Ballet des Triomphes

Ballet du Roy ou la Vieille Cour, ou le Ballet des Triomphes

COMPOSITEUR Anthoine BOËSSET
LIBRETTISTE René Bordier

 

Ballet dansé par le Roy en la Salle du Louvre les 18 et 20 février 1635, intitulé Le Ballet du Roy, ou La Vieille Cour, où les habitants des rives de la Seine viennent danser pour les triomphes de Sa Majesté, dit aussi Ballet des Triomphes ou encore Ballet Triomphant (*).

(*) Paul Lacroix considère qu’il s’agit de deux Ballets différents, mais les dates de représentation indiquées sont identiques.

La grande salle du Louvre, appelée salle de bal, fut éclairée de huit cens flambeaux de cire blanche en huit cens chandeliers d’argent enrichis de cristal.

Trois airs de Boësset ont été conservés :

récit de Ronsard accompagné de deux poètes : Terre, Mer, escoutez l’Ambassade nouvelle Du Prince Souverain ; récit de la Seine (Un concert de luths, conduits par le sieur Chancy, l’un des maistres de la musique du Roy, ayant fait l’intermede, la Déesse de la Seine, vestüe de satin incarnat, blanc et bleu, clinquant d’argent, fit un recit du mesme argument que le premier) : Entends la voix d’une Deesse, Grand Prince, à qui je fais la cour ; récit des Musiciens de l’Antiquité : L’esclat du nom de Louys Monte jusques aux Cieux, inclus dans les recueils d’Airs de cour à 4 & 5 parties (Ballard, 1642), d’Airs de cour avec la tablature de luth d’Antoine Boesset (Ballard, 1643), et d’Airs de cour à 4 & 5 parties (Ballard, 1689).

 

Ronsard, accompagné de deux poètes de son temps, Étienne Jodelle et Rémi Belleau, faisait la première entrée, sur une musique d’Antoine Boesset : Pierre de Nyert (*) et Antoine Moulinié, deux des chanteurs les plus célèbres de l’époque, incarnaient Jodelle et Belleau. Pierre de Ronsard était représenté par le marquis Gabriel de Mortemart (**). Outre des Suisses et Suissesses, des princesses et filles d’honneur, des fols et des folles, ce ballet montrait des musiciens de l’Antiquité, symbolisant l’admiration de cette grande époque pour le règne en cours ; ils étaient venus admirer autant de vertus comme [ils] y contemplent d’actions du plus juste Monarque de la terre. De manière inattendue, ils jouaient une musique grotesque, à moins qu’il ne faille voir là une allusion à la supériorité des Modernes sur les Anciens et de la musique du Roi de France sur celle des Grecs. Venaient ensuite les Ombres des courtisans défunts, tout vêtus de lamé d’argent et de plumes de paon, des chevaliers, des nains et des coquettes, des bergers, des fois et des ambassadeurs. Un concert de luths représentait des musiciens célestes. (Louis XIII musicien et les musiciens de Louis XIII – CMBV)

(*) Pierre de Nyert (1597 – 1682), premier valet de la garde-robe (1638), puis valet de chambre de Louis XIV, chanteur, luthiste théorbiste. Il découvrit la musique italienne au cours d’un voyage à Rome en 1633. Il ouvrit une école qui alliait la technique italienne au goût frrançais, où il eut comme élèves Michel Lambert, B. de Bacilly, Anne de La Barre, Mlle Hilaire.

(**) Gabriel, marquis de Mortemart, prince de Tonnay-Charente, premier gentilhomme de la chambre du roi. Il était le père de Madame de Montespan.

 On trouve dans les Mémoires de Mlle de Montpensier la liste des personnages qui étaient du ballet, soit : Le Roi, La Reine, Monsieur, frère du roi, Mademoiselle de Bourbon, future duchesse de Longueville, Comte de Soissons, Madame de Longueville, Duc d’Angoulême, Madame de Montbazon, Duc de Longueville, Madame de Chaulnes, Comte d’Harcourt, Madame de La Valette, Duc de Saint-Simon, Madame de Retz, Mortemart, Mademoiselle de Rohan, De Mercoeur, Madame de Liancourt, Duc de Beaufort. Madame de Mortemart, Duc de La Valette, Mademoiselle de Senecey, Marquis de Coislin, Mademoiselle de Hautefort, Comte de Brion, Mademoiselle de Lesche, De Liancourt, Mademoiselle de Saint-Georges, De Villequier, Mademoiselle de Vieux-Pont, De Rambures, Mademoiselle Du Vigean l’aînée, De La Châtre, Mademoiselle Du Vigean la cade.

La Gazette en rendit compte le 21 février 1635 : Voici le grand ballet de la reine, qui ravit tellement les sens de cette célèbre assemblée, qu’il laissa tous les esprits en suspens, lequel étoit le plus charmant ou des beautés qui y parurent, ou des pierreries dont il étoit tout brillant, ou des figures que représenteroient ces seize divinités dont il étoit composé : la reine, mademoiselle de Bourbon, mesdames de Longueville, de Montbazon, de Chaulnes, de La Valette, de Retz, mademoiselle de Rohan, mesdames de Liancourt et de Mortemart, mesdemoiselles de Senecé, de Hautefort, d’Esche, de Vieux-Pont, de Saint-Georges et de La Fayette, qui n’en sortirent, et toute l’assistance, qu’à trois heures du matin en suivant ; chacun remportant de ce lieu plein de merveilles la même idée que celle de Jacob, lequel n’ayant vu toute la nuit que des anges, crut que c’étoit le lieu où le ciel joignoit la terre.
Le roi représentait un capitaine suisse, puis une dame d’honneur ; le vieux duc d’Angouleme, le prince Alcofribas ; Monsieur, un courtisan ; la Reine figurait avec Mlle de Hautefort, Mme de Longueville et Mlle de La fayette, dans le grand ballet des musiciens célestes.

La description du ballet fut édité chez Jean Sara en 1635.

 

 Le 14 février, alors qu’il répétait le ballet au Louvre dans le cabinet du Roi, à la demande de ce dernier, le duc de Puylaurens, proche de Gaston d’Orléans, fut arrêté par le capitaine des Gardes Gordes. Il mourut quelques mois plus tard à Vincennes. D’autres favoris de Monsieur furent arrêtés le même jour, dont M. du Coudray-Montpensier et M. du Fargis.