La Céciliade

COMPOSITEUR Abraham BLONDET
LIBRETTISTE Nicolas Soret


La Céciliade ou Le martyre sanglant de Sainte Cécile, patronne des musiciens, où sont entre-mélés plusieurs beaux exemples moraux, graves sentences, naïves allégories & comparaisons familières, convenables tant au personnage qu’au sujet : Avec les chœurs mis en musique Par Abraham Blondet Chanoine & Maistre de la Musique en l’Eglise de Paris par Nicolas Soret, Rhémois.(*)
Il s’agit d’une tragédie chrétienne relatant le martyre de Sainte Cécile, vierge chrétienne suppliciée à Rome au IIIe siècle, d’après la Légende Dorée de Jacques de Voragine, sans doute représentée à la maîtrise de Notre-Dame-de-Paris, le 22 novembre 1606, jour de la Sainte Cécile.
La tragédie a été composée par le poète et dramaturge Nicolas Soret, sur lequel on sait relativement peu de choses par ailleurs, sinon qu’il était prêtre et originaire de Reims. Il y fit représenter le 9 mai 1624, en l’église Saint Antoine, et par des écoliers, une autre tragédie en vers, en trois actes, un prologue et trois intermèdes, L’Élection divine de Saint Nicolas à l’archevêché de Myre avec un sommaire de sa vie, en poëme dramatique, sententieux et moral. En 1606, il était maître de grammaire au sein de la maîtrise de Notre-Dame-de-Paris.
En 1605-1606, Paris et sa région furent frappés d’une terrible épidémie de peste, qui conduisit à déccommander le concert annuel en l’honneur de sainte Cécile, à le remplacer par la tragédie, considérée comme une œuvre expiatoire, pour implorer la fin du fléau, ou remercier le Ciel d’y avoir mis terme.
Pour la Céciliade, on demanda à un des chanoines de Notre-Dame, le maître de chapelle Abraham Blondet, de mettre en musique le prologue, les chœurs, ainsi qu’un certain nombre d’airs, récits et prières. Cette circonstance fait de la Céciliade une des premières tragédies en musique connues en France et dont la musique nous soit parvenue.
Le livret de Soret fut imprimé chez le libraire Pierre Rezé en 1606, précédé de :

une dédicace de Soret et Blondet à Messieurs les Vénérables Doyen et Chanoines de l’Église de Paris ;
un Epigramme en latin de I. Morellus, Gymnasiarcha Schola Rhemensis : De Sancta Cecilia Epigramma ;
des Stances de Soret à Monseigneur Henry de Gondy (*), Illustrisssime Évesque de Paris :

Docte & divin Prelat des Prelats l’exemplaire, Qui de vostre grand Roy, estes le grand Pasteur, Ouy Pasteur nompareil, comme est Paris sans paire [….]
(*) Henri de Gondi (1572 – 1622), évêque de Paris en 1598 après la démission de son oncle Pierre de Gondi, cardinal de Retz en 1618.

des Stances de Soret à Monsieur Séguier (**) Doyen de l’Église de Paris & Conseiller de la Cour de Parlement :

La fille de Thémis ayant quitté les cieux, Legere descendit en la plaine du monde : Triant pour son hostel, afin qu’on la veit mieux, De votre brave esprit la heutesse profonde. [….]
(**) Louis Séguier

un Épigramme en latin de N. Bergerius, Rhemensis Advocatus, Ad D.D. Blondetum et Soretum ;
un curieux éloge en vers de Blondet, par De Nauieres (*), adressé au lecteur :

L’air de Blondet qui sur l’air vole, N’admet rien sale ni frivole : Mais théoricien est-il, Et praticien tout honneste, Qui de ses trois points t’admoneste, Delectable, net & util.
(*) Charles de Navières, poète huguenot, auteur en compagnie de Sébastien Garnier et Jean le Blanc d’une Henriade.

des Stances à Monsieur Soret, de C. Pescheur, Rémois :

D’ou ces carmes divins ? d’où ceste saincte lyre ? Qui pousse ses accords à la voute des cieux ? Ah ! Cecile vrayment, pour chanter son martyre, Vous a transmis du ciel son luth harmonieux. [….]

un Sonnet à Monsieur Blondet, Chanoine et Maistre de Musique de l’Église de Paris, par I. Cachet, son humble disciple :

Je ne voudrais pour rien me mesler d’entreprendre De nombrer tes vertus, de chanter ton sçavoir De dire ta prudence et vanter ton pouvoir : Ma langue est trop rustique & ma force trop tendre Il en faut bien un autre & qui se face entendre : Faut un subtil esprit pour en soy concevoir, Et concevant priser ton prétieux avoir Du bel art Phoebean, que tu nous fais apprendre : Ouy, je crois, que Mercure, Amphion & Phoebus Des modes musicaux, dont ils estoienty imbus, S’ils estoient icy bas t’en donneroient la gloire. Courage, mon BLONDET, l’honneur de nostre temps : Compose, chante, ecry : car c’est ton passe-temps : Tu te bastis ainsi un temple de mémoire.

à Monsieur Soret :

[….] Ainsi toy, mon SORET, à l’exemple des tiens, mais loin du paganisme & proche des Chrestiens : Tu fais boire à longs traits le nectar de ta Muse En nous représentant & la vie & la mort d’une Saincte Cecile : où ton vers doux et fort, La rend vive en nos coeurs : tant plaisant il amuse.

à Monsieur Soret, Par le mesme Cachet, son tres humble disciple :

Depuis le temps d’Orphee estoient devenus sourds L’immobile rocher, la sauvage forest, Les brutes insensés, les fleuves vont tousjours : Mais pour les faire ouyr, Dieu suscita Soret.

deux anagrammes par Idem Cachet, un de Nicolas Soret : Sors tua in celo, et un de Abraamus Blondet : Blandus Amor Beat ;
L’Autheur à son livre, par Nicolas Soret :

Va-t’en petit livret, va-t’en à la censure, Des critiques cerveaux des hommes de de temps : Je te conseille bien d’endurer leur morsure : Car où l’on trouve à mordre, on apporte les dents.

La musique de Blondet fut imprimée chez Ballard, la même année 1606, sous le titre Chœurs de l’histoire tragique de Sainte-Cécile, à quatre parties. Il en reste douze pièces, à savoir :
Puisque les filles de Mémoire, chères favorites des Dieux (Prologue)
La Nymphe que j’adore, plus belle que Cypris (Air de Valerian en faveur de Ste Cécile sa maitresse)
Le soucy d’un père provide de ses enfans (Chœur pour le premier acte)
Io hymen, hyménée, hymen (Rechant, chœur et epithalame pour le second acte)
Heureux amans, qu’un bel hymen enserre (Suitte d’un autre epithalame ou chant nupcial)
Ô combien sont estimables les œuvres de Dieu puissant (Chœur pour le troisiesme acte)
Comme l’ancre crochüe, bifourchüe (Chœur pour le quatriesme acte)
Si mon ame fut onc esprise de chanter le los du Grand Dieu (Cantique de Ste Cécile estant dedans une chaudière bouillante)
O Dea coelicolis, quae prestas coetibus ampla / Ô Saincte Coeleste qui fus (Prière des musiciens à Ste Cécile, en vers latin-françois)
Ore de quelle voix supplirons-nous (Autres vers de Saincte Cécile)
Vos Ô sacratae gratissima turba cohorti (Ad musices candidatos exhortatio divamque Caeciliam precatio)
Caecilia musarum modulis celebranda metrisque da veniam pia te nostri
On notera que les deux premiers airs ne répugnent pas à recourir à des références mythologiques, dans le style « galant » du temps.

L’ouvrage fut considéré comme une tragi-comédie avec des choeurs dans le Dictionnaire portatif de M. de Léris, puis comme un ballet par Fétis : Blondel a composé en 1606, pour l’Académie royale (?), la musique d’un ballet intitulé Céciliade, qui ne fut représenté qu’à la cour.
Il est à noter qu’un exemplaire de La Céciliade figurait dans la bibliothèque de la marquise de Pompadour.

Argument :
Personnages : Patrice, père de sainte Cécile ; Émilie, mère de sainte Cécile ; sainte cécile ; l’Ange ; Valérian, époux de sainte Cécile ; Tiburce, frère de Valérian ; Almachie, prévôt de Rome sous l’empereur Alexandre ; Moustarot, bourreau
Cecile, pucelle romaine, instruite dès son bas âge en la chrétienne foi, consacra à Dieu sa virginité ; toutefois, contre son voeu, elle fut donnée en mariage à Valerian, gentilhomme païen. La première nuit de ses noces, elle lui dit : sachez que je suis la pupille d’un Ange qui garde ma chasteté ; n’entreprenez rien sur moi pour ce sujet, de peur que vous n’attiriez l’ire de Dieu sur vous. De quoi demeurant tout ému, il n’osa pas l’attoucher ; mais lui dit qu’il croirait vraiment en Jésus-Christ, s’il voyait son Ange. Elle répondit qu’il était impossible qu’il le vît sans le baptême ; lui, aiguillonné de ce désir, y consentit librement. De fait que par la remontrance de cette vierge, allant chercher le pape Urbain (qui, à cause de la persécution, était aux sépulcres des martyrs, en la voie appienne) fut baptisé par lui. Et retournant vers elle, il la trouva priant Dieu, son Ange à son côté brillant d’une clarté divine, dont il fut éperdu, & revenu à soi, il s’en alla faire venir Tiburce, son cadet, lequel enseigné en la foi de Jésus-Christ par Cécile, se fit aussi baptiser, et eut l’heur et l’honneur de voir l’Ange d’icelle. Peu après ces deux frères endurerent constammentnle martyre sous le prévôt Almachie, qui fit incontinent empoigner cette vierge & lui demanda les richesses de Valerian & Tiburce, auquel comme eut fait réponse, qu’elles les avait fait distribuer aux pauvres, bouffi de colère, il la fit mener chez lui, et jeter dans une chaudière d’eau bouillante, où elle fut une nuit et un jour entier, sans que la flamme l’offensât. Ce qu’étant rapporté à Almachie, il lui commanda de lui trancher la tête au même lieu ; il prend son épée et la frappe trois fois, sans lui pouvoir abattre, si qu’il la laissa à demi-morte. Et trois jours après qui était le dixième jour des Calendes de Décembre, régnant lors l’Empereur Alexandre, elle fut dignement timbrée de double palme, & de martyre, & et de virginité, & ainsi elle s’envola au ciel. (livret imprimé par Rezé).

Représentations :


Paris – Centre Culturel Irlandais – 17 décembre 2008 – Concert du Irish Chamber Choir of Paris

 

Paris – Chapelle de la Salpétrière – 1er, 3 octobre 2009 – Irish Chamber Choir of Paris – dir. Jean-Charles Léon – Lachrimae Consort – dir. Philippe Foulon – mise en espace Jean Jourdheuil – dramaturgie Christian Biet – lumières Dominique Breemersch – avec Edwige Parat (soprano), Emmanuel Vistorky (baryton) – concert donné dans le cadre du colloque « Théâtre, Art et Violence » organisé par l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Muse baroque

« En cette première soirée d’octobre, c’est à un spectacle rare que nous a convié Philippe Foulon, redécouverte du théâtre de martyre de l’orée du XVIIème siècle entrecoupé et superposé d’une musique encore empreinte de l’air de cour. Cette tragédie biblique en prologue, épilogue et 5 actes fut écrite par Nicolas Soret, maître de grammaire de Notre-Dame de Paris au talent – avouons-le – relativement douteux, et les parties musicales, plus courtes mais plus heureuses par Abraham Blondet, chanoine et maître de musique. Cette collaboration, relativement documentée, fait de La Céciliade une pièce d’exception, la seule du genre dont la partition nous soit parvenue, puisque la pièce et les passages chantés furent imprimés. L’alternance du théâtre et de la musique sur un sujet saint rappelle les œuvres de Jésuites tel le plus tardif et plus ample David & Jonathas de Charpentier.
La sobre église de l’Hôtel de la Salpêtrière – complexe hospitalier dû aux ciseaux successifs de Duval, Le Vau, Libéral Bruant (entre 1658 et 1678) puis Boffrand, Payen et Viel – était emplie d’un public curieux alors que Christian Biet rappelait avec malice les circonstances de la création, la Céciliade étant été composée comme ersatz de temps d’épidémie des festivités habituelles dédiées à la Patronne de la musique, et donnée dans le Cloître de Notre-Dame plutôt que dans la Cathédrale. L’on admire pendant ce temps les superbes instruments de la famille des violes et lira da braccio qui jalonnent le sol, ci-une lira da gamba avec son chevalet bien plats et ses nombreuses cordes permettant un jeu d’accords aisés, ci-une lyra viol, la plus petite des basses de violes.
Le premier chœur est hélas brouillé par l’acoustique extrêmement réverbérante du lieu qui rend les contours très imprécis et la compréhension du texte difficile, malgré une écriture droite et homophonique. Philippe Foulon et Jean-Charles Léon ont choisi de distribuer l’écriture à quatre parties de l’œuvre en passant par moment les deux voix supérieures au chœur et les autres réalisées par le Lachrimae Consort.
Les vers de Blondet sont ensuite tous déclamés par Philippe Chemin, mais souffrent d’un double défaut : celui d’un investissement dramatique bien peu inspiré (sauf au dernier acte) – l’acteur se contentant de réciter avec plus ou moins de bonheur les alexandrins de manière monotone – et celui du manque d’interaction, puisqu’il détient en main tous les personnages et doit donc citer avant chaque tirade le nom du protagoniste. N’aurait-il pas été plus judicieux de distribuer chacun des rôles en lui associant des musiciens ou membres du chœur ? Quoiqu’il en soit, on sourit devant la variété des styles de Soret, qui oscille entre la maladresse naïve et la verdeur violente. Le livret a subi de nombreuses coupes pour des raisons compéhensibles de durée mais l’intégralité en est consultable en ligne et s’avère finalement d’un niveau littéraire plus élevé que la juxtaposition des passages entrevus. L’on passe ainsi des mignardises de « Cécile, hôtesse de mon cœur » à la foi populaire de « Dieu que vous êtes beau, que vous êtes luisant », pour finir sur la brutalité franche de « Me voilà ià tout prêt, il ne faut que trois mots / Tue, tue, bourreau, massacre ces cagots ».
A l’inverse, les passages musicaux, quoique fort brefs, dénotent une élégance simple, influencée par l’air de cour, avec des formes closes strophiques. Celles-ci ont été habilement distribuées entre airs pour solistes, duos, reprises par le chœur. Le timbre clair, transparent au vibrato impeccablement contrôlé d’Edwige Parat (dont la prestation n’a pas souffert de son rhume automnal) convient à merveille à la future Sainte. Les aigus sont purs, les articulations soignées et respectant la prosodie. Le « Cantique de Sainte Cécile dedans une chaudière (sic) » fut interprété avec grâce et humilité, dénotant une ferveur épurée. Les mêmes compliments vont à son confrère Emmanuel Vitorsky, qui ferait une parfaite taille de grand motet versaillais, de sa voix ronde et profonde, chaleureuse, un rien grainée, bien égale sur l’ensemble de la tessiture.
Les chanteurs sont accompagnés avec souplesse et complicité par un Lachrimae Consort dont on ne peut que louer l’extraordinaire richesse harmonique, lorsque le plaisir des yeux s’allie à celui des oreilles. Les cordes opulentes, dotée de cette poésie mélancolique des violes (superbes viole d’amour et lira da gamba de Philippe Foulon et Jean-Charles-Léon respectivement), n’ont pas peu contribué au succès de la représentation, de même que le luth de William Waters – étrangement avantagé par l’acoustique – dont les perles scandaient de manière rêveuse le drame soudain adouci. Ce tapis discret et moiré, quelquefois relevé par le cornet à bouquin ou cornet muet de Benjamin Bedoin, rappelle soudain à l’auditeur qu’il se trouve à une période charnière de la musique française, encore empreinte des legs de la Renaissance et qui perdurera jusqu’au milieu du Grand Siècle. Enfin, le concert-récitation se conclut sur une « Exhortation aux aspirants musiciens » à l’écriture légèrement plus contrapuntique du fait d’entrées fuguées.
La redécouverte de cette Céciliade a constitué un temps fort du colloque « Théâtre, Art et Violence » organisé par l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, et de l’interdisciplinarité a ressuscité une œuvre unique, d’un intérêt musical et musicologique certain. Aussi, en dépit de certaines réserves (récitant unique, acoustique défavorable au chœur), nul ne regrettera, à l’instar de la sainte, d’être tombé « dedans le chaudron ».

Journal La Terrasse – La Céciliade : la révélation d’un martyre hyper-violent

« La recréation du « martyre sanglant » de la patronne des musiciens, composé en 1606 par le maître de musique de Notre-Dame Abraham Blondet, est l’occasion de confronter une œuvre musicale et théâtrale unique avec une épure scénique contemporaine (mise en espace de Jean Jourdheuil). Rencontre avec trois de ses principaux artisans : Christian Biet, historien du théâtre et dramaturge, Philippe Foulon, chef du Lachrimæ Consort, et Jean-Charles Léon, musicologue et chef de l’Irish Chamber Choir of Paris.
« Les « instruments d’amour » que nous utilisons (…) permettent de construire des lignes de polyphonies ultra-claires, de révéler l’harmonie intérieure de la note. » P. Foulon
La Céciliade, qui sera représentée pour la première fois depuis 1606, est-elle un cas isolé ou un exemple parmi d’autres de ce « théâtre des martyrs » ?
Christian Biet : C’est la seule partition complète que l’on ait retrouvée, mais il n’est pas improbable qu’il y ait eu d’autres exemples d’un maître de grammaire et d’un maître de musique travaillant de concert. Cependant, la Céciliade, avec son extraordinaire violence, s’inscrit dans un mouvement alors très répandu en Europe, qu’il s’agisse des « tragédies des saints » en Espagne ou des tragédies religieuses, souvent dansées, alors en vogue à Florence, Venise ou à la curie romaine. En Angleterre, c’est plus compliqué : sous Élisabeth, ce sont des œuvres beaucoup plus politiques et laïques – ce que l’on appellera le théâtre élisabéthain.
La violence est donc le trait commun à ces œuvres littéraires et musicales ?
C. B. : Les tragédies religieuses sont représentées avec une violence extrême. Dans le cas de Sainte Cécile, le martyre est représenté derrière un rideau… mais le rideau est soulevé pour le laisser voir. Au contraire des mystères médiévaux, interdits en raison de leurs fréquents débordements, ces représentations de la violence étaient tout à fait acceptées, dans la mesure où ces effets frappants sont susceptibles de conduire à la religion.
Quelles sont les principales difficultés rencontrées pour la recréation de la musique ?
Jean-Charles Léon : Cela tient d’abord à la partition, destinée à la diffusion de la musique et non à donner une trace fidèle de son exécution en 1606. L’œuvre n’a jamais été jouée telle quelle ; c’était à l’interprète de l’adapter, en fonction des effectifs dont il disposait. Du reste, il n’y a aucune adéquation sur la partition entre les quatre voix (en parties séparées) et les personnages : le choeur correspond tout autant au rôle de Cécile qu’à celui de Valérian.
Philippe Foulon : Il n’y a pas non plus d’indication d’instruments et notre travail consiste à s’insérer dans l’écriture vocale, à choisir des instruments qui correspondent à chaque tessiture. Souvent, sous une partie vocale se cache une partie instrumentale. Les « instruments d’amour » que nous utilisons – une famille d’instruments qui avaient pratiquement disparu et que nous recréons – permettent de construire des lignes de polyphonies ultra-claires, de révéler l’harmonie intérieure de la note.
J-C. L. : Cette clarté qu’apportent les « instruments d’amour » est essentielle. C’est un choix esthétique et artistique qui s’inscrit pleinement dans la symbolique de la Céciliade : la révélation d’un martyre. »

NB. cette page a été réalisée avec l’aimable et active participation de David Escarpit