore si mal rodé… » (Opéra International – juin 1996)

Grand Palais – 1988 – représentation – dir. Hervé Niquet